Même pas mal
40 pages
Français

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Description

Même pas mal

Loïc Ober

Roman de 163 000 caractères, 27 000 mots.

Même pas mal raconte l'histoire de L. et de son âme en déroute.

Sur la route sinueuse de sa propre vie, il rencontre Luca, Grégory, Thierry entre autres vices d'éphèbes.

Un seul homme, Patrick, le poussera dans l'ultime retranchement de l'écriture.

Grâce à sa plume, L. peut enfin demander pardon. Il constate, décrie et questionne. Il écrit les mots qu'il ne peut pas crier, puis hurle les maux d'une douleur à laquelle il peine à s'accoutumer. Il écrit. Il erre. Ça et là. Il erre. Il écrit. Aussi voyage-t-il d'un bout à l'autre de la Terre, en quête de réponses que son monde principalement masculin l'aide à trouver.

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029401473
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Même pas mal
 
 
Loïc Ober
 
 
Prologue
Instant fragile
Le temps d'aimer
Compagnon de voyage
De la Bête et du Beau
Brillant
En mal de vivre
Sans lendemain
Vague à l'âme
Californie
Personne
Confidences à la rive
Même pas mal
 
 
 
À toi, celui que je n'ai jamais cessé d'aimer.
 
 
 
 
Il fallait fuir.
Mais d'abord, on ne pense pas spontanément à la fuite parce qu'on ignore qu'il existe un ailleurs. On ne sait pas que la fuite est une possibilité. On essaye dans un premier temps d'être comme les autres, et j'ai essayé d'être comme tout le monde.
Édouard Louis,
En finir avec Eddy Bellegueule
 
 
 
 
Prologue
 
 
Par une matinée pluvieuse et triste et fraîche, je me réveillai métamorphosé en un écrivain inexpérimenté que la nuit avait conditionné. Depuis peu, je m'interrogeais grandement sur les valeurs d'un bon récit littéraire dont je ne connaissais rien de rien. Jour et nuit. Une histoire, des mystères et des secrets encore inconnus que je voulais dompter par caprice, par envie. Cette envie qui se passe toujours de l'esprit et de la tête pour n'en faire qu'à la sienne. L'envie aura été ma motivation. Instrument de l'agir, avec des idées comme sources du faire. Face à mon ordinateur à peine enclenché, je me retrouvais d'emblée dans une forêt de lettres, une forêt obscure, prêt à emprunter la route d'une destinée jusqu'alors infléchie. Je ne voulais plus de cette dernière – un chemin droit, trop paisible, sans couleur. Une forêt féroce et âpre et forte qui allait animer ma muse, et en compagnie de laquelle il fallait trouver un cadre, un début, un incident et une fin justifiant les moyens.
J'étais donc gravement occupé à réfléchir face à mon écran d'ordinateur, à regarder trembler les lamelles de mon store au joran d'orage, écouter cheminer lentement l'aiguille d'une pendule, et subitement entendre l'ondée. Je trouvais enfin une raison valable pour expliquer mon fervent désir d'écrire. Vouloir écrire, pour savoir comment les choses se termineront. Encore faut-il savoir écrire, et si je l'avais su, j'imagine que je serais déjà devenu quelqu'un. L'écriture a toujours été, selon moi, le breuvage du peuple manipulateur. Utiliser des personnes et des événements du réel pour les romancer à ma sauce. Écrire est mon rêve. Depuis longtemps, j'avais l'intime conviction d'être en ce monde pour laisser derrière moi une trace autre que la vie. Très rapidement, dès lors, je me suis mis à vivre pour écrire, à écrire pour exister, pour combler ma soif d'ailleurs et d'absolu. Alors je choisis de me lancer dans une anthologie, de mettre des mots sur des moments puisés, choisis pêle-mêle dans ma vie. Il faut choisir. Face à la pléthore de mes péripéties erratiques de ces dernières années, faire des choix m'est devenu difficile. Mais il faut choisir.
Aussi, mon livre est la chair de ma propre chair. D'abord des maux qui ont fait naître des mots liés les uns aux autres, des mots que j'ai fait naître et que j'ai élevés, à portée de vue. Un projet comme une progéniture. Ce recueil m'a longtemps privé de ma solitude, sans pour autant qu'il m'ait servi de compagnon. Ces lignes ont été ma douce habitude, mon but. Je compris après les premiers mots que le but n'était pas d'écrire vite, ni de gagner le respect, mais de trouver pour moi un confort éthéré. Ces lignes m'ont fait vibrer, souvent. Des lignes que j'ai tant bien que mal accolées à ma vie. Le point final sera mon accomplissement, sans fausse note, sans regret.
En fait, mon inspiration est venue au monde au moment où s'est terminée mon existence, cette nuit-là. Un cauchemar dans lequel ma vie s'est vue achevée par une mort résolument réfléchie, que je voulais transcrire sur papier. Somme toute, une fin triste, mais belle, nourrie par un passé intense, mais lourd. Le tout transformé en errances narratives. Ma mort était donc ma destination littéraire. Mais finalement, la destination n'a aucun sens ; seul le voyage en est lourd. C'est précisément ce voyage encore insaisissable qui me procure des inquiétudes face au papier blanc. Des inquiétudes et des envies croisées, l'âme nostalgique. C'est précisément ce voyage que je vais narrer. Ce voyage, c'est une vie, racontée avec l'exactitude de mon imaginaire. Parfois authentique fiction, souvent factuelle invention, mais toujours littéraire. Peut-être serait-ce aussi un oracle. Cette œuvre est une visite des rivages du désespoir, des berges du bonheur, où éclate la vie jusqu'à frôler la mort. La ressentir. La vie. La mort. Voici mes multiples itinéraires. Avec au fond de moi, une seule voie. Une seule voix.
Je veux faire partie de ces hommes qui donnent à pleurer, et qui prêtent à porter. Porter le rêve, la joie, le sourire, et un lien affectif qui ne dureront que le temps de ces pages, jusqu'à la dernière. Quelques pages qui auront eu ce merveilleux goût de l'infini. Quelque part. Ici. Ailleurs. Hier. Aujourd'hui et demain. Je mentionne également un éventuel besoin d'attention, pour n'avoir été souvent que l'ombre de moi-même. Ton ombre. Son ombre. Vos ombres. Sombres décombres. Il me faut ne serait-ce qu'une infime reconnaissance pour une totale résilience. Cette histoire a été mon conflit de conscience, entre frustration et extravagance, reconversions et résolutions. Il a été mes briques, solides, pour résister aux provocations du réel. Il a été ma masse aussi, pour descendre le barrage qu'avait parfois dressé la réalité face à mes volontés. Nombreuses ont été les difficultés, pénible s'est parfois révélé le voyage, tout comme un certain perfectionnisme inébranlable.
 
 
 
Instant fragile
 
 
Ses yeux, des saphirs. Des mystères en transparence. Côté fenêtre, l'azur. Quoique sombre et inhabituellement orageux ainsi que pluvieux pour un soir d'avril. Il était bientôt minuit. Nous attendions à notre manière les douze coups. Après, c'était l'heure pour cet être prétendant au trône de mon cœur de s'en aller au volant de son grand carrosse moderne et rejoindre Morphée dans un battement de cœur. Son cœur qui battait l'ennui, mon cœur qui combattait sa routine, son refoulement. Il devait rejoindre Morphée, certes, mais les siens surtout. Son trio familial. Sa femme revendiquée et ses enfants. Il s'appelait Grégory. Je m'appelais L***. Grégory était légèrement plus âgé, et semblait tellement détaché de tout. Notre romance mélodieuse était marquée par le rythme cadencé de la musique – l'un de nos points communs – et donc aussi par un échange régulier de disques en harmonie avec l'humeur du moment. Des chansons douces pour les instants de torture spirituelle. Ou du rock pour les jours fastes et les nuits d'excentricité. D'ailleurs, notre relation rapprochée avait véritablement commencé un soir de mars, dans une ville lémanique suisse. Cette cité était devenue notre « Laus Angeles », là où un ange avait vidé son carquois et fait valoir ses flèches ardentes sur nous, dans un club rétro. On y buvait des bières jaunasses, en dansant, en s'oubliant. Suivant le tempo de la musique, au rythme des battements de nos délirants caprices. En mouvement. Enivrés par un malt euphorisant. Excitant. Plus tard dans la même soirée, Grégory et moi nous dirigions à brûle-pourpoint au sous-sol, aveuglément. Dans le noir quasi total où l'incandescence bleutée et sombre d'un néon suffisait à nous guider. Puis les yeux fermés, nous nous heurtâmes l'un contre l'autre avec un désir d'autant plus exacerbé que notre cécité était intégrale. Les yeux fermés. Une passion aveugle qui n'apercevait guère les défauts de l'être embrassé. À faire l'amour sur déraison. Consommation consentie ! Débouchant somme toute sur des cris de délice. À faire la moue sur un adultère. Clameur charnelle.
Trêve de souvenirs. Bientôt minuit. Des vitres teintées, sous la pluie. De quoi se laisser submerger par une tendre et douce lascivité que personne n'aurait vu venir. Un fantasme que tout individu doit un jour avoir à l'égard de celui ou celle qui lui enseigne une branche. En l'occurrence, le français. Mauvaises conjugaisons ? Imparfaits ? Singuliers ? Peu nous importait finalement, à dire vrai. L'être humain est le seul à pouvoir se permettre de courir plusieurs plaisirs à la fois. Autant que Grégory en profitât.
Comment était-il ? Grégory portait le galbe parfait d'une figurine de vinyle. Une silhouette de mannequin, svelte, un corps athlétique dont le bronzage se rapportait à son plumage. Il m'apparaissait toujours immense et sublime. Grégory était mon magnifique. Son visage s'accordait tant avec son être. Des traits mutins et un regard angélique. Des pupilles comme des olives s'accordant parfaitement avec mes yeux menthe à l'eau. Il portait souvent du denim de chez Esprit, une blanche innocence et une naïveté opaline. En fait, Grégory était simplement la personne avec qui j'avais sympathisé, un peu, beaucoup, passionnément, dans la folie. Un style résolument actuel, une prestance débridée, une humanité débordante et un dynamisme à tout vent. Une allure prompte à me dépraver tout entier.
Bientôt minuit. Les larmes de ce ciel damné et torve lançaient à l'emporte-pièce des lueurs cisaillant le paysage nocturne. Il faisait gronder sur nos têtes une mise en garde à laquelle notre attention ne se portait pas. Les gouttes de pluie ruisselaient à l'extérieur, tandis que d'autres perles de bonheur filaient à l'intérieur. La chaleur. La sueur. La condensation. Toutes ces gouttelettes avaient tracé un chemin surprenant sur chacune de nos lignes de vie. Dans nos paumes. Ma main moite sur sa cuisse ardente, sa tête effervescente sur mon épaule chaleureuse. Dans la douceur exquise d'une infinie pudeur. Quand nos regards avivés, délicatement, se croisèrent enfin, les cloches, au loin, retentirent. Minuit. C'était l'heure. Mais un doute joliment cocasse demeura entre lui et moi. Devait-il m'éconduire ? Devions-nous esquiver le temps et nous laisser conduire par le moment présent ? Devais-je simplement partir ? Raisonnablement, on laissa a

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