Œil-de-Ciel
142 pages
Français

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Description

Œil-de-Ciel
Fotsix
Roman de 552 300 caractères, 94 400 mots, 460 pages en équivalent papier.
Au fond de l'immensité de la forêt canadienne, Œil-de-Ciel, jeune métis indien rejeté par sa tribu, rencontre Paulin, un trappeur qui vit en ermite. Cette vie solitaire les rapproche. Mais les évènements se précipitent, séparant les deux hommes et précipitant le plus jeune dans un monde qui le dépasse. Des aventures douces ou cruelles, des rencontres étonnantes ou parfois tragiques se succèdent...
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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 février 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029403941
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Œil-de-Ciel
 
 
 
Fotsix
 
 
 
Chapitre 1. En Chasse
Chapitre 2. La poursuite
Chapitre 3. Sauvetage
Chapitre 4. L'enfant
Chapitre 5. Soins devant le feu
Chapitre 6. La cabane
Chapitre 7. Enfance d'un trappeur
Chapitre 8. Cabane commune
Chapitre 9. Découverte
Chapitre 10. Le comptoir
Chapitre 11. Traquenard
Chapitre 12. Un père tombé du ciel
Chapitre 13. Traversée vers l'inconnu
Chapitre 14. Une nouvelle famille
Chapitre 15. Le Château
Chapitre 16. En Montagne
Chapitre 17. La Mauvaise saison
Chapitre 18. Jean-Armand
Chapitre 19. L’idylle
Chapitre 20. Découverts !
Chapitre 21. L'exil
Chapitre 22. L'entrepont
Chapitre 23. Un visiteur trop curieux
Chapitre 24. Retour dans la Forêt
Chapitre 25. Une rencontre inattendue
Chapitre 26. Boucler la boucle
Chapitre 27. Épilogue
 
 
 
 
Chapitre 1. En Chasse
 
 
Œil-de-Ciel enjamba avec précaution la dernière branche morte et se glissa sous le couvert du sapin. Le vent de la nuit avait dégagé toute la neige qui couvrait le sommet du gros rocher et, à présent, il surplombait le petit tas de foin sec que, la veille au soir, il avait disposé un peu plus bas.
Il jeta un regard aux alentours. Tout était tranquille, aucun mouvement n'agitait la forêt environnante. Puis il inspecta la ligne de poignées de foin qu'il avait placée entre les traces de la biche et son piège. Il releva la tête pour vérifier une fois encore que le vent n'avait pas tourné, qu'il soufflait toujours dans le bon sens pour éloigner son odeur derrière lui. Il était bien trop entraîné pour commettre une erreur aussi ridicule.
Il s'assit sur les talons, au bord du rocher, totalement immobile, son long poignard aiguisé à la main et commença la longue attente. Il était sûr que la biche et son faon reviendraient jusque-là. La veille, il avait longuement inspecté leurs traces, suivant dans la neige les marques qu'ils avaient faites en fouillant la neige à la recherche de rares brindilles.
Un craquement proche lui fit lever la tête, tous les sens aux aguets. Ce n'était pas le bruit du gibier… Mais le silence était retombé sur la forêt et il pensa que c'était juste le bruit d'une branche qui avait cédé sous le poids de la neige.
Il reprit son affût, conservant une immobilité de statue. Cette chasse était cruciale pour lui. Cela faisait de nombreux jours qu'il n'avait rien pris. Dans son petit camp, à une bonne heure de marche de là, il ne restait que quelques lanières de viande séchée qu'il devrait partager avec ses deux chiens qu'il avait laissés là-bas pour garder son petit tipi dissimulé dans un creux du relief, entre deux rochers.
Avant de partir, il leur avait donné assez à manger pour qu'ils puissent l'attendre au moins deux jours, le temps qu'il attrape un gibier… Il espérait que les animaux dont il avait découvert les traces seraient assez gros pour qu'il puisse tenir jusqu'au printemps. Encore une lune avant que la neige fonde, laissant apparaître les nouvelles pousses d'herbe verte. Le gibier remonterait alors des plaines du sud et la chasse deviendrait bien plus facile. Mais il fallait tenir jusque là et il se concentra sur son affût, attendant patiemment.
Enfin, alors que la faim commençait à se faire sentir, il entendit un frôlement léger, à peine plus fort que les rafales du vent léger qui faisait par instants osciller la cime des arbres. De son regard perçant, il fixa la lisière qui lui faisait face pour tenter d'apercevoir les silhouettes. Il fit une rapide prière aux esprits pour que la nourriture facile qu'il avait disposée pour elles conduise rapidement les bêtes jusqu'à son piège.
Pendant un bon moment, la forêt retomba dans le silence, à tel point qu'il pensait s'être trompé avant que soudain, en quelques bonds gracieux, la biche n'apparaisse, presque immédiatement suivie de son faon. Elle inspecta les environs d'un air inquiet. Ses oreilles mobiles dressées tournaient d'un côté à l'autre pour découvrir un bruit suspect, un signe ténu qui la ferait déguerpir en un instant. Le faon, moins prudent, sauta devant elle et aperçut les poignées de foin sur lesquelles il se jeta voracement.
Sans même qu'il s'en rende compte, Œil-de-Ciel s'était ramassé sur lui-même, le regard fixe, prêt à bondir, le manche de son poignard serré dans son poing.
Lentement, toujours aux aguets, la biche suivait son faon qui remontait avec insouciance la ligne des poignées de foin en broutant. Enfin, au détour d'un dernier buisson bas, le petit tas d'herbe sèche devint visible et, après une dernière inspection, les deux animaux se mirent à brouter avec inconscience ce tas de nourriture providentielle.
Comme son oncle le lui avait appris, le garçon attendit patiemment que la biche lui tourne le dos avant de se redresser silencieusement. Puis il se laissa tomber du haut de son perchoir, la lame en avant, pointée vers le défaut de l'épaule.
Il ressentit un choc brutal quand la lame pénétra dans le cuir de la bête qui s'effondra sous le poids du chasseur. L'animal blessé poussa un cri rauque en battant l'air de ses sabots pour tenter de se débarrasser du fardeau qui la tenait au sol. Apeuré, son faon s'était écarté d'un bond de quelques pas. Sans perdre de temps, Œil-de-Ciel retira son couteau et le replanta immédiatement au bas du cou de la biche pour l'achever, mais alors qu'il la sentait s'affaiblir rapidement, une traction puissante l'arracha à sa besogne. Sans comprendre ce qui lui arrivait, il fut retourné par une poigne vigoureuse et se retrouva devant la silhouette d'un homme qu'il identifia immédiatement comme un visage pâle, un des rares trappeurs qu'on pouvait parfois rencontrer dans la région.
Avant qu'il ait le temps de vraiment comprendre ce qui se passait, il vit arriver un poing serré qui le frappa violemment à la pommette. Il eut l'impression qu'un soleil éclatait dans son crâne et l'obscurité tomba devant ses yeux…
 
*
* *
 
D'un geste rageur, Paulin repoussa le corps inanimé du jeune indien sur le côté. La biche ne bougeait plus et il resta un instant surpris par la manière nette, très efficace dont l'animal avait été tué. Sans perdre de temps, il retira le long poignard qu'il regarda aussi d'un œil admiratif avant qu'un mouvement sur le côté n'attire son attention.
Le faon, désemparé par l'absence de sa mère restait là, à quelques pas, tremblant sur ses longues pattes maigres. Une seconde, Paulin le regarda, puis d'un geste vif, il saisit la lame qu'il tenait en main par la pointe et la lança vers l'animal presque immobile. À cette distance, c'était un jeu d'enfant pour un homme aussi entraîné et la lame se planta profondément dans le poitrail du jeune animal qui s'effondra presque instantanément en poussant un misérable gargouillis plaintif.
Rapidement, l'homme fit les quelques pas qui le séparait de la dépouille encore animée de soubresauts réflexe, attrapa la manche du poignard qu'il retira du corps. Poussant l'animal sur le dos, il pratiqua une longue incision sous le ventre et vida sans plus de cérémonie les entrailles fumantes dans la neige. Puis il revint jusqu'à la biche qu'il vida tout aussi habilement.
L'affaire n'avait pas duré plus de quelques minutes avant qu'il ne charge les deux carcasses en travers de ses épaules musclées. Avant de s'éloigner, il jeta un regard perplexe au jeune indien qui gisait immobile, à deux pas de la trace de neige rougie de sang par le reste des abats, avant de hausser les épaules.
La nature était sauvage, cruelle… Il regarda encore une fois le visage encore enfantin du garçon. Il se demanda pourquoi il ne l'avait pas tué, lorsqu'il était arrivé silencieusement derrière lui.
La veille, quand il avait découvert le piège sommaire, il avait immédiatement identifié ce procédé des indigènes pour attirer les animaux vers leur affût, mais une inspection rapide lui avait permis de vérifier que les environs étaient déserts. Et quand il était revenu, ce matin, il n'avait rien remarqué…
C'est seulement quand il s'était préparé à s'approcher de la biche qu'il avait été surpris par cette silhouette qui était descendue de nulle part, sans un bruit, le frustrant de sa chasse. Furieux, il s'était jeté en avant, le couteau à la main, fermement décidé à en finir avec cet intrus dans lequel il avait immédiatement identifié un indien, un de ces sauvages qui lui disputaient son gibier.
Mais quand il l'avait attrapé par l'épaule pour le retourner, il avait été frappé par les immenses yeux bleus qui le regardaient, totalement incrédules, mais dont la peur était complètement absente, manifestement pris au dépourvu au milieu de son combat avec son gibier.
Au dernier instant, dans un geste de pitié, il avait détourné la lame, envoyant le poing qui serrait le manche contre la pommette de son adversaire qu'il avait très proprement assommé.
Paulin restait un peu pensif devant le corps rejeté en arrière dans la neige. Il ne devait pas être bien vieux, le petit Peau-Rouge, bien que ses joues et son menton soient couverts d'une barbe follette inattendue chez un garçon si jeune alors que les hommes des tribus indiennes étaient généralement imberbes.
Et ces yeux bleus… Ils l'avaient percé jusqu'à l'âme, totalement inattendus au milieu de ce visage à la peau cuivrée. Le regard écarquillé qui marquait cet étonnement infini avait même failli le faire hésiter.
D'où pouvait bien sortir ce garçon, tout seul au milieu de l'immensité de la forêt gelée ? Paulin rajusta la lourde charge en travers de ses épaules. Une longue marche l'attendait jusqu'à sa cabane et il devait partir sans tarder s'il ne voulait pas arriver après tombée de la nuit. Et puis le garçon allait bientôt sortir de son évanouissement et ce serait un problème de plus. Un instant, il pensa lui rendre son couteau, mais il pensa que le garçon armé serait plus dangereux et que tout compte fait, s'était une excellente lame qui pourrait lui servir…
D'un pas rendu pesant par son lourd fardeau, il s'éloigna entre les sapins couverts de neige sans un regard derrière lui.
 
 

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