Sexes innocents
43 pages
Français

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Description

Sexes innocents
10 nouvelles de Pédro Torres
Sexes innocents
True love can wait
L'amour sans risque
Les amoureux de Berlin
On a tué William Booney
Nils, un conte cruel d'été
La petite b*** de Simon, mon infirmier
Une semaine de b******** au lycée
Dans les dunes des Landes
La première expérience de Benjamin
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Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029401954
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sexes innocents
 
 
Pédro Torres
 
 
 
 
 
 
Sexes innocents
 
 
— Florent !
— Anthony !
— Je suis le fils de Pierre Meyer.
— Ah !
Visiblement je n’intéresse pas Anthony, mais il ne m’a pas l’air de s’intéresser à grand-chose ici et pourtant si tout se passe bien, nous aurons une année à passer ici ensemble.
— On doit faire des chambres de deux. Si tu veux, on peut partager la même chambre. Je ne suis pas chiant.
Anthony me dévisage et sans se départir de son air un peu triste, haussant même légèrement les épaules, il me dit :
— Si tu veux. Si t’es pas chiant.
Il fallait choisir quelqu’un rapidement et quitte à devoir le faire, autant prendre le plus beau des garçons.
— Vous êtes ici dans la plus grande et la plus renommée école de pâtisserie artisanale de France. Lorsque vous sortirez d’ici, vous aurez acquis les bases qui vous permettront d’exprimer votre talent et votre art. D’ici là, il vous faudra beaucoup travailler, faire des sacrifices pour votre passion. C’est pour cela que cet internat est au milieu de nulle part, afin que vous puissiez vous concentrer. Il comporte l’un des plus beaux vergers de France, vous verrez de vos yeux ce que fruit de saison veut dire. Par contre, il n’y a pas de télévision ; seuls les livres, la radio et vos CD sont autorisés.
Nous avons eu dans notre école, il y a de cela vingt ans, le célèbre Pierre Meyer. Nous avons aujourd’hui le plaisir d’accueillir son fils. Cette marque de confiance nous encourage tous. Je m’engage à ne pas vous décevoir comme je souhaite que vous ne me déceviez pas. Maintenant, vous pouvez aller choisir votre chambre. Allez, les garçons !
Le discours est convenu, mais un des passages me fait rougir de plaisir. Si personne, à part Anthony, sait que c’est moi le fils de Pierre Meyer, je ne reste pas peu fier de cette remarque. J’atteins déjà sans avoir rien fait mon petit statut dans cette micro-société.
— Tu dors à gauche, je prends le lit de droite !
Anthony ne bronche pas ; je sens en lui un garçon butté, mais sensible. J’essaie de voir jusqu’à quel point je peux avoir de l’influence sur lui. Il pose son sac sur le lit de gauche et s’assied, l’air toujours dans le vague. Je ne sais pas si je peux dire qu’Anthony est beau ; il est craquant, très mignon. J’ai envie de le prendre dans mes bras, de consoler son regard triste de chien battu.
— Ça ne te plaît pas ici ?
— Je ne sais pas.
— Tu n’es pas venu de ton plein gré ?
— Je n’ai pas choisi pâtisserie.
— Tu es bien le seu ;, il y a des milliers de personnes qui souhaitent rentrer ici, on est quarante à l’arrivée.
— Je dois faire exception à la règle. Mais tu as raison. Il faut que ça me plaise, que je fasse un effort.
Anthony ne veut pas en dire plus. Il a son secret et je sens que je dois l’apprivoiser, devenir son confident. Ma force de caractère ne lui conviendra pas ; il me faut être près de lui, lui tendre la main. Depuis que je l’ai vu, en dehors de terminer ma scolarité avec les meilleures notes, je n’ai qu’un seul but : coucher avec lui. Je veux qu’il soit mon premier homme, comme je serai le premier pour lui. Son visage doux remplit mon cœur de chaleur. Je peux le contempler pendant des heures et ici, j’ai du temps devant moi.
 
***
 
Le jour où j’ai senti mon intérêt pour les hommes n’est pas si lointain puisque j’avais quatorze ans. Depuis le décès de ma mère, je suis devenu très proche de mon père, et lorsqu’il me mit en apprentissage chez lui, j’en fus très heureux. Le premier trimestre consistait à nettoyer, nettoyer et nettoyer. Faire les marbres, les aluminiums, les cuivres, l’argenterie, mais aussi les éviers, les façades de meubles en acier, le sol et les poubelles. Tout, tous les jours et avec de l’eau de Javel. Je le faisais à la fermeture quand tout le monde était parti. Mais déjà passionné, j’arrivais dès la fin de l’école et je regardais les commis finir de s’activer en réalisant de superbes pièces de sucres filés ou de savoureuses compositions de nougatine ou de chocolat. Après 16 heures, mon père les laissait s’exprimer. La matière première leur était offerte.
Un soir, j’avais dû traîner et j’arrivais assez tard à mon travail. Le laboratoire aurait du être vide, mais je m’aperçus que Sylvain, en qui mon père avait toute confiance, était encore là. Il réalisait une fleur en pâte d’amande. Il était vieux, il avait 25 ans, mais je l’aimais bien. Il avait des manières douces, une voix caressante dans un corps musclé. Contrairement aux autres pâtissiers, il alliait ventre plat et bons plats. J’aimais bien me trouver près de lui. J’allais me manifester avec une joie non feinte lorsque quelque chose m’arrêta.
Une boule rouge sortait de son blanc de travail. On ne pouvait pas la manquer. Il était tout en blanc avec cette protubérance qui ressortait. Pendant qu’il s’affairait à sculpter sa fleur, je voyais avec horreur la boule sortir de plus en plus du pantalon bravant l’élastique de serrage. Une tige monstrueuse se déployait et la boule poussait au-dehors. Elle devenait énorme et brillante. Je mis un certain temps à prendre conscience que c’était son sexe qui s’échappait ainsi. À un moment, Sylvain se mit à caresser son gland, à recueillir une goutte de rosée de la pulpe de son index sur son méat, et à reprendre sa sculpture. J’étais choqué : tout cet apprentissage de l’hygiène que mon père nous inculquait et qui se trouvait bafoué de la façon la plus ignoble qui soit. Si Sylvain était si peu soigneux, qu’en était-il de ses gâteaux qui faisait mes délices ? J’en avais le cœur soulevé.
Pire encore, Sylvain plaça ensuite son sexe à l’intérieur de la fleur et en écarta les pétales jusqu’à ce qu’il puisse y entrer profondément. Pourtant, de révolté, je devenais étonné, voire curieux. Je compris où il voulait en venir. Cette fleur m’apparut être, malgré ma faible connaissance en la matière, un sexe féminin. Sylvain devait préparer cette gâterie pour son amie. C’était pour moi la seule solution acceptable. Je pense aujourd’hui que c’était le cas. Après cela, une discrète surveillance me permit de vérifier qu’il a toujours suivi les consignes strictes de propreté de mon père : se nettoyer les mains le plus souvent possible et toujours deux fois en sortant des toilettes.
Sylvain m’offrit un spectacle d’apothéose, lorsque le gâteau rose à dentelure rouge fut fini. Il baissa son pantalon jusqu’aux cuisses et empoigna son énorme sexe pour jouir rapidement. Il éjacula dans sa main, alla se laver, prit son gâteau et quitta la pâtisserie paternelle. Le lendemain, il était là aussi sérieux que d’habitude et il me laissa goûter les friandises qu’il préparait. Pourtant ,sur un autre plan, Sylvain me laissa sur ma faim. Je rêvais de le revoir nu. Il ne m’en donna jamais l’occasion.
 
***
 
Depuis que je sais que j’aime les hommes, ces souvenirs vibrants me reviennent en mémoire alors que mon regard se porte sur Anthony.
— Tu veux ma photo ?
— Heu !… Excuse-moi, je rêvassais !
— En me regardant ?
— Je te regardais ? Excuse-moi, je ne m’en rendais pas compte.
Ainsi commence une amitié. Anthony ne fait pas beaucoup d’efforts, ni vis-à-vis des autres, ni vis-à-vis de ses études. Je suis le seul à le soutenir, aussi m’en sait-il gré. Je suis le seul aussi à être toujours près de lui pour souffler la bonne réponse, pour l’aider dans ses mélanges, le pétrissage et surtout la décoration. Notre amitié est visible. Je suis sûr que beaucoup sous-tendent ce qu’elle cache, du moins de ma part.
Le temps passe. Chaque jour recommence pareil à un autre ; moi toujours le premier, Anthony toujours le dernier. Il a du mal à maîtriser la confection des différents types de pâtes, telles la pâte feuilletée et la pâte brisée. Il lit peu, n’écoute pas la radio ; il aime se promener, rester pensif des heures durant. Je partage souvent sa solitude. Anthony ne se branle jamais. En tout cas, je ne m’en suis jamais aperçu. Toutes les nuits, j’entends son souffle régulier m’annonçant qu’il s’est endormi avant moi. Toutes les nuits, cette douce berceuse gonfle mon désir pour lui. Je m’assouvis et je m’endors alors calmement, heureux de partager la chambre avec mon petit prince triste.
Plusieurs fois, j’ai essayé de masser ses épaules, comme le ferait un ami. Plusieurs fois, il les a rentrées dans son cou. Si j’insiste, il rigidifie son corps. Un jour, je lui raconte l’épisode de Sylvain, en me marrant comme une baleine d’un rire forcé pour mettre un peu de gras hétérosexuel dans une histoire racontée entre deux jeunes garçons. Il ne bronche pas ; son entrejambes que je surveille ne manifeste pas plus d’émotions. J’ai un peu honte de moi.
Un soir, imitant Sylvain, je prépare à mon tour un gâteau en cachette. C’est une pièce montée pour Anthony. J’ai mis tout mon cœur dans cette pâtisserie : un phallus en nougatine, pâte d’amande et crème fleurette. En sortant du laboratoire, je veille particulièrement à ce que personne ne me voie. Je risque rien moins que ma place et un scandale général. Je n’ose penser jusqu’où cela peut aller.
— Tiens ! Voilà pour ton anniversaire. Seize ans, tu me rejoins !
Je lui présente le produit, je dois le dire assez réaliste. Il se marre.
— T’es vraiment un pédé, toi !
— Oui, dois-je acquiescer.
Il ne m’en veut pas.
— Comment sais-tu que c’est mon anniversaire ?
— Un jour, tu m’as permis de regarder dans ton portefeuille, il y avait ta carte d’identité.
— Tu as appris la date par cœur ? T’es vraiment con ! Il y a la cerise sur le dessus et la petite bougie qui brille. Il y a même les paillettes de chocolat pour les poils, quelle attention !
Anthony est ému. Il manque de rater la flamme en soufflant maladroitement dessus. Visiblement il reçoit peu de cadeaux et mon geste, même s’il n’est pas si désintéressé, lui va droit au cœur.
— Je l’ai fait à la taille de ton sexe, enfin la taille présumée, puisque je ne l’ai jamais vu.
Anthony regarde admiratif, et sans commentaire commence à croquer. La crème lui dégouline des commissures. Je le vois rare

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