Tybalt & Mercutio
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Tybalt & Mercutio , livre ebook

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Description

Tybalt & Mercutio

Christophe Garro

Roman de 310 000 caractères ou 55 000 mots.

Tybalt & Mercutio, une pièce jamais écrite.

Tybalt & Mercutio, une passion contrariée, dévoilée au grand jour.

C'est l'histoire d'amour que vivront deux jeunes comédiens lors de répétitions théâtrales de Roméo et Juliette de William Shakespeare.

Ils se trouveront, se reconnaîtront, s'aimeront à s'en déchirer.

Deux amants indéfiniment différents, un amour impossible qui résonnera à jamais.

Christophe Garro présente ici son premier roman. Après avoir adapté et mis en scène Deux garçons la mer, de Jamie O'Neill, il présentera en février 2017 au théâtre Clavel, sa deuxième création théâtrale : Cold Water.

Pour plus d'informations, visitez le site : christophegarro.com

Retrouvez l'ensemble de nos collections sur http://www.culturecommune.com/

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029401749
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tybalt et Mercutio
 
 
Christophe Garro
 
 
 
 
 
I
 
 
La brume s'évapore alors que le jour se lève sur la baie de Dublin. La mer est étale en ce matin de printemps. À l’horizon, eau et ciel se rejoignent en un camaïeu de bleus. Deux mouettes virevoltent au-dessus d’un groupe d’îlots rocheux. L’air est vif, empli des parfums d’iode et de sel. Le soleil brille dans le ciel pâle et de légères vagues viennent s’écraser sur les récifs érodés. Les mats des voiliers cliquettent au gré du vent dans le port de Dunn Laoghaire, au loin s’élève le son des cloches de St Joseph, la tour Martello attend ses premiers visiteurs et les pêcheurs mouillent dans le petit port leurs barques colorées. Une otarie se prélasse sur un rocher, les yeux clos, les narines frémissant à la brise marine. Tout est calme et serein.
À quelques centaines de kilomètres de là, il se lève. Il ne sait pas que cette journée sera un tournant dans sa vie. Mais peut-être que cette rupture de rythme s'est déjà amorcée depuis ces derniers mois. Ce qu'il en sait, c'est qu'aujourd'hui, et depuis seulement quelques semaines, il se sent enfin vivre à nouveau. Lui qui a cru que l'heure était venue de quitter cette terre, ne voyant plus d'avenir possible, pensant que tout allait s'arrêter, et en avait une peur irraisonnée, trouve enfin la force d’aller de l’avant. Après tout, il n'est pas mort en voyage, l'avion ne s'est pas écrasé, il n’a pas été pris en otage, les autochtones l'ont même pris pour un des leurs. Oui, la vie veut de lui encore. C'est donc qu'il a quelque chose à y faire dans cette vie, ou alors c'est parce qu'il est encore en vie, qu'il doit prendre la décision de faire quelque chose de marquant, au lieu de juste supporter la vie, il doit en tirer le meilleur parti. Il va créer. Mais cela, il ne le sait pas encore.
En ce dimanche ensoleillé, il se traîne dans son jardin avec sa tasse de Nespresso. Un café pour arriver à ouvrir complètement ses yeux endormis, puis un deuxième pour se donner le tonus nécessaire. Pour l'heure, affalé sur un transat, il écoute le chant des oiseaux. Sonorité bucolique. Quel bonheur d'être en plein Paris, et de n'entendre que ce son-là, scandé un temps par les cloches d’une église, comme s'il se trouvait dans un village de campagne. C'est son luxe à lui. Ça, et le temps libre que lui accorde son travail, lui permettant de lire, de faire du théâtre. Ce printemps-là, il interprète Mercutio. Mais quelle est cette version déviée de Shakespeare dans laquelle les deux héros s'effaceraient pour laisser naître un amour différent entre deux personnages secondaires ? Mercutio et Tybalt ? Incongru. Erreur de casting ? Mais qui est ce metteur en scène qui décide de modifier le scénario et d'envoyer un angelot percer deux cœurs de sa flèche ?
 
«  My name is Mercutio.
I am a French guy in his thirties and live in Paris, but as I decide to start writing a journal about my feelings against you, it comes to me to do it in English, your mother tongue.
I am feeling great after a long period of doubts, a period of extreme sadness. I am closer to my desires now, to who I really am. A new me, the one from before, the inner me.
Listening to what I want, and what I am seeking in life. An awakening after a long sleep.
But as I thought I felt great, you came back to me. Bastard you.
Bastard you is the expression I have for you, as I can't get rid of you. Can't get rid of thinking about you. I wake up in the morning and my first thought is about you. Why aren't you here with me in bed? What a glorious thing it would be to open my eyes and feel my body close to yours. Feeling your breath, your warmth, to cuddle up with you like two spoons in a drawer, touching your skin, and having that morning boner against your back.
Well. That is your decision. I have nothing to say. Except, I do not agree.
No, I am totally against your decision.
I want to be with you.
It is not fair.
I think about you in my mornin' shower. Yes, I remember you spending a lot of time in the shower. So, each time I get one, I just can't help thinking of you.
I think about you when I walk to my office. Through Paris's streets, my mind is with you, wondering what you should be doing.
During my day job, I reach to forget you, and concentrate on my work.
But when I come home at night, a bit drunk as often, it's easy to come back to the past things I lived, or hoped to live, and so: You.
Bastard you.  »
 
Janvier, un an plus tôt. Froid et pluie sur la ville sale plongée dans la nuit. Il sanglote en déambulant dans les rues, et ses larmes se mêlent à la pluie qui ruisselle sur son visage. Impossible de dormir. Impossible de rester dans cet appartement qu'il a tant voulu. Aveuglé par les phares des voitures, il marche. Non, il n'arrive plus à marcher. Alors il s'arrête dans une impasse, colle son dos contre le mur d'un immeuble et s'accroupit, toujours ruisselant, incapable d’appréhender ce qui lui arrive. Lui qui a toujours été si positif et jovial dans la vie, que lui arrive-t-il ? Vers qui se tourner pour en parler ? Et qu'en dire ? Tout cela est tellement incompréhensible que nul ne pourra l'aider dans sa quête d'apaisement. Et cette sensation que tout va s'arrêter, bientôt… Ce n'est plus qu'une question de jours désormais. Un voyage, et ce sera la fin. Il ne reverra plus cet appartement qu'il chérit tant. Il ne reverra plus ses amis ni ses parents. C'en est fait de son passage sur terre. Et qu'en reste-t-il ? Ce n'est même pas ce qui occupe son esprit. Il est perdu dans son inertie. Il ne réfléchit pas. Il pleure. C'est tout ce qu'il fait depuis de longs jours. À son bureau les gens lui demandent ce qui se passe, le trouvant pâle, livide… La vie s'est effacée de son visage.
Il a froid, rentre chez lui, ferme la porte et pose sa tête contre le chambranle de sa chambre, appuyant sa tempe avec force contre le bois laqué, le regard fixé sur un point de l’étagère qu’il ne regarde pas, ses vêtements trempés formant une flaque sur le sol. Incapable de faire un pas, il se laisse glisser sur le carrelage de l’entrée, et sanglote de plus belle. Il connaîtra cette douleur encore par la suite. Différemment, mais il la revivra. Il se retrouvera ainsi, impuissant et désespéré dans son lit, n’ayant que son oreiller à frapper de toutes ses forces. Seul l'épuisement viendra à bout de son calvaire. Mais au petit matin, tout recommencera. Un médecin ? Des cachets ? Quelle autre solution ? S'il en réchappe, de ce putain de voyage qu'il n'a pas envie de faire, s'il ne meurt pas, alors il ira voir un psy. Si la mort n'est pas ce qui l'attend, il fera cette démarche, car il lui est impossible de continuer ainsi.
 
«  Ten days to Christmas. A Christmas I didn’t want to have this year, as I had the most beautiful one last year. The most happyendingly one ever. Bastard you. I begin to understand my fear of Christmas this year, and the necessity for me to write. Write to forget, to get on, until the ultimate point.
Finally the jolly spirit has found me two days ago, and tonight, I bought a tree and brought it home on my shoulder like a lumberjack singing carols over the streets.
All want for Christmas is you. I listen to that fuckin’ song, except you won't be here this year. You'll never come back to me. It's over, I know. But I have to tell the story. How Mercutio met Tybalt, and felt in love with him. Would it have been better if they had never met ? I don’t know, maybe they wouldn't have suffer...but they wouldn't have known all those pleasures. Living is experiencing things. It has been the most extraordinary experience. The most painful, but the most beautiful too.  »
 
Un autre matin. D’hiver cette fois-ci. Hors de question d'aller prendre le café sur la terrasse aujourd'hui. Il a neigé dans la nuit, une fine couche blanche recouvre le sol et le transat, givrant légèrement les feuilles des bambous. Dans la chaleur de l'appartement, de grosses chaussettes à ses pieds, il s'assoit à côté du petit sapin qu'il a décoré la veille. Il l'a trouvé pour quinze euros dans un supermarché, alors que les mêmes sont vendus trois fois ce prix chez la plupart des fleuristes. Cette année, il fait attention à chaque sou, car les derniers mois ont étés très difficiles. Une rentrée d'argent inattendue lui a permis de combler son découvert et d'aborder le mois de décembre avec plus de sérénité, mais cela n'empêche, il faut être vigilant, et ne pas faire de dépenses inconsidérées. Les cadeaux d'ailleurs seront restreints cette année car il doit garder de l'argent pour arriver à louer un théâtre afin d’y jouer la pièce qu'il a écrite. Son chat vient ronronner près de lui et frotte sa tête contre sa cuisse. Il caresse l'animal qui ne cesse de miauler. Il parle, parle, miaou, miaw, maw. Une vraie pipelette. Il aurait aimé dormir plus en ce samedi enfin arrivé. Mais il doit être à dix heures dans un théâtre pour voir des amis faire une petite représentation, un work in progress de leur pièce en cours de montage. Ce sera l'occasion d'une petite collation tous ensemble autour du texte d'un auteur contemporain qu’un de ses amis met en scène.
Il passe dix minutes sous la douche. Un jet d'eau chaude qui lui remémore son homme qui aimait passer de longs moments sous l'eau à chaque douche qu’il prenait. Il comprend aujourd'hui le plaisir que cela procure. L'eau qui coule sur le corps, la chaleur et la moiteur, comme dans un hammam. Le visage ruisselant, l'eau qui entre dans la bouche et que l'on recrache, les yeux clos, la détente des muscles, un bien-être que l'on a envie de faire durer, un abandon de soi. Après l'amour, il attendait souvent longtemps sur le lit, que son amoureux termine de prendre cette douche qui lui semblait interminable. Alors parfois, il le rejoignait sous l'eau. Ils échangeaient alors encore leur tendresse, caressant leurs torses en les enduisant de savon, rinçant celui de l'autre et reprenant le pommeau pour soi et pour arroser la peau de l'autre. Il se serraient l

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