313, A fucking love story
204 pages
Français

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313, A fucking love story , livre ebook

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Description

Détroit. Entre la violence et la pauvreté, la vie de Marshall est comme un disque rayé qui joue continuellement le même son. Cumulant les galères, ce jeune rappeur de 24 ans travaille d’arrache-pied pour atteindre son but : le succès. C’est sa seule option pour s’en sortir. La seule cible qu’il vise.

Un leitmotiv qui lui interdit toute déviation, toute distraction et tout plaisir.

Jusqu’au jour où Jodie, cette jeune étudiante persécutée qui rêve de quitter la ville, entre dans sa vie. Elle fait face à la haine de ses camarades, l’absence de sa mère et la misère ambiante.

Malgré son attirance pour elle, Marshall refuse de l’entraîner dans son monde où règne le chaos.
Elle décèle ce qu’il y a de plus noir en lui mais parvient surtout à canaliser cette rage. Leur relation est impossible, pourtant résister devient de plus en plus difficile.

Si rien ni personne ne peut l’arracher à sa ligne de conduite, le destin pourrait bien en décider autrement...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9789782379931
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

313
A Fucking Love Story
 
Ewa Rau
 

 
 
L’auteur est représenté par Black Ink Éditions. Tous droits réservés, y compris le droit de reproduction de ce livre ou de quelque citation que ce soit, sous n’importe quelle forme.
 
Nom de l’ouvrage : 313 A fucking love story
Auteur : Ewa RAU
Suivi éditorial : Sarah Berziou
 
© Black Ink Éditions
Dépôt légal décembre 2021
 
Couverture © Black Ink Éditions
Réalisation Juliette BERNAZ
Crédit photo : Laurent LOTHARE DAMBREVILLE, Photographe
Modèle : Anthony Wagner
ISBN 978-2-37993-262-5
 
Black Ink Éditions
27 rue Vivonne - 17220 La Jarne
Numéro SIRET 840 658 587 00026
 
Contact : editions.blackink@gmail.com
Site Internet : www.blackinkeditions.com
 
Table des matières
URBAN DICTIONARY
PROLOGUE
1
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313

 

URBAN DICTIONARY
 
 
313  : Indicatif régional de téléphone de Détroit dans le Michigan.
Rap  : Je ne vais pas vous refaire l’histoire. Juste vous donner ma définition : le rap c’est l’uppercut de la tchatche. Il est d’abord un phénomène de la parole et de son débit dans lequel la voix donne une inflexion, un ton, une intonation de manière à rendre un texte intelligible grâce à nos émotions. Le RAP fracture la syntaxe, métisse le vocabulaire et triture la grammaire afin de bousculer nos consciences.
La rue est son champ d’investigation. Les rappeurs profèrent des fables contemporaines, des chroniques journalistiques pour se battre contre la violence, le chômage, l’échec scolaire, et l’éclatement familial.
Battle : Littéralement « bataille » s’agit d’une confrontation verbale entre deux rappeurs.
Cracker  : Blanc, terme péjoratif, c’est comme « gringo » dans la bouche d’un mec pour désigner un Nord-Américain blanc, si vous préférez.
Durag  : Foulard souple porté sur la tête pour protéger sa coiffure. Considéré pendant des années comme signe communautaire, il devient ensuite un accessoire de mode pour les rappeurs.
Beat  : Pulsation sur laquelle est rythmée la chanson ou plus généralement l’instrumental.
Gangbang  : (Terme n’ayant rien à voir avec le sexe !) commettre un crime de gangs, généralement on en parle pour les crimes qui se passent quand les gars sont dans leur voiture, et passent au ralenti devant leur victime, et sortent d’un seul coup les guns pour la descendre.
MC  : Abréviation de Master of Ceremony, en français on utilise parfois « Maître de cérémonie ». Cela veut dire aussi Contrôleur de Micro. Dans le hip-hop, c’est celui qui rappe.
MIC  : Abréviation de microphone prononcé avec l’accent US (« maïk »).
Mixtape : Compilation regroupant plusieurs chansons provenant de plusieurs artistes ou d’un seul artiste. Cette compilation est mixée par un ou plusieurs DJs et généralement distribuée de main en main, souvent dans un but promotionnel.
Nigga  : Transformation de Nigger = nègre. Est utilisé comme « Ami » dans le milieu du RAP des années 90.
Liquor Store  : Débit de boissons ouvert très tard dans la nuit.
Rap Game  : Pour un rappeur, faire partie du cercle des grands rappeurs et du show-business.
Sample  : Echantillon sonore emprunté à un disque ou toute autre bande sonore pour être incorporé à une nouvelle composition. Le procédé est le sampling et la machine est le sampler.
Scratch  : Onomatopée ; bruitage effectué, par le DJ, grâce à la manipulation en avant et en arrière du disque vinyle.
EP : Un « extended play » est un format musical plus long qu’un single mais plus court qu’un album. Il s’oppose au LP ou « long playing », qui correspond au format d’un album complet.
Wigga : Blanc qui imite le style de vie d'un Noir. Quand vous entendez Wigga, pensez à Nigga.
 
 
Avertissement :
Dans la culture du rap des années 90, les personnes s’appellent beaucoup par : négro, nigga, renoi, gros, blanc-bec, wigga, cracker.
C’est ce qu’on appelle, encore aujourd’hui, le retournement du stigmate.
 
Attention  : Le même mot peut être perçu comme affectueux dans un contexte, mais s’avérer très blessant, voire insultant dans un autre.
 
 
PROLOGUE
 
 
M
 
— Fais pas le con, Jack, file-moi le numéro de ta fille.
— Elle est passée à autre chose… depuis longtemps.
— Dis-lui de me rappeler.
— Elle ne le fera pas. Désolé, fils.
Je fracasse mon portable contre le mur de la piaule et replonge mon nez dans la poudre blanche.
Elle avait raison. Depuis le début, elle avait raison. Et ça me rend fou.
Elle doit revenir. Je me relève et frotte mon nez anesthésié d’une main tremblante.
Elle n’a pas le droit. Elle n’a pas le droit d’abandonner   !
Elle le sait pourtant. Elle ne peut pas l’avoir oublié.
Je lui appartiens comme elle est mienne.
C’est moi et moi seul qui possède son âme, moi et moi seul qui possède son corps.
Et son putain de cœur   ! 
 
 
 
 
 
 
 
Crie mon nom et sors-moi du noir
Ne me laisse jamais hurler en moi.
 
 
 
 
 
 
 
 
6 putains d’années plus tôt…
 
1
 

 
“Du chaos naît une étoile”

Jodie
 
Mon père me l’a affirmé haut et fort ce matin : «   De mon vivant, jamais   ».
Il me l’a encore répété avant que je monte dans le bus. Il était hors de question que j’aille travailler après l’école.
Ses arguments ne tiennent pas la route et je reste campée sur mon choix de mettre de l’argent de côté. À ce que je sache, et à moins d’un miracle, le fric ne pousse pas dans ces rosiers qu’il aime entretenir. Je dois bosser. Me dégotter un petit boulot afin de retirer la culpabilité dans les yeux de ce père qui trime comme un chien depuis que ma mère est un légume.
Sept mois, deux semaines et dix-sept putains de jours avant de quitter cette ville maudite. Je suis peut-être née ici, mais je ne compte pas moisir dans cet enfer qu’est Détroit. Shit-Ville ne fait pas partie de mes plans. J’ambitionne plus loin. Beaucoup plus loin.
L’université Swarthmore en Pennsylvanie est la porte de sortie que je vise. La lumière au bout de mon calvaire. Une faculté que je brigue depuis toute petite. Celle qui m’enseignera tous les secrets de notre Voie lactée pour en faire mon futur métier. Seulement, le diplôme de fin d’année ne suffit pas pour y accéder. Mon dossier doit exceller, mais je dois également obtenir l’aide financière offerte par l’université. Une subvention accordée au compte-gouttes pour les plus méritants.
Je ne me fais pas d’illusion, même avec une excellente bourse en poche, les frais pour vivre en Pennsylvanie sont exorbitants. Je dois mettre du fric de côté. Pour cela, je dois bosser. CQFD.
Mon père a tendance à oublier une chose : rien ni personne ne me fera changer d’avis. Et mon seul désir est de fuir cet environnement toxique.
Encore ce soir, le ciel m’empêche d’observer les étoiles. Alors, comme chaque hiver pour tuer le temps et vider ma tête, j’épuise ma dépouille en nageant dans cette piscine qui est sur le point de fermer.
Je peux entendre le sifflet du gardien qui résonne lorsque je reprends mon souffle à la surface de l’eau. Un bassin miteux et désert où j’ai pris l’habitude de venir après les cours. Chaque fin de journée dans laquelle j’ai subi un tas d’emmerdes par les autres. Ici est le seul endroit dans lequel je me sens bien. Je quitte le monde des hommes où j’ai l’impression de suffoquer. D’étouffer. Je plonge dans cette eau javellisée où rien ni personne ne peut m’atteindre. J’enfouis mon corps et mon âme dans ce liquide pour enfin devenir transparente.
— Jodie   ! Dépêche-toi, je dois fermer, ma femme m’attend pour aller faire les courses.
J’émerge de l’eau et attrape la serviette que me tend Alfred.
— J’ai le temps de prendre une douche   ? demandé-je en m’enroulant dans le drap de bain.
— Oui, mais dépêche-toi.
Je hoche la tête à l’intention de cet homme fatigué et usé par les années et m’empresse de rejoindre les vestiaires.
— Il est interdit de courir, jeune fille   ! me sermonne le gardien des lieux, je t’attends devant le guichet.
L’eau chaude est un luxe pour qui habite dans la banlieue de Détroit, et la piscine de la ville n’est pas épargnée. Elle est comme la plupart d’entre nous, dépourvue de richesse. Mais son eau coule à flots. Ce qui n’est pas le cas chez moi. J’ai beau avoir un niveau de vie au-dessus de la moyenne des gens d’ici, c’est loin d’être le grand palace.
Après m’être rhabillée en quatrième vitesse, je regarde mon reflet dans le grand miroir. Je hais l’image de cette fille aux yeux clairs et trop grands. Je déteste ce visage blafard et ces cheveux mi-longs d’une couleur douteuse. Je ne supporte pas ce que je vois. Cette différence. Celle qui frappe aux yeux de tous. Celle qui dérange. Qui gêne. Celle qui, depuis gamine, me vaut cette agressivité de la part des autres.
Je peux comprendre que ma tête déplaise. Je peux entendre que mon allure exaspère. Je suis consciente que je ne suis pas à ma place. Je fais tache. Ma tête jure dans le décor.
La fille blanche au regard translucide passe non seulement pour une étrangère, mais également pour une privilégiée à vivre dans le quartier Baglay.
Pourtant, résider dans ce secteur à l’ouest de Détroit est loin d’être un luxe. Il ressemble peut-être à une banlieue cossue avec ses grands arbres et ses petites allées goudronnées, mais il n’en est rien. Quand tu creuses, que tu ouvres toutes ses jolies portes, tu y perçois la gangrène qui grignote les murs. La pauvreté ne possède pas de frontières, elle s’étend partout.
Je ne me fais pas d’illusions. La gamine de cinq ans, pleine de rêves dans la tête, est morte depuis longtemps. Je ne cherche plus à m’intégrer. Je ne cherche plus à appartenir à une quelconque communauté. J’ai appris à ne plus être triste ou amère face aux moqueries. J’ai appris à encaisser

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