À la pâle clarté de nos cœurs sombres
289 pages
Français

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À la pâle clarté de nos cœurs sombres , livre ebook

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Description

Au cœur des tumultes de l’adolescence, sous les aurores boréales d’Anchorage, Lou se réfugie dans la musique et les contes ancestraux. Sa vie bascule quand d’étranges phénomènes le mettent sur la route de Caelum, un mystérieux jeune homme qui lui dévoile une nouvelle face du monde. Des soirées du lycée aux sabbats de sorciers, entre charmes et jeux occultes, leur rencontre explosive risque bien de renverser tout l’univers.


Puis, de l’autre côté de l’océan, Seize se réveille sur une île déserte du Vietnam, entre les mains d’un bourreau qui n’a de cesse de le torturer. Pour survivre, il devra choisir, entre la proie ou le chasseur, la voie qui tracera les contours de son avenir.


Trois destins. Trois idéaux. Et le monde qui se déchire sur les flots abîmés de leurs passions...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mars 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9781716250057
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À la pâle clarté de nos cœurs sombres
 
 
Gahé Lou

Copyright © 2021
Dépôt légal Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2021
 
Tous droits réservés.
ISBN : 9798584973551
 
 
 
 
À Gillou, pour tous ces battements de cœur.
À ma famille, pour son indéfectible soutien.
À mon papa, qui aurait été heureux de voir ce rêve de gosse se réaliser.
TABLE DES MATIÈRES
 
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS
1 — LE FEU DU RENARD
2
3 — DE CENDRES ET D’ÉLANS
4
5 — APOCALYPSE
6
7 — ABÎMÉ
8
9 — VAPEURS ET ÉTHER
10
11 — UN COUP D’ÉPÉE DANS L’ÉCUME DU FROID DE MARS
12
13 — BLEU GIVRE
14
15 — À MON FILS, LOU BRAVEHILL
16
17 — PLUIE D’ÉTOILES
18
19 — PRINTEMPS CROISÉS
20
21 — CATACLYSME
DEUX ANS PLUS TARD
22 — DERRIÈRE LES PORTES DE MON MONDE
23 — UN HOMMAGE À MON SOUVENIR
24 — DES POINTS DE SUSPENSION AU CREUX DE NOS VIES
25 — L’ABSINTHE DE CE QU’IL EST
26 — SUR NOS DERNIERS SOUFFLES
ÉPILOGUE (CINQ MOIS PLUS TARD) — QUAND IL FAUT POUVOIR DIRE AU REVOIR
BONUS — LA PLAYLIST DE LOU
BIOGRAPHIE
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REMERCIEMENTS
 
La publication de ce premier roman est loin d’être une aventure solitaire…
 
Merci à mes premières lectrices, Brigitte, Charlène, Vanessa et Marie, dont les retours encourageants m’ont motivé à aller au bout de cette aventure. Merci à Gillou, pour sa relecture et son avis précieux. Merci au comité de lecture d’HR éditions pour sa bienveillance. Merci à toute l’équipe d’HR éditions pour son engagement et son suivi, et pour porter si bien ces valeurs qui rendent le monde plus beau.
 
Merci à vous, lecteurs et lectrices, qui donnez une chance à ce livre. Pourvu qu’il laisse une douce trace dans vos cœurs :) !
 
 
1 — LE FEU DU RENARD
 
 
Allongé dans la neige, je sens s’engourdir chaque parcelle de mon corps. Mon regard s’accroche aux lumières qui tapissent le ciel et je me laisse bercer par la douceur de cette aurore. Il me semble que des pinceaux aux couleurs incertaines se sont mis à danser un ballet, comme animés par une rage contenue dans la poésie de l’instant. Le jour décline fébrilement ; je suis prêt à laisser geler chacun de mes membres, tant que mes yeux peuvent s’abreuver de cette toile céleste.
Les légendes à propos des aurores boréales sont légion. Elles me fascinent. Les croyances nordiques y voient un renard à la queue embrasée, qui enflamme chaque flocon de neige et transforme le ciel en un véritable brasier. D’autres cherchent, à travers les battements de l’aurore, le reflet de leurs proches disparus. Si les variations se font nerveuses, alors nos défunts demeureraient heureux. Mais le bonheur peut-il encore animer ceux dont le cœur a cessé de battre ?
Dans un vieux recueil de contes troqué sur une brocante, j’avais lu le récit d’une famille de morses qui jouaient au foot avec des crânes humains. Ils se vengeaient de tous ces êtres qui menaçaient leur espèce et l’impact de leurs corps massifs contre ces ossements fragiles résonnait dans le ciel. Les lumières que dessinait l’aurore se mettaient alors au diapason du match.
Là, en cet instant, je me sens bien, comme si mon cœur s’était troué et laissait s’envoler ce qu’il retenait depuis longtemps. L’hiver perdure mais son courroux m’apaise ; il me rappelle ce que j’ai envie d’être et de devenir. Rude et dur. Blindé et invincible. Tenace. Être autrement.
Mes yeux tentent de plonger plus loin dans le ciel coloré et la musique, qui pulse à travers mes écouteurs — Sweet Apocalypse de Lambert —, me sépare du monde. En ces instants où je me perds, j’ai l’habitude d’inventer des titres de chansons qui les saisissent. Je les griffonne dans un vieux cahier ou les inscris dans le bloc-notes de mon téléphone. J’aime les relire, ils me propulsent à nouveau dans ces moments que j’ai désiré capturer.
Comme celui-ci. Le feu du renard , c’est un titre qui convient particulièrement à ce qui se joue là, dans le ciel.
Malgré le volume élevé de la musique, je reste attentif aux bruits alentours. La semaine dernière, la police a retrouvé non loin d’ici le cadavre d’un jeune homme particulièrement abîmé. Si les circonstances de sa mort demeurent mystérieuses, les autorités ont rapidement conclu au meurtre et recommandé un couvre-feu. Question de sécurité, comme elles disent. Via la télévision et des communications dans les écoles, elles nous ont déconseillé de trainer seuls, la nuit. Libre à nous de respecter l’avis ou pas ; toutefois, le message est passé : en ville, le calme règne et les rues se désertent. Mais ici, c’est mon sanctuaire, mon refuge, ma parenthèse. L’idée qu’une goutte de sang ait pu le corrompre me met en colère. Contre celui qui l’a versée, contre celui qui l’a pleurée. Je ressens le besoin de posséder à nouveau ce lieu, d’en gommer jusqu’à l’idée même de la mort. Non, je ne suis pas triste pour ce quidam qui a peut-être traversé l’endroit même où je suis couché. Qu’importe, je ne suis pas du genre à faire le procès de mes états d’âme.
Un voile de fumée noire m’arrache de mes pensées et une odeur de brûlé s’engouffre dans mes narines humides. Je renifle, me lève et range les quelques mèches rebelles qui s’échappent de mon bonnet noir. Un incendie vient de prendre en ville et nargue l’aurore boréale que recouvrent déjà les volutes ténébreuses portées par le vent. Que se passe-t-il ? Bien qu’elle soit la plus grande ville d’Alaska, Anchorage demeure toujours calme.
Lorsque mes écouteurs libèrent mes oreilles, l’écho des sirènes envahit ma tête. Je veux me précipiter mais la neige et le vent m’empêchent de progresser rapidement. Engourdis par le froid, mes muscles souffrent et l’effort me fait gémir à chaque pas que je pose. Je sens une de mes lèvres givrées se fissurer et le goût du métal élance mon palais.
Lorsque j’arrive enfin en ville, je rejoins la masse de gens regroupés devant la taverne en feu. Les pompiers tentent d’endiguer l’incendie et les secours soignent les premiers blessés. Dans une injonction du silence et du vacarme, les rayons des gyrophares tournoient et s’abîment sur le lointain océanique. Silencieuses, des formes humaines emmitouflées dans un manteau de fumée regardent le spectacle ardent dévorer l’enceinte quand d’autres, plus agitées, aident comme elles peuvent. Le bar est souvent peuplé, je ne le sais que trop bien. Et moi, je reste planté là, mon corps toujours enfermé dans sa prison de glace. Je…
— Lou ! entends-je hurler dans mon dos.
Je me retourne. Malo, ma meilleure amie, fonce vers moi. Haletante.
— Merde ! Je t’ai appelé et je t’ai cherché partout. T’étais passé où, bon sang ?
À cause du froid, la batterie de mon téléphone lâche souvent.
— Hé, du calme ! grogné-je. Qu’est-ce qu’il se passe ?
— Ton père… Il était à l’intérieur. On l’a conduit à l’hôpital. Je crois que ça va mais…
Mon sang se glace. Un papillon aurait instantanément givré sur place s’il s’était posé sur moi. Les yeux de Malo s’adoucissent en avisant mon visage exsangue. Elle saisit mes épaules quand un tremblement fait convulser mon corps jusqu’à endolorir mes os.
— Et Léna ? demandé-je d’une voix à peine audible.
J’aurais pu gueuler jusqu’à en faire exploser les veines de mon cou, mais la peur étouffe mon cri avant même qu’il n’éclose.
Pour tout avouer, le sort de mon père m’importe peu. À mes yeux, il s’est éteint des années plus tôt, si bien qu’il faut sonder loin pour trouver en lui une étincelle de vie. Je le fuis quand ses humeurs noires se mettent à gouverner mon propre moral. Nous ne nous parlons presque plus. Il a la descente facile et la taverne est devenue sa deuxième maison. Ou plutôt sa première, puisqu’il semble éprouver, parfois, de sérieuses difficultés à retrouver le chemin de notre chez-nous. Ma mère nous a quittés cinq ans plus tôt. Plutôt qu’un simple mot laissé derrière elle, elle avait eu le cran de nous expliquer les raisons de son départ. À Léna, qui gigotait dans son Maxi-Cosi ; à moi, assis sur le tabouret du plan de travail. Selon mes souvenirs nébuleux, elle partait chercher ailleurs la vie que son mari lui avait volée ici, sa liberté perdue et tout le tintouin d’un discours qui louvoyait autour d’un message que j’avais saisi du haut de mes douze ans : « Désolée, j’en ai marre de torcher des culs, de vous conduire à l’école, de faire vos courses, de préparer la bouffe et de supporter votre foutu père. Je veux être autre chose ». Il y avait bien eu quelques cartes postales qui s’étaient échouées dans notre boîte aux lettres. Toujours sans réponse, elles avaient fini par s’espacer pour ne plus jamais arriver. Notre père parlait souvent d’elle, surtout à ma sœur, pour en préserver le souvenir. D’une certaine façon, elle était toujours là et Léna demandait parfois quand elle reviendrait. Dans ce chaos familial, seul ce petit bout d’être de presque six ans comptait pour moi. J’adorais sa touffe blonde et ses grands yeux caramel , toujours espiègles. J’avais pris soin d’elle depuis que nous n’étions plus que trois. Pas aussi bien qu’une mère ou qu’un père, c’est certain. Mais j’avais changé ses couches, fait nos courses et préparé nos repas. Du mieux possible.
Quand je rentre tard du lycée, mon père emmène souvent Léna au bar. Je crois que sa présence lui est indispensable, rassurante : elle reste blottie contre lui à faire danser ses pastels sur des feuilles de brouillon et je soupçonne que la chaleur de cette étreinte — la seule qu’il connaisse encore — le raccroche à un semblant de vie. Elle l’aime inconditionnellement. Dans ce lieu où ils grignotent des moments à deux, il est dans les yeux de ma sœur la seule lumière parmi les ombres qui vomissent leur existence sur le bar mal lustré. Est-ce que ça lui réchauffe le cœur ? Pas sûr, car j’ai appris qu’être père représente bien plus qu’un statut. C’est… permanent.
Les yeux de Malo fuient mon regard. Je comprends qu’elle ignore où se trouve Léna. J

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