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Description

Carole Lemay est une jeune femme de 27 ans brisée par la vie. Son père qui l'aimait beaucoup l'a surprise un jour commettant un geste qui à ses yeux était impardonnable. Il a renié sa fille, ne lui a jamais plus adressé la parole. Il est décédé quelques années plus tard.
Carole a donc vieilli en développant un sentiment de culpabilité qui fut une véritable entrave à son bonheur. Elle s'est isolée, refermée sur elle-même pour son plus grand malheur.
Un jour, elle sera attirée par une petite annonce qui fera jaillir en elle un désir de liberté.
C'est en donnant suite à cette petite annonce qu'elle fera la rencontre de Paul Mailloux, un homme de 44 ans, lui aussi brisé par la vie. Il est devenu un homme austère et froid incapable d'être heureux et de sourire à la vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 avril 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334043472
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-04345-8

© Edilivre, 2016
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Du même auteur :
Pour Toujours
Éducation religieuse sec. 2
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Un p’tit gars du Plateau et ses fantômes
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RECHERCHÉE
Jeune femme de 25 à 35 ans, secrétaire expérimentée, polyglotte, apparence distinguée, libre de voyager à l’extérieur du pays pendant 5 ans. 852-768
Premier chapitre La petite annonce
* * *
Mercredi 30 mars 1983
C’est vendredi, la dernière journée de la semaine. À bien y penser, ça ne change absolument rien pour moi. Toutes les journées sont pareilles, des copies conformes l’une de l’autre. Ma vie est réglée comme un mouvement d’horlogerie, les mêmes gestes, aux mêmes heures, au gré des jours, des semaines, des mois et des ans. Le seul imprévu, c’est le temps qu’il fait ou qu’il fera et, encore, les services météorologiques sont de plus en plus précis dans leurs prévisions. Quelques nuages ce matin, pluie en après-midi, éclaircies en soirée. Peut-on demander mieux ? Bientôt, l’hiver fera place au printemps, puis il y aura un autre été suivi d’un autre automne. Tout n’est qu’une routine sans fin dénuée de sens. Je vagabonde dans la vie comme un clochard dans la ville, glanant ici et là des miettes de bonheur. Qu’on me fasse au moins la charité d’un bonjour, l’obole d’un sourire. Je tourne en rond comme un ours dans sa cage, sans intérêt, sans buts et sans projets. Je m’ennuie dans ma solitude. Toute ma vie se résume à attendre un train dans une gare désaffectée. On dit que la mort est un sommeil sans rêves, moi, j’entretiens mes rêves pour que la vie ne ressemble pas trop à la mort.
En prenant mon café, ma curiosité est piquée par une petite annonce sous la rubrique offres d’emploi, ce catalogue des rêves utopiques qui, avec mes toasts et mon café, me sert de nourriture en entretenant quotidiennement mes illusions. Je l’encercle en rouge, ça me semble intéressant, je vais téléphoner dès neuf heures en arrivant au bureau. Chaque matin, je parcours les petites annonces comme un chercheur d’or qui, jour après jour, inlassablement, filtre l’eau de la rivière avec l’espoir de trouver au fond de sa passoire la pépite qui le rendra riche et transformera sa vie. Des dizaines de fois, j’ai cru tenir la précieuse pépite. Je collectionne les rêves éteints. J’aurais voulu que ma vie soit un long roman-fleuve, je dois me contenter d’une mare stagnante.
Quitter le pays, changer de décor, modifier mes habitudes, côtoyer de nouvelles personnes et modifier mon image, cela me ferait le plus grand bien. L’aventure, l’imprévu, le risque, un brin de folie et de fantaisie : voilà ce qu’il me faut. C’est trop beau pour être vrai ! Ce n’est pas à moi qu’une chose pareille arriverait. Je vais quand même téléphoner, juste pour voir, pour forcer le destin avant que l’âge m’amène sur l’incontournable chemin du retour.
À première vue, je réponds à toutes les exigences. J’ai vingt-sept ans, bientôt vingt-huit, je travaille depuis huit ans pour une firme d’ingénieurs en tant que secrétaire. S’il est vrai que l’expérience est la somme de nos erreurs, je suis sans doute une personne très expérimentée, car toute ma vie est une suite d’erreurs. Depuis ma toute petite enfance, j’ai accumulé les bévues, les bourdes, les étourderies, les frasques, de quoi écrire une comédie que je serais la seule à pleurer.
Je n’ai jamais eu la réputation d’être une jolie fille. Les garçons ne se sont jamais précipités à ma porte. Je n’ai jamais gagné de concours de beauté ni même jamais osé y présenter ma candidature. Je m’habille toujours de façon très classique dans des tons et des lignes sobres. Propreté et confort ont toujours été mes deux seuls critères dans le choix de mes vêtements.
Me distinguer des autres, attirer les regards, plaire, provoquer et aguicher n’ont jamais été chez moi des préoccupations. Marie-Claude, dès la petite école, m’a toujours reproché ma retenue. Elle aurait voulu que je sois plus audacieuse, que j’adopte des lignes plus à la mode, des couleurs qui accrochent le regard, des tissus légers transparents et moulants. Je n’aime pas me faire remarquer, je préfère passer inaperçue, m’effacer discrètement, me fondre dans la masse.
Je m’exprime parfaitement en français et en anglais. Née d’une mère napolitaine, je sais aussi me tirer d’affaire en italien, et même aussi en espagnol. C’est au Cégep, il y a dix ans, que je me suis initiée à la langue de Don Quichotte. À cette époque alors que je venais à peine de sortir des griffes de Marie-Claude, j’étais tombée amoureuse de Rémi Cournoyer, un jeune professeur d’espagnol. Il devait avoir près de trente ans, j’en avais dix-huit. Il avait de longs cheveux bruns qui roulaient sur ses épaules, une barbe bien taillée ; il fumait la pipe avec élégance, emplissant l’espace de l’arôme subtil de son tabac. Je le trouvais beau comme un dieu, l’incarnation d’Apollon, mon Adonis à moi. Je m’étais inscrite à son cours en nourrissant le fol espoir qu’il me remarque et qu’il succombe aux charmes incertains de l’ingénue que j’étais.
Pendant deux trimestres, à raison de cinq heures par semaine, j’ai suivi fidèlement tous ses cours, m’imprégnant de chacune de ses paroles. J’étais toujours à l’affût du moindre signe, un geste tendre, une intonation vocale, une lueur dans le regard qui aurait pu me révéler que mon sentiment était partagé. Un jour, s’étant aperçu de l’intérêt que je lui portais, il me fit délicatement savoir, au fil d’une conversation anodine, qu’il était marié depuis deux ans, qu’il serait bientôt papa et qu’il était éperdument amoureux de son épouse. Je n’avais vraiment pas de veine : premier amour, première déception. Si j’avais eu les pouvoirs d’Aphrodite, je l’aurais changé en anémone. Pendant toute ma vie, prisonnier de mon amour, je l’aurais cajolé, câliné, choyé, mignoté sans répit jusqu’à mon dernier souffle. Ce qui m’a le plus humiliée dans ce triste épisode de ma vie, c’est qu’il ait vu clair dans mon jeu. Comment avais-je pu être si naïve ? Malgré sa grande délicatesse, sa discrétion et son tact à mon égard, j’imaginais, honteuse, ce qu’il avait pu penser de moi : une gamine amoureuse de son professeur, une chenille amoureuse d’un papillon, un enfantillage, une anecdote qu’il raconterait à son épouse ou à ses collègues.
Par la suite, j’ai abandonné le cours et j’ai esquivé le professeur pour ne pas rougir devant lui. Je m’étais vraiment conduite comme une petite fille et le monsieur m’avait remise à ma place. Je ne sais plus pendant combien de temps j’ai pleuré mon humiliation. Depuis ce jour, j’ai développé la vertu de prudence et j’ai pris la résolution de ne plus jamais dévoiler mes sentiments avant d’avoir l’assurance qu’ils soient partagés. De cette malheureuse aventure, il me reste une certaine connaissance de l’espagnol et, surtout, la certitude que je peux aimer un homme.
Libre de partir, de voyager, pendant cinq ans, ça, je le suis, aucune attache, aucun lien, pas de mari, pas d’amant et pas d’enfant, personne qui ait vraiment besoin de moi. Seule maman se sentirait délaissée, mais Gilles, mon frère aîné, saurait bien me remplacer. Après tout, n’a-t-il pas toujours été son préféré ?
Cette simple petite annonce a provoqué en moi une soif de liberté, une envie irrésistible de prendre le large et de rompre avec mon passé. Moi qui ai consacré toute ma vie à me forger des chaînes, voilà que je me surprends à vouloir les briser. J’étouffe dans ce bureau de la rue Peel. J’ai le goût de partir, de voir du monde, d’élargir mes horizons, de sortir de ma solitude, de m’éclater enfin pour boire à la vie à grandes gorgées, sans retenue.
Attention Carole, tu t’emballes, tu prends tes rêves pour la réalité, tu as pourtant déjà payé très cher pour cela, n’as-tu donc pas assez souffert ? Tu as passé l’âge de croire aux contes de fées. Cette annonce n’est peut-être qu’un attrape-nigaud, un guet-apens pour fille naïve. Même si c’était sérieux, il y a loin de la coupe aux lèvres ! Attention aux déceptions Carole, ne te fais pas mal une fois de plus. J’ai bien conscience des deux pulsions qui sont en moi, la peur qui me rattache à mon passé et le désir de vivre qui me propulse vers l’avenir. Je sais que l’heure du choix est arrivée. Si je tarde trop à me décider, il sera trop tard !
M’étant quelque peu attardée dans mes rêveries, c’est avec un retard d’une dizaine de minutes que j’arrive au bureau. Je n’aime pas être en retard, j’ai toujours l’impression qu’on va me gronder, me punir, me montrer du doigt ; c’était comme ça à la petite école. Je n’ai jamais pu me débarrasser de ce sentiment de culpabilité, j’ai toujours l’impression qu’on ne me pardonne pas mes erreurs. J’ai développé le complexe de « l’œil de Dieu qui surveillait Caïn ». Je revois toujours cette image, de madame Thomas, mon institutrice de cinquième année, pointant sur moi son doigt accusateur, le jour où elle avait trouvé dans mon pupitre, un paquet de cigarettes que je dissimulais pour protéger Marie-Claude ; j’en frémis encore quinze ans plus tard. Souvent, ce cauchemar hante mes nuits. Heureusement, M. Brisebois n’est pas encore arrivé et j’ai tout le temps nécessaire pour m’installer et commencer impunément ma journée de travail. Ce n’est qu’à 10 h 30, après avoir expédié les affaires pressantes, que je peux composer le 852-7687.
– Bon

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