Au bout de l exil, Tome 1 : La Grande Illusion
127 pages
Français

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Au bout de l'exil, Tome 1 : La Grande Illusion , livre ebook

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Description

2 septembre 1880. Joseph Laurin se recueille devant la dépouille de sa femme exposée dans sa maison. Quelques heures plus tard, après avoir mis le feu à la demeure, il disparaît dans la nuit, avec ses trois fillettes endormies dans la charrette, pour ne plus jamais revenir au Saguenay. Cette fuite vers les États-Unis lui apportera-t-elle le bonheur espéré?
— C’est ici les États-Unis, papa ? Ça ressemble beaucoup à chez nous, on dirait !
— Attends, ma belle Marguerite, attends d’arriver dans une grande ville, t’en reviendras pas !
À vrai dire, Marguerite partageait mal l’exaltation de son père. Elle ne voyait que montagnes, cours d’eau et forêts à perte de vue. Sans doute s’était-elle illusionnée sur le prétendu paradis terrestre où les menait Joseph. La ville, la ville… Qu’était-ce donc que cette merveille plus extraordinaire que Bagotville, Québec, Lévis ou Sherbrooke ? À quoi ressemblait cette agglomération où l’industrialisation galopante générait autant de pouvoirs financiers ? Tous ces mots dont elle ne comprenait pas le sens et que son père ne cessait de rabâcher…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 novembre 2020
Nombre de lectures 2
EAN13 9782764441121
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Vivre enfin ! , Québec Amérique, coll. Tous Continents, 2020.
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SÉRIE COUP SUR COUP
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Au bout de l’exil, Tome 3 – L’Insoutenable vérité , Éditions Québec Amérique, coll. Tous Continents, 2010; coll. Nomades, 2016 ; nouvelle édition, coll. qa, 2020.
Au bout de l’exil, Tome 2 – Les Méandres du destin , Éditions Québec Amérique, coll. Tous Continents, 2010; coll. Nomades, 2016 ; nouvelle édition, coll. qa, 2020.
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Mon cri pour toi , Éditions Québec Amérique, coll. Tous Continents, 2008.
SÉRIE D’UN SILENCE À L’AUTRE
D’un silence à l’autre, Tome III – Les promesses de l’aube , Éditions JCL, 2007.
D’un silence à l’autre, Tome II – La lumière des mots , Éditions JCL, 2007.
D’un silence à l’autre, Tome I – Le temps des orages , Éditions JCL, 2006.
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Les Lendemains de novembre , Éditions JCL, 2004.
Plume et pinceaux , Éditions JCL, 2002.
Clé de cœur , Éditions JCL, 2000.
Contes
Contes de Noël pour les petits et les grands , Éditions Québec Amérique, album, 2012.
Récit
Mon grand , Éditions JCL, 2003.





Conception graphique : Nathalie Caron
Révision linguistique : Diane-Monique Daviau et Claude Frappier
En couverture : illustration de Polygone Studio
Conversion en ePub : Nicolas Ménard
Québec Amérique 7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien.
We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre : Au bout de l'exil / Micheline Duff.
Noms : Duff, Micheline, auteur. | Duff, Micheline, Grande illusion. | Duff, Micheline, Méandres du destin. | Duff, Micheline, Insoutenable vérité.
Collections : qa (2019)
Description : Nouvelle édition. | Mention de collection : qa | Sommaire : tome 1. La grande illusion - tome 2. Les méandres du destin - tome 3. L'insoutenable vérité.
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20200075314 | Canadiana (livre numérique) 20200075322 | ISBN 9782764441107 (vol. 1 : couverture souple) | ISBN 9782764441138 (vol. 2 : couverture souple) | ISBN 9782764441169 (vol. 3 : couverture souple) | ISBN 9782764441114 (vol. 1 : PDF) | ISBN 9782764441145 (vol. 2 : PDF) | ISBN 9782764441176 (vol. 3 : PDF) | ISBN 9782764441121 (vol. 1 : EPUB) | ISBN 9782764441152 (vol. 2 : EPUB) | ISBN 9782764441183 (vol. 3 : EPUB)
Classification : LCC PS8557.U2835 A9 2020 | CDD C843/.6—dc23
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2020
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2020
© Éditions Québec Amérique inc., 2016.
quebec-amerique.com



« Les illusions perdues sont, hélas ! des feuilles tombées de l’arbre du cœur. »
José de Espronceda


À Monique et à tous les arrachés de la terre qui ont eu à s’enraciner dans un ailleurs au nom de l’espoir.


1
Joseph repoussa la porte avec impatience mais eut le temps de recevoir la gifle cinglante du vent qui sifflait avec rage autour de la maison. À travers les nuages, une lune presque pleine tentait de se frayer une ouverture. Il frissonna.
— Es-tu certain, Joseph ? Je peux rester pour veiller avec toi, si tu veux. Je n’ai pas envie de t’abandonner, ça n’a pas de sens ! Je pourrais préparer du thé…
— Non, non, non et non ! Va-t-il falloir te le répéter cent fois, la sœur ? Cette nuit, je préfère rester seul avec Rébecca. C’est la dernière fois, tu devrais comprendre ça. T’en fais pas pour moi ! Plus tard, je vais monter me coucher avec Camille. La nuit va passer rapidement et demain matin, à huit heures, les petites et moi, on sera prêts pour les funérailles.
Hélène haussa les épaules. Même écrasé par le deuil, son frère se montrait toujours aussi revêche. Les voisins et la parenté n’en finissaient plus de partir. À part la famille de Rébecca originaire de Sherbrooke, ils avaient défilé toute la journée auprès de la dépouille étendue dans le cercueil de pin blanc qu’on avait installé sur des chaises au milieu du salon, entre deux cierges. Tous s’étaient effondrés devant le corps refroidi dont la pâleur égalait celle de la blouse de dentelle que Joseph lui avait enfilée avec l’aide de sa sœur.
Partir si jeune, au bout de son sang, un bébé mort encore présent au fond de ses entrailles, quelle horreur ! Une mère de trois jeunes enfants dont le quatrième n’aura pas vu le jour… Joseph ne saurait jamais s’il venait de perdre un fils ou une autre fille. Qu’importe ! Sa femme venait de disparaître sans crier gare, et il s’agissait de la pire catastrophe de son existence.
Un mal aigu s’était déclaré la veille, et Rébecca s’était mise, pour une raison inexpliquée, à vomir sans arrêt. Puis un sang épais et abondant avait commencé à paraître dans ses sous-vêtements. À bout de forces, elle avait dû garder le lit, puis elle avait perdu conscience. Quelques heures plus tard, une hémorragie massive l’avait emportée avant même l’arrivée du médecin que Joseph aurait dû aller chercher plus rapidement.
Maintenant, il était trop tard, Rébecca ne reviendrait plus jamais. Demain matin, on la conduirait en terre derrière l’église de Saint-Alexis de Grande-Baie. Sur la croix de bois, on inscrirait 1849-1880. On pleurerait un bon moment, on s’embrasserait, on se serrerait les uns contre les autres en jetant des regards éplorés sur le veuf et sa famille, on tenterait de consoler les enfants en leur inventant des histoires d’anges auxquelles on essayait désespérément de croire, puis chacun s’en retournerait chez soi pour vaquer à ses occupations. À la longue, on oublierait. Joseph resterait seul avec sa peine et ses trois orphelines. En cette triste fin d’été, sa femme, Rébecca Allaire, venait de rejoindre, à trente et un ans, le monde du silence. Et de l’absence.
Une fois la porte refermée, l’homme s’approcha lentement de la dépouille de sa femme et se pencha au-dessus d’elle. Il la regarda sans verser une larme. Enfin tous partis ! Depuis deux jours, il avait été emporté dans un tourbillon sans fin : la sage-femme venue pour tenter de sauver le bébé, le docteur qui n’avait pu que constater le décès, le curé avec son extrême-onction, les voisins et la famille en larmes, sans oublier la transformation de la maison en chapelle ardente et l’organisation des funérailles… Cris, pleurs, lamentations, prières, ça n’avait pas arrêté.
Plus que tout au monde, il désirait passer les dernières heures en solitaire auprès de Rébecca. Non que leur union eût connu un bonheur incomparable, non que sa femme lui eût jamais manifesté un amour enthousiaste et inconditionnel, non qu’il eût goûté avec elle cette complicité qui fusionne les couples et rend leur union harmo nieuse. Non… À ses yeux, son épouse était demeurée une femme secrète et repliée sur elle-même. Mystérieuse, même. Oh ! comme mère, elle s’était toujours montrée parfaite. Pour le soin et l’éducation des enfants, pour le ménage, il n’avait rien eu à redire. Mais comme épouse, il aurait souhaité partager sa vie avec une amoureuse plus ardente et plus fougueuse. Hélas ! Rébecca s’était toujours comportée en femme de devoir, plutôt froide et distante. Il l’avait adorée, pourtant, et comblée de petits soins. Mais ses gentillesses semblaient la laisser indifférente. D’une grande beauté, non seulement elle attirait l’admiration et le désir des hommes, mais elle suscitait aussi l’envie des autres femmes sans même s’en rendre compte. Chaque hiver, lorsqu’il la quittait malgré lui pour les chantiers, Joseph se languissait d’elle sans bon sens, envieux de tous ceux qui passaient la saison froide à Grande-Baie. Souvent, ses compagnons se moquaient de lui :
— Moi, être marié à une belle créature de même, je ferais attention pour pas me la faire voler !
Il y faisait attention, en effet. Il se montrait même très jaloux ! Jaloux du beau-frère qui ne tarissait pas d’éloges à son sujet, jaloux du voisin, ce veuf joyeux et coureur de jupons, jaloux du docteur qui posait la main sur son ventre et farfouillait parfois dans ses parties intimes, jaloux du curé qui recevait ses confidences dans le secret du confessionnal. Jaloux maladif, jaloux jour et nuit, jaloux à en perdre l’esprit.
Au printemps, dès son retour du camp de bûcherons, il l’observait lo

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