Autre Part
198 pages
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Description

Hazal est une femme née en Belgique de parents turcs. Sa sœur et elle sont placées très jeunes dans un institut pour cause de maltraitance. Feyza est prise en charge par un couple flamand et Hazal par un couple bruxellois. Dans son église, Hazal fait la connaissance de la ténébreuse et mystérieuse Lena, laquelle cache un lourd secret...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 février 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332782014
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-78199-4

© Edilivre, 2016
Dédicace


À ma sœur...
Citation


Il m’arrive de me demander si deux erreurs qui se combattent ne sont pas plus fécondes qu’une vérité qui régnât sans conteste.
Jean Rostand
 
 
Synopsis : L’histoire d’une amitié entre quatre femmes, dont deux sont issues de l’immigration turque, une de l’immigration allemande, et une Belge, où les identités s’entremêlent.
Résumé : Deux femmes issues de l’immigration turque, l’une, Hazal, élevée par un couple belge, à cause de maltraitance familiale, l’autre, Fatma, rebelle et indépendante, vont tenter, avec l’aide de leur amie Charlotte, d’unir leur force.
Genre : Drame psychologique.
I
J’avais une copine blonde, sulfureuse, ingénue, qui parfois faisait de l’hypercorrection en parlant, qui confondait les capitales des pays et croyait dur comme fer qu’il fallait d’abord boire de la bière puis du vin pour ne pas être malade, alors que c’est le contraire. Elle me disait : « Tu sais, Hazal, c’est à cause de ma dyslexie que je confonds tout et la dyslexie, c’est une preuve d’intelligence. » Elle était belle et sexy, ce qui est rare. Elle avait toujours de l’argent, surtout quand elle revenait d’un week-end en Hollande, mais téléphonait toujours avec le mobile des autres pour faire croire qu’elle était en rade. Je l’avais croisée à l’atelier. Elle voulait absolument que je vienne chez elle, afin de me montrer des photos de girafes qu’elle avait prises au zoo d’Anvers. Je l’aimais bien, c’était ma copine. Elle aussi m’aimait bien. Un jour, j’avais eu comme client - je suis couturière -, un homme, Sylvain, qui lui ressemblait physiquement et intellectuellement, sauf que lui était châtain foncé. Il vivait seul, comme nous, mais lui avait du pognon. J’avais d’abord tenté de séduire Sylvain quand il venait à l’atelier, qui sait ? Mais quand j’ai compris qu’il n’aimait pas les brunettes, pour m'amuser, j’ai fait en sorte que Charlotte et lui se rencontrent. Il se trouve que ces deux déjantés se sont mariés. Elle ne savait pas cuisiner, je lui ai donc appris le peu que je savais, dans son immense cuisine équipée, chez Sylvain. Pour leur mariage, en 2010, ils avaient loué une limousine blanche et, pour la soirée, une somptueuse villa avec piscine. Les entrées, les mets étaient délicieux, le champagne coulait à flots. Charlotte et Sylvain étaient souriants, décontractés. Au moment du lancer du bouquet de fleurs, j’avais failli le rattraper mais il m'échappa, car je crus voir Jeff. Jeff, le seul, le vrai, mon grand amour secret et platonique, le plus viril des hommes, l’unique. Le seul qui me donnait une raison de vivre. De toute la Gaule, c’était mon Ménapien préféré. Je n’avais pas mis mes lunettes ce soir-là. Je portais une belle robe longue, bleu manganèse, en soie, avec un décolleté profond. J’étais coiffée d’un beau chignon et avais chaussé des talons hauts vernis noirs, à plateau large. J’avais fait un zoom en contractant mes yeux et je me suis aperçue que... c’était bien lui, Jeff. Charlotte était, elle aussi, couturière, alors que faisait-il à son mariage ? m’étais-je dit. Lui, qui m’a toujours ignorée et qui ne m’a jamais saluée en deux ans, alors qu’il savait que j’étais amoureuse de lui... Il marchait fièrement dans la rue, me faisant comprendre, par ses attitudes, que je n'étais qu’une paria à ses yeux, pour me mater après, quand j’avais le dos tourné.
Je le vois ensuite se diriger sous une arcade de rosiers roses et lever son verre avec le marié. Sylvain était vêtu d’un complet bleu nuit et portait une cravate de dandy, légèrement desserrée. Ouf, c’était donc avec lui que le banquier Jeff était pote. J’imaginais une scène à la banque pour une histoire de prêt ou de dividendes. Je m’étais rapprochée d’eux. Après tout, c’était moi qui avais présenté Charlotte à Sylvain. Mais, plus je me rapprochais, plus ils s’éloignaient, leurs verres à la main, vers la piscine. Ils discutèrent et, me voyant arriver près d’eux, Jeff dit à Sylvain avec sa voix cassée : « À plus ! » Jeff était à tomber dans son costume écru aux gros boutons marron et son écharpe en damier, orange et vert bouteille. Je me retrouvai donc nez à nez avec Sylvain et lui dis, pour meubler la conversation, que c’était un beau mariage, qu’ils avaient de la chance parce qu’il faisait chaud et que le soleil brillait. Sylvain me dit :
– Eh bien, oui, s’il fait chaud c’est que le soleil brille !
Et il rit, tout seul. Je n’avais pas envie de rire. D’ordinaire je me serais forcée à rire, vu qu’il n’avait pas le sens de l’humour, et si c'était dans le cadre de mon travail, mais là, je n’avais pas simulé un rire bruyant.
– Tout est magique, féerique et le gâteau, un vrai délice, dis-je.
– Oui, ce sont mes parents qui s’en sont chargés, mais ce n’est pas fini, la fête continue jusqu’au crépuscule. Je veux voir tout le monde danser.
– Je m’en occupe, je vais tous les éjecter de leurs chaises, dis-je.
Sylvain me prit par la taille et me fit tournoyer à quelques millimètres du bord de la piscine. Il rigolait comme un fou, c’était plaisant de le voir festoyer. Cependant, je n’ai plus revu Jeff de la soirée. Je marchais d’un point à un autre. J’aurais dû demander à Charlotte si je pouvais venir avec une copine. J’étais en pâmoison devant sa robe de mariée, dont la dentelle recouvrait les épaules et les bras. Son serre-tête en cristal était posé sur ses cheveux ondulés tombant en cascade.
Je connaissais l’amant de la compagne de Jeff, mais je me disais que Jeff était au courant, sûrement. J’avais peur qu’il me cause des ennuis si je le lui disais. Il m’aurait confrontée à sa compagne et à l’amant de celle-ci, en s’arrangeant pour que mes paroles paraissent diffamatoires... ou il se pourrait qu’il ignorait tout, mais alors il m’aurait dit ce que certains hommes d’ici disent en pareil cas : « Si elle me trompe, j’espère qu’elle apprendra de nouvelles choses. »
De retour chez moi, j’avais écouté de la musique triste, une mélodie turque, comme chaque fois que je me sentais larguée. Je comprenais cette langue parce que mes parents biologiques étaient Turcs, mais ma sœur et moi avions été séparées de notre famille et j’ai grandi avec les Belges, les Italiens, les Marocains et une Grecque. Je chantais et je voyais les murs défiler devant moi comme dans un train qui démarre.
Je me suis souvenue de ma sœur biologique, de cinq ans plus âgée que moi. Elle était infirmière indépendante en Flandre, où elle avait grandi. Un juge nous avait placées, ma sœur et moi, dans un institut, parce que nos vies étaient en danger. J’avais dix ans. J’ai été ensuite recueillie par mes parents actuels. Ma sœur Feyza avait été recueillie par une autre famille. Notre mère biologique, elle, est décédée, il y a peu. Qu’elle repose en paix... mais je ne savais plus si Dieu existait parce que, quand j’étais malheureuse, Il ne se manifestait pas. Alors que mon voisin Raoul, un concierge, avait gagné au Loto suite à ses prières et, avant de déménager, m’avait donné cinq cents euros. Je lui suis reconnaissante. Avec cet argent, je m’étais acheté une antiquité, j’adorais ça. Je me disais que si Jeff venait chez moi, ça lui plairait peut-être, comme il est vieux.
Ce Raoul était un voyou et il avait sali sa nièce, Lena, en racontant partout qu’elle se prostituait, alors que c’était une fille bien. D’ailleurs, elle voulait rentrer au couvent, Lena était un peu mystique. Mais le Dieu Unique demeurait en mon cœur et je voulais Lui parler. Je voulais Lui demander pourquoi nous avions eu une famille pareille, où notre père, notre mère et nos deux cousins nous avaient maltraitées jusqu’à ce que nous soyons sauvées in extremis par les services sociaux, alors qu’Il aurait pu intervenir en les calmant.
 
Je m’étais rendue chez Sylvain et Charlotte pour la pose de leur tenture. Je pensais qu’ils auraient cherché des histoires, mais tout s'est bien passé, ils ont été corrects avec moi. Il est vrai que je ne devais pas déjeuner avec eux et que Charlotte m’avait fait comprendre que je devais éviter de tirer la chasse d’eau des toilettes pour économiser l’eau à cause du réchauffement climatique, mais rien de vraiment oppressant.
Ma famille belge était composée de gens simples, mais chrétiens croyants et pratiquants, ce qui fait que c’était un peu compliqué. Je n’avais rien contre le pasteur mais il m’agaçait et j’en avais assez que les autres, à l'église, m’interrogent sur mes origines.
Vers l'âge de douze ans, j’achetais, de temps en temps, un journal turc en cachette et, avec un petit dictionnaire turc-français prêté par ma copine Fatma, je perfectionnais mon turc dans ma chambre chez mes parents d’accueil, puis chez moi, car je ne voulais pas oublier ma langue maternelle. Fatma habitait le côté modeste de Schaerbeek et moi le côté huppé. Mes parents possédaient des biens, ils avaient vécu au Congo.
Je suis sûre que si j’avais exercé une autre profession, les gens auraient été moins sauvages avec moi et, surtout, mes parents, plus fiers.
Avec une couturière, les gens se montrent tels qu’ils sont, ils vous traitent sans égards et ne sont pas dans la séduction, enfin sauf pour Charlotte, mais elle, c’est différent, c’est une coquine. Heureusement que Cendrillon avait ses marraines, sinon je ne sais pas comment elle aurait pu séduire le prince charmant. J’avais fait comprendre à Jeff qu’il me plaisait bien, gentiment, poliment, sans faire le grand jeu ou la vulgaire, mais il m'a ignorée.
Ce jour-là, je voulais voir la nièce de Raoul, Lena, une adorable Allemande. Elle habitait un immeuble géré par son oncle. Je lui avais envoyé un texto lui demandant si je pouvais ve

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