Azurine
200 pages
Français

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Description

Azurine de Senneville, tel un personnage de Sagan, mène une vie existentialiste craignant la solitude et la fuite du temps, provoquant pessimisme et ennui. Le nom de cet ennui c’est la vacuité, le vide du monde, le vide de la vie, le vide de soi.
La rencontre avec Jacques Florimont va transformer son existence, c’est l’homme qu’elle a cherché toute sa vie, qui répond à son souhait désespéré d’être aimé. Il chassera cette grisaille qui émoussait ses désirs.
Le décès de son amant va lui ouvrir les portes d’un univers inconnu où le temps n’est plus un ennemi.
Ce roman nous montre la face cachée des personnages, parfois troublante, parfois perverse, souvent complexe, les rendant profondément humains.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 octobre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334190930
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-19091-6

© Edilivre, 2017
Du même auteur
Du même auteur :
À compte d’auteur
Une passion des vies, 2005
Aux Éditions Édilivre
La Pièce d’à côté, 2012
Le Mystère Aldelstein, 2014
Escale à Chichicastenango, 2015
Exergue

Ce visage qu’on donne aux autres et qui n’est pas le sien, qui toujours semble dissimuler une prudence derrière une phrase, qui déroule son rythme lancinant et ses ornements pour détourner notre attention de la blessure véritable.
On reste soi, même dans le temps qui passe, toujours le même et pourtant fait de disparitions successives, qui font toute cette peine que l’on éprouve à se situer.
En hommage à ma meilleure amie, sans laquelle ce roman n’existerait pas.
Première partie
1
Landes, février 2014
Jacques releva le courrier et découvrit, au milieu des factures et des magazines, une enveloppe marron banale. L’adresse était manuscrite, cette écriture large et souple, il la reconnut immédiatement, c’était celle de sa femme. Catherine était partie la veille rejoindre sa famille en Provence, pour la naissance de son petit-fils. Jacques posa la lettre sur la table du salon où régnait un joyeux désordre. Ses deux ordinateurs côtoyaient des revues littéraires et des ouvrages dont il s’inspirait pour son dernier roman.
Il ouvrit l’enveloppe, saisit quatre pages dactylographiées et se mit à les parcourir rapidement. Déconcerté, il relut à haute voix pour essayer de comprendre la longue litanie de reproches qu’elle contenait et qui se terminait par cette phrase : « Bouge-toi sinon tu vas te retrouver seul ». Le cachet de la poste datait du 7 février, jour de son départ. Il devina aussitôt que sa femme l’avait quitté. Jacques lut une troisième fois la lettre, il était abasourdi par le ton employé, rien ne présageait une rupture aussi rapide et brutale.
Il avait rencontré Catherine deux ans après le décès de Brigitte, sa quatrième épouse. Sa période de veuvage il l’avait passée à voyager, cherchant dans le vacarme du monde la voix de celle qu’il avait tant aimée. Catherine fréquentait les milieux intellectuels de Bordeaux, les conférences d’auteurs dans une célèbre librairie bordelaise, les expositions au CAPC, les cafés branchés de la capitale de l’Aquitaine. Depuis sa métamorphose, Bordeaux avait retrouvé sa splendeur d’antan, ses façades xviii e rénovées, ses rues rendues aux piétons. Les quais, autrefois défigurés par des hangars hideux, étaient transformés en promenades et jardins. La place de la Bourse et son miroir d’eau imaginé par un génial architecte faisaient le bonheur des enfants les jours de forte chaleur.
Jacques ne cessait de penser à la situation provoquée par ce départ. Il était isolé en plein milieu des Landes, dans cette maison qu’il avait achetée pour satisfaire ce qu’elle appelait de ses vœux, son besoin de solitude et sa soif de méditation propice à la création. Il l’avait transformée afin d’y installer deux ateliers pour sa nouvelle épouse.
Sculpter nécessite de la surface et de la lumière et, naturellement, il avait fait construire des pièces claires, dignes des meilleurs artistes, donnant sur un jardin provençal créé par un paysagiste. Cette grande maison était agréable à vivre, exposée plein sud, elle était lumineuse même en hiver. Les soirs d’été, la terrasse, judicieusement éclairée, était le lieu où ils recevaient leurs amis. Dans le séjour, son atelier d’écriture occupait tout l’espace. La vue sur le parc arboré, avec ses oliviers centenaires, prodiguait une impression de sérénité que Jacques aimait contempler lorsqu’il cherchait l’inspiration. Il avait déserté son bureau, qu’il jugeait trop exigu, et l’avait transformé en bibliothèque où il consultait ses nombreux ouvrages.
Bref, tout allait bien dans le meilleur des mondes. Il reprit ses esprits et se rendit dans le bureau de sa femme, constatant la disparition de ses dossiers personnels. Il se posa sur une chaise et entrepris de faire le point.
Fallait-il appeler Catherine ?
Il rencontra les personnes qui travaillaient dans l’association qu’elle avait créée au sein du village, enseignant les rudiments de la sculpture aux enfants du canton et à quelques adultes. Ce bénévolat lui procurait joie et épanouissement, expliquant à la fin des cours les progrès spectaculaires de tel ou tel, sans se mettre en avant. C’était une femme brillante, cultivée, avec un sens inné de la psychologie. Catherine était réservée, toujours élégamment vêtue, elle avait cette discrétion qui sied aux gens distingués. Née dans une famille de la haute bourgeoisie, elle avait vécu le luxe, la vie facile, le service à table avec du personnel trié sur le volet. Elle avait subi l’arrogance de ceux qui, vous ayant connu fortuné, ont ce regard méprisant lorsque le hasard du sort et les mauvais choix financiers d’un père vous conduisent à partager le quotidien de ceux qui étaient à votre service.
Jacques se souvenait du regard dédaigneux que lui avait lancé sa femme, un jour à table, quand il avait utilisé une cuillère à soupe en guise de cuillère à dessert. Il s’en moquait comme d’une guigne, il était ailleurs, dans les textes de son nouveau roman qu’il devait remettre en juin à son éditeur. Le temps presse, s’était-il dit, nous sommes en janvier, il me reste six mois. La remarque railleuse l’avait à peine sorti de sa réflexion littéraire.
Le ton peu amène employé par Catherine aurait dû l’alerter, car ils faisaient chambre à part depuis le mois d’octobre. Jacques était un intellectuel avec la tête dans les nuages, occupant son temps à lire, à prendre des notes, à écrire, à organiser ses nombreux voyages où les scènes de ses romans se situaient. Jacques vivait dans deux mondes différents et antinomiques, celui de l’entreprise qu’il dirigeait et l’univers littéraire. C’est ce qui avait séduit sa nouvelle épouse et aussi son aisance financière. Il espérait que ce ne fut pas le seul attrait qui avait attiré cette femme discrète et distinguée. Il l’avait remarquée lors d’une exposition organisée pour la présentation de ses sculptures.
Intéressé par les œuvres, il déambulait dans la galerie de la rue des Remparts, bien décidé à acquérir cette tête de Berbère particulièrement expressive. Se dirigeant vers l’attachée de presse pour prendre le catalogue de l’expo, il croisa le regard de l’artiste qui l’observait. Elle devança la demande de Jacques et lui remit le document lui commentant cette création à laquelle elle avait consacré beaucoup de temps, refaisant de nombreuses fois les yeux qui donnaient toute sa particularité à cette sculpture.
À 63 ans, Jacques avait les tempes argentées, d’allure svelte, il était habillé avec l’élégance des Bordelais BCBG. Ses cheveux bruns coiffés à la romantique et ses yeux gris-bleu lui procuraient un charme certain. Agrégé de lettres modernes et de philosophie, sa voix claire et son élocution avaient un réel impact sur les femmes. Leur conversation dura un long moment et Jacques fit l’acquisition de l’œuvre. En lui donnant le colis qu’elle avait fait réaliser pour protéger la statue, Catherine lui susurra à l’oreille :
– Attendez-moi, je termine mon expo et je vous invite à dîner, je vous parlerai d’autres sculptures qui pourraient vous intéresser.
C’est ainsi, de la plus simple des façons, à table, que Jacques fut séduit par son charme. Pourquoi pas, je suis veuf, seul, et une artiste est certainement la personne idéale, à même de comprendre ma manière de vivre, mon besoin d’isolement lorsque j’écris. Il observait cette femme aux cheveux gris, coupés court, qui éclairaient un visage aux traits marqués, il se dégageait de son allure générale une fraîcheur particulière renforcée par la sveltesse de son corps.
Quittant ses pensées, il reprit la lettre qu’il avait posée sur la table du séjour et lui téléphona. Il ne fit pas état du courrier se contentant de lui demander si son voyage s’était bien passé. Les longs trajets en voiture étaient inhabituels, elle préférait le train. Rien dans le ton de sa femme ne laissait paraître la trahison, il n’était pas rassuré, malgré son expérience de la psychologie féminine. Marié cinq fois et ayant connu de nombreuses aventures entre deux séparations, dans l’entre-deux comme il disait, Jacques pensait avoir la capacité d’appréhender la situation qu’il s’apprêtait à vivre, de la comprendre, mais aussi de la gérer dans les meilleures conditions.
Une amie lui avait dit un jour :
– Tu sais, on ne gère pas les femmes comme tu diriges le personnel de ton entreprise.
Piqué au vif Jacques avait répondu :
– Les femmes veulent des hommes tendres et émus, mais aussi forts et solides, les femmes ne sont pas compliquées elles sont complexes.
Il posa la lettre près du dernier texte qu’il venait de rédiger et appela les amis de Catherine qu’elle avait vus avant son départ. Il rencontra la secrétaire de la médiathèque que Catherine dirigeait, mais rien ne ressortit de la conversation. Il consulta le compte rendu de l’assemblée de la semaine précédente, dans lequel était précisée la désignation temporaire de celle qui la remplacerait durant ses trois mois d’absence. Jacques pensa que les autres savaient, mais pas lui.
Sa seconde visite fut pour celle qui secondait Catherine dans l’atelier de sculpture. Dès la première minute, il ressentit une gêne perceptible dans le regard de son interlocutrice. Fort de ce qu’il venait de comprendre à la médiathèque, il orienta ses questions pour obtenir plus d’informations.
Elle lui posa la main sur l’épaule et déclara :
– Catherine est partie, ne l’attendez pas, elle ne reviendra pas.
Jacques ne laissait rien paraître du désarroi qui commençait à l’envahir et prit con

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