CatchLove
146 pages
Français

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Description

Préjugé n°1 : Les femmes ne s'intéressent qu'à l'argent
Quand son patron refuse sa demande d'augmentation, Alison y voit l'occasion de le détester encore plus.
Elle n'est pas dupe. Sous ses airs de gendre idéal, celui que la presse surnomme Monsieur Love - parce qu'il vend l'Amour, le vrai ! - est un homme d'affaires qui n'agit que par intérêt.
Et la nouvelle offre qu'il agite sous son nez en est la preuve : un contrat de collaboration personnelle avec clause de confidentialité... C'est une blague ?
Alison n'est pas prête à donner de sa personne pour les beaux yeux de cet homme. Elle ne sait même pas comment supporter sa présence hautaine et froide... Sauf que cet argent qu'il lui propose en échange, elle en a besoin.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 septembre 2022
Nombre de lectures 10
EAN13 9782493078490
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JULIE SAUREL
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.
Éditions l’Abeille bleue — 38 rue Dunois 75013 Paris
Collection la Romantique
Retrouvez toutes nos parutions sur : https://editions-abeillebleue.fr
© Illustration couverture par Rose Jay
Cette couverture a été conçue en utilisant, entre autres, des ressources de Freepik.com

 
 
 
 
À Élodie, mon premier battement de cœur.
1. Besoin
Alison
Face à la porte close du sixième étage, je commets l’erreur de prendre une grande inspiration. L’air climatisé brûle ma gorge, déjà asséchée par la nervosité, et termine sa course dans mes poumons. Je le bloque afin de calmer mon angoisse et m’insuffler le courage nécessaire pour toquer sur le battant bleu qui me sépare de mon patron. Toc… Toc… Toc… Trois coups incisifs. Sans bavure. Un geste qui trahit les nombreux entraînements exercés en amont chez moi dans le but d’y retranscrire toute l’assurance qui me fait défaut à cet instant précis.
— Entrez !
J’ignore le timbre autoritaire, froid et dénué de toute positivité qui traverse la cloison. J’expire, me mets bien droite avant d’abaisser la poignée et pénètre dans une immense pièce. Bordel ! Ce bureau est plus grand que mon salon ! Mon regard s’accroche à l’ensemble de la façade vitrée qui offre une vue sur la capitale parisienne et la pointe de son monument emblématique. Un décor digne d’une carte postale, sublimé par un soleil en déclin et des vagues de phares lointains provoqués par une circulation dense.
À deux doigts de laisser ma mâchoire se désolidariser du reste de mon visage, je me ressaisis et reporte mon attention sur Monsieur Love. Un surnom surcoté et manquant d’originalité dont la presse l’a gratifié à cause de son rôle au sein de cette entreprise. Bienvenue à CatchLove, la référence en matière de coaching amoureux ! Parce que, dans un monde où tout et n’importe quoi peut se vendre, la famille Carlier a su s’imposer pour débiter des astuces et expertises afin de permettre aux gens de trouver l’amour. Le vrai. Celui avec un grand A.
De la recherche de l’âme sœur à la préservation de son couple, en passant par la séduction, rien n’est laissé au hasard… Tellement rien que, bien qu’ils prônent une étude au cas par cas, tout est géré par des algorithmes. Des maths, ce n’est que cela. Une formule savamment pensée qui, dans le fond, ne repose que sur la détresse des personnes souhaitant avoir quelqu’un pour partager leur vie. La pression sociale, celle qui nous fait croire que nous serons plus heureux accompagnés, n’est qu’une brèche exploitée par les Carlier afin d’enrichir cette société et leurs comptes en banque. Vive l’amour !
— Vous êtes ?
À un rien de me liquéfier sous la nervosité.
— Alison Bertin, graphiste. Nous avons rendez-vous.
Je vais à l’essentiel dans un automatisme bien rodé. L’idée reste de dissimuler les tremblements de ma voix, surtout devant ce regard azur qui me détaille de la tête aux pieds avec dédain. Zut ! J’aurais dû opter pour un tailleur et abandonner mon habituel jean, Converse, pull. Il paraît qu’il est préférable de bien se présenter lorsque nous avons une demande à formuler. Ma fausse assurance s’effrite et je déglutis avec difficulté face à mon manque de jugeote. J’avais pourtant écrit une liste précise d’actions à mener afin de mettre toutes les chances de mon côté.
Un malaise qui ne s’estompe pas quand l’homme, d’un vague geste de la main, m’invite à m’asseoir. Du soupir qu’il retient aux yeux qu’il s’efforce de ne pas lever au plafond, tout chez lui prouve un agacement. J’ai l’impression d’être réduite à l’état de simple nuisible dont on cherche à se débarrasser au plus vite. Tu vas y arriver, Alison, m’encouragé-je en m’installant.
— Je vous écoute, faites vite.
— Bien, je… euh…
Non, non, non ! Tous mes moyens s’envolent et je réfrène l’envie d’enfoncer les doigts dans ma tignasse brune. Un geste trop visible et associé à l’anxiété que je m’interdis, bien que je m’autorise à essuyer la moiteur de mes paumes sur mon jean. Pour ma défense, Carlier est perturbant. Les cheveux châtains faussement indisciplinés, un regard plus profond que l’océan, dans lequel on se noierait en quelques secondes, et une mâchoire que je devine sculptée sous une barbe naissante et maîtrisée.
Il est le genre de personne dont les traits s’impriment dans nos rétines de façon persistante, même en l’ayant vu un court instant. Tout comme le sourire ravageur qu’il peut balancer avec un naturel déconcertant lors d’une interview. Charmeur, intense, renversant. Ce n’est pas pour rien que Béatrice Carlier, la fondatrice de CatchLove, le forme à sa succession et lui laisse de plus en plus les rênes de l’entreprise. Carlier fils est l’image de la marque depuis plusieurs années, le gendre parfait que toutes les mères s’arracheraient pour leur fille… ou pour elles. À vingt-neuf ans, ce type semble avoir tous les atouts en main.
— Je comprends mieux, maintenant, pourquoi vous êtes au graphisme et non à la rédaction, raille-t-il avec condescendance.
J’aimerais lui répondre, trouver une réplique bien salée, mais rien ne sort. Ma répartie paraît absente, à l’inverse de mon taux de stress qui, lui, crève le plafond. J’ignore si c’est parce qu’il m’intimide ou si je préfère éviter le conflit pour mettre toutes les chances de mon côté. Les enjeux de ma demande sont plus importants que ma fierté.
Carlier me rappelle mon mutisme en simulant une toux. Je me secoue mentalement, prends une nouvelle inspiration et lève les yeux pour le fixer… Enfin, c’est son nez que je scrute avec intensité. Une sorte de botte secrète qui permet de donner l’impression de soutenir le regard d’une personne lorsqu’on en est incapable.
— J’ai besoin d’une augmentation, lancé-je dans la précipitation. Cela fait huit ans que je travaille ici sans jamais avoir vu mon salaire réévalué. Il me semble qu’il est temps d’y remédier.
— Besoin ?
Il repousse son ordinateur miniature, qui doit valoir un rein, et pose les coudes sur son bureau avant de joindre ses doigts. Son buste en avant, il me dévisage avec un sourire arrogant qui me donne envie de traverser le sol pour disparaître. Je fronce le nez sous l’incompréhension, incertaine de savoir comment répondre à sa question. En est-ce vraiment une, d’ailleurs ? Dans mes plans, il me félicitait pour mon assiduité, mes résultats, et acceptait sans broncher. OK, ça, c’était surtout dans mes rêves. Cependant, dans mes prévisions, jamais il ne soulevait un mot prononcé sans rapport avec ma requête.
— Vous avez dit avoir besoin d’une augmentation. À aucun moment cela n’implique que vous la méritez ou que vous pouvez y prétendre. CatchLove est une entreprise, pas la Croix-Rouge, les Restos du Cœur ou je ne sais quelle autre œuvre de charité. Si vous avez des besoins , ce n’est pas à moi d’y subvenir.
Voilà pourquoi il est perturbant ! Loin des caméras, des journalistes ou des clients, Carlier est un iceberg. Intraitable en affaires, impitoyable avec ses employés. Hautain et irritant, il vit comme si le monde était à ses pieds et qu’il pouvait le piétiner à sa guise, selon ses propres humeurs. Et, à cette liste, je peux ajouter son besoin de contrôle si j’en juge par l’état de la pièce où tout est impeccable, sans superflu. Cadres accrochés avec minutie présentant des articles de journaux et des statistiques pour afficher la réussite de CatchLove. Des couleurs neutres pour ne rien dévoiler de ses goûts. Pas un brin de poussière ou le début d’une toile d’araignée dans un coin. Merde, même la plaque en verre de son bureau n’a pas la moindre trace de doigts !
— Vous ne pouvez pas faire ça !
Je m’insurge avec bien moins de véhémence que je l’aurais souhaité. Je regrette mon regard que je devine honteusement suppliant, car c’est un profond sentiment d’injustice que je ressens. Oui, il a raison. Je ne suis pas dédiée à la rédaction, j’ignore comment choisir mes mots avec soin, je ne songe pas à leur implication. Ça ne lui donne pas l’autorisation de s’emparer d’une tournure de phrase pour argumenter son refus.
— Oh ! Parce que vous pensez avoir le droit de me dire ce que je peux faire ou non ?
— Vous pourriez au moins étudier mon cas ?
— Ou alors…
Il lève une main, l’index dressé, et marque une pause dans une fausse mine de réflexion. Il braque à nouveau son regard sur moi et sa paume retombe sur le plateau de son bureau.
— … je pourrais aussi vous faire part de notre restriction budgétaire et des emplois que nous pourrions bientôt sous-traiter.
— Quoi ?
— Vous savez, de nos jours, nous trouvons de très bons graphistes qu’il est possible de payer à la commande.
Pendant que mes paupières se ferment et s’ouvrent avec frénésie, Carlier se rencogne dans son siège dans une nonchalance exaspérante. Je rêve ou ma demande se transforme en une menace, à peine voilée, de me virer ? Je retiens ma mâchoire qui souhaite se décrocher devant cette annonce immorale et probablement illégale. Le sang dans mes veines commence à bouillir. Pourtant, toutes mes remarques restent coincées dans ma gorge.
À bien y réfléchir, j’ai soigneusement choisi mes mots. J’ai besoin de cette augmentation, assez pour mettre mon amour-propre de côté et m’écraser face à mon patron. Mon envie de lui arracher son sourire satisfait et victorieux ne se matérialise que dans mon esprit et m’offre un semblant de réconfort.
— Autre chose ? fanfaronne-t-il.
— Non, soufflé-je, les dents serrées.
— Bien, bonne soirée alors.
2. L’écho de la routine
Alison
J’ai beau tenter de l’ignorer, mon esprit me repasse la conversation. Je revois l’arrogance de Carlier, la suffisance inscrite sur sa face et son regard heureux d’avoir bouclé cette affaire en un temps record.
C’est trop. Je craque.
— Vous voulez que je vous dise ?
Je me retourne vivement et pointe son visage d’ange de

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