Coup de choeur
153 pages
Français

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Coup de choeur , livre ebook

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Description

l n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous… (Paul Éluard)
Pour chacun de nous, à différents moments de notre existence, un espace s’ouvre aux changements. Un moment charnière qui transformera partiellement ou radicalement notre vie. Comme un parfum de liberté, un lieu, une personne, un geste, une parole réveillera en nous une nouvelle ferveur de vivre…
Pour Gloria, qui habite seule depuis la mort de son mari, ce sera sa rencontre avec Heidi, directrice de chorale. Son âme de bohémienne charme par sa résilience hors du commun et son regard juste sur les gens et la vie. Heidi, avec la candeur de sa jeunesse, porte en elle cette mission de comprendre la race humaine, de là, ses études en psychologie.
Les choristes québécois se rendent jusqu’au sud de la France et au nord de l’Italie pour donner des concerts. Peu importe les frontières, ils constatent qu’aimer et être aimé est essentiel à l’épanouissement des êtres humains…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 mars 2020
Nombre de lectures 6
EAN13 9782925014553
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Coup de chœur
 
 
 
 
 
 
 
Denise Duguay
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
À Frédérique, Maxym, Ty-Lee, Elryk, Nicolas, Julia et Laura
 
 
1
      
 
Quelques minutes avant la fermeture des magasins, Heidi quitte la boutique de vêtements pour dame, l’air ravi. Sa taille de guêpe et ses longues jambes effilées lui permettent de porter tous les styles à la mode. Une jolie brunette aux cheveux longs, avec de grands yeux marron , qui a toujours su prendre soin de sa personne. La quarantaine lui va bien. Elle dépense une fortune pour s’habiller et se vante d’être accro aux belles fringues.
« Cette robe est magnifique, mais un peu trop longue », pense-t-elle.
Une couturière habite à quelques rues du centre commercial, aux dires de la vendeuse. Elle décide de s’y rendre, maintenant.
Il est dix-sept heures et l’obscurité enveloppe déjà la ville de son manteau gris.
 
Quelques minutes plus tard…
« 18 rue des Plaines, c’est bien ici ! »
Devant la maison plutôt modeste, un immense pin et quelques arbres dégarnis attendent l’hiver. Une saison rude que les habitants du Nord-Ouest québécois savent affronter.
Comme la lumière indécise d’une veilleuse, une lueur anime la grande vitrine de la façade.
Une ombre s’agite à l’intérieur.
Heidi appuie sur le bouton de la sonnette d’entrée.
Une dame dans la soixantaine vient ouvrir. Ses yeux d’un bleu remarquablement profond donnent de l’éclat à son beau visage plutôt pâle. Une grosse natte plus sel que poivre longe sa nuque, jusqu’au milieu des omoplates. Elle porte un long tricot de laine et une jupe vert-kaki, lui donnant une allure de bohémienne.
— Bonsoir ! Je suis Heidi ! Vous êtes Madame Gloria ? La couturière ?
—  Oui, c’est moi ! Entre et assieds-toi ! Je te reviens dans une minute, dit-elle, avant de prendre un escalier la menant au sous-sol.
En bas, des pas assurés vont et viennent. Un bruit sec, comme celui de cintres tombant sur le plancher, fait sursauter Heidi qui, en attendant, promène son regard.
La cuisine est sens dessus dessous. La table est remplie de vêtements, de bobines de fils, de vieux patrons et de plusieurs pots de boutons, semblables aux bonbons mélangés vendus à la confiserie. De la vaisselle et des casseroles encombrent le comptoir et l’évier. Près de la cuisinière, des moules à pains gonflés de pâte attendent la cuisson. Sur le réfrigérateur, un vieux téléviseur transmet des images presque muettes, car la voix de Pavarotti remplit la pièce, où flotte une odeur ancienne.
« Cette magnifique voix de ténor mérite bien d’être entendue partout ! » pense la jeune femme.
Au même moment, Gloria revient avec un pantalon qu’elle installe sur un cintre, près de la porte, en disant :
—  Excusez-moi pour l’attente, un client doit passer le prendre dans les minutes qui viennent. Il est toujours en retard, mais je préfère être prête, au cas où il serait à l’heure pour une fois. Que puis-je faire pour toi ?
— J’aimerais raccourcir ma robe de quelques centimètres. Je viens tout juste d’en faire l’acquisition. La vendeuse a vanté vos mérites en disant que vous étiez la meilleure couturière en ville.
Gloria sourit et lance sur un ton moqueur :
— Je dis souvent que je ne peux pas m’arrêter de coudre, je commence seulement à être bonne. Va l’enfiler dans la pièce à côté et je verrai ce que je peux faire pour qu’elle soit à ton goût.
Heidi sort, vêtue de sa robe, et Gloria l’invite à monter sur un tabouret. Une fois la jeune femme installée, la couturière s’accroupit, pour fixer quelques épingles à l’ourlet :
— Cette longueur te plaît ? Qu’en penses-tu ?
— Oui, c’est parfait ! Elle est vraiment mieux comme ça !
Avec un sourire de satisfaction, la jeune femme descend du tabouret. Avant d’entrer dans la chambre, pour se changer à nouveau, elle s’arrête, regarde Gloria, et avoue sur un ton admiratif :
— Je trouve que le métier de couturière est noble et surtout très utile. Je suis vraiment nulle en couture.
— Tu es sûrement bonne dans d’autres domaines ! Fais attention aux épingles en la retirant ! prévient Gloria, sur un ton bienveillant.
Quelques minutes plus tard, Heidi sort de la pièce. En tendant sa robe à la couturière, elle s’exclame souriante :
— J’ai survécu ! Aucune égratignure !
Gloria sourit à son tour.
— Ta robe sera prête demain. Ce n’est pas sorcier à faire, crois-moi !
Heidi met son manteau. La main sur la poignée de la porte, elle propose :
—  Je passerai après le travail, vers dix-sept heures trente. Vous serez à la maison ?
— Je serai là ! Bonne soirée !
— Merci et à demain !
Sur le chemin du retour et à quelques reprises durant la soirée, la jeune femme revoit dans sa tête l’image de la couturière et son univers un peu spécial.
Elle n’a jamais compris comment certaines personnes peuvent vivre dans l’accumulation et le désordre.
Pour elle, tout ce qui est inutile ne doit pas encombrer sa vie. C’est presque viscéral, elle sent le besoin de faire le tri et de se débarrasser régulièrement de ces « chaînes », comme elle dit souvent. Elle n’a pas de mérite, elle est comme ça, tout simplement.
Gloria, de son côté, s’affaire à réparer les vêtements qu’on lui a confiés aujourd’hui et les jours précédents. Elle terminera sûrement tard en soirée. En bonne artisane, elle récupère tout. De la plus petite retaille, jusqu’aux boutons.
Elle confectionne aussi de nouveaux vêtements et redonne souvent vie aux anciens. Sa réputation est faite depuis longtemps et ses nombreux clients s’entendent tous pour dire qu’elle a des doigts de fée.
Le lendemain, après le travail et tel que convenu, Heidi se rend chez la couturière pour récupérer sa robe.
Elle actionne la sonnette de la porte.
Gloria vient ouvrir. Les deux femmes se saluent.
— Entre ! Ta robe est prête ! dit la couturière, en l’enlevant du cintre. Va dans la pièce à côté pour l’enfiler. Je veux te voir avec et vérifier si la longueur est bonne. Mes clients doivent repartir entièrement satisfaits, cela est primordial pour moi.
Heidi, un peu surprise de la demande, se plie quand même à l’exercice qui, pour elle, n’était pas nécessaire. En enfilant la robe, elle pense : « Cette femme a trouvé la bonne formule pour garder ses clients. »
Quelques minutes plus tard, en voyant Heidi sortir de la pièce :
—  La longueur est bonne ! Elle te va à ravir cette robe ! dit Gloria, avec enthousiasme.
— Merci ! Elle est parfaite ! J’aime ce mélange de soie et de coton, c’est très confortable !
— Avec une fibre naturelle, on ne se trompe pas. Je déteste tout ce qui est synthétique. Un tissu qui ne respire pas, je suis incapable de le porter longtemps. Il faut choisir le confort avant tout. Qu’en penses-tu ?
— Je suis totalement d’accord ! répond Heidi, en retournant se changer de vêtement.
Un peu plus tard, en fouillant dans son sac à main pour trouver son portefeuille, la jeune femme, curieuse de nature, demande :
— Je vous dois combien pour la réparation ?
— Pour un ourlet, le tarif est de dix dollars.
En tendant le montant exact, Heidi s’informe avec douceur :
— Vous vivez seule dans votre maison ?
— Oui, mon mari est décédé il y a quelques années.
— Oh ! Pardonnez mon indiscrétion, dit-elle, confuse.
En plaçant l’argent qu’elle a reçu dans une jarre à biscuit, disposée sur le comptoir de la cuisine, Gloria, ajoute sur un ton narquois :
— Il n’y a pas de faute. Il est parti pour un monde meilleur. Du moins, je l’espère.
Un long silence passe. Les deux femmes se connaissent à peine, lorsque spontanément et pour une raison qu’elle ignore, Heidi d

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