D un septembre à l autre...
116 pages
Français

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D'un septembre à l'autre... , livre ebook

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Description

Lola l’anorexique et Gabin le suicidaire se rencontrent à la clinique psychiatrique. À l’issue de leur traitement, ils séjournent à l’île d’Oléron chez la tante de Gabin. Guidés par leurs rêves, ils cherchent un lieu de vie où ils pourraient s’épanouir en harmonie. C’est ainsi qu’ils découvrent un village exemplaire, respectueux de la biodiversité et du partage. Attirés par ces valeurs, ils décident de s’installer en Périgord Vert. Leur engagement prend forme quand survient le Coronavirus. Le couple se trouve alors confronté à des difficultés imprévisibles : y survivra-t-il ?


Entre Dolus et Saint-Pierre-de-Frugie en passant par Paris et Reims, comment Lola et Gabin s’intègreront-ils dans le monde d’après ? Après leur épreuve personnelle, après celle de la crise sanitaire de 2020...


Un roman où l’énergie et l’espoir luttent contre la sottise, la peur, la haine. La musique en filigrane jalonne le parcours de ces deux rescapés de la vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 novembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782381533070
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

D’UN SEPTEMBRE À L’AUTRE
ou
Les asphodèles de Saint-Pierre-de-Frugie
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Liliane Fauriac
 
D’UN SEPTEMBRE À L’AUTRE
ou
Les asphodèles de Saint-Pierre-de-Frugie
Roman


C’est le destin qui distribue les cartes, mais c’est nous qui les jouons.
Randy Pausch
Les crises, les bouleversements et la maladie ne surgissent pas par hasard. Ils nous servent d’indicateurs pour rectifier une trajectoire, explorer de nouvelles orientations, expérimenter un autre chemin de vie.
Carl Gustav Jung
PREMIÈRE PARTIE
Gabin et Lola
L’appel de l’océan
Il se tient debout, au bord du vide, les mains dans les poches de son jean, face à la houle. Derrière lui, la rambarde de sécurité qu’il a franchie ne lui sert plus d’appui : il avance de quelques pas. Campé sur ses longues jambes, les pieds légèrement écartés, il paraît ancré au sommet de la falaise sapée par l’érosion. Du haut du promontoire, il fixe l’écume en contrebas, fasciné par la rumeur entêtante du ressac. Le provoquant avec obstination, les vagues s’écrasent avec fracas contre les roches et sur le lambeau de blockhaus. Elles se précipitent vers lui, l’attirent, hantent tous ses sens. Le temps perd sa consistance. Il s’oublie dans la contemplation. Les promeneurs ont déserté le sentier côtier. Insignifiant, dérisoire devant l’immensité de l’océan et de sa détresse, il reste immobile, droit, raide, pétrifié. Il ne ressent pas la fraîcheur vespérale si douce après une journée caniculaire comme les précédentes, ni la soudaine solitude. Depuis combien de temps   ? Lui-même serait incapable de répondre. Par moments, son regard s’accroche à un goéland en vol plané. Porté par le vent, l’oiseau flotte sur l’air, indifférent à la puissance des rouleaux. D’un infime battement d’ailes, il maîtrise sa trajectoire avec élégance. Ses congénères stables sur la crête de la vague, comme lui dans la turbulence, se laissent ballotter sans résistance. À la faveur d’un signal secret, ils s’envolent soudain dans un nuage ondoyant, décrivent de gracieuses arabesques avant de se reposer délicatement sur l’eau d’un vert virant au gris. Il les regarde, stagnant dans ce décor mouvant, faisant partie intégrante de l’environnement, comme lui. Le bouillonnement, le claquement sec de la vague sur les rochers, suivi du roulement répétitif et entêtant le fascinent. Un doux vertige, une ivresse subtile, presque une transe s’empare de tout son être. L’océan capture tous ses troubles pour les absorber dans ses embruns salés. Une paix factice trompe sa conscience au bord de l’oubli. Plus rien n’a d’importance, plus rien ne compte, plus rien ne presse, plus rien ne le retient. Le néant   ! Dans sa tête, devant lui, autour de lui. Il ferme les yeux pour mieux entendre l’appel. Les vagues claquent inexorablement. Il a encore le temps avant qu’elles s’éloignent du rivage. Passant sa langue sur ses lèvres salées comme des larmes, il goûte la saveur iodée des embruns. Depuis quand son estomac est-il vide   ? Cette pensée ne s’accroche pas davantage qu’une autre   ; il la laisse disparaître tel un nuage poussé par la brise marine. Ses yeux irrités de fixer les franges d’écume depuis aussi longtemps commencent à brûler d’une fièvre inconnue. D’un moment à l’autre tout peut basculer, tout va se précipiter. Il va lâcher prise dans tous les sens du terme, bientôt, quand la contemplation de l’infini aura saturé sa conscience. Depuis des heures, l’horizon encombré de nuées laisse à peine quelques rayons percer l’espace entre le ciel et l’eau. Même le voilier, au loin, s’estompe derrière le gris : il l’accompagne mentalement quelques secondes, sans s’attarder sur la moindre expectative. Sa méditation pourrait encore se prolonger.
Soudain, dans la poche arrière de son jean, une vibration le transit. Quelqu’un pense-t-il à lui   ? Qui peut bien s’inquiéter   ? Qui vient interrompre son lent processus de détachement   ? Cette simple pulsation prend l’importance d’un microséisme tant elle est inopinée. Machinalement, il porte la main droite sur sa poche. Sous le tissu, la sensation familière de son portable lui annonce un appel. Sans hésiter, il saisit l’objet, l’extirpe sans quitter des yeux l’écume quelques dizaines de mètres en dessous, et, tendant le bras à l’horizontale, lâche calmement cet objet dont il a été si dépendant. Avec son smartphone se noient des milliers de mots échangés, des poèmes, des aveux, des rêves, des informations précises, des rendez-vous, des sourires, des colères, des images : tous engloutis par la voracité de l’océan. Plus d’attaches, de liens, de promesses : il est libre. Libre et seul. Libre de disparaître, comme son portable. Libre et délesté de ses chaînes de conflits avec lui-même et avec les autres. Seul à assumer la fin d’un parcours devenu intolérable, émaillé de frustrations et d’humiliations. Une sensation de paix sinon de joie vient accompagner un rayon de soleil frôlant l’horizon. Le jour s’étire vers un soir venteux. La fraîcheur pénètre jusqu’à sa peau éveillant une légère tension de ses muscles. Il lui semble émerger d’une hébétude apaisante pour basculer, en pleine conscience, dans l’acte ultime qu’il s’apprête à accomplir. L’océan amorce son reflux   ; le couchant se teinte des couleurs chaudes de gerbes de lumière. Il s’accorde encore quelques instants de contemplation avant de céder à l’attraction vertigineuse de l’espace entre lui et la vague. Se retournant une dernière fois vers la terre qu’il va quitter, il pose les mains sur la balustrade. Un souffle rabat ses cheveux bouclés sur son visage. C’est alors qu’il aperçoit une silhouette émergeant de l’ombre naissante derrière la haie de tamaris. Tétanisé, il retient sa respiration, contrôle le moindre mouvement afin que sa présence devienne indétectable comme la trajectoire de ses pensées.
Charles a garé sa Mégane de location sur le parking désert du phare de Chassiron. Aucune difficulté à trouver une place à cette heure tardive   ; les touristes sont partis vers les restaurants, les appartements, la route… Seuls quelques camping-cars, sagement rangés côte à côte, occupent l’aire réservée. Il se hâte vers les jardins, dépasse le phare, scrutant l’horizon. Chasseur d’images professionnel, il porte son appareil photo en bandoulière pour traquer, comme les soirs précédents, les instants sublimes où le soleil se noie sur la ligne magique, où le ciel embrasse l’océan. Personne, comme hier, avant-hier, demain… Le vent d’ouest le fait frissonner   ; il regrette d’avoir laissé son coupe-vent sur la banquette. Hésitant à rebrousser chemin, il aperçoit une ombre sur le sentier bordant la falaise, là où l’interdiction de franchir la main courante dissuade les plus téméraires des promeneurs. Intrigué, il se fige et plisse les paupières : c’est bien un homme qui se tient là, au bord du vide. Agrippé à la barre, face à lui, quelqu’un le fixe. Confusément, cette présence lui semble suspecte : pas menaçante, mais incongrue. Il pourrait supposer qu’un photographe amateur saisisse comme lui la beauté d’un paysage, capture des couchers de soleil ou simplement jouisse de la magnificence du moment, éphémère et éternel joyau de la nature. Ce n’est pas le cas. Une sorte d’intuition laisse pressentir autre chose : un drame se noue sous ses yeux. Son sang bat plus fort à ses tempes, se glace dans ses membres, déclenchant une amorce de vertige. Il pense à ses accès d’hypertension et respire profondément pour apaiser ses palpitations et faire taire un souffle trop saccadé. La rumeur sinistre des vagues mugit dans l’obscurité naissante : une atmosphère électrique rend la sensation de danger tangible. Cet état assez incontrôlable le surprend, lui si stoïque et désabusé. Sans réfléchir, il s’immobilise : ne pas brusquer l’homme susceptible de céder à une tentation fatale. Le seul comportement approprié qui s’impose à lui est celui du promeneur indifférent. Pourtant, il se sent impliqué, ne serait-ce que par le devoir d’assistance à personne en danger. En visualisant rapidement les alentours, il constate navré qu’il serait l’unique témoin en cas d’accident ou de passage à l’acte désespéré. Pourvu qu’il ne précipite pas les événements

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