De griffes et de sang - 5 - Apprivoisée - Livre I
152 pages
Français

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De griffes et de sang - 5 - Apprivoisée - Livre I , livre ebook

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Description

Urban Fantasy (Bit-Lit) - 303 pages


Trente ans se sont écoulés. Les immortels ont été intégrés à la civilisation humaine, vampires et lycans sont au gouvernement, les jeunes marqués sont préparés à leur avenir... tous se sont adaptés.


Tous, sauf d’étranges groupuscules déterminés à éradiquer cette cohabitation. Des chasseurs ont brisé le pacte de paix, et des actes terroristes éclatent aux quatre coins du globe. Léna et Eli, retranchés dans l’ombre, refusent de se mêler aux incidents.


Mais cette barbarie a une signature : un simple S. Un S comme Serf.



La quête de réponses coûtera cher. Léna n’échappera ni aux manipulations, ni aux trahisons, ni à la souffrance, au nom d’un combat qui pourrait bien être le dernier.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782379613883
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De griffes et de sang – 5 – Apprivoisée – Livre I

5 – Apprivoisée – Livre I

Lily Degaigne
5 – Apprivoisée – Livre I

Lily Degaigne

Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-388-3
Concept de couverture : Didier de Vaujany
Prologue


Ils avaient eu raison de faire des tests. Quand bien même beaucoup de leurs capacités incombaient à leurs gênes, manipuler de la dynamite n’en faisait pas partie. Ils auraient eu l’air malins avec trois doigts en moins ; déjà qu’on les prenait pour de minables petits rêveurs, ce n’était pas le moment de venir chialer dans les jupes de maman parce qu’ils avaient fait mumuse avec des explosifs. Quoique, ce n’était pas le scénario le plus humiliant. Ils acceptaient volontiers un ou deux membres en moins, tant que leur théorie devenait réalité.
Ils ne pouvaient pas se tromper. Toutes les pistes menaient ici ; des années à suivre chaque trace, à écouter chaque murmure, à déceler mensonge et vérité, mythe et réalité. Ils avaient travaillé trop dur pour se planter maintenant. Ils s’étaient trop plantés, en fait, pour revenir bredouilles.
Tous leurs efforts les avaient conduits ici. Dans le silence de la nuit, au cœur de la pierre, des légendes, de l’absurde. Pas de serpent géant à combattre, de gardiens fantomatiques ou de passages secrets extraordinaires. Indiana Jones pouvait remballer ses histoires et son archéologie, l’imposture était sous les yeux de tous depuis des siècles, et c’était peut-être ça qui la rendait si improbable. L’impossible à portée de dynamite.
N’empêche, si tout cela n’était que légende, ils allaient vraiment passer pour des cons.
Leur cœur battait comme des tambours tandis qu’ils s’approchaient précautionneusement du nuage de poussière. L’explosif avait fait son boulot. Au fond de cette immense cavité de calcaire, la roche s’effritait, couinait encore. Elle grinçait et roulait sur le sol dans les ténèbres de la nuit, semblant relâcher les incantations sataniques de toutes les sorcières qui avaient dansé ici. La cathédrale du Diable, si tristement accessible, si ordinairement aménagée pour les touristes aujourd’hui, toussait et recrachait son plus terrible secret. Celui de toutes les légendes, passées comme présentes. Celui de la vie et de la mort. Celui du chaos et de l’absolution.
La lumière de leurs lampes-torches parvint enfin à filtrer à travers le nuage opaque qui leur brouillait la vue. Les lieux grondaient, menaçaient. Peut-être faisaient-ils une erreur. Peut-être s’étaient-ils trompés. Peut-être la grotte allait-elle s’effondrer, protéger son captif, ravaler son abominable réalité et les prendre, eux aussi, à tout jamais. Mais la cavité tint bon. Leurs semelles ripèrent sur le désordre environnant quand ils s’avancèrent, enfin, dans la petite cave possédée par les ombres.
L’odeur, d’abord, surpassa toutes leurs premières impressions. Insupportable. Elle imbibait chaque particule d’air, alourdissait l’atmosphère. Elle était acide, âpre dans la gorge, tiédasse et écœurante, comme on se jette au cœur d’une fosse commune. Des insectes rampants jaillirent de partout, des mouches énormes bourdonnèrent, vrombirent à leurs oreilles, pareilles à de minuscules violons désaccordés qui envahirent l’espace. Une existence polluée siégeait ici, offerte à la pourriture, à la mort, à tout ce qu’il y avait de plus répugnant sur terre.
L’un des deux vomit sur ses pieds à peine eurent-ils fait un pas dans cette chambre de pierres. L’autre se protégea la bouche et le nez. L’acidité des lieux lui piquait les yeux, et tout ce qui lui restait de raison lui hurlait de prendre la fuite. Maintenant. Pourtant il s’obstina à fouiller les ombres. La nitescence froide de sa torche s’écrasa sur des parois de calcaire. Parfois, elles étaient lacérées, striées de profondes griffures. Parfois une substance chaude, noirâtre dans l’obscurité, semblait avoir giclé et imprégné la matière.
Puis enfin, la lumière dévoila un énorme crochet enfoncé dans la roche. Il soutenait une épaisse chaîne qui tombait jusqu’au sol. Il aurait reconnu ce métal, bruni par la crasse du lieu et la poussière, entre mille. Alors il sut qu’il avait raison. Qu’ils avaient réussi !
Ils l’avaient trouvé.
L’autre se releva, encore secoué de quelques spasmes écœurés. Il braqua sa torche aux mailles plus grosses que son propre poing et cette fois son estomac gronda pour autre chose que l’odeur des lieux. Un savant mélange de joie et de terreur s’éprit des deux hommes quand la lumière ricocha sur les courbes rachitiques de l’être attaché aux chaînes d’argent.
Il aurait pu se fondre avec la pierre elle-même si les visiteurs n’y avaient pas pris garde, tant il était lisse, froid et immobile. Il aurait même pu paraître inoffensif. Pitoyable. Faible. Il était cent fois plus que ça, et les liens qui le retenaient au mur par les chevilles et les poignets étaient une preuve suffisante. Les bras enroulés autour de ses jambes, l’être flottait dans des vêtements usés et témoins d’une autre époque. Des manches s’extirpaient des membres si maigres, si pâles, qu’on aurait pu le confondre avec un simple tas d’ossements.
— Tu es sûr de ce qu’on fait, là ?
— On a trop bossé pour reculer maintenant.
— Il a été enfermé pour une raison, Koen.
— Ouais. Par un immortel. Nous ne sommes pas ses ennemis, et il le sait. Si tu ne veux pas t’en mêler, continue de gerber dans ton coin, je me charge du reste.
L’estomac n’allait pas mieux, en effet, mais le concerné se refusa à laisser Koen agir seul. Comme toujours, il se devait de protéger son frère. Y compris contre lui-même.
Koen s’extirpa de la petite grotte pour aller récupérer leur sac abandonné dans l’accès principal. L’obscurité était si dense ici que seules les torches leur prouvaient encore qu’ils n’étaient pas aveugles.
— Ewen, viens me filer un coup de main !
L’interpellé eut certaines difficultés à lâcher des yeux le petit tas d’os qui se tenait à deux mètres de lui. Son immobilité avait quelque chose de fascinant. Comme on observe le corps de l’être aimé lors d’une mise en bière, et qu’à tout moment on le croit susceptible de se réveiller. Une obsession morbide, surréaliste, absurde… Sauf quand on sait que le cadavre est vivant.
— Je croyais que je pouvais gerber tranquille, râla Ewen en attrapant l’une des anses de l’épais sac de tissus qu’ils se trimballaient depuis des jours.
Koen ne prit même pas la peine de lui répondre, et son frère supposa qu’il s’était contenté de lever les yeux au ciel. À bout de force depuis des jours, ils revinrent sur leurs pas en traînant leur matériel. Les mouches continuaient de bourdonner et les rampants tentaient de se frayer un chemin entre les roches pulvérisées. L’odeur commençait à se diffuser dans l’arche principale. Ils n’avaient plus que quelques heures avant le lever du soleil, et donc avant l’ouverture du site au public. La presse allait se déchaîner demain matin… et les autorités aussi.
Ils devaient se grouiller. La légende devait rester légende, pour le moment.
Koen extirpa du sac l’attirail qu’ils brûlaient et redoutaient d’avoir à utiliser un jour.
— Ça suffira, tu crois ?
— Il le faudra bien. Sinon, il reste ici et se démerde pendant les siècles à venir.
Du coin de l’œil, Ewen aurait juré voir le tas d’ossements frémir.
Koen finit par s’approcher. Les gestes avaient été appris, mémorisés et répétés, comme une chorégraphie qu’on s’obstine à se rentrer dans le crâne. Mais tout n’était que supposition. Ils supposaient que la légende se trouverait ici. Ils supposaient qu’ils avaient raison de la déterrer de sa prison. Ils supposaient qu’ils en sortiraient vivants.
Il installa le matériel dans des gestes précautionneux, mais qui tremblaient, pourtant, d’une nervosité indomptable. Il s’apprêtait à lancer le processus quand la peur d’Ewen prit à nouveau le pas sur tout le reste.
— Peut-être devrions-nous prévenir les autres, avant de le…
— Et passer pour des tapettes trop froussardes pour aller jusqu’au bout ? coupa son frère d’une voix sifflante.
— Nous l’avons trouvé, c’est déjà mieux que n’importe qui.
— Ils nous prennent pour des cinglés. Tout ce que tu veux que même si on leur téléphone maintenant, ils ne nous croiront pas.
— Ça vaut le coup de…
— Non, ça ne vaut pas le coup, Ewen ! Des années qu’on le cherche et il est là, putain ! Le dernier espoir de l’humanité ! Hors de question que quiconque nous vole la vedette sur ce coup-ci.
— Et s’il n’a pas envie d’œuvrer pour l’humanité ? Si… s’il a changé ?
Koen jeta un œil au petit tas de vêtements immobile à ses pieds. La lumière de sa torche glissait sur sa peau, plus fine que du papier à cigarette, aussi pâle et transparente que de la feuille de riz. La main était osseuse, longue, s’achevait sur des ongles de plusieurs centimètres, abîmés à force d’avoir griffé les parois de calcaire. Un frisson lui dévala l’échine, mais il s’obstina à ravaler les vagues d’angoisse qui lui comprimèrent la poitrine. C’était trop tard. Ils ne pouvaient plus reculer.
— S’il ne veut pas nous aider, alors je le tuerai moi-même. Il est attaché, de toute façon.
Sans laisser à son frère l’opportunité de contester une nouvelle fois, il enclencha le processus et s’éloigna d’un bond en arrière.
S’écoula deux heures d’un silence seulement rompu par les vrombissements incessants des énormes mouches et par le vent qui s’engouffrait, à une vingtaine de mètres, dans la forêt qui entourait la grotte. Les deux hommes s’impatientaient. Tantôt ils vérifiaient si le prisonnier avait bougé, tantôt si des curieux débarquaient. On faisait plus discret que de la dynamite, il fallait dire. En fond, par-delà leurs respirations et le concerto des insectes, le clapotis timide de la rivière résonnait entre les murs de calcaire, se cognait et leur revenait en écho des cavités plus profondes. Les lieux étaient magnifiques – du moins, ils devaient l’être,

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