De griffes et de sang - 6 - Apprivoisée - Livre II
212 pages
Français

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De griffes et de sang - 6 - Apprivoisée - Livre II , livre ebook

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Description

Urban Fantasy (Bit-Lit) - 387 pages


De retour dans l’antre de ses cauchemars, Léna est piégée. Totalement détruite, elle peine à rassembler force et combativité pour s’échapper. Une aubaine pour son bourreau, qui peut à présent l’utiliser afin de mener à bien ses macabres projets.


Comment Léna parviendra-t-elle à trouver la lumière et l’espoir, quand tout a définitivement été englouti par les ténèbres ?



La quête de réponses coûtera cher. Léna n’échappera ni aux manipulations, ni aux trahisons, ni à la souffrance, au nom d’un combat qui pourrait bien être le dernier.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782379613906
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De griffes et de sang – 6 – Apprivoisée – Livre II

6 – Apprivoisée – Livre II

Lily Degaigne
6 – Apprivoisée – Livre II

Lily Degaigne

Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-390-6
Concept de couverture : Didier de Vaujany
1 - La Cause

 
Je me souvenais d’une série. Une vieille série, en vérité, puisque je la regardais dans les années 2015, quand j’étais encore humaine. Michael était transi d’amour devant l’actrice principale, et côté mâles, le casting n’était pas dégueulasse non plus. Nous nous étions enfilé une grande partie des saisons, le cerveau congestionné de marijuana et le sourire aux lèvres.
Elle parlait de vampires. Ils étaient rapides, forts, accros à l’hémoglobine… d’autres détails me revenaient, mais celui qui m’intéressait était leur capacité à éteindre leurs émotions. Comme ça. Un switch et hop, rideau. Ils cessaient de rire, d’aimer… de souffrir.
Comme j’aurais voulu que ce détail eût été inspiré des véritables immortels… car je n’aurais pas hésité.
Une semaine qu’une douleur intolérable me cisaillait la poitrine, sans que je ne puisse rien y faire. Une semaine que j’étais piégée dans cet Enfer. Une semaine que mon cerveau ne me hurlait qu’une seule chose, sans discontinuer : « Eli est mort, Eli est mort, Eli est mort, Eli est mort… ». Je ne le supportais plus.
Mon état variait, sans que je n’y contrôle ou n’y comprenne grand-chose. D’abord, la fureur, quand j’avais tenté de tuer Michael. Stanislas m’avait droguée avec son gaz d’argent pour me calmer et je m’étais réveillée non plus dans mon lit de marquée, mais sur une chaise de métal, au centre de ce qui fut jadis le bureau d’Ingham et Edmund. Des installations médicales avaient pris possession de l’espace et j’en étais, semblait-il, le principal sujet d’étude. Des aiguilles plantées dans les veines, j’ignorais ce que les hommes autour de moi fabriquaient, et je n’en avais rien à foutre. Je m’étais débattue, pour la forme, les premiers temps. J’avais luté contre les énormes menottes d’acier qui plaquaient mes poignets et mes chevilles à mon inconfortable assise, mais l’épuisement avait eu raison de ma vigueur.
Sans énergie, la colère avait donc fait place à son grand frère : le désespoir. Un concentré de chagrin, de douleur, d’effroi et de déni auxquels il était impossible de faire le tri. Ces putains d’émotions bataillaient sans relâche, tournoyaient, serpentaient dans mes veines, annihilaient la moindre pensée cohérente, s’évertuaient à enrouler l’espace dans les ténèbres. C’était ce que mon existence était devenue : noire, brouillonne, froide et insensée. Un monde où Eli n’était plus ne pouvait être réel… encore moins être beau.
Alors je me laissais faire par les guignols en blouses blanches qui prélevaient plusieurs litres de mon sang par jour. J’acceptais de mâchouiller l’unique morceau de pain auquel j’avais droit, sans même chercher à bouffer les doigts de la main qui me l’enfonçait dans la bouche.
Je supportais les discours de Stanislas. En silence.
— Ah, Léna. Comment vas-tu aujourd’hui ?
Comme tous les jours à la nuit tombée, il tira une chaise pour s’installer face à moi. Il ne se départait plus de son costume noir et de sa cravate rouge. Plus d’une fois, je me suis vue l’attraper pour la serrer, et serrer encore, jusqu’à parvenir, peut-être, à détacher cette ignoble figure de sa stature.
À défaut, je me taisais. Mes mains blessées à l’argent continuaient de m’envoyer des salves de brûlures dans les bras, mais je n’en avais pas grand-chose à faire. Je ne les sentais plus, en vérité. En comparaison du déchirement qui polluait mon esprit, les douleurs physiques n’étaient que la preuve, infâme, que j’étais toujours en vie.
L’hybride ne se formalisa pas de mon mutisme. Il enchaîna avec décontraction :
— Es-tu disposée à réciter les commandements de la Cause ? 
Je ne relevai même pas les yeux vers lui, me contentai de fixer un point, un peu flou, entre ses jambes et moi. Il poussa un bref soupir et s’approcha. Je sentis l’attention de tous les connards autour se focaliser sur notre échange et tressaillir de malaise. De l’excitation sordide ? De la pitié ? Aucune idée. Il glissa sa main contre mon visage pour m’obliger à relever la tête.
J’affrontai son regard, son contact, sans expression aucune. Un demi-sourire étira ses lèvres, toutefois je devinai dans ses yeux une onde singulière de contrariété. Quelque part, au cœur de mon tourment sans fin, je m’en réjouis.
— Il va falloir te décider à collaborer, Léna. Ou je vais commencer à perdre patience.
La menace était douce, juste un peu piquante, comme un bonbon à la menthe. Rien à foutre.
Je me dégageai de ses mains d’un geste brusque de la tête et reportai mon attention sur le point que je fixais plus tôt. Il n’insista pas, se contenta de serrer et desserrer le poing pour contrôler son emportement. Puis il se redressa, quitta la chaise pour s’avancer vers ses chercheurs.
  Par-delà ma peine, Stanislas me terrifiait toujours, en réalité. J’ignorais pourquoi, d’ailleurs. Il ne faisait que de me répéter, encore et encore, des heures durant, les grands préceptes des chasseurs, en pensant sans doute qu’il parviendrait à me convaincre. J’imaginais que la facilité avec laquelle il m’avait broyé les mains se rappelait volontiers à mon bon souvenir. Ou bien le fait qu’il ait ruiné ma vie, tout simplement.
Il caressa mes cheveux avec douceur quand il passa près de moi, puis s’adressa à ses sbires. À sa ceinture, la lourde épée qui ne le quittait jamais se cognait contre les meubles.
— Des évolutions ?
— Nous continuons les tests, Min Herre . Pour le moment, rien de concluant.
L’hybride expulsa un bref grognement de frustration qui fit bondir les cinq cœurs battant dans les poitrails des scientifiques. Finalement, il se détourna, choisit de voir le verre à moitié plein.
— Cela fait peu de temps que nous avons démarré. Gardons espoir.
— Ou… Oui, Min Herre.
— Prenez le temps de vous préparer pour ce soir, mes scientifiques ont le droit de s’amuser, eux aussi.
— Merci, Min Herre.
Si j’en avais eu la force, j’aurais roulé des yeux. Ce n’était plus un chasseur, un vampire ou même un hybride. Stanislas était traité comme un semi-dieu parmi ce défilé de dégénérés, cela frisait le ridicule.
Il revint vers moi, s’accroupit pour se mettre à mon niveau, sans jamais perdre son sourire. Je lui renvoyai un regard sombre, éteint, furieux… peu importait.
— Toi aussi, Léna, tu vas te préparer. J’organise une petite soirée dans la magnifique salle de bal dont dispose ce domaine. C’est l’occasion de te présenter à toute l’équipe.
Il m’annonçait cela comme un patron m’aurait informé du dernier évènement caritatif en date. La gorge ruinée par mes nombreux hurlements, le visage congestionné par mes larmes, je parvins à trouver la force de lui répondre.
— Va te faire foutre.
Les autres péquenots hoquetèrent de surprise. Stanislas se contenta de ricaner. Il glissa son pouce sur mes lèvres, geste que j’échouai à esquiver, puis se redressa.
— Nadia viendra t’aider à te préparer. Elle aura du renfort, si d’aventure tu trouvais opportun de t’en prendre à elle. Rendez-vous à minuit.
Pour la première fois depuis une semaine, il disparut aussi vite qu’il était apparu. Je baissai donc les yeux, retrouvai mon point invisible, affrontai ma douleur. Heure après heure.
 
Stanislas n’avait pas menti. Une jeune chasseuse, à l’air étrangement timide, vint me chercher deux heures avant les festivités. Cinq gros bras armés jusqu’aux yeux me conduisirent à une chambre de l’aile est que je ne connaissais pas. La pièce était tapissée par plus de chandelles qu’aucune autre salle de la demeure. Le lit avait été poussé contre un mur pour faire de la place à une dizaine de mannequins drapés de vêtements somptueux.
Une vision qui me fit songer à Léonard. Lui aussi travaillait le tissu, en ces lieux. Était-il au courant de ma disparition ? Lui et les autres étaient-ils à ma recherche ? Allais-je seulement les revoir un jour ? Impossible de le dire. Et après tout : à quoi bon ?
— Vous devez vous déshabiller…
Mutique au centre de l’espace, j’orientai mon attention en direction de la dénommée Nadia, dont les joues viraient au cramoisi. Les glandus qui l’entouraient resserrèrent leur prise autour de leur arme, parés à toute éventualité.
— Je ne peux pas me changer dans la salle de bain ? parvins-je à articuler, placide.
— Je… Min Herre nous a ordonné de ne pas vous lâcher des yeux.
Pourquoi était-elle aussi impressionnée ? Je n’étais rien ni personne, au milieu de cette mascarade, si ce n’était la pauvre louve piégée sur une chaise au troisième étage.
Anesthésiée et à bout de force, je choisis de ne pas épiloguer davantage. Je mis un certain temps à me débarrasser de mon t-shirt et de mon jean, handicapée par de douloureuses courbatures et mes blessures aux mains. Cela fait, à moitié nue devant ces inconnus, je me tournai vers Nadia dans l’attente de la suite. Les gros bras gardèrent l’expression la plus neutre possible, dans une indifférence calculée.
La chasseuse expulsa une toux nerveuse, puis s’approcha de la porte, à quelques pas, qui dissimulait la salle d’eau.
— Nous devons vous laver.
— Je peux me laver seule.
Elle pinça les lèvres, mais m’encouragea, d’un regard embarrassé, à ne pas insister.
Ainsi, je me tins debout, entièrement nue cette fois, au centre de la douche, sous les jets glacials du tuyau que Nadia envoyait vers moi. J’étais une prisonnière. Séquestration et humiliation allaient de pair, et je n’étais finalement pas si surprise de me retrouver dans cette situation. Lente, mécanique, les viscères grouillants d’un maelström de colère, de peine et d’avanie, je me savonnai de quelques gestes tremblants, sous les regards attentifs de mes tortionnaires.
  Les deux heures suivantes, j’éteignis tout ce qu’il était possible d’éte

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