Diadème Rose
99 pages
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Diadème Rose , livre ebook

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Description

Qui croit encore à la princesse charmante ? Qui veut même entendre parler d'elle ? Qui a la naïveté de se laisser prendre à ses rêveries qui vous feraient imaginer, par exemple, que l'héritière d'un royaume nordique, cette irrésistible beauté portant diadème et robe scintillante, va brusquement vous enlever vous, oui vous ? Ah ! Non, les dragons, les donjons, les nymphes couronnées, vous les avez remisés avec votre première Barbie. Allez... Vous êtes une femme lucide. La princesse charmante ? Cette sublime créature qui vous ravit et vous mène dans sa chaumière secrète pour un sauvage corps à corps entre des draps brodés ? Ce mythe machiavélique destiné à faire de vous une pauvre chose sentimentale et lascive... Et le comble du ridicule ! Le mariage homosexuel dans la cathédrale royale ! Ah ah ! Il faut vraiment avoir des citrouilles à la place des neurones !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 juin 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9780244194666
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Diadème rose
Cy Jung
De la même auteure
Chez Homoromance éditions
Quartier rose , roman, broché & ePub, 2017.
Piste rose , roman, broché & ePub, 2017.
Aux Éditions Gaies et Lesbiennes
Camellia rose , roman, 2009.
Un roman d’amour , enfin, roman, 2008.
Diadème rose , roman, collection Le Bonheur est à tout le monde, 2007.
Bulletin rose , roman, collection Le Bonheur est à tout le monde, 2006.
Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train , roman, 2005.
Carton rose , roman, collection Le Bonheur est à tout le monde, 2003.
« Qu’est-ce qu’elle me veut ? », nouvelle dans Attirances, collectif sous la direction de Christine Lemoine et Ingrid Renard, 2001.
Aux Éditions KTM
« Ça nous promet une belle soirée ! », nouvelle dans Dix ans, ça se fête !, collectif, 2009.
Cul nu, courts érotiques , nouvelles, 2001.
Est ist eine poulette , roman, 2000.
Hétéro par-ci, homo par le rat , roman, 1999.
Once upon a poulette , roman, 1998.
Aux Éditions L’Harmattan
Tu vois ce que je veux dire, vivre avec un handicap visuel , 2003.
Aux Éditions de la Cerisaie
« Sarah », nouvelle, dans Dessous divers, collectif, 2005.
« Le Rêve d’Isabella », nouvelle, dans Transports amoureux, 2005.
Aux Éditions de la Loupe
«  Le râteau  », nouvelle, dans L’autre beauté du monde , 2009.
En ligne
[ e-criture ], nouvelles sur cyjung.com, depuis décembre 2012.
Fragment d’un discours politique , fragments-politiques.cyjung.com/ (2015).
Photocriture , textes photolittéraires, 2010-2014.
Les Feuillets de Cy Jung , roman sur cyfeuillets.cyjung.com, 2010-2013.
 
1.
Marjolaine peinait à retenir un bâillement. Elle baissa la tête, pinça les lèvres, gonfla les joues et laissa s’échapper de ses poumons une lente bouffée d’air chaud en se dissimulant derrière sa caisse. Un filet de 2,5 kilogrammes d’oranges d’Espagne se présentait en bout de tapis. Elle tendit péniblement le bras : jamais elle n’aurait dû accompagner ses camarades du Collège de France en boîte de nuit ; elle avait passé l’âge de guincher jusqu’à point d’heure, surtout quand elle prenait son service d’hôtesse de caisse au Minimarge de la rue Nicoud dès l’ouverture. Elle soupira. Il ne servait à rien de regretter, ce d’autant moins qu’elle avait passé une très bonne soirée même si elle n’avait pas rencontré celle qui comblerait un jour, peut-être, sa douloureuse solitude.
Elle devait faire front. Elle se redressa sur sa chaise, se saisit du filet d’oranges, le tira vers elle, chercha le code à barres sur la large patte en plastique, le passa ainsi que le filet devant le scanographe et envoya rouler le tout au fond du bac en acier. Un fruit abîmé laissa une traînée de jus derrière lui. Elle la nettoya aussitôt avec le carton de la semoule de couscous à suivre sur le tapis. Qu’en avait-elle à faire que les chalands achetassent des produits gâtés ? Les marchandises étaient en libre-service ; ils n’avaient qu’à en vérifier eux-mêmes la qualité.
La cliente ne sembla pas remarquer le manège. Elle enfournait ses emplettes dans une poussette de marché au tissu imprimé de blanc et de noir telles des taches sur la peau des vaches des publicités pour du chocolat suisse : du jambon sous plastique, des yaourts aux fruits, un litre de lait de soja, un tube de cirage incolore, des craquants au fromage, deux bananes, un kilo de pâtes alimentaires — des torsades —, un sachet de minestrone déshydraté et, pour finir, trois boîtes de nourriture pour chats que lui avait commandées une voisine alitée par une forte fièvre.
À la vue de ces dernières, Marjolaine sortit de sa torpeur : comment pouvait-on donner à manger une telle infection à un compagnon ? Son Bilou, lui, ne consommait que des croquettes achetées à l’animalerie et choisies en fonction de ses besoins spécifiques de gros matou d’intérieur plus prompt à la sieste qu’à la chasse aux souris, fussent-elles factices et remplies d’herbe à chats. Ah ! Son Bilou… Que faisait-il à cette heure ? Dormait-il lové sur son oreiller ou s’adonnait-il à une petite séance d’affûtage de ses griffes sur son arbre à deux plateaux, griffoire cylindre et jeu de balles intégrés ? À moins qu’il ne fût justement en train d’avaler de ses fameuses croquettes Cat House diet+ ®  ?
Marjolaine n’eut pas le loisir de trancher. La chalande attendait son compte, porte-monnaie en main. L’hôtesse de caisse appuya sur la touche «  Total  ». Elle ne prit pas la peine d’énoncer le montant qui s’afficha sur l’écran à cristaux liquides placé à gauche du scanographe. La jeune femme à la poussette de marché vache ne broncha pas. Marjolaine fit pivoter le support de l’écran. La cliente n’en fut pas affectée ; elle demeurait immobile, bourse ouverte.
— 13,93 euros, s’il vous plaît, bougonna d’impatience l’hôtesse de caisse en toisant cette étourdie.
Cette dernière plongea le nez au milieu de ses pièces, offrant à la vue de Marjolaine un crâne au parfait arrondi dont la peau blanche apparaissait sous le petit millimètre qu’il lui restait de cheveux d’un blond singulier. Marjolaine sourit : la coupe était impeccable et ne pouvait que trahir l’appartenance de cette cliente à la Famille. N’était-ce pas une raison suffisante pour la trouver sympathique ? Elle l’observa qui piochait ses pièces, les portant une à une à cinq ou dix centimètres de ses yeux — pas plus ! —, les examinant sous toutes les faces, les reposant dans le lot ou les gardant dans le creux de sa main. La tâche lui semblait pénible. Son front était plissé, ses sourcils froncés. Marjolaine comprit qu’elle ne devait vraiment pas y voir grand-chose. N’était-ce pas rare chez une si jeune personne à moins, bien sûr, qu’elle ne portât pas de lunettes par pur souci esthétique ? La file d’attente qui s’allongeait imposait que l’hôtesse de caisse intervînt.
— Je peux vous aider, s’enquit-elle d’un ton plus affable.
— Je…, cela devrait aller. Voici 93 centimes. Je vous donne un billet de 20.
L’hôtesse de caisse prit les pièces qu’elle lui tendait. Elle les recompta, attendit que la jeune femme sortît son billet, saisit la somme de 20,93 euros sur le pavé numérique et actionna l’ouverture du tiroir blindé. L’échange de monnaie ne prit pas plus de quinze secondes. La chalande fourra le rendu ainsi que le ticket dans la poche de son jean. Elle attrapa la poignée de sa poussette de marché vache sous l’œil devenu compatissant de Marjolaine.
— Ce n’est pas trop lourd, Mon Caddiche ? demanda-t-elle à son sac à roulettes en en refermant soigneusement le rabat. Couvre-toi, le fond de l’air est frais.
La poussette, bien sûr, ne fit aucun commentaire. Ce fut tout du moins ce que pensa Marjolaine qui, inquiète maintenant, suivit des yeux cette jeune femme décidément bien étrange jusqu’à ce qu’elle eût quitté l’enceinte du Minimarge. Elle la plaignit intérieurement : malvoyante et zinzin, cela ne faisait-il pas beaucoup pour une seule personne ? La cliente suivante accrut sa perplexité.
— On n’a pas idée de faire ainsi sa coquette, commenta-t-elle sur le ton de la médisance. Vous la verriez à la boulangerie ! Elle se cogne toujours à la vitrine tant elle s’en approche pour choisir son gâteau. Elle n’a pas honte ? Moi, je préférerais mettre des lunettes plutôt que d’être si ridicule.
L’hôtesse de caisse resta silencieuse. Elle avait pris pour habitude, à de rares exceptions près, de ne jamais engager la conversation avec les pratiques de la supérette. Il en allait de sa tranquillité tant les gens étaient bavards jusqu’à l’indélicatesse, parfois. Leurs verbiages, en outre, ne l’intéressaient pas. Elle était là pour gagner sa vie, exerçant un métier qui n’était pas le sien ; il était hors de question qu’elle en fit plus que ce pour quoi elle était fort chichement payée.
— Je m’en méfie d’ailleurs, poursuivit la dame en haussant la voix. C’est un vrai danger public !
Marjolaine baissa les yeux. Elle comptabilisa avec le plus de rapidité possible les marchandises posées sur le tapis. La dame paya son dû en liquide. Un monsieur lui succéda. De client en client, l’hôtesse de caisse finit par oublier la bigleuse qui parlait avec sa poussette de marché couleur vache. En ce dimanche matin, la cadence ne l’autorisait pas à s’adonner à une quelconque rêverie. L’heure ne tournait pas pour autant très vite. Le moment vint néanmoins où le magasin fermait ses portes. Marjolaine exécuta les diverses procédures de fin de service, récupéra ses affaires dans son vestiaire, passa sa carte dans la pointeuse et quitta enfin son travail.
Il était encore tôt. Avait-elle besoin de pain ou d’un journal avant de retrouver Son Bilou et le confort de sa double chambre de bonne, septième sans ascenseur et commodités sur le palier ? Un subit besoin naturel lui donna la réponse : elle rentra d’un pas alerte, serrant les fesses le temps de grimper les sept étages. Elle ouvrit la porte de son logis afin d’y déposer ses affaires. Son Bilou l’accueillit d’un miaulement joyeux. Il la suivit ensuite aux toilettes, peu dérangé par sa posture : tout ce qu’il voulait, c’était son câlin ; les conditions dans lesquelles sa maîtresse le lui donnerait ne lui importaient pas. Celle-ci le gratta quelques instants sous le museau. Son Bilou en ronronnait d’aise, étirant son cou afin de profiter au maximum de la caresse.
— Oh voui ! Mon Bilou, ronflait de conserve Marjolaine. Tu es un beau chat, mon gros matou que j’aime.
— RRRrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr !
La conversation s’engageait bien. Marjolaine l’interrompit néanmoins afin de sortir des toilettes. Son Bilou ne la quittait pas d’un poil. Le temps qu’elle rejoignît son intérieur, il ne cessa pas de se frotter à ses jambes. Elle se servit un reste de thé vert Shan Tran et s’assit sur le canapé-lit. Son Bilou comprit le message. Il sauta sur ses genoux. Elle posa sa tasse à ses pieds, laissant ses mains courir sur le ventre velu du matou. Il se retenait de sortir ses griffes ; il savait que la chatterie s’arrêterait aussitôt et

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