Double deux
292 pages
Français

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Description

« Il lui prit la main pour traverser le vestibule qui les conduisait dans la chambre parentale. Rachel fut gênée par leur promiscuité soudaine. L’ombre d’une autre rôdait derrière les rideaux. Tout près de lui, elle sentit la température de son corps s’élever, les émotions lui iriser les pommettes. Il la regardait inlassablement. Prise de vertige, tremblante et frémissante, elle se laissa tomber sur le bord du lit. Quand son corps frôla le sien, elle frémit d’émotions. Leurs bouches se cherchaient pour s’unir dans un baiser ardent. Ils s’aimaient follement à en oublier le temps et la raison. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 juin 2015
Nombre de lectures 8
EAN13 9782332933577
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-93355-3

© Edilivre, 2015
Du même auteur
Du même auteur :
Titre : Le pakafou
Sous le pseudonyme de : Sylviane HOVA
Roman de société.
Paru le 18/02/2014 chez EDILIVRE.COM
Double deux
 
 
Rachel sombrait dans un sommeil profond lorsque le téléphone retentit bruyamment dans sa chambre. Elle palpe la place inoccupée auprès d’elle et fait le constat de l’absence prolongée de son conjoint. Elle soulève son corps frêle, secoue sa tignasse brune avant de regarder l’heure. Rachel se frotte les yeux. La sonnerie insiste vigoureusement. Neuf heures du matin. L’aurore. L’horreur !
– Rachel !
– C’est moi ! Dolly. Il est mort. Cette nuit. Il est parti. Je voudrais lui dire au revoir une dernière fois. Veux-tu m’y emmener le voir ?
– Comment ? Quoi ? Ah oui ! C’est toi Dolly ? Mais qu’est-ce qui se passe ? T’emmener où ?
– A hôpital ! Pascal ! Il n’a pas tenu. Tu comprends ? Il est mort. Son foie l’a lâché. Je l’avais dit… ils auraient dû l’opérer. C’était trop grave. Tu comprends ? Ils n’ont même pas voulu ouvrir. Il serait encore vivant peut-être.
– Ah mais, c’est que…
Rachel souffle profondément. Elle n’a pas prévu ça dans son programme du jour.
« Zut ! J’ai un rendez-vous chez le gynéco. »
Rachel hésite puis se ressaisit.
– Où ça ?
– A la morgue.
« Ah non, pas ça ! »
– Bon, bon, je t’emmène. J’arrive dans deux minutes. Le temps de me lever, m’habiller, prendre un café et je te rejoins en bas de chez toi. Ok ?
– D’accord, je t’attends. T’es mignonne.
« Tu parles ! »
Rachel rage d’être si bonne et disponible tout en se défendant d’être victime d’abus d’autrui. Mais quelques minutes plus tard, elle fonce déjà à travers les rues de la ville au-devant de sa vieille amie en détresse.
Au bord d’une rue déserte d’un quartier populaire, une silhouette blanche arpente le trottoir sous le froid. Dolly s’impatiente. Ses gestes désordonnés indiquent une forte agitation intérieure.
Rachel se gare sur le bas-côté du trottoir. Il pleut de petites averses fines, désagréables, irritantes. Quelques passants s’empressent élégamment de rejoindre la ville. Des hommes au volant de leurs automobiles s’engouffrent sur la route glissante avec empressement pour rejoindre leurs lieux de travail.
La mine défaite, Dolly, vêtue de son éternelle jupe blanche sous un imperméable défraîchi écru, est visiblement affectée par la disparition prévisible de son compagnon. Rachel l’aurait reconnue parmi une centaine d’autres gens.
– Rentre !
– Merci, merci. T’es une amie toi. Je ne pouvais pas demander ça à Cathy. D’ailleurs elle ne répond plus au téléphone.
– Attache-toi ! Tire dessus. Mets-le correctement. Pas comme ça !
Rachel ne plaisante pas avec la sécurité au volant.
– Je voulais le voir une dernière fois. Tu comprends ? Avant qu’ils me le brûlent !
Rachel subit de plein fouet la peine non feinte de Dolly tout en intériorisant son propre cataclysme émotionnel.
– Il sera incinéré ?
– Oui. Ils vont le brûler. Tu comprends ça ? Le brûler ! Sa famille, sa sœur… ils respectent rien ces gens-là. Tu te rends compte qu’ils vont l’incinérer !
Rachel tente de dissimuler sa vive émotion, acquiesce calmement. Dolly ne cesse plus de parler, se répète, se perd dans les mêmes mots, les mêmes phrases sans pour autant perdre le fil du sujet qui la tourmente.
– Mais dis-moi Rachel, toi qui a un mari médecin, après l’incinération, il reste plus rien du cerveau n’est-ce pas ? Et l’esprit dans tout ça ? Oui, l’esprit, ça brûle avec ?
Rachel essaie d’esquiver le débat sur le mystère de la mort. Un terrain glissant, embarrassant. Elle recadre la conversation, trouvant les mots rassurants et justes pour l’apaiser.
– Va doucement, Rachel. Je m’accroche. Tu roules vite mais tu roules bien.
Le calme fait place au délire à la vue de la signalisation du grand hôpital de la ville.
Un appui timide sur la sonnerie et la porte s’ouvre sur un homme affable, vêtu de blanc et sachant utiliser des mots de circonstance.
– C’est comment le nom du défunt ?
– Pascal Rose.
– Patientez deux minutes ! J’arrive. Je reviens vous chercher.
Cinq minutes plus tard, les deux femmes le suivent dans un long couloir lugubre. Une porte cède sous les mains de l’homme en blouse blanche.
– Je vous laisse.
Il les laisse.
Le brancardier s’éloigne. Rachel ne semble pas rassurée. Un long silence s’installe entre elles. Dolly devance Rachel, pas du tout pressée de découvrir ce qui l’attend.
Adossée au mur d’une pièce froide mais claire, fermée et sans fenêtre, Rachel se trouve en présence d’un macchabée étendu sur un brancard les pieds devant, la tête droite, le corps rigide, les bras dissimulés sous des draps immaculés. Les faits ne sont pas rassurants. Rachel, paniquée, craint de voir se soulever l’homme qui, les yeux fermés, la mâchoire drapée, la bouche close, pourrait les agresser ou les talonner à tout moment. Qu’elle misère ! Quelle horreur ! Elle laisse échapper ses larmes à l’écoute d’une folle divagation dont elle est spectatrice en la personne de Dolly.
– Pascal, je te présente Rachel. Tu sais elle est venue avec moi. Elle est gentille. Je t’avais parlé d’elle. Je te la présente. Elle est jolie, tu vois. Je te l’avais dit.
Rachel, terrifiée, considère le spectacle délirant d’un « couple » peu banal. Elle accuse le choc de l’exposition du cadavre d’un inconnu au centre d’une salle vide. Le monologue se poursuit longuement, interminablement. Rachel voudrait se retirer. Dolly insiste pour lui présenter son amoureux sur son lit de mort. Elle adopte alors un discours surprenant.
– Tu m’as demandée en mariage. Eh ben, je te dis oui ! Je t’aime Pascal. Tu vois, je te le dis, aujourd’hui.
C’est incontestablement une situation bouleversante, insolite et morbide à la fois. Etrangement, Rachel apaisée, appréhende une réaction du défunt amoureux. Mais Pascal inerte, les yeux clos, le corps raide, pose à l’étroit pour l’éternité sur un brancard dans une salle sans âme. Instantanément, Dolly pousse la présentation jusqu’à découvrir les jambes de son défunt compagnon, figé, sûrement glacé. Elle soulève le drap qui couvre son corps immobile et fait remarquer à Rachel combien Pascal porte fièrement le pantalon sombre et les chaussures cirées noires.
– Regarde, insiste-t-elle, comme il est beau. Comme il a de belles jambes bien fermes. C’est un bel homme hein ?
Déboussolée, Rachel ne sait plus s’il faut rire ou pleurer. Elle a envie de fuir la situation devenue atrocement pathologique. Pathétique. Au-delà du supportable. Dolly embrasse son homme. Rachel pense au même moment que le baiser devait être froid. Dolly l’aime et le prouve. Elle voudrait l’épouser ici et maintenant. Trop tard ! La mort les a séparés pour toujours.
– Laisse-moi seule avec lui. Je veux lui dire quelque chose avant de partir.
Dolly chuchote. Prend une posture de recueillement sans cesser de divaguer. Rachel se retire, soulagée. Le temps lui paraît interminable. Dolly réapparait au bout de quelques longues minutes d’attente.
Retour dans le monde des vivants.
– Merci. Grâce à toi je l’ai revu avant qu’il soit brûlé. Ses mains, sa tête tout ça… il n’en restera plus rien. C’est terrible. Je lui ai dit que je l’aimais et même que je voulais l’épouser. J’ai eu raison, non ?
– Oui, tu as bien fait ! Il est content là où il est.
– Parce que tu crois qu’il me voit ?
– Oui, je crois.
Dolly délire inlassablement. Rachel exprime son impatience. Sa journée est foutue. Elle a raté son rendez-vous. Dans le véhicule qui ramène les deux femmes à leur domicile respectif, Dolly s’accroche à la ceinture de sécurité sans cesser son discours exaspérant durant le parcours. Rachel se sent agressée par des sentiments contradictoires. Elle tente difficilement d’interrompre son monologue pour échapper à la menace d’une saturation émotionnelle.
– Tu peux m’appeler quand tu veux, lui rappelle Rachel.
Elles s’embrassent. Rachel s’est montrée exemplaire en attentions et en secours. Dolly désemparée, les yeux larmoyants, le visage défait, lui tourne le dos. Rachel s’écarte de son étreinte sans regret, soulagée.
A soixante ans, Dolly vit une vie sans superflu dans un logement rudimentaire avec ses deux chats. Ses mains tremblent encore lorsqu’elle tourne les clés dans la serrure de sa porte d’entrée.
Rachel rentre chez elle, épuisée, allume la télé avant de s’installer devant sa série policière préférée. Son mari lui manque. Médecin urgentiste passionné, celui-ci assure des gardes sans restriction d’horaire. Il ne rentrera pas ce soir non plus. Le téléphone reste leur seul lien durant ses heures d’absences prolongées.
– J’avais envie de t’entendre.
– Pas maintenant. Je te rappelle. J’ai une urgence dans le box d’à côté. Un cas très intéressant. Un accident. Je t’expliquerai plus tard. Je te rappelle.
– Ok, tu me manques mon chéri. Je t’aime.
Rachel laisse tomber le combiné, sent ses larmes lui couler sur la joue sans raison apparente.
« Quelle affaire ! »
Grande brune aux yeux vert olive, Rachel, quarante ans, belle à damner un saint, se trouve nostalgique. Fébrile, le cœur tremblotant, elle a le blues. Professeur de sport dans un collège de proximité, Rachel partage sa vie entre l’éducation de son enfant, son métier et son rôle d’épouse. Sa fille unique Doriane, 13 ans, représente sa véritable raison d’être, fille aimée d’un époux en qui, elle voue un amour démesuré.
A la nuit suivante les idées sombres viennent obscurcir un peu plus sa parcelle de vie. Doriane écoute la musique à tue-tête et Hugues l’a assommée de quelques cas cliniques dramatiques. La sonorité du téléphone lui rappelle soudain l’anecdote de la veille.
– Allo, c’est Doll

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