Étrangers - Tome 2
153 pages
Français

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Étrangers - Tome 2 , livre ebook

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Description

La donne a changé : Lilas a vu son monde exploser, ses repères ont volé en éclats, et elle se retrouve plus perdue que jamais.

En quête de vérité, elle est déterminée à découvrir les clés de son passé, quitte à se battre et tout sacrifier. Pour cela, elle doit trouver des alliés et déterminer à qui elle peut réellement faire confiance.

Mais dans ce monde de faux-semblants, elle a du mal à discerner la vérité des mensonges dans lesquels elle a baigné toute sa vie.

Doit-elle se fier aux sentiments qui la poussent irrémédiablement vers Adrien, plus secret et ambivalent que jamais ? Cette course contre la montre leur apportera-t-elle ce que le groupe a tant cherché : la liberté ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 12
EAN13 9791097232627
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Cara Solak, 2019
© Éditions Plumes du Web, 2019
82700 Montech
www.plumesduweb.com
ISBN : 979-10-97232-62-7

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'Auteur ou de ses ayants cause est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
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1. Lilas

Vingt ans plus tôt

Où est-ce que tu vas le soir, Lilas ? chuchote Adrien en se collant contre mon bras.
Tandis que les adultes discutent, je me suis faufilée entre les deux frères que je côtoie depuis quelques mois maintenant. La question me gêne et me perturbe. Je fronce les sourcils et souffle en retour :
Chez moi…
Je détourne le regard, incapable d’affronter le mépris que je crois lire dans ses prunelles. Il se renfrogne, maugrée des paroles que je ne comprends pas, alors que Luke cherche à me faire sourire.
Tu as encore de ces cookies de la dernière fois ? demande-t-il, des étoiles dans les yeux.
Et je le comprends ! Émilie, ma tante, fait les meilleurs cookies de la Terre ! On en cuisine tous les dimanches.
Je t’en ramènerai la prochaine fois, déclaré-je en riant, ce qui m’attire les foudres d’Adrien, muré dans un silence persistant.
Il s’éloigne de moi, me lance un regard glacial.
Tout le monde n’a pas la chance d’être une princesse, hein Alana ?
Mais Alana fixe obstinément ses mains sans relever la tête et je me tais. Adrien se montre tour à tour joyeux, joueur et méchant. Quant à Alana, je peux ressentir sa peur incessante et les ombres qui se dessinent dans ses grands yeux verts.
L’atmosphère pesante gagne du terrain lorsque mon père revient vers la table de travail, laissant les deux hommes en blouse blanche à l’entrée de la salle. De sa part, j’ai à peine le droit à un rictus s’approchant du sourire. Ici, je ne suis pas sa fille, je suis une élève, au même titre que les autres enfants. Je remonte mes manches, les journées printanières sont traîtres : trop froid le matin, trop chaud le soir. Avant de partir travailler, Émilie m’a préparé un T-shirt à manches longues dans lequel je commence à suffoquer.
Alana, viens sur l’estrade.
La voix de mon père tombe comme un couperet, il assène la sentence d’un ton bien trop serein. Agitée d’un tremblement, Alana se redresse malgré tout. Seul le bruit régulier de ses chaussures frottant sur le sol brise le calme apparent. Tous les yeux sont rivés sur la petite fille. Les miens dérivent vers l’être imposant qui l’attend. Cet homme grisonnant dans la force de l’âge. Constamment tiré à quatre épingles, la maîtrise absolue en toute circonstance. Si paternel à la maison, si distant en ces lieux. Depuis mon accident, je ne vais plus à l’école. Il me fait les cours chez nous et ici, à l’Institut. Comme si ma vie s’était arrêtée ce soir-là, comme si je n’existais plus. Et c’est un peu le cas à vrai dire…
Mon regard s’échappe vers mes camarades. Nous appartenons approximativement à la même tranche d’âge, entre dix et quatorze ans. Je le sais pour l’avoir vu dans les cahiers de papa, même si nous discutons peu de l’Institut. J’aime bien Luke, il a cet air bienveillant accroché au visage. Pour son frère, c’est autre chose, il passe son temps à me pousser à bout, comme s’il m’en voulait d’être moi. Lorsque papa a commencé les cours, il y a un peu plus d’un an, il n’y avait qu’eux, et moi. Désormais, nous sommes une dizaine d’enfants.
Un coup porté sur le tableau recentre mon attention. Papa relâche son bâton et inscrit rageusement le mot concentration à la craie, l’air sévère.
Il faut que tu sois plus attentive Alana, un petit effort !
Elle acquiesce en soupirant, ferme les paupières, et enserre l’accoudoir du fauteuil sur lequel elle est assise jusqu’à ce que les jointures de ses doigts deviennent blanches. Le bourdonnement émis par le casque sur sa tête prend de l’ampleur et je lutte pour ne pas plaquer les mains contre mes oreilles. Les ondes parasitent mon esprit, des petites étoiles apparaissent devant mes yeux, je suis à la limite de basculer, quand soudain tout s’arrête. Plus de bruit, plus de bourdonnement. Alana est affalée sur le siège, les yeux révulsés. Elle a réussi à voyager dans un autre monde…
Papa la regarde avec fierté, un petit sourire aux lèvres.
La concentration est primordiale ! assure-t-il avec enthousiasme.
2. Lilas

Le flot des souvenirs m’assaille et me laisse déboussolée, pantelante. J’esquisse un sourire qui se rapproche plus de la grimace.
Tout va bien, bébé ?
Encore sous le choc, je ne parviens pas à retrouver l’usage de la parole. Je rêve ou il m’a appelée bébé ? Si j’en avais la force, je pense que je me mettrais à glousser nerveusement. Mais là, c’est le black-out total. J’essaie mentalement de mettre de l’ordre dans mes idées, mes pensées, mes souvenirs. Étrangement, la réalité de Valéria s’estompe au profit de ce monde nouveau. Le vent souffle par à-coups, les feuilles virevoltent dans un bruissement délicat.
J’ai un peu mal au crâne.
Je baisse les yeux tandis que la paume de sa main frôle ma joue.
Alors on va rentrer.
Luke appelle Emma qui slalome entre les troncs d’arbre avec sa trottinette fuchsia. Mon regard englobe la nature environnante, le calme serein qui s’en dégage, avant de se fixer à nouveau sur la petite fille. Emma. Cette fois les souvenirs sont nets et s’imposent à mon cerveau. Emma a six ans. Elle est née en plein été, durant les fortes chaleurs qui étaient insupportables pendant ma grossesse. J’ai rencontré Luke il y a près de dix ans, nous sommes mariés depuis huit ans. J’analyse ces souvenirs sans les ressentir, comme un automate. Quelle sensation étrange ! Comme si j’étais sur le point de les toucher du doigt sans jamais les atteindre. Comme un film qui défilerait dans mon esprit.
Mon mari m’attrape la main, puis me dirige vers notre voiture, une Subaro BRZ dans laquelle il a bien du mal à caser la trottinette tant la place à l’arrière est limitée. Je cache mon sourire derrière ma main en l’observant en pleine galère. Il adopte alors un air faussement vexé et souffle :
On ne se moque pas, Mme Conrad !
Je me fige devant son regard empli de tendresse, alors que le dégoût qu’il m’inspire s’amenuise.
Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ?
Mon cœur tambourine, la nausée m’envahit. Je me sens écartelée entre les souvenirs prisonniers de ce corps et ceux, plus horribles les uns que les autres, de ses actes à Valéria. Saisie d’un étourdissement, je prends appui sur la voiture. J’aimerais tant qu’Adrien soit à mes côtés. Je ne comprends pas ce monde. Je ne comprends pas les changements qui s’opèrent en moi. Mais par-dessus tout, je ne comprends pas comment cette Lilas a pu épouser Luke.
Tu m’inquiètes Lil’, bois un peu, ordonne-t-il en me tendant une gourde métallique. Tu devrais peut-être consulter un médecin. Le docteur Elvich est à la clinique aujourd’hui, on peut s’y arrêter.
Je secoue vivement la tête. Je veux juste… quoi exactement ? Rentrer chez moi ? Je n’en ai pas. Je soupire lourdement, clos mes paupières quelques secondes avant de les rouvrir devant l’agitation d’Emma.
Regarde ce que j’ai trouvé maman ! Un marron !
La petite fille sautille devant moi, rendant plus palpable cet instinct maternel sous-jacent. Ses boucles brunes, pas aussi sombres que les miennes, ornent sauvagement son petit minois de poupée. Quelques taches de rousseur rehaussent son teint d’albâtre et son nez fin se retrousse d’excitation enfantine.
Waouh !
Je m’extasie exagérément, mais elle me renvoie un tel sourire qu’il réchauffe mon cœur perdu.
Prends-le pour la maison princesse, propose son père en s’installant au volant.
Je fais machinalement passer la petite fille derrière mon siège avant de prendre place moi aussi dans le véhicule sportif. Il sent le cuir neuf, Luke ne l’utilise que rarement, je ne me souviens pas de la raison. Certains souvenirs s’imposent naturellement à mon esprit, comme le pavillon que nous avo

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