Farouches
183 pages
Français

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Description

Nantes, avril 1484
Fille illégitime du duc François II de Bretagne, Françoise de Maignelais a seize ans, une forte personnalité et le don de prédire l’avenir. Lorsque les barons en colère envahissent le château de son père, son univers paisible bascule brutalement. Cette nuit-là, pourtant, elle rencontre Pierre, un palefrenier dont le courage et les projets de fuite la fascinent.
Pour raffermir son pouvoir, le duc veut marier ses trois fi lles Anne, Isabeau et Françoise. Cette dernière pourra-t-elle concilier son devoir fi lial, ses rêves de liberté et sa passion pour son bel amant? Alors que se profi le pour elle le spectre d’un mariage malheureux et sans amour, le jeune roi Charles VIII envahit la Bretagne…
Amour, passion, combats, trahisons et complots. Voici le premier tome de
la grande fresque romanesque et historique de Françoise, la bâtarde qui
voulait vivre libre, et celle de Pierre, l’artiste devenu chevalier. Découvrez
les rudes épreuves, entre Moyen Âge et Renaissance, d’Anne de Bretagne,
la petite duchesse qui devint reine de France à deux reprises.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 mai 2020
Nombre de lectures 24
EAN13 9782897659936
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Copyright © 2014 Fredrick d’Anterny
Copyright © 2014 Éditions ND
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.
Éditeur : François Doucet
Révision linguistique : Féminin pluriel
Correction d’épreuves : Nancy Coulombe, Katherine Lacombe
Conception de la couverture : Matthieu Fortin
Illustration de la couverture : © Getty images
Mise en pages : Sébastien Michaud
ISBN papier 978-2-89765-991-2
ISBN PDF numérique 978-2-89765-992-9
ISBN ePub 978-2-89765-993-6
Première impression : 2018
Dépôt légal : 2018
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque Nationale du Canada
Éditions AdA Inc.
1385, boul. Lionel-Boulet
Varennes, Québec, Canada, J3X 1P7
Téléphone : 450-929-0296
Télécopieur : 450-929-0220
www.ada-inc.com
info@ada-inc.com
Diffusion Canada : Éditions AdA Inc. France : D.G. Diffusion Z.I. des Bogues 31750 Escalquens — France Téléphone : 05.61.00.09.99 Suisse : Transat — 23.42.77.40 Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99

Participation de la SODEC.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.
Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
Pour Marie-Anne Le Nahenec, mon arrière grand-mère bretonne, de Guémené-sur-Scorff, terre des Rohan.
Mon père nous appelait Bretagne.
Il nous regardait longuement, mes frères, mes demi-sœurs, Anne et Isabeau, et moi, et il répétait ce mot avec des sanglots dans la voix. Il nous parlait de nos terres et de notre devoir envers nos peuples, jusqu’à ce que ses joues deviennent moites, que penche sa pauvre tête lourde des soucis qui le tuaient à petit feu, jusqu’à ce que son sourire si doux se transforme en une grimace d’impuissance.
Je voyais souvent cette expression sur le visage de mon père. Il la gardait comme on garde une douleur secrète, une espérance que l’on devine à l’avance promise à une mort certaine.
Ensuite, il nous prenait dans ses bras et il murmurait à Anne plus qu’à nous, me semblait-il, qu’elle était sa Bretagne à lui. Qu’elle était ce roc sur lequel, fatigué et exsangue, il voulait un jour se reposer ou bien se laisser mourir.
À cette époque, la Bretagne, pour moi, c’était surtout la fougue et les yeux limpides de Pierre. Des yeux couleur de ciel d’hiver quand la brume joue avec le marin, quand l’aube déjà belle et transparente s’étire, immense, au-dessus de la mer agitée et glacée.
Ce jeune palefrenier sans qui les choses eurent pu être toutes différentes et même pires qu’elles ne l’ont été pour moi et les malheureux membres de ma famille…
Françoise
Chapitre 1
Les démons
Nantes, nuit du 7 avril 1484
F rançoise fit cette nuit-là un nouveau cauchemar. C’était le troisième en quatre jours. Elle revoyait les mêmes êtres maléfiques penchés sur son lit — ces grands escogriffes en armure dont les yeux étaient aussi brûlants que des braises ardentes. Derrière ces démons, elle entendait pleurer ses demi-sœurs. La peur de la jeune fille fut si vive qu’elle se réveilla en sursaut.
Sa chambre jouxtait celle de ses cadettes. Elle enfila sa cape de velours bordeaux et alla réveiller la comtesse de Dinan-Laval, qui était la gouvernante d’Anne et d’Isabeau. Françoise n’aimait pas avoir affaire à celle qu’elle surnommait dans son cœur « la Dinan », car celle-ci la traitait volontiers avec dédain.
— J’ai encore fait le même cauchemar, commença la jeune fille d’une voix haletante.
Elle voulut ajouter : « C’est un mauvais présage. » Mais la Dinan était d’humeur exécrable et elle la tança vertement :
— Qu’avez-vous donc encore à jouer les Cassandre en ce château ! Je ne tolérerai pas davantage votre arrogance.
Françoise pâlit. De funestes événements s’étaient déjà produits par le passé à la suite d’une même série de cauchemars. Antoinette de Maignelais, sa mère, était en effet morte après que Françoise eut vu par trois fois les ailes noires du diable flotter au-dessus de son lit.
— Dois-je vous rappeler votre rang ? la morigéna la comtesse.
Françoise se mordit les lèvres. Ses yeux jetèrent des éclairs, mais elle finit comme toujours par baisser le front. Une morgue glacée s’installa sur le visage sévère de la Dinan. « Tant pis ! » se dit Françoise, et elle se redressa avec effronterie. Elle lança ensuite un sourire tendre à ses demi-sœurs réveillées, puis sortit sans ajouter un mot.
Qu’aurait-elle pu dire d’autre, d’ailleurs, pour faire comprendre l’imminence du danger à ce tyran féminin que son père, influencé par le trésorier Landais, avait eu la faiblesse de choisir pour les régenter !
Françoise regagna son lit froid, ôta rageusement sa robe de chambre, moucha sa chandelle, remonta sa couverture en grosse laine sous son nez et se rendormit. Très vite, les mêmes images revinrent la hanter. Était-elle plongée dans un demi-sommeil ? Son sang bouillait tant des odieuses remontrances de la comtesse qu’elle s’imagina tenir une épée à la main. Elle ne savait pas s’en servir et regrettait amèrement que le maniement des armes ne soit pas enseigné aux filles, mais c’était bien une lame de maraudeur qu’elle brandissait. Et foi de Montfort, elle donna aux démons tant de moulinets qu’elle en eut bientôt les bras douloureux et le visage trempé de sueur.
Les assaillants furent boutés hors de sa chambre. La sensation de victoire que ressentit la jeune fille se répandit comme du feu dans ses veines. Elle s’encanailla et les pour-chassa dans tout le château en poussant des cris rauques qui étaient ceux des bandits dans les contes pour enfants qu’elle lisait parfois à ses sœurs.
Dans le rêve de Françoise, le château était tel que dans la réalité. Elle dévala donc les escaliers du Grand Logis et se retrouva dans la cour. La tête lui tournait un peu. L’air glacé transperçait le lin fin de sa chemise de nuit. Un vent chargé de soufre agita ses longues mèches blondes. Des démons la guettaient-ils encore ?
Elle en vit un sauter sur les merlons du chemin de ronde et courut sus au spectre. Sa lame allait le transpercer quand elle bascula soudain dans les douves.
— Holà !
Une poigne solide la retint par le col. Le tissu se déchira. Elle sentit alors des mains calleuses se nouer sur sa taille nue.
— Holà ! répéta la voix.
Françoise battit des paupières et fut victime d’un violent étourdissement.
— Demoiselle, est-ce que vous allez bien ?
Cette voix était-elle celle d’un diable ou d’un ange ?
La jeune fille tremblait de froid. Le visage de l’inconnu était sombre, ses yeux, très bleus. Elle se rappela sa tenue plus que légère, remarqua le sourire médusé et assez agaçant d’un jeune homme d’à peu près son âge, qui se tenait devant elle sur le chemin de ronde.
Françoise poussa un cri rauque. Des torches placées sur les merlons jetaient dans l’air leurs lueurs fauves. Non loin, les sentinelles se réchauffaient les mains sur des feux improvisés.
— Je… je… balbutia-t-elle en comprenant qu’elle se trouvait non plus dans son lit, mais vraiment dehors, sur le rempart qui dominait l’esplanade du château.
L’air vif lui fouetta le corps. Son sauveur n’était ni un démon, ni un ange, ni un seigneur, mais un simple palefrenier vêtu de hardes.
— Vous aviez l’air perdu, dit ce dernier en remarquant la déconvenue de la jeune fille.
— Je ne suis pas perdue, comme vous dites, mon garçon, rétorqua-t-elle. Et d’abord, cessez de sourire comme ça, vous êtes grotesque.
Le jeune homme se renfrogna. Cette donzelle avait un sacré culot.
— Et puis, retournez-vous.
Pierre Éon Sauvaige ne bougea ni ne baissa les yeux. La fille se couvrit alors nerveusement les épaules avec ses bras. Ses yeux lançaient des éclairs. Ses lèvres tremblaient non plus de froid, mais de rage.
— Détournez-vous !
Les sentinelles tournèrent la tête. Ce que, vu sa tenue, Françoise craignait par-dessus tout.
Le palefrenier souriait toujours. Que n’aurait-elle donné pour lui enfoncer son expression niaise dans le visage ! Il esquissa le geste de lui tendre son manteau tout déchiré. La moue de dégoût de Françoise fut à ce point édifiante qu’il recula enfin…
… et haussa les épaules, sans toujours détacher son regard du sien.
Au moins ne poussait-il pas l’indécence jusqu’à la déshabiller des yeux !
— Vous hurliez que des démons avaient envahi le château, lâcha-t-il d’un ton brusque. Mais en vérité, vous vous jetiez tête première dans les douves !
Françoise revit les spectres. Le jeune homme considéra son air effrayé.
— Vous allez attraper la mort, dit-il.
Il la força à accepter son manteau, l’enroula dedans. Le haillon sentait le vieux cuir et l’urine de cheval. Quelque chose céda en elle. Sa colère ou bien sa frayeur. Le bras du garçon était solide. Il la prit doucement contre lui. La chaleur de son corps la calma un peu.
— Il est tard. Je vais vous reconduire.
Elle le regarda vraiment pour la première fois. Un arrogant gaillard de seize ans au plus, avec déjà des mains d’homme. Un garçon fort sale qui arborait cependant une figure avenante et un air assuré qui n’était d’ordinaire pas la marque des domestiques.
La fierté de la jeune fille se raviva dès qu’elle sentit ses forces revenir.
— Me reconduire ? Vous n’y songez pas !
Il éclata de rire. En contrebas, les sentinelles les observaient, incrédules.
Le garçon ne baissait toujours pas ses satanés yeux bleus ! À la lueur des flambeaux, elle vit son regard se durcir. Il lâcha un juron bien tourné, en breton, et ajouta :
— À votre guise.
— Vos manières, balbutia-t-elle…
Elle vit alors le bijou en argent lesté de cuir qu’il tenait dans sa main droite. Ses pupilles se rétrécirent. Elle lui arracha l’objet.
— Je connais ce médaillon !
Le garçon ravala enfin son sourire. Il allait se justifier — n’avait-il pas imaginé une petite histoire à déclamer au cas où il se ferait prendre ? Mais au lieu de s’exécuter, il bâillonna la bouche de l

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