Haines et Passions, Tome 3 - Louison
89 pages
Français

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Haines et Passions, Tome 3 - Louison , livre ebook

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Description

Cinq générations de femmes. Mille façons d’aimer ou de haïr.


Les années ont passé.


Louison, lassée des infidélités de Quentin, s’enfuit au milieu de la nuit sur le dos de Ravageur.


Mais voilà que des chauves-souris effrayent ce cheval fougueux.


Il se cabre.


Louison s’envole.


Elle se réveille à l’hôpital ; brisée.


La malédiction plane toujours.


Seul Geoffrey, devenu violoniste, peut y mettre fin, à condition de retrouver le violon de ses ancêtres hongrois.


Alors la boucle sera bouclée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 février 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782368329665
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Haines et passions
Tome 3 : Louison
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
 
Cathy Ramon
Haines et passions
Tome 3 : Louison
Roman

 
À mon compagnon de route, Lucien
Chapitre I
Louison s’était dressée dans son lit, furieuse, la poitrine oppressée, le corps ruisselant de transpiration, les cheveux poisseux. Une colère incoercible l’avait réveillée au milieu de la nuit. Depuis quelques jours déjà, elle la sentait sourdre en elle, s’agitant au plus profond de ses entrailles, mince filet de fiel suintant à la surface pour enfler démesurément et finir dans un fleuve de rage. Jusqu’à présent, elle avait réussi à endiguer ce flot monstrueux, mais voilà que soudain, durant son sommeil, il avait rompu les digues et menaçait de la noyer. Cette nuit, l’incertitude ou plutôt l’aveuglement avaient brisé leurs chaînes et ses cauchemars s’étaient achevés dans cette fureur de tout son être. De terribles tremblements avaient commencé par l’agiter fiévreusement. Ses nerfs tendus à l’extrême vibraient à l’intérieur de son corps telles les cordes d’une contrebasse déchaînée, violentée par un jazzman en transe. Le sang cognait violemment à ses tempes. Un besoin de hurler, de tout casser, lui fit repousser brutalement le drap qui la couvrait et la jeta hors de son lit. Elle devait fuir ce lit vide, cette chambre vide, cette maison vide. Vides de Quentin.
Son corps exigeait impérieusement du mouvement, de l’agitation, de l’action. Sa tête réclamait de l’air, de la fraîcheur, de l’espace. Elle refusait encore obstinément de répondre à ces questions lancinantes : dans quels bras Quentin dormait-il, quelle peau caressait-il, pour quelle Dulcinée découchait-il ? Car c’était bien de cela qu’il s’agissait. Il désertait désormais le domicile conjugal. Il jetait sa gourme par-dessus les haies fleuries et les buissons épineux du mariage. Il considérait sa femme comme quantité négligeable, comme une note de frais qu’on cache sous la paperasse d’un bureau. Il oubliait Georgia, sa fille chérie, la prunelle de ses yeux. Il dédaignait la famille. Il se moquait du qu’en-dira-t-on. Jusqu’à présent, il n’avait eu que des liaisons passagères, quittant une maîtresse pour en prendre une autre.
Après les premières égratignures dont Louison était sortie sanguinolente et meurtrie, elle avait fermé les yeux. Ce n’était pourtant pas dans son caractère, aussi fougueux que celui d’une jument en chaleur, mais elle le connaissait bien son Quentin. Avant d’épouser ce séducteur, elle avait mesuré les risques, pesé le pour et le contre. Finalement, elle avait jugé et décrété que le jeu en valait la chandelle. Elle l’aimait tellement. Et lui, beau prince, avait su la convaincre qu’elle était la femme de sa vie. Il le lui avait prouvé, n’hésitant pas à venir vivre auprès d’elle en Australie après lui avoir ramené son fils. Son fils qu’elle avait laissé là-bas, en France. Son fils qu’elle avait abandonné et qui obsédait ses pensées. Son fils, Geoffrey, qui avait perdu sa mère adoptive et son père. Son fils qu’elle avait finalement recueilli. Elle s’était nourrie de sa vue, désaltérée de sa présence. Son amour maternel avait éclos comme une fleur s’ouvre à la rosée sous les premiers rayons du soleil. Il s’était épanoui. Son cœur de femme avait suivi la même métamorphose. Après des années de jachère, il avait recommencé à produire de l’amour. Et il n’était pas avare. Alors, Quentin était resté.
Il avait su se montrer tellement tendre, passionné, attentionné, prévenant le moindre de ses désirs. Il avait comblé sa vie d’allégresse, l’avait illuminée d’amour. Elle s’était laissé convaincre. Le dompteur avait apprivoisé le fauve qui dormait en elle. Le mariage avait suivi. Elle était alors pleine d’espoir, sans pour autant se bercer d’illusions. Elle épousait un ensorceleur, un homme avide de femmes et que les femmes se disputaient. Elle le savait. Elle avait pris le risque en toute connaissance de cause. Mais elle était tellement fière, sûre d’elle et de leur amour qu’elle avait cru pouvoir changer cet homme, étouffer son instinct de chasseur, anéantir son besoin de conquêtes. Au summum de sa beauté, pétrie d’assurance et d’orgueil, elle avait cru pouvoir le garder pour elle seule.
Elle aperçut son image dans la glace de la salle de bains. Était-ce bien elle cette femme échevelée aux yeux hagards, bouffis de larmes ? Elle se toisa durement. Ce n’était pas le moment de s’étudier. Elle ne désirait pas approfondir ses pensées ni plonger au cœur du problème. Une seule idée l’obsédait : fuir. Fuir loin de cette chambre empestant la solitude. Fuir loin de cette maison orpheline de ses enfants partis vivre leur vie. Fuir. Se perdre dans la nuit. Fuir hurler son malheur et ses désillusions au fond du bush. Elle se sentait au bord d’un précipice qui l’attirait et menaçait de l’anéantir. La dépression la guettait. La guettait ? Un peu de courage, ricana-t-elle. Je baigne dedans. Je me noie. Mes ressources s’épuisent. Mon envie de lutter me quitte. Je ne suis plus qu’une coquille de noix ballottée dans la tempête. Comment en sommes-nous arrivés là ?
Elle enfila un chandail en hâte. Ses mains fébriles s’énervèrent sur la fermeture éclair du pantalon alors que ses yeux accrochaient les vêtements de son mari parsemant le sol. Le jean élimé, la chemise de cotonnade aux effluves de transpiration et de bétail agressèrent son odorat, blessèrent son regard. Il s’en était débarrassé comme une cigale se libère de sa mue, pressée de sécher sa nouvelle toilette au soleil. Il avait revêtu une peau de gloire et de lumière. Un pantalon blanc, léger, moulant ses longues jambes, ses cuisses musclées. Une fine chemisette épousant ses larges épaules de sportif, ses hanches étroites. Elle l’imaginait bombant le torse, serrant les fesses, tournant sur lui-même comme un matador conquérant et présomptueux. Son œil scrutateur avait dû apprécier son reflet dans la glace. D’un revers de main rêveur, il avait dû caresser sa barbe de quelques millimètres, savamment taillée. Un sourire sensuel avait dû retrousser ses lèvres, dégustant par avance les délices de sa conquête. Puis son regard insolent de charme avait dû contempler ses tempes argentées, gage supplémentaire de séduction.
Lorsqu’elle l’avait connu, vingt ans plus tôt, elle avait succombé au premier battement de cils. Alors, aujourd’hui, dans sa quarantaine éclatante, aucune femme ne lui résistait.
Elle se retrouva pieds nus dans le hall, prête à s’enfuir.
Assise sur les marches de l’escalier, Louison enfilait fébrilement ses bottines lorsque le téléphone sonna. À part Quentin, qui pouvait appeler à trois heures du matin ? Si c’était lui, qu’il aille se faire voir. S’il avait eu un accident qu’il se débrouille ou qu’il demande à la pouffiasse qui sortait de ses bras de lui venir en aide. Elle, Louison, serait désormais aux abonnés absents. Elle ne répondrait pas. Elle n’avait rien à lui dire, aucune aide à lui apporter. Mais la sonnerie insistait. Louison résistait. La fureur l’aveuglait. Elle s’emmêlait les doigts dans ses lacets. Le téléphone sonnait toujours. Alors, excédée, elle consulta le numéro qui s’affichait. Ce n’était pas celui de Quentin, mais de Geoffrey. À cette heure ? Qu’est-ce qui lui prenait d’appeler au milieu de la nuit ? Intriguée, elle décrocha. Elle n’eut pas le temps de proférer une parole que déjà Geoffrey criait dans le combiné :
— Maman, ne pars pas !
— Geoffrey, de quoi parles-tu ?
— Maman, j’ai tout vu. Ne monte pas ce maudit cheval.
La voix du jeune homme était essoufflée. Il haletait.
— Geoffrey, personne ne m’empêchera jamais de monter Ravageur et surtout pas maintenant. Quentin n’est pas rentré. J’ai besoin d’air, de vitesse, d’espace, sinon je sens que je vais devenir folle.
— Maman, la folie c’est de partir. Écoute-moi, je t’en supplie. Fais-moi confiance. Tu sais que je pressens les choses et j’ai senti la démence de ta course.
— Geoffrey, ça suffit.
Louison était hors d’elle. Rien ne l’empêcherait de fuir dans la nuit, ni les supplications, ni les pressentiments de son fils. La fureur l’aveuglait. Pourtant elle savait que Geoffrey avait un don de voyance, comme Nora, sa lointaine aïeule, mais à cet instant précis, elle s’en moquait. Au contraire, si elle avait un accident Quentin se sentirait responsable. Il aurait des remords jusqu’à la fin de ses jours et alors, finies pour lui les chevauchées fantastiques dans les lits de ses maîtresses. Sa vie serait empoisonnée. Les remords et l’enfer, c’est tout ce qu’il méritait. Elle l’aimait à la folie, eh bien ! elle lui ferait payer ses infidélités à la hauteur de son amour. Elle souffrait. Il souffrirait à son tour. Que lui importait de mourir ? Plutôt disparaître que continuer de vivre avec cette douleur perpétuelle qui lui broyait le cœur.
À l’autre bout du fil, Geoffrey s’était fait suppliant.
— Maman, s’il te plaît.
Mais Louison avait raccroché brusquement. Son destin était en marche et personne ne se mettrait en travers.
La porte d’entrée claqua derrière elle. Elle se dirigea en courant vers la sellerie. Elle ne fut pas sans remarquer la lumière dans la chambre de ses parents. Geoffrey devait ameuter tout le monde. Peter allait venir à la rescousse. Elle n’aurait pas le temps de seller Ravageur. Qu’à cela ne tienne. Elle monterait à cru. La cavalcade n’en serait que plus folle. Le plaisir démultiplié. Elle décrocha nerveusement un filet et se hâta vers le pré où paissaient les chevaux. Leurs ombres se détachaient sous la lumière laiteuse de la lune. Lorsqu’ils fl

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