Hissons le drapeau blanc
184 pages
Français

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Hissons le drapeau blanc , livre ebook

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Description

« Si jamais je reviens, j’aimerais tellement garder des souvenirs de cet endroit. L’Imaginaire est tellement beau. Tellement parfait. J’aimerais tant que Sandro voie ça, il aimerait, j’en suis sûre. Il me dirait d’abord que je suis folle, puis il essaierait de voir et enfin il s’émerveillerait. Sandro ne me croit jamais quand je lui parle de mes rêves prémonitoires, comme pour cet homme que j’ai rêvé et qui m’a aimée en rêve. Jamais un homme ne m’avait aimée comme ça. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 décembre 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748397550
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Hissons le drapeau blanc
Déborah Devrainne
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Hissons le drapeau blanc
 
 
 
À Pilou, au peu d’amis qui ont cru en moi sans faire semblant, à ma famille qui m’a énormément aidée et à mon frère qui a investi dans mon rêve, merci.
 
 
 
 
1. Lose control
 
 
 
Alessandro J.
Je roule trop vite, je sais. Mais elle n’arrête pas de me parler. Elle parle trop fort, trop vite. Elle dit trop de choses. J’ai du mal à la comprendre.
— Crois-moi, je l’ai vu comme je te vois. Il paraissait tellement réel… dit Lina.
— Il paraissait seulement, il ne l’était pas. Ce n’était qu’un rêve, Lina.
— Non ! Je sais ce que j’ai vu. Il était là, face à moi, droit comme un i. Il faisait si noir et si froid, malgré cela il était en tee-shirt et j’étais en robe. Je ne voyais ni le sol, ni les murs pourtant je les sentais sous mes doigts et mes pieds. Il me fixait et je l’aimais…
— Angelina ! tu dormais, ce n’était qu’un rêve !
— Je n’aime pas quand tu m’appelles par mon prénom, Sandro. Ça veut dire que tu es en colère…
— Je suis en colère ! Tu prends tes rêves pour des réalités. Cet homme que tu as vu, il n’était pas réel et il ne le sera jamais ! Jamais, tu comprends ?
Elle n’a pas vraiment envie de comprendre. Elle est comme ça ma sœur, elle est dans son monde et croit que ses rêves vont se réaliser. On rentre de Baltimore où vivent nos parents, la route est peu sûre, il pleut. J’aimerais rouler moins vite mais Lina semble me chercher et vouloir que j’accélère encore. Elle ne parle plus. Elle a les yeux fermés et gribouille quelque chose sur son carnet. Après quelques minutes, elle me dit :
— Regarde Sandro, je l’ai dessiné. Il est si beau, si majestueux. Regarde comme il est réel.
— Lina, je vais devoir te le dire combien de fois ? Cet homme n’existe pas. Tu l’as simplement rêvé !
— Mais regarde, regarde bien, dit-elle en posant la feuille devant mes yeux, devant la route.
— Je le vois. Il est très beau ton dessin, mais tu dois l’enlever.
— Non. Je veux que tu regardes à quel point il est réel. Regarde William, regarde comme il est vrai.
— Je ne vois pas la route, Angelina ! Enlève cette feuille ! Tu lui as donné un nom ?
— Oui…
— Es-tu vraiment folle ? Il n’existe pas ! Ce n’est qu’un putain de rêve !
Alors qu’elle enlève la feuille, j’aperçois un garçon sur la route. Il joue avec une balle. Il ne m’a pas vu. Je fais un écart et je l’évite de justesse. Lorsque je reprends mes esprits, ce n’est plus le garçon que je vois mais un arbre. Lina crie. Lina a peur. Lina me regarde comme pour me dire qu’elle le savait. Dans un souffle, elle me dit :
— Je l’avais rêvé…
J’ouvre grand les yeux, prêt à crier, mais je n’ai pas le temps, je ne pense qu’à essayer de nous sauver. La vitesse augmente. Je n’arrive pas à freiner. L’arbre s’approche de plus en plus et je perds le contrôle de la voiture. Je crie à Lina de se détacher et de sauter mais elle ne fait rien. Moi, j’ai juste le temps de bondir du véhicule, d’atterrir dans la boue du champ et de regarder la voiture percuter l’arbre. Lina me regardait. Lina savait ce qu’elle avait à faire mais elle n’a pas agi. Où est-elle maintenant ? La tête dans le pare-brise, le sang coule de son crâne et son corps semble inerte. Je prends mon téléphone et j’appelle tout de suite les urgences. Puis je cours jusqu’à elle. Elle a encore les yeux ouverts. Je vois ses deux beaux yeux verts qui ne pétillent plus. Elle est sûrement morte… Je me rapproche et j’essaie de prendre son pouls. Je le sens ! Je lâche un sourire de satisfaction. Elle est encore en vie. Mais il ne doit plus lui rester beaucoup de temps. Mais qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce que j’ai oublié ? Qu’est-ce que j’aurais dû faire ? Lina est là, devant moi, la bouche en cœur, les yeux exorbités et le visage ensanglanté. Et j’ai peur…
Les ambulanciers arrivent enfin. Je me sens un peu mieux. L’un d’eux me rassure sur l’état de ma sœur. Il est possible qu’elle s’en sorte. Alléluia ! ils la sortent de la voiture, ils la transportent dans l’ambulance et me demandent de les suivre. Ils la branchent à un tas de machine pour la maintenir en vie tout le long du voyage. Étant près de Pittsburgh, on atterrit dans l’un des hôpitaux de la ville. L’état d’Angelina se dégrade au fil du temps. J’ai si peur pour elle. Mais les ambulanciers me rassurent. Je ne dois pas pleurer, je ne dois pas paniquer, pas encore. Ils me demandent de passer un examen, je leur dis que je n’ai rien, que j’ai eu la chance de pouvoir quitter la voiture avant qu’elle ne percute l’arbre et que je veux qu’ils ne s’occupent que de ma sœur. Je ne veux pas avoir à dire ma défunte sœur… L’ordre des choses veut que je meure avant elle, j’ai quarante ans et elle n’en a que vingt-cinq. Elle n’a pas l’âge de rejoindre les cieux, son heure n’est pas venue…
William McR.
Je croise une ambulance alors que j’arrive à l’hôpital. Daryle est allongée sur la banquette arrière. Elle n’a plus de pouls. Son cœur ne bat plus. Elle est en train de mourir à petit feu. Tout a commencé alors que l’on jouait à un jeu de société et qu’elle est subitement tombée au sol en suffoquant. Je me suis jetée sur elle. Daryle toussait, hoquetait, elle perdait son souffle. Sa respiration était saccadée et se coupait de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps. J’ai eu si peur que je n’ai pas pris le temps d’appeler les urgences, j’ai tout de suite sauté dans ma voiture pour l’emmener. J’habite à deux minutes du bâtiment. Je ne voulais pas perdre de temps. À l’arrière de la voiture, elle suffoquait encore. Des larmes roulaient sur ses joues mais elle ne pouvait pas s’exprimer. Son regard suffisait à me faire comprendre qu’elle souffrait, qu’elle avait peur. Moi aussi j’avais peur ma fille, moi aussi j’avais peur Daryle. Si ta mère avait encore été là, elle aurait su quoi faire.
J’arrive. J’interpelle un interne en train de fumer à l’extérieur, ma fille dans les bras et je lui dis :
— Aidez-moi. Ma fille est en train de mourir. Elle ne respire plus, elle ne bouge plus, elle ne parle plus. Elle ne rigole plus…
Il ne prend même pas le temps de réfléchir, il lance sa cigarette et prend ma fille entre ses bras pour se précipiter à l’intérieur où il la pose sur un brancard. Après avoir réquisitionné quelques personnes pour l’aider, il court jusqu’à une salle d’opération. Je n’ai pas le droit d’entrer. Dans le même couloir, il y a un homme, un grand roux athlétique. Il se retient de pleurer. Je le vois. Je ne sais pas qui il attend ainsi, mais il doit l’aimer énormément pour attendre sans même bouger un cil. Je m’assois à côté de lui : il tremble, il grelotte. Je pose ma main sur son épaule, ce geste symbolique le fait pleurer. Puis il me regarde. J’aimerais lui dire que je compatis, mais aucun son ne sort de ma bouche. Ma main toujours sur son épaule, je baisse le regard, je voûte le dos et j’attends regard rivé au sol. Il hoche la tête en guise de remerciement.
Je ne sais pas combien d’heures j’ai attendu assis à côté de lui, attendu que le verdict tombe mais je sais que cela fait bien trop longtemps. Ma fille est dans une salle d’opération en train de se faire charcuter, la personne qu’il aime tant est dans une autre salle. C’est alors qu’une porte s’ouvre. Je me lève, lui aussi.
Alessandro J.
C’est alors qu’une porte s’ouvre. L’homme enlève sa main de mon épaule et se lève, je fais de même. C’est uniquement ensuite que j’ose lever le regard. C’est l’urgentiste qui a pris Lina en charge. Le regard lourd, les pas sourds et s’exprimant avec difficulté, il avance vers moi. Je ne veux pas entendre ce qu’il va me dire…
— Votre sœur est en vie. Ses blessures sont superficielles, elle va guérir plutôt rapidement. Malheureusement, je suis désolé de vous dire que…
La porte adjacente à celle de ma sœur s’ouvre, un autre médecin en sort. Il s’adresse à l’homme qui me soutenait. À peine ouvre-t-il la bouche que l’homme tombe au sol. Ses genoux claquent contre le carrelage et ses larmes coulent sans fin. Je ne sais pas ce que ce médecin vient de lui dire…
— Voulez-vous la voir ? me demande l’urgentiste.
— Quoi ?
— Votre sœur est dans le coma.
J’ouvre en grand les yeux. Lina est dans le coma. Lina est à moitié morte. Lina ne se réveillera peut-être jamais. Et moi je suis là, sans bouger, le souffle coupé, apeuré. Décidément, je n’aurais jamais dû quitter Baltimore. J’aurais dû accepter de rester un jour de plus chez les parents. Je suis un idiot. Je n’ai même pas su sauver ma propre sœur !
— Ce n’est pas votre faute. Elle vous a déconcentré. Vous n’auriez rien pu faire d’autre…
— J’aurais pu lui demander de sauter bien avant.
— Elle n’aurait peut-être pas réagi.
— Sûrement…
Je le laisse croire qu’il a raison. Ma sœur est dans le coma et c’est ma faute. J’aurais dû faire quelque chose. J’aurais dû pouvoir empêcher que la voiture percute cet arbre. Mais c’est arrivé. Il n’y avait plus de frein, je ne contrôlais plus le volant. Je ne comprends pas pourquoi… C’était comme si quelqu’un avait bloqué toute possibilité de sauver ma sœur. J’entre dans sa chambre. Elle est là, à moitié morte, inconsciente.
M’entend-elle ?
William McR.
— Votre fille n’a pas survécu à l’opération, je suis désolé, me dit le médecin.
Mes genoux heurtent le sol, mes mains entourent mon visage et les larmes coulent. Je suis un mauvais père, j’aurais dû pouvoir la sauver. J’aurais dû rouler plus vite. J’aurais dû pouvoir la sauver. Le médecin se baisse à ma hauteur :
— Votre fille avait une

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