Il portait un pull rouge
220 pages
Français

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Il portait un pull rouge , livre ebook

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Description

Michèle vit seule dans un appartement vide. Un soir, elle prend un verre, accompagnée de son ami Tom. En entrant dans le bar, elle croise un jeune homme, grand, bouclé, atypique. Il porte un pull-over rouge. Elle en tombe immédiatement raide dingue. Elle ne l’aborde pas. Mal coiffée, vêtue d’un manteau pelucheux, il faut fuir. Pourtant, elle va le rencontrer, encore et encore. Des hasards, des rendez-vous. Comment savoir ce qu’il éprouve ? Peut-on aimer à ce point unilatéralement ? L’amour à sens unique est-il possible ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 février 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334088251
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-08823-7

© Edilivre, 2016
Je me suis longtemps demandé si j’avais le droit d’écrire à propos de quelqu’un qui ne m’aime pas. Puis-je passer des jours à rédiger des souvenirs que seule je me suis construits ? Un garçon m’a plu pendant plusieurs années. Lui n’en a jamais rien su. Aujourd’hui, je ressens le besoin de passer à autre chose, d’oublier peu à peu celui que je n’ai jamais vraiment connu. À défaut de n’avoir rien vécu, je dois relater ce que mon cœur et mon esprit ont créé pour me permettre d’oublier ensuite. Aucune véritable histoire d’amour ne sera contée dans ces quelques pages. Seuls les espoirs illusoires d’une fille qui, l’espace de quelques instants, a cru pouvoir intéresser un jeune homme.
Voici le récit narcissique et platonique d’une histoire qui est la mienne. Ce livre, je le lui dédie. Si par un immense hasard ses yeux rencontrent mes mots, si malgré son ignorance à mon égard il se reconnaît en ce garçon, je nierai toujours qu’il s’agit de lui. Je ne cherche pas à le déstabiliser, à le rencontrer sous un jour différent. J’écris égoïstement pour exposer ma peine, mes regrets et pour que de cette passion inexistante reste une trace, une preuve tangible que de mon côté, tout cela a existé. J’expose mes sentiments, je tends à me convaincre que les grandes aventures de nos vies ne sont pas toujours celles que nous avons physiquement vécues.
Chapitre 1
Décembre
Absorbée par les fantaisies d’un écrivain, chroniqueur et acteur français né du même nom que son père, j’oublie de sonner mon arrêt de bus. Je relève la tête en fin de chapitre, bercée tant par une écriture franche et romancée que par les remous du bus frôlant les gravats de la route abîmée. Flûte, je vais devoir marcher. Je rentre de sept heures d’affilée de service dans un grand restaurant de la région. Les pieds lourds, la tête ailleurs. Il est dix-neuf heures. Dehors il fait noir mais extrêmement doux. J’avance vers mon appartement, « I never Forget You » de The Noisettes résonnant à plein volume dans mes petites oreilles jeunes mais déjà fatiguées. La musique rend mes déplacements presque passionnants. Je me sens héroïne d’un film pour adolescent dont le jeu prend sens grâce aux rythmes et variations d’une musique ajoutée extra-diégétiquement dans l’espoir d’émouvoir le spectateur crédule. Je marche, sur la bordure du trottoir uniquement, tout en observant les maisons illuminées par les décorations de Noël. L’éclairage de chaque maisonnette dévoile une grande partie de son intérieur, les rideaux judicieusement placés ne faisant pas barrière à mon regard insistant. Je remarque qu’à cette heure, toutes les télévisions sont allumées. Qu’il est triste d’observer à quel point le monde est conditionné : le soir, les images balancées par tous ces postes en ébullition embrasent chaque foyer et ce, sept jours sur sept. Puis je pense à ma famille. À cette heure précise, mon père regarde probablement l’actualité aux côtés de ma chère maman, contrainte de se taire pour ne pas gâcher l’écoute paternelle. Ma jeune sœur, recluse dans sa chambre, mate à coup sûr les clips vidéo sur des chaînes étrangères tandis que chez lui, à l’autre bout du monde, mon frère zappe distraitement, machinalement, de bon matin, pour faire comme tout le monde sans vraiment savoir pourquoi. Et finalement, je pense à moi. Je n’ai pas de téléviseur, faute de moyens ; et pourtant, la première chose que je ferais si j’en possédais un serait de l’enclencher dès mes orteils passés du corridor au salon. Je serais chez moi mais en compagnie de plein de gens qui apparaîtraient et disparaîtraient selon mon bon vouloir. Grâce à eux, je serais moins seule. En quelques secondes, je comprends qu’il ne s’agit pas uniquement d’un conditionnement machiavélique mais d’un comble à solitude.
Je réside au second étage d’un mignonnet immeuble terminant une ruelle en cul-de-sac, dans une partie chic du centre ville. En principe, je vis en colocation avec une jeune fille qui doit avoir à peu près mon âge, enfant du riche propriétaire des lieux. Depuis la signature de notre accord de cohabitation (j’avais à l’époque uniquement rencontré son avocat), nous ne nous sommes jamais croisées. Mia Zykerberg, mannequin de vingt-quatre ans, passe davantage ses journées dans les jets privés, premières classes et luxueux hôtels que dans ce petit appartement bobo friqué. Tout ceci me permet d’habiter seule, dans un très bel espace, ayant seulement à débourser une moitié de loyer. Voilà près d’un an que je vis ici. J’aime cet endroit car je m’y sens étrangement bien. Je bénéficie miraculeusement d’une loggia au bord de laquelle j’ai pris l’habitude de m’asseoir, le visage collé contre la vitre, le regard perdu vers les immeubles urbains séparés de moi par un petit parc. J’y reste des heures, la musique dans les oreilles, les pensées s’évadant plus vite que les notes. Là-bas, mes rêves deviennent possibles, mes illusions prennent sens, ma vie semble légère, douce et l’avenir merveilleux.
En rentrant, je me déshabille rapidement, ôtant prioritairement ce chemisier blanc épinglé d’un petit nœud papillon en velours bleu foncé, élément indispensable à mon costume de serveuse de restaurant prestigieux. Le haut du corps totalement libéré, j’enlève ma jupe, mes bas et m’allonge en culotte sur le parquet du salon. Apaisée, je ferme les yeux. Ma poitrine écrasée au sol, je sens les battements de mon cœur frapper le bois tiède et doux. Les palpitations me bercent et peu à peu le sommeil m’envahit. Demain, j’ai congé, je peux dormir en paix.
* * *
Le lendemain, je m’éveille en sursaut, toujours allongée par terre. La sonnette stridente de l’entrée crie de me lever. Qui peut venir chez moi ? Depuis que je vis ici, je n’ai jamais reçu aucune visite, pas même un facteur ou un livreur de pizza. Je tente rapidement de rassembler mes esprits et essaie tant bien que mal de me mettre debout. Ma nuit passée au sol m’a complétement raidi les membres, impossible de bouger. Je relève la tête en quête d’un objet sur lequel m’appuyer mais mon appartement est vide. Je n’ai jamais vraiment pris le temps de le meubler. Pourtant, un pouf trône près de la porte d’entrée. Il s’agit en réalité du cadeau d’emménagement de mes parents. « Pour t’asseoir » m’avaient-ils gentiment renseignée. Finalement, l’objet est devenu le réceptacle à manteaux de cette habitation. Je décide de ramper jusqu’à lui, en gémissant. Arrivée au but, je m’y appuie et me déplie tel un ballon chiffonné qui reprend forme grâce à l’air insufflé à l’intérieur. Debout, je revêts mon plus long imperméable pour cacher mes jambes nues. Je glisse rapidement les doigts dans mes cheveux pour donner l’illusion d’une touffe partiellement peignée puis défais le verrou de mon entrée tandis que la sonnette retentit une seconde fois.
Un énorme bouquet de fleurs se tient devant moi. Je remarque directement que les couleurs ne sont pas assorties mais la taille démesurée de l’assemblage m’impressionne. Soudain, il se met à parler : « Pardonne-moi ! » Un long silence sépare cette demande de ma réponse. Émue par cette attention, je susurre machinalement « ok ». Le bouquet bouge. Apparaît alors un visage inconnu. L’homme paraît la cinquantaine, il porte un costume rayé noir et blanc. Son teint rougit lorsqu’il m’aperçoit et une légère goutte de sueur s’échappe du front de l’inconnu avant de se poser sur une mèche maladroitement plaquée au sommet de son front.
– Qui êtes-vous ? me demande-t-il.
– Michèle. Et vous ?
– Marcel.
– Enchantée.
– Je cherche Véronique ! Elle n’est pas ici ?
– Vous êtes au second, Marcel, Véronique vit un étage en dessous du mien.
– Pardon, je suis confus. Je crois même que je suis gêné ! Vous ai-je éveillée ?
– Oh non, ne vous en faites pas, j’étais levée depuis longtemps.
Il penche son visage et inspecte mes pieds nus.
– Vous ne portez pas de vernis ?
– Non.
Sa question m’étonne.
– C’est pourtant plus féminin !
– Les pieds de Véronique sont-ils vernis ?
– Bien entendu.
– Vous connaissez bien ses pieds mais pas son adresse ?
– C’est la première fois que je viens chez elle mais nous nous fréquentons depuis quelques temps.
Nous nous observons de longues secondes, en silence. Finalement, son regard m’échappe et il me tourne le dos. « Bon, je vais y aller » déclare-t-il soudainement. « Heureux de vous connaître, Mademoiselle, et désolé pour le tracas que je vous ai causé ». Je lui répète qu’il n’y a aucun dérangement et que je suis ravie d’apprendre que ma voisine Véronique fréquente un homme attentionné. En secret, je me demande tout de même ce qu’il voulait se faire pardonner. L’a-t-il blessée ? Est-il simplement en retard à leur rendez-vous ? A-t-il oublié une date importante ? Une longue série d’interrogations me traversent l’esprit et me rappellent qu’en matière de vie de couple, je n’y connais absolument rien. Je n’ose poser aucune question curieuse et laisse repartir mon invité de palier. Je souris en me disant que la première personne qui daigne sonner à ma porte m’a rendu visite par erreur. Ce malentendu m’amuse.
Ce soir, je dîne chez mes parents. Mon père travaille en ville et passe souvent me prendre après le boulot pour passer la soirée en famille. À dix-huit heures trente-cinq précisément, il m’attend devant mon immeuble, moteur en marche « au cas où », le morceau numéro deux « I know what I like » d’un album de Genesis systématiquement en lecture. Il lui faut exactement dix minutes pour rallier le parking de son cabinet à mon appartement. Comme il écoute en boucle le même band musical, il arrive toujours pendant ce morceau que je connais par cœur. Une fois dans la v

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