Implacable
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Description

« Attablés, nous commandons. Deux cafés. Il sort du papier. Le motif de notre rencontre : une dissertation qu'il a à faire sur le Beau chez Plotin. Il reprend la question ; sa voix ébranle, tonne dans l'esprit ; liquéfié, je perds mes assises, une bombe dans le gosier. Il n'y voit que du feu ; je masque. Enfin, en parlant, la tension retombe. Focus sur ses longs doigts effilés qui déposent dans le noir du café un morceau de sucre. L'oblique de son regard sur ma voix, sur mes mains. Il y a un vers de La Fontaine en écho à son sujet... Que le Beau soit toujours camarade du Bon. Il prend en note. Une fois, puis une autre fois. Croisement fugace de nos yeux. Sans insistance. Que se dit-il ? Oui, il me plaît, c'est sûr. Comment me tromper ! Mais méfiance, allons doucement. Pas de précipitation. Je ne me dis rien. Vivre l'instant. À mort ! » R tombe sur A. Un jour venteux du mois de mars. R ému, plonge dans le beau regard vert émeraude de A. Déclin soudain, phénomène passionnel. R est entraîné, subjugué par un élan. En lui, autour de lui, le monde se déconstruit. Au milieu d'un brasier, il perd le sens des réalités, devient la proie d'hallucinations, s'égare de sa vie d'antan... Rémi Madar livre ici la quintessence d'une passion au travers d'une écriture alerte, particulièrement imagée et maîtrisée. Un roman d'une rare intensité dont la tension dramatique laissera sûrement le lecteur stupéfait...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 novembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342058284
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Implacable
Rémi Madar
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Implacable
 
 
 
« Que personne n’aille imaginer que ce que je raconte est vrai : écrire, c’est se souvenir et transfigurer ! »
Rémi Madar.
 
 
 
« Le lecteur retrouvera dans ce roman les ingrédients de la passion : répétitions, obsessions, gangrène , brûlure, folie. »
Rémi Madar.
 
 
« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps et transir et brûler »
Racine, Phèdre .
 
 
« Où me sauver. Tu emplis le monde. Je ne puis te fuir qu’en toi.
Yourcenar, Feux.
 
 
«  Cette passion si dévorante qu’elle ne peut se décrire. Elle mange qui la contemple. Tous ceux qui s’en sont pris à elle s’y sont pris. On ne peut l’essayer et se reprendre. On frémit de la nommer : c’est le goût de l’absolu. […] Qui a le goût de l’absolu renonce par là même au bonheur. »
Aragon, Aurélien.
 
 
 
 
À Antoine C.
 
Chapitre I. Au Centre Georges Pompidou
A est assis sur un plot. Maladroitement. Le corps contorsionné, le regard qui attend et le visage empreint de beauté…
 
Le vent de mars. Perle lacrymale sur sa joue. À cause du vent méchant qui souffle sur son visage. Immobile, il reçoit ce soufflet de Dame Nature, ne prêtant aucune attention à cette larme sur sa peau dont le déplacement sinueux éveille ma curiosité… Cette larme, extrait et quintessence de ce qu’il est, tombe sur le sol. Perdue, évaporée, souillée par les pas crasseux des passants. Je ne sais pourquoi mais j’aurais voulu la recueillir dans une fiole et la conserver. Quelle étrange idée ! Je la chasse aussitôt, honteux de m’être abandonné aux bras tentaculaires de l’imagination.
 
Pourquoi lui ai-je acheté Fragments du discours amoureux ? Je ne le connais pourtant pas… Une voix au téléphone, quelques messages échangés sur un site de rencontre, une ou deux photographies. Peu d’indices et au-delà le pressentiment de l’affinité !
 
Il ne me voit toujours pas. Ma vision s’affine : un physique longiligne, des yeux indécis, une main qui crayonne sur un calepin posé sur un genou. Son pied bat une mesure aléatoire, le tempo anxieux de l’attente.
 
Derrière lui, l’architecture fantasque de ce musée d’art moderne. À nouveau, le vent cingle les visages ; le mien ne retient pas une larme qui court jusqu’au menton.
 
Quinze mètres nous séparent ; quelques secondes peut-être avant que ses yeux ne découvrent les miens. Là, je suis voyeur ; un voyeur heureux qui perçoit un fil infime entre nous deux. Il me plaît.
 
À mon premier pas, il pressent une présence. L’échange franc des regards, ancrés dans l’instant. Ses yeux verts, presque soulagés de me rencontrer, au bord du sourire. Je n’hésite pas à lui faire la bise ; lui non plus. Les chairs se reconnaissent. L’intuition d’une reconnaissance simultanée, sans l’once d’un doute.
 
Derrière nous, le musée se dissout. Les visiteurs, des pantins happés par le vent qui passe en nous contournant. Le paysage alors transmuté : un tableau vierge, sans égal.
 
Quelques mots timides, histoire d’affirmer ce que nous savons déjà. Lui : « C’est toi, R . » Moi : « C’est toi, A . » L’échange des prénoms et, plus loin, l’évidence d’un désir non encore avoué. Il pense… J’aime bien ce gars-là. Il m’inspire . Je pense… Oui, il a une belle vibration, des yeux verts postés dans l’univers. C’est fait pour me plaire. Je propose d’aller boire un verre dans une brasserie, à deux pas d’ici.
 
Attablés, nous commandons. Deux cafés. Il sort du papier. Le motif de notre rencontre : une dissertation qu’il a à faire sur le Beau chez Plotin . Il reprend la question ; sa voix ébranle, tonne dans l’esprit ; liquéfié, je perds mes assises, une bombe dans le gosier. Il n’y voit que du feu ; je masque. Enfin, en parlant, la tension retombe. Focus sur ses longs doigts effilés qui déposent dans le noir du café un morceau de sucre. L’oblique de son regard sur ma voix, sur mes mains. Il y a un vers de La Fontaine en écho à son sujet… Que le Beau soit toujours camarade du Bon . Il prend en note. Une fois, puis une autre fois. Croisement fugace de nos yeux. Sans insistance. Que se dit-il ? Oui, il me plaît, c’est sûr. Comment me tromper ! Mais méfiance, allons doucement. Pas de précipitation. Je ne me dis rien. Vivre l’instant. À mort !
 
Arrive le soleil ; l’effleurement de sa lumière sur nos visages fébriles. Pas à pas, il se détend ; j’occupe l’espace, mes mains jonglent avec l’air. Il écrit, marque une pause, s’interroge à voix haute. L’astre jaune pousse d’un cran ses rayons ; la sueur perle sur nos tempes. Le temps de la conciliation des contraires de la dissertation. Il ne connaît pas ; j’explique. Limpidité de l’explication qu’il savoure dans l’instant.
 
À l’extérieur, recomposition du tableau. À la place du musée, un beau brasier, des flammes qui s’entre-dévorent et mon regard est une étincelle qui voudrait rejoindre ce feu dément.
 
Fin de la dissertation. Moi : « Allons faire un tour, tu veux bien ? »
 
Une marche dans les ruelles du quartier. Des pas dans la même cadence, inspirés par le même souci d’être à deux, ensemble. De l’autre côté, les flammes folles du brasier s’égarent dans des nuages hagards. L’esprit vacant, j’accueille sa voix tendre. Le souffle de la confidence. Au commencement, sa famille qu’il chérit : une dévotion pour la mère, un père mutique, dans l’ombre, une soeur cadette qu’il admire. Il évoque ensuite la splendeur de la littérature, la genèse d’une aventure à l’université. Il parle des auteurs, des œuvres qu’il a lues ; l’émerveillement de ses vingt ans dans son beau regard vert… In fine , le silence, un silence qu’il prolonge ; je le proroge ; il n’ose l’interrompre et l’émotion, qui franchit un cap, nous rapproche davantage…
 
Nos pieds dans le même temps poursuivent une voie non fléchée. Le balai imprévisible du vent charrie des murmures inconnus dans l’atmosphère. Nous les ignorons.
 
A ne parle presque plus. J’entends la fin de la rencontre. Il confirme : « Faut que j’aille à la fac, j’ai cours. » On passe devant le centre Pompidou. Une file interminable de visiteurs. Le vent fouette nos manteaux. Où est passé le brasier sublime ? Ai-je conscience à cette heure que les flammes, en captivité dans mon coeur, attendent le moment opportun pour exercer leur vil dessein ? Quelques mètres avant que nos chemins divergent. Lui dans son université, moi dans ma demeure. Quelques mètres dans le silence, un non-dit qui cimente un peu plus la rencontre. Dans le labyrinthe souterrain des Halles , il m’embrasse sur la joue ; un baiser qui m’épeure. Son dernier regard se crispe. Il doit me rejoindre chez moi, après les cours.
 
Il ne viendra pas. Pas encore…
Chapitre II. Une semaine avant la rencontre au Centre Georges Pompidou
Un mardi, en fin de journée. Mon mobile sur la table basse du salon, la tentation de le manipuler, d’envoyer un message à ce jeune homme. La démangeaison de lui écrire, un picotement presque irrésistible qui effleure l’esprit, le bras, la main. Qui dicte ma conduite ? Une force que je ne possède pas ; elle chasse la polémique, le doute et me charme si bien que je cède à son emprise. Le premier message part, à mon insu…
 
Salut A ! Tu fais quoi là ?
 
Je suis à la fac. Faut bien suivre les cours. C’est important.
 
Tu aimes être déconcentré ?
 
Ah ! ça oui, j’aime bien ! Au fait, merci pour la photo que tu m’as envoyée de Barcelone. Vous êtes beaux toi et ton fils !
 
Je ne suis pas certain d’être aussi beau que toi. Il faudrait vérifier tout ça en se voyant. C’est quand même mieux, non ?
 
Oui, tu as raison. Se voir, c’est une idée géniale ! J’aimerais tant…
 
 
Tu termines à quelle heure tes cours ?
 
Ah ! tu voudrais qu’on se voie ce soir… Je finis à 19 heures.
 
J’habite à dix minutes de la Gare du Nord. Prends le train pour Enghien. Appelle-moi quand tu seras arrivé et je viendrai te chercher…
 
Délétère attente de dix minutes. Le regard qui s’englue, enferré dans l’espoir d’une réponse. La tergiversation de A : le bouillonnement des viscères, le chahut des émotions et la voix du maître de conférences en littérature qui défile comme une sourdine insignifiante. Que faire ? Les pourparlers de deux voix en lui. La première… tu ne devrais pas, ce n’est pas raisonnable ; c’est trop tôt, voyons. Et puis, il est tellement plus âgé que toi. Réfléchis davantage. La seconde… Vas-y. On n’a qu’une vie. Après tout, qu’est-ce que tu risques, hein ? Certes, c’est un inconnu mais il y a déjà tellement de bonnes ondes entre vous deux…
 
Au fond, il n’existe qu’une seule voix : le rencontrer ce soir. La discussion, ce n’est pas mon affaire. Je le voudrais déjà là. Un point c’est tout. Sa réponse vibre. Le portable transformé en étincelle brûle, se dérobe à ma main ; je le rattrape in extremis.
 
R, Je te tiens au courant.
Comment ça, A ? Que veux-tu dire ? Tu veux ou tu ne veux pas venir ?
 
La foudre de l’attente qui cisaille un peu plus le corps. Dix minutes supplémentaires. La naissance d’un feu qui pétille dans l’âtre, au sommet de mon crâne. Je me plonge dans un bain chaud, la pensée en quête d’apaisement. La vibration du mobile. À nouveau. Ce n’est pas lui. Un ami me demande ce que je fais ce soir… Le jeu jouissif de l’attente, l’espoir d’un message positif : du pain béni pour les braises devenues quasiment incandescentes. Le corps transfiguré : un yoyo que l’on fai

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