J ai essayé d être normal, ce fut la pire demi-journée de ma vie
119 pages
Français

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J'ai essayé d'être normal, ce fut la pire demi-journée de ma vie , livre ebook

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Description

« Je m'appelle Benjamin Argos, je suis né du souvenir d'une vie où Zeus, Héra et pléthore de dieux et déesses étaient souverains. »

Voilà une entrée en matière quelque peu surprenante pour un homme qui viendrait sans crier gare s'inviter à l'heure du déjeuner à votre table. Pourtant, c'est peu ou prou de cette manière que Benjamin a interpellé Laëtitia alors qu'elle était en train de siroter un verre dans un lounge bar où elle avait ses habitudes. Il est fort envisageable qu'à sa place, bon nombre d'entre nous auraient aussitôt mis fin à cette discussion. Mais ce serait sans compter sur ce qui fait que deux êtres que tout oppose puissent, contre toute attente, être liés par une surprenante et singulière destinée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 mai 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332861207
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-86120-7

© Edilivre, 2015
J'ai essayé d'être normal, ce fut la pire demi-journée de ma vie
 
–  La normalité ! Voilà une notion tout aussi banalement considérée que foncièrement ancrée dans un incommensurable désir d’être celui ou celle, qui se satisfait d’un imbroglio de faux-semblants qui impose à chacun d’entre nous de se soumettre à un autocratique conformisme, en ayant l’intime conviction que c’est là, le seul moyen d’être accepté par un monde qui revendique pourtant avec arrogance la souveraineté d’une pluralité d’hétérogénéités pour s’amender d’un quelconque jugement, qui ne ferait de lui que le négrier d’un parangon universel d’exemplarité.
Dit comme cela, j’ai bien conscience que c’est là, une entrée en matière quelque peu emphatique pour vous expliquer ce qui m’amène à être à vos côtés aujourd’hui pour vous inviter à égrainer les 24 heures de cette journée durant laquelle je vais essayer d’être normal.
D’aucuns se seraient certainement satisfaits d’une académique définition proposée par un petit Robert, ou un Larousse pour que cette dite, normalité soit signifiée, et que débute alors aussitôt notre conversation. En effet, si l’on ne s’attache qu’à ce que de brillants académiciens ont cru bon d’écrire, la normalité se réduirait à : «  État, caractère de ce qui est conforme à la norme, à ce qui est considéré comme l’état normal  » 1 . Soit ! Pourquoi pas ! Mais entre vous et moi, ne pensez-vous pas que l’on nous prenne ici pour des idiots ? Pensez-vous vraiment que nous ayons besoin d’ouvrir un dictionnaire pour apprendre que la normalité, n’est en fait que l’état, que le caractère, de ce qui est conforme à une soi-disant, norme ? Cette dite norme serait donc ce qui fait, qu’un être, qu’une entité, soit normal, et cet adjectif viendrait alors se poser comme l’argument qualificatif de cette dite normalité ! Très bien, et après ? Est-ce d’après vous suffisant pour que nous puissions appréhender avec un tant soit peu de lucidité cette condition qui s’articule autour d’une arbitraire catégorisation binaire de l’humanité ?
Être dans la normalité, ou ne pas l’être, tel est le dilemme qui s’impose à chacun d’entre nous à un moment ou un autre de notre existence. À vrai dire quand je dis ça, j’ai bien conscience que je suis quelque peu présomptueux d’imaginer qu’il est dans la nature de l’Homme de s’interroger de la sorte, car pour bon nombre d’entre nous, si ce n’est même pour la majorité, c’est une question qui ne s’est jamais posée.
Le monde dans lequel nous vivons est à tel point tyrannique qu’il nous impose dès notre premier cri lancé à entrer dans le rang, à se fondre dans la masse, pour rejoindre aussitôt sans même en avoir conscience, l’une de ces deux catégories dans laquelle il a décidé arbitrairement de nous précipiter. On ne va pas polémiquer des heures et des heures sur le sujet, mais ne pensez-vous pas qu’il serait temps une fois pour toutes d’effacer de notre vocabulaire ce mot qui n’a de sens que pour celui qui désire par ce biais, imposer à autrui la prédominance de sa gouvernance, et qui désire affirmer la domination d’un groupe sur un autre qui serait selon lui plus en harmonie avec ce que la nature a décidé de créer quand il fut question qu’un «  Primate caractérisé par la station verticale, par le langage articulé, par un cerveau volumineux, et des mains préhensiles  » 2 s’impose définitivement comme le maître absolu de notre bonne vieille terre.
Je vous l’assure, il n’y a rien de philosophique dans tout cela ! Ce n’est en fait que le constat d’un homme qui a eu la faiblesse d’avoir le désir de s’extraire d’un groupe pour espérer appartenir à un autre, alors qu’il ne s’agit pour l’un comme pour l’autre, que de vulgaires ghettos qui n’ont fait, ne font et ne feront que précipiter toujours davantage, l’infime soupçon d’humanité qu’il nous reste, vers un point de non-retour ; vers une sombre dualité sans fondement, qui contribuera à ce qu’une fin soit prescrite, et qu’un simple mouvement de va-et-vient suffise à effacer l’être humain de cette ardoise magique qui ne demandait pourtant qu’à devenir l’œuvre indélébile d’un artiste.
Oui, un artiste ! Un de ces Michel-Ange venu de je ne sais où, qui n’aurait j’imagine, jamais envisagé que cet Homme qu’il était en train de créer serait à tel point englué dans sa bêtise qu’il irait jusqu’à le dupliquer en autant de religions et croyances absconses pour satisfaire cette folle ambition hégémonique qui lui impose de tout catégoriser, de tout classifier pour s’amender d’une quelconque universalité qui ferait de lui un Homme comme un autre, un Homme égal à tous les autres.
Bonjour, je m’appelle, Benjamin Argos ! Oui, Argos, comme la balise, et pour tout vous dire, ce patronyme dont j’ai hérité n’est pas dénué de sens, ça, je peux vous l’assurer ! Loin de toutes considérations patriarcales imposées par une arbitraire généalogie, le fait que je porte ce nom de famille a un, je ne sais quoi qui pourrait vous laisser envisager que j’étais prédestiné à vivre ce que j’ai vécu, et ce que je suis en train de vivre, mais bon, ça, on pourra toujours en rediscuter ensemble le moment venu. Quoi que, en y réfléchissant bien, il me faudrait peut-être éclairer déjà un petit peu votre lanterne, même si pour moi, je vous l’avoue, cette locution verbale est particulièrement abstraite, car je n’ai jamais eu le loisir d’apprécier une quelconque lueur qui puisse me révéler quoi que ce soit.
Oui ! Oui ! C’est bien de cela dont je parle ! Oui, de cette infirmité qui pour moi n’en est pas une car je n’ai jamais connu une autre condition, mais qui m’a cependant immédiatement catégorisé en marge de ce monde pour faire de moi un être à part, un pauvre gars à qui la vie n’a pas consenti tout ce qu’elle avait pourtant prévu quand il fut question de créer cet Homme doué de cinq sens.
Pour certains, je suis l’infirme, l’aveugle de service, pour d’autres, hypocrisie et euphémisme de bienséance obligent, je suis un handicapé, un non-voyant, celui à qui l’on offre son bras pour franchir un passage piéton, et pour tout vous dire, à choisir, je me passerais bien de cette bande d’hypocrites qui se cache derrière d’improbables figures de styles trop convaincus qu’ils sont que c’est là un moyen d’atténuer ce qu’ils pensent être une souffrance pour moi. Ce n’est certainement pas l’articulation de pauvres mots qui fera que ma réalité soit plus agréable ou pour le moins, plus douce.
Certes, je suis infirme, du moins c’est comme cela que l’on m’a catégorisé dans ce monde, cependant, ce qu’il y a de pire dans l’infirmité, selon moi, ce n’est pas tant le fait d’être ce que l’on est, mais plutôt le fait d’être obligé de supporter le regard que l’on porte sur ce que l’on est. J’ai bien conscience qu’il s’agit là certainement pour vous d’un vieux poncif, mais il était important pour moi que vous sachiez que je n’accepterais à aucun moment d’être le catalyseur d’une pensée hypocritement travestie qui s’interdit de dire les choses telles qu’elles sont. Et vous verrez, je ne serai pas dernier à faire preuve de franchise, ça aussi, je peux vous l’assurer !
Bon, pour en revenir à notre histoire d’Argos, qui m’a motivé à vous révéler dans la foulée que je suis aveugle, il faut savoir que coïncidence ou pas, ce patronyme dont j’ai hérité, a un, je ne sais quoi de pied de nez qui n’est pas pour me déplaire. En effet, si vous avez un tant soit peu de culture générale, vous devez savoir qu’avant d’être une balise, Argos fut dans la mythologie grecque un géant qui reçut l’épithète de Panoptès, autrement dit, qui reçut cette faculté d’être celui qui voit tout. Avec cent yeux répartis sur toute la tête, personne ne pouvait alors tromper ne serait-ce qu’une minute sa vigilance. Vous conviendrez que c’est là un comble pour un homme qui porte aujourd’hui ce nom de famille alors qu’il n’a jamais pu, ne serait-ce que, voir le bout de son nez ! Du moins, c’est ce que le commun des mortels serait en droit de penser !
Je vois à vos yeux sans expression, que cette dernière tirade, vous laisse quelque peu circonspect. Je me trompe ? Eh oui, je vois, oui, je vois, peut-être pas au sens où vous l’entendez, mais sachez que rien ne m’échappe ! Je n’ai jamais considéré que la vue me soit essentielle pour accomplir mon ouvrage. Je pense même qu’elle serait très rapidement devenue pour moi un handicap tant il est évident qu’une telle potentielle faiblesse conjuguée à mon puissant intellect m’auraient contraint à me laisser corrompre par le dernier regard de ces hommes à qui j’ai ôté la vie.
Ah oui, c’est vrai, suis-je bête, je ne vous l’ai pas encore dit, dans le monde qui est le vôtre, je suis cette énigme que l’on nomme « Serial killer » pour lui donner ce je ne sais quoi d’Américain qui fait qu’un journal de vingt heures rameute vers lui des millions et des millions de téléspectateurs avides de sensations fortes. Dans le mien, je dirais plutôt que je suis un être qui jouit de cette exaltation provoquée par ce dernier souffle qu’il sent glisser sur son visage quand l’instant est venu pour lui d’accomplir cet ultime geste qui viendra consacrer des jours et des jours de traque.
Je suis le roi des chasseurs ! Je suis cet improbable prédateur qui sans mot dire, sans éveiller le moindre soupçon, s’approche lentement jour après jour de sa proie, la domestique, la confond dans ses propres paradoxes pour la mener là, où lui, et lui seul, est capable de la mener.
Suis-je un monstre, un psychopathe sans foi ni loi, ou le simple reflet de ce que chacun d’entre vous a un jour désiré accomplir sans trouver la force de le faire ? Telle est la question que vou

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