Je voulais m appeler Nemesis !
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Description

Laure, veuve, a perdu sa fille unique qui s'est suicidée par amour. Elle décide de la venger.

Informations

Publié par
Date de parution 13 mars 2015
Nombre de lectures 2
EAN13 9782312033983
Langue Français

Extrait

Je voulais m’appeler Nemesis !
Elyane Ibarz
Je voulais m’appeler Nemesis !












LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2015 ISBN : 978-2-312-03395-2
Mon premier jour de retraitée ! Je me sens toute drôle comme si ce n’était plus moi, la salariée active, toujours pressée, à la vie réglée par les aiguilles de la montre.
En me levant l’habitude m’a envoyée sous la douche et en me servant le café je réalise que j’ai tout mon temps pour en apprécier la saveur. Je prends ma tasse fumante avec gourmandise et vais m’installer sur la terrasse. Le vieux fauteuil à bascule me tend les bras et la douceur de ce jour d’automne m’invite à la paresse.
Le jardin est à l’unisson de ma vie. Les couleurs qui l’habillent se transforment ; le vert éclatant laisse la place à tous les tons de roux et cela me va bien. L’été de mon existence s’estompe et je me dirige tout doucement vers mon hiver à moi, celui que le printemps insolent ne remplacera plus.
Je ferme les yeux et me voilà revenue vingt ans et demi plus tôt, au même endroit……
En ce matin d’avril je suis sereine. J’ai lézardé au lit et les gazouillis des oiseaux dans le cerisier en fleur du jardin me donnent envie de chanter. Attablée sur la terrasse devant un copieux petit déjeuner je savoure les rayons de soleil qui réchauffent ma peau.
J’ai devant moi une journée de solitude, le rêve en quelque sorte car je travaille toute la semaine dans le bureau d’une société d’expertise comptable, entourée de collègues bavardes et dans ma ville de Narbonne, qui compte quelques 40. 000 habitants, ce ne sont pas les cancans qui font défaut.
Moi, Laure, 40 ans, je suis veuve depuis trois ans. Pierre, mon mari que j’aimais profondément est parti, emporté par cette maladie que l’on dit « longue » par pudeur comme si en cachant son véritable nom on se sentait moins désarmé devant sa cruauté.
J’ai été balayée, bousculée par son absence et une partie de moi-même repose auprès de lui. Notre fille unique Sophie avait alors un peu plus de quatorze ans et elle a été et reste ma bouée de sauvetage.
Peu à peu la vie m’a appris à vivre avec ce statut de femme seule où attendre ne veut plus rien dire. Bien sur elle m’apporte des joies qui glissent sur mon cœur sans jamais le faire frémir et j’avance dans le temps pas à pas, sans courir. Je vis pour Sophie, par Sophie, au travers de Sophie et j’ai eu beaucoup de mal à l’autoriser à aller passer ce week-end de Pâques chez sa meilleure amie Bernadette.
Elle n’est pas bien loin, seulement quelques kilomètres séparent nos deux résidences mais j’ai l’impression qu’elle est partie au bout du monde et puis, c’est la première fois qu’elle dort hors de la maison.
Je n’ai pas envie de faire du ménage, pas aujourd’hui car le soleil qui se fait de plus en plus fort m’engourdit dans un profond bien-être et je m’abandonne à sa sensuelle caresse.
Rien en ce début de journée n’annonçait que ma vie allait brutalement basculer.
La sonnette du portail me fait sursauter. Je n’attends personne, surtout à une heure aussi matinale.
Je me lève, contrariée d’être dérangée et la vue de deux gendarmes dans la froideur de leur uniforme me cloue sur place.
– Mme Damien ? Bonjour ! Pouvons-nous entrer ?
J’ouvre le portillon et les précède de quelques pas. Je n’ose pas leur demander pourquoi ils sont là. J’ai peur, une peur qui broie le ventre et donne la nausée.
Le plus âgé des gendarmes, son képi à la main, l’air embarrassé me demande si je suis bien la mère de Sophie Damien.
– Oui, bien sur ! Pourquoi ?
– Ne vous affolez pas, il faudrait que vous veniez avec nous jusqu’à
l’hôpital. Elle a eu un accident.
– Un accident ! Mais où ? Comment ? Est-ce grave ? Mille questions se
bousculent sur mes lèvres.
Je dois avoir l’air complètement perdue car les gendarmes me proposent de m’amener avec leur véhicule. Je refuse et leur demande quelques minutes.
Comme dans un mauvais rêve je mets un pantalon, un pull et prends mon sac. Je monte dans ma voiture ne sachant pas si j’ai ou non fermé la porte d’entrée et je suis sans savoir comment l’estafette bleue.
Sophie ! Que lui est-il arrivé ? Les gendarmes ne m’ont rien dit, seulement qu’elle était en vie.
Arrivée à l’hôpital je me gare n’importe comment et rejoins les gendarmes qui sont déjà dans le hall. L’air grave et soucieux ils demandent à une infirmière de m’accompagner auprès de Sophie m’assurant que nous nous verrions plus tard.
Dans l’ascenseur qui montre trop lentement je ne dis rien. Sophie, ma puce, dans quel état vais-je te trouver ?
Arrivées à l’étage des soins intensif l’infirmière me dit qu’avant d’aller voir ma fille, je suis attendue par le médecin, responsable du service.
Ah oui ! Le médecin ! Il allait me rassurer bien sur !
Le docteur Malville me reçoit dans son bureau aux murs décorés de gravures anciennes et d’étagères surchargées de livres scientifiques aux titres mystérieux.
– Bonjour madame Damien, asseyez-vous. Les gendarmes vous ont-ils dit
ce qui est arrivé à votre fille ?
– Non, je ne sais rien et je voudrais la voir.
– Savez-vous pourquoi elle a essayé de se suicider ?
– Sophie, se suicider ? Mais c’est impossible. Pourquoi aurait-elle fait cela.
– Je ne peux pas vous répondre. Son amie a téléphoné à la gendarmerie leur
demandant d’envoyer une ambulance de toute urgence car votre fille avait avalé des barbituriques et absorbé beaucoup d’alcool.
Cet homme est fou ! Sophie qui ne boit que des jus de fruits et qui chante du matin au soir se serait enivré et aurait voulu mourir ? Je ne le crois pas. Elle est heureuse et croque la vie avec l’insouciance de sa jeunesse.
– Nous lui avons fait un lavage d’estomac mais la dose d’alcool absorbée
est très importante et l’a plongée dans le coma. Actuellement nous réservons notre diagnostic.
Mon cri retentit comme le hurlement d’une bête blessée à mort. Non ! C’est faux ! Vous vous trompez ! Ce n’est pas mon enfant.
– Mme Damien, soyez courageuse, elle peut s’en sortir. Venez la voir.
Le médecin doit me soutenir et c’est à peine si devant la porte j’aperçois Bernadette en larmes.
Avant de voir ma fille je dois revêtir une blouse jetable ainsi que des protège chaussures. Je fais cela mécaniquement comme si c’était quelqu’un d’autre que moi qui se trouvait immergé dans cet univers parallèle.
Dans un box aux rideaux tirés Sophie gît toute aussi blanche que le drap qui la recouvre. Une perfusion à son bras, l’oxygène à son nez, des fils qui la relient à des écrans de contrôle sont autant d’instruments de torture qui m’empêchent de la prendre contre moi.
– Sophie, ma puce, mon bébé, c’est moi, maman ! Tu m’entends ?
Seule la petite lumière qui tressaute sur l’appareil à ses côtés me répond : bip ! bip !…
Alors, enfin, je pleure mon visage enfoui contre son épaule tiède. Sophie ! Pourquoi ? Réponds-moi ! J’ai besoin de t’entendre !
L’infirmière qui vient de rentrer me relève ;
– Venez, nous devons lui faire des soins.
Elle me prend contre elle. Je suis hébétée, vide et glacée par la douleur. Elle m’amène à la salle de garde, me donne un verre d’eau et deux comprimés que j’avale sans réaction. Je suis là, assise sur cette chaise, dans cette pièce, de cet hôpital, étrangère à moi-même, spectatrice de ma souffrance.
L’arrivée de Bernadette me fait revenir à la réalité. Elle se jette dans mes bras en sanglotant et nous restons longuement enlacées mélangeant nos émotions.
Je murmure : pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Que s’est-il passé ?
– Pas ici, venez, allons dans le parc nous y serons plus tranquilles.
Tranquilles ! Quelle dérision ! Comment pourrais-je tranquille alors que ma fille est inconsciente tout à côté ?
Assise sur un banc, à l’abri d’un vieux chêne, j’écoute Bernadette.
– C’est une histoire que Sophie vous a soigneusement cachée. Elle a
rencontré Philippe l’année dernière. Il a 42 ans mais tellement de séduction que Sophie trouve maintenant ses camarades habituels falots et insignifiants.
– 42 ans ! Tu dis que ce Philippe a 42 ans ? Mais c’est presque l’âge
qu’aurait son père. Comment l’a-t-elle connu ?
– Nous étions ensemble et nous avions décidé, pour fêter notre réussite à l’examen d’anglais, d’aller manger dans le plus chic restaurant de la ville. Vous vous souvenez ? C’était en janvier. Sophie portait son nouveau manteau en imitation fourrure sur sa jolie robe rouge. Nous étions gaies et riions de tout. A la table voisine deux messieurs, sûrement en dîner d’affaire s’amusaient de nous entend

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