Juste un jour ou deux
170 pages
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Description

« L'amour a toujours été pour moi la plus grande des affaires, ou plutôt la seule. » STENDHAL

Profondément marqué par un échec amoureux, trahi par l'homme avec lequel il partageait sa vie, Laurent a voulu tout oublier de celui qu'il était. Sauvé au bord du gouffre par Paule, femme de caractère solide et rassurante, il a remis son sort entre ses mains.
Comment réagira l'homme rangé qu'il est devenu à quarante ans, l'époux soumis et sans histoire, quand, lors d'un séjour sur la Côte, l'amour se présentera sous les traits d'un jeune homme séduisant et charmeur qui insiste pour qu'il le rejoigne à Paris ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 mai 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334105118
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-10509-5

© Edilivre, 2016
Citation


L’amour a toujours été pour moi la plus grande des affaires, ou plutôt la seule.
STENDHAL
Première partie
Chapitre premier
Les lumières de la ville scintillaient au loin au-dessus de la baie, et la nuit, semée d’étoiles, semblait rivaliser d’artifice dans ce décor de rêve. L’écho d’une musique lente et syncopée flottait dans l’air un peu frais. Installé dans un fauteuil de jardin, Laurent jetait un regard traqué sur le profil immobile et parfait du jeune homme à deux pas de lui. Accoudé à la balustrade de granit, sa chemise de soie immaculée entrouverte sur sa poitrine nue, il avait l’air de rêver.
– Tu n’as pas froid ? demanda brusquement Laurent avec une sorte d’agacement.
Le jeune homme tourna vers lui son profil distrait, souriant du même air doux et contemplatif.
– Non, pourquoi ? Tu as froid, toi ?
Cette apparence quiète et rêveuse rendit plus vive l’agitation de Laurent.
– Moi ? dit-il d’un ton désabusé, il me semble que j’aurai froid jusqu’à la fin de mes jours.
Il hésita une seconde avant d’ajouter :
– Dans une heure tu dois prendre ce train, et je sens déjà combien tu vas me manquer. Tu ne peux imaginer à quel point je déteste cette nuit qui va nous séparer !
À présent qu’il avait laissé deviner plus qu’à demi ses sentiments, il se sentait sans ressource pour résister au besoin de s’abandonner entièrement.
Il conclut :
– Tu sais, je crois bien que je t’aime pour de bon.
Le visage du jeune homme s’illumina, ses dents superbes étincelèrent dans la demi-pénombre.
– Tu l’as dit ! tu l’as dit ! jubila-t-il, un peu à la manière d’un potache qui sort vainqueur d’une gageure.
Sur le moment, Laurent se sentit confondu. Son aveu, dont triomphait Gilles comme d’un jeu, qui cristallisait de façon manifeste cette vague de sentiments tendres et passionnés qui le submergeait depuis des jours, s’inscrivant en faux contre l’idée de tocade qu’il avait été tenté un instant de lui opposer ; ces quelques mots venus irrésistiblement sur ses lèvres, le mettaient soudain en grand désarroi. Conscient de ne plus pouvoir se dérober à cette évidence, qui surgie si naïvement de lui le livrait nu et vulnérable aux yeux de Gilles, il tenta une volte-face plutôt maladroite.
– Quoi ? bredouilla-t-il. Qu’est-ce j’ai dit ?… Je ne sais plus ce que je dis.
– Tu l’as dit, Laurent, tu l’as dit que tu m’aimais ! insista Gilles sur un registre tout aussi réjoui mais nettement plus intime.
Laurent laissa errer sur lui un regard voilé, lutta un instant encore avec des mots qui davantage au nom de la pudeur que de la raison tendaient à la dérobade, puis finit par s’offrir sans joie à la sincérité, un peu comme on avoue une faiblesse.
– C’est vrai que je t’aime, dit-il. Mais à quoi bon cet aveu puisque tu t’en vas et que de toute façon…
– Tu l’as dit, Laurent, répéta Gilles l’air réfléchi. Tu l’as dit. C’est merveilleux.
– Oui, c’est merveilleux et c’est terrible.
– Non, ce n’est pas terrible, puisque tu vas venir avec moi.
– Tu es un enfant, Gilles, tu n’es pas sérieux.
– Laurent, tu m’aimes, c’est merveilleux !
– Parle plus bas, ils vont entendre.
Laurent avait fait cette observation avec un coup d’œil instinctif en direction de la table voisine, autour de laquelle cinq ou six personnes papotaient sans leur témoigner le moindre intérêt. Seul Adrien surprit un instant son regard. Et Laurent mit une application un peu niaise à lui adresser un demi-sourire, qu’il garda sur les lèvres comme un pli maniaque et idiot.
Paule, qui lui montrait le dos, ne le voyait pas.
À quelques mètres l’un de l’autre, deux univers se côtoyaient sans plus de rapport entre eux. Depuis quelques jours, un élément nouveau les avait inopinément, sans bruit et sans éclat mais de façon fulgurante, singulièrement dissociés. En s’invitant dans la vie de Laurent par le jeu du hasard, en faisant resurgir en lui une attirance et des sentiments auxquels, au mépris de ses engagements – et plus particulièrement de ceux pris avec lui-même –, il n’avait pu résister, Gilles y provoquait le désordre.
– Laurent ! il faut venir à Paris, poursuivait ce dernier avec plus d’exaltation. Tu connais Paris ?
Pris d’une sorte d’étourdissement, transporté brus­quement d’un monde à un autre, Laurent balbutia :
– Non… pas vraiment… je n’ai toujours pas eu l’occasion d’y retourner.
– Peut-on imaginer une chose pareille ? C’est aussi incroyable que toi, Laurent !
– Pourtant je t’assure que c’est vrai. Paule, elle, connaît parfaitement Paris.
En citant son épouse, en la glissant abruptement là où Gilles ne l’attendait pas, Laurent tentait confusé­ment d’interposer entre ce garçon et lui une pierre d’achoppement propre à décourager leurs élans.
– Je crois même me souvenir qu’elle y a séjourné quelque temps, s’empressa-t-il d’ajouter. Mais nous n’avons pas eu l’occasion d’y aller ensemble. Peut-être bien qu’un jour…, conclut-il, l’air rêveur, sans le penser vraiment.
– Tu es inouï ! s’exclama Gilles hilare, peu ému à l’évidence par la vague tentative d’intimidation de Laurent. L’occasion !… Mais Paris ne supporte pas d’être réduit à une banale opportunité, à de simples contingences ! Tu ne peux ignorer d’ailleurs que c’est un suprême objet de désir et de tentation, le point de mire de millions de regards. Paris, c’est la magie même, dotée de son formidable pouvoir d’illusion. Paris, c’est plus qu’une ville, plus qu’une capitale, c’est une contrée fabuleuse pourvue de temples dédiés à la poésie, à la peinture, à la musique, à la danse, à la beauté et à l’amour ; à la vie, en un mot ! Paris, c’est une longue histoire et tout un spectacle à découvrir et à redécouvrir… Tant mieux ! tant mieux que tu sois si mal renseigné à son sujet et que tu n’y sois plus retourné ! C’est un signe. Ce spectacle, je te le ferai partager. Nous voyagerons ensemble à travers ses âges, à travers les faubourgs et les villages qui font de Paris l’exception. Je te ferai connaître l’histoire de ses rues et de ses pierres. Nous flânerons le long de la Seine, sur les quais où se tiennent les bouquinistes. Je te ferai respirer l’atmosphère si particulière qui se dégage de ses grandes artères quand le jour baisse et que la ville, enfin délivrée de sa frénésie et qui peu à peu se dépeuple, s’habille de lumières. Ah ! l’air de Paris, la nuit… Tu connaîtras tout cela grâce à moi, avec moi. Après, tu ne pourras plus m’oublier.
Un feu brûlait à l’intérieur de Laurent, lui dévorait le cœur, l’étourdissait, tandis que le jeune homme redoublait d’un lyrisme qu’il ne devait sans doute qu’à une imagination échauffée de l’ordre de l’engouement, à une atmosphère de vacances heureuses, à ces premières aventures de jeunesse vécues un peu comme des rêves fous, à ces bonheurs fugitifs et capricieux, fugaces et totalement illusoires, ou mieux encore, à des manières de séduction auxquelles il lui arrivait de se laisser prendre, victime de son propre jeu.
Laurent ne quittait pas des yeux les lèvres disertes gonflées de sang. Il aurait voulu pouvoir les réduire au silence. Comment avoir raison de cette brûlure qui le faisait souffrir en dedans ? Comment supporter la conscience de ce bonheur menacé d’une fin imminente ? Pourquoi avait-il fallu que le hasard le mît en présence de ce garçon ? Poussé par quelle force, par quelle folie, avait-il permis à des penchants qu’il pensait bannis à jamais de s’exprimer soudainement ? Et comment croire qu’il pût dédier des sentiments aussi forts, aussi passionnés, à celui qui quelques jours plus tôt n’était encore qu’un étranger ? – et même s’il lui était arrivé d’en rêver à certaines heures, un peu comme la poursuite vaine et tenace d’une chimère.
Laurent se sentait particulièrement désemparé. Bien que cette passion violente dont il s’était pris pour ce garçon lui apparût comme quelque chose d’inconcevable, sinon de fou, et en dépit de tout ce qu’elle comportait de déloyal et de scabreux, il ne se sentait plus à même de s’en défendre, et encore moins de la nier. Il était au supplice de ne pouvoir garder près de lui ce à quoi il savait tenir plus que tout autre chose au monde. Il frémissait à l’idée de cette séparation qui allait le livrer à une amère et profonde solitude.
– Tu es un enfant, Gilles, soupira-t-il de nouveau, tu ne réalises pas. Du reste, d’ici peu, tu auras tout oublié de ce que tu as dit. Tu m’auras oublié.
Gilles darda sur lui un regard brûlant.
– Moi, t’oublier ! dit-il en réprimant à demi un haut-le-corps.
Laurent quitta soudainement son fauteuil, se dirigea avec une sorte de détermination farouche vers le petit comité attablé, s’adressa à Adrien qui lui faisait face sans laisser errer son regard du côté de Paule :
– Nous allons un instant au bar, Gilles et moi.
– Ne vous attardez pas trop, dit gentiment Adrien. N’oublie pas que nous devons accom­pagner ce charmant jeune homme à la gare. Et ne bois pas plus d’un verre, il semblerait que tu n’aies fait que ça de la soirée.
La recommandation que lui adressait Adrien aurait pu lui paraître saugrenue, s’il n’avait eu conscience à cet instant qu’elle ne tendait qu’à donner du crédit à ce que ce dernier devinait être un alibi. En effet, comme à son ordinaire, Laurent ne s’était livré à aucun excès de boisson. Le rapprochement qu’Adrien avait établi entre eux ces derniers jours, cette complicité quasi tacite, Laurent s’y prêtait sans trop de réserve dans la mesure où elle l’aidait à se libérer du vague sentiment de culpabilité dans lequel sa soudaine fantaisie extraconjugale le tenait isolé. Quant à douter de la sincérité d’Adrien, s’il lui arrivait d’y songer, l’idée ne l’inquiétait pas plus que sa po

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