L'ARMEE DU DESTIN

Nathalie Boissonneault

Description

Julia mène une vie routinière depuis 10 ans et décide de laisser tout derrière elle pour vivre de nouvelles expériences. Sur les réseaux sociaux, elle reçoit un message de Jason, soldat pour l’armée américaine. Emportée par sa curiosité, elle entre en contact avec lui et apprend à le connaître. Après quelques semaines, elle est informée de sa disparition. Bouleversée par cette nouvelle, elle décide de traverser l’Atlantique pour tenter de le retrouver. Elle attaque un périple dangereux et singulier. Loin de ses repères, Julia devra rapidement développer un instinct de survie. S’en sortira-t-elle indemne? Qu’adviendra-t-il de ce mystérieux inconnu?

Sujets

• Romance
• Fiction
• Amour

Informations

• Publié par: Les Éditions Crescendo!
• Date de parution: 23 novembre 2022
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782898312465
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Chapitre 1 : Article
La vie est une série d’actions ou de gestes renouvelés. Notre cerveau enregistre nos habitudes et chaque jour est un train-train quotidien. Manger, dormir, marcher, respirer et parler sont du ressort mécanique. Chaque personne fait des choix spécifiques à sa propre vie et fait en sorte que certaines sphères peuvent changer ou rester telles quelles. Le destin a sûrement une part de responsabilité dans ce qui arrive, mais nous sommes les propres maîtres de notre jeu.
Personnellement, j’ai fait un chemin simple et répétitif pendant plusieurs années. Je me suis conformée à une routine qui m’apportait un certain réconfort. D’heure en heure, la journée passait et, dès le lendemain, le cycle machinal du temps reprenait.
Je suis une personne qui respecte les consignes et qui suit les normes de la société. En aucun cas, j’ai levé les bras contre la loi. J’ai toujours été une bonne citoyenne et j’ai fait des choix respectueux envers les autres. J’ai été élevée par des parents qui m’ont appris de belles valeurs. Ils ne sont malheureusement plus de ce monde.
Est-il normal pour une jeune fille de dix-huit ans de perdre ses parents dans un accident tragique ? Absolument pas ! Je crois qu’à cet âge, la vie commence. Une existence dans laquelle mes parents auraient dû être impliqués. J’aurais eu besoin de leur demander conseil et même de pleurer dans leurs bras au besoin. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé. Malgré tout, j’aime penser qu’ils veillent sur moi.
Après leur mort, je me suis lancée dans une relation douce et paisible qui me gardait en sécurité. J’avais besoin de cet amour pour m’aider à mettre un baume sur ma blessure aiguë. J’étais endeuillée et submergée par la douleur. J’ai passé près de dix ans dans une bulle de verre afin de me protéger de tout ce qui pouvait me blesser émotionnellement.
Avant cette histoire singulière, ma stabilité était monotone. Il manquait royalement de surprise dans mon train-train quotidien et tout était acquis. Chaque pas en avant était robotique et programmé pour recommencer sans jamais savoir si je marchais dans la bonne direction. Je pouvais pratiquement prédire en entièreté et à la minute près ma journée du lendemain. Je ne me questionnais même pas sur ce que j’allais faire ou manger. Tout était déjà écrit dans le ciel.
Je ne regrette pas ma vie d’avant ni les choses que j’ai vécues avec les personnes qui étaient présentes. J’ai eu besoin d’elles pendant toutes ces années. Je n’aurais pas survécu sans leur présence. Toutefois, mon précieux temps était révolu. Il fallait que je fasse quelque chose avant que ma vie me passe sous les yeux sans même que je la voie. Mes parents étaient décédés, certes. Mais moi, je respirais encore et je devais changer ma destinée afin de voir mon avenir et de croquer dedans à pleines dents.
Voici l’histoire que j’ai vécue…


Chapitre 2 : Routine
Nous sommes en 2014, c’est le début du printemps à Sandusky, en Ohio, aux États-Unis. Ce début d’avril apporte des températures plus chaudes malgré le vent du lac Érié qui happe la ville à toute heure du jour. Cette bourgade d’environ vingt mille habitants existe depuis le dix-huitième siècle. Elle a été bâtie de façon maçonnique, démontrant le croisement entre une équerre et un compas. Tout près des rives du lac, on peut voir la marina qui accueille de nombreux bateaux amarrés aux quais. Le début de cette saison apporte également une augmentation de touristes qui viennent visiter la ville et son parc d’attractions très célèbre : Cedar Point.
Julia Baker, jeune femme de vingt-huit ans, y habite depuis sa naissance. Elle a passé sa jeunesse dans une grande maison de campagne. Les parents de Julia sont malheureusement décédés lorsqu’elle avait dix-huit ans dans un accident de voiture. Depuis, elle s’est beaucoup rapprochée de sa sœur aînée, Diana, trente-quatre ans. Celle-ci est demeurée dans la maison unifamiliale après le décès de leurs parents. Quant à Julia, elle a décidé de déménager dans un petit appartement en ville. Elle est incapable de voir les pièces de la maison sans qu’une tonne de souvenirs ressurgissent. Chacun d’eux a l’effet d’un coup dans la blessure de leur perte.
Julia a pris la décision de ne pas poursuivre ses études. Après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, elle a continué de travailler à temps plein au petit café situé sur les quais. Elle connaît bien les clients et se sent à l’aise dans cet endroit.
Elle reçoit régulièrement des pourboires généreux de la part des touristes, ce qui lui permet de payer ses factures et de faire des économies. Elle a déjà assimilé le travail à faire et se débrouille bien, ce qui est très apprécié de son patron.
Elle n’a pas vraiment d’amis et n’est pas très active en ce qui a trait aux activités sociales. Elle est plutôt du type solitaire. L’écriture et la lecture sont ses passe-temps favoris.
Elle a réussi à approcher le journal de la ville, il y a de cela quelques années. Depuis, elle écrit des articles sur différents sujets. Elle passe de nombreuses heures à faire de la recherche pour pondre les meilleurs textes possible. Elle est considérée comme à part entière par l’équipe du journal.
Elle aimerait bien écrire pour les gros journaux ou les revues populaires. Cependant, elle doit avoir une formation universitaire en journalisme. Pour le moment, elle se contente de ses articles et elle est bien satisfaite de son travail.
Elle est en couple depuis près de dix ans avec Jonathan, qui est allé à l’école secondaire avec elle. Jonathan et elle sont devenus les meilleurs amis dès leur première rencontre. À la mort de ses parents, Julia s’est rapprochée plus intimement de lui et leur relation est alors passée à un autre niveau.
Jonathan travaille comme mécanicien automobile dans un garage très renommé. Il a été formé par son patron qui lui a appris à effectuer des réparations mineures et majeures sur différents véhicules routiers. Julia et lui travaillent à temps plein. Elle commence à 7 h et termine vers 15 h. Quant à lui, il travaille de 12 h à 20 h. Ils ne peuvent pas passer beaucoup de temps ensemble, car Julia se couche tôt afin d’être en forme pour son quart du lendemain.
Durant la fin de semaine, Julia doit écrire ses articles. De plus, elle passe souvent du temps avec sa sœur et ses deux nièces de trois et cinq ans. Comme elle ne peut pas les voir la semaine — car elles fréquentent la garderie pendant le jour et qu’elles ont leur routine familiale le soir —, elle en profite pendant ses congés. Elle passe donc une bonne partie de ses journées de repos à la campagne. Jonathan l’accompagne rarement, il va plutôt voir ses amis ou il joue en ligne à des jeux vidéo.
Le jeudi 3 avril 2014, Julia se lève pour se préparer et se rendre à son travail. Après avoir attaché ses longs cheveux noirs et maquillé ses yeux noisette, elle enfile ses bas collants, sa jupe noire et son chemisier blanc. Elle termine sa tenue en ajoutant un tablier de serveuse muni de pochettes, crayons et papiers. Il est 6 h 30 lorsqu’elle quitte l’appartement. Elle avance un pied devant l’autre de façon quasi automatique. Lorsqu’elle était plus jeune, elle avait l’habitude de ne pas marcher sur les lignes, car elle se disait que cela lui porterait malheur. Elle est très superstitieuse, ce qui stimule un peu trop son imagination. Encore aujourd’hui, elle utilise cette même démarche. Deux pas dans un même carré sans poser le pied sur une ligne de trottoir. Elle est concentrée et se rend du point A au point B, sans même voir le paysage. Elle pourrait faire le chemin les yeux fermés si elle le voulait.
Elle sert, la plupart du temps, les mêmes clients. Elle connaît la commande avant même qu’ils la passent. Durant l’été, elle voit de nouveaux visages, car il y a plus de touristes. Elle aime beaucoup rencontrer de nouvelles personnes, car cela la sort de sa routine. Aujourd’hui, c’est une journée monotone.
Après son travail, elle se rend chez elle. En arrivant, elle va faire une sieste, comme à son habitude. Les nuits deviennent de plus en plus courtes, car elle a de la difficulté à dormir. Plusieurs réflexions se bousculent dans sa tête, ce qui retarde son sommeil.
Elle se relève, mange et compose quelques lignes de son prochain article pour le journal. Elle œuvre sur une chronique qui porte sur les chocs post-traumatiques. Elle a eu la chance de rencontrer un médecin, la semaine précédente, pour obtenir des faits sur le sujet. Maintenant, elle doit organiser le texte pour le rendre pertinent et facile à comprendre.
Un peu après 20 h, Jonathan arrive à la maison.
— Salut Julia.
— Salut.
— As-tu passé une belle journée ?
— Oui, et toi ?
— Oui, très belle.
Il passe près de la table, va l’embrasser et lui fait un câlin. Il se rend ensuite à la cuisine pour se préparer quelque chose à manger. Avec son plat réchauffé en main, il s’installe tout près d’elle pour écouter une émission télévisée. Dans l’heure qui suit, elle devient de plus en plus léthargique. Elle décide d’aller se coucher avant que les signes d’endormissement se dissipent.
Elle revit cette journée depuis plusieurs mois et commence à se sentir étouffée. Elle a l’impression d’être seule, même si elle habite avec son chum. Plus les années passent, plus son amour pour Jonathan s’éteint. Elle ressent de moins en moins de papillons qui volent dans son ventre. Elle tient à lui, cependant, elle le voit comme un ami. Il a été, avant tout, un camarade.
Elle ira voir Diana demain, elle a besoin de lui en parler. Elle veut savoir quoi faire pour que sa vie soit plus colorée. En ce moment, elle a l’impression d’avoir raté son existence, mais surtout, elle n’est pas heureuse.
Le lendemain, après sa journée de travail, Diana vient la chercher pour la nuit. C’est le moment de la semaine que Julia préfère. Dès l’arrivée de sa sœur, elle lui saute dans les bras.
— Salut ! Je su