L équivoque
61 pages
Français

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Description

Daniel, prof de théâtre, croise un jour Julie, une ancienne étudiante. Ils se revoient, se fréquentent, forment un couple. Pourtant, persuadé qu’il lui volerait sa jeunesse et sa liberté, Daniel se refuse à tomber vraiment amoureux de Julie. Leur relation va lentement s’effriter.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 septembre 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782896997077
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L ’ équivoque

Du même auteur
 
Chez le même éditeur
Madame Adina , roman, Ottawa, 2017, 120 pages. Coll. Cavales
 
 
 
Chez d’autres éditeurs
Un bon jour, il va bien falloir faire quelque chose , roman, Ottawa, Éditions David, 2011, 296 pages. Coll. Indociles
Platebandes , roman, Québec, L’instant même, 2004/2012, 288 pages. Poche, n o 22
Cavoure tapi , roman, Québec, L’instant même, 2003/2012, 322 pages
La petite Marie-Louise , roman, Québec, L’instant même, 2001/2012, 298 pages
Un mariage à trois , roman, Québec, L’instant même, 1997, 158 pages
L’art discret de la filature , roman, Montréal, Québec Amérique, 1994/2007, 297 pages. Coll. Sextant

Alain Cavenne
 
 
 
 
 
 
 
 
L’équivoque
 
Roman
 
 
 
 
 
 
 
 
2020
Collection Vertiges
L’Interligne

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Titre: L'équivoque / Alain Cavenne.
Noms: Cavenne, Alain, 1952- auteur.
Collections: Collection Vertiges.
Description: Mention de collection: Vertiges
Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20200275658 | Canadiana (livre numérique) 20200275712 |
ISBN 9782896997053 (couverture souple) | ISBN 9782896997060 (PDF) | ISBN 9782896997077 (EPUB)
Classification: LCC PS8555.A875 E68 2020 | CDD C843/.54—dc23
 
 
 
 
 
 
 
L’Interligne
435, rue Donald, bureau 337
Ottawa (Ontario) K1K 4X5
613 748-0850
communication@interligne.ca
interligne.ca
 
Distribution : Diffusion Prologue inc.
 
ISBN 978-2-89699-707-7
© Alain Cavenne 2020
© Les Éditions L’Interligne 2020 pour la publication
Dépôt légal : 3 e trimestre de 2020
Bibliothèque et Archives Canada
Tous droits réservés pour tous pays
À ma sœur Julie et à la mémoire de notre sœur Paulette


Je tiens à remercier mes amis Bernard Larue, Sylvie Lavoie, Monique Pratte et André Lorrain qui ont lu les premières versions de ce roman et qui m’ont généreusement aidé de leurs précieux conseils.



Prologue







Un paradoxe est une chose étrange, à la fois un jeu de l’esprit et un écueil de la pensée. Des vies aussi s’égarent dans les paradoxes.
Zénon d’Élée, un philosophe de la Grèce antique (né vers -490 à Élée, colonie de Phocée fondée en Italie du Sud au vi e siècle av. J.-C., et mort vers -430), figure parmi les « présocratiques », c’est-à-dire les pères de la pensée occidentale. Il est resté célèbre dans l’histoire des idées pour ses paradoxes, dont le plus connu est celui d’Achille et de la tortue 1 .
En gros, le paradoxe s’énonce comme suit : un jour Achille, héros légendaire de la guerre de Troie, aurait accepté de disputer une course à pied avec une tortue. Se sachant beaucoup plus rapide, le fier et galant Achille accorda à la tortue une avance de cent pas. Au signal du départ, Achille et la tortue se lancent – Achille courant vite, bien sûr, et la tortue agitant laborieusement ses pattes dans le sable. En moins de deux, Achille franchit la moitié de la distance qui le sépare de la tortue et n’est plus qu’à cinquante pas de la rattraper. Il redouble d’ardeur, sûr de l’emporter dans le temps de le dire. Attention, dit Zénon. Écoutant son noble cœur, Achille n’a pas été particulièrement sage d’accorder une avance à sa rivale. Car après avoir réduit de moitié la distance qui l’en séparait, il réduira de moitié la distance restante, puis de moitié encore – cela à l’infini. Autrement dit, il y aura éternellement la moitié du dernier gain à parcourir avant qu’Achille rejoigne et dépasse la tortue, si bien qu’il ne la rejoindra jamais – sinon dans un temps infini. Un corollaire de ce paradoxe, qui aura échappé à Zénon et peu mentionné que je sache dans les innombrables gloses et commentaires qu’on a pu en lire depuis deux mille ans, c’est qu’Achille pourra vraisemblablement rejoindre la tortue dans un temps infini, mais ne pourra jamais la dépasser et remporter la course, car il faudrait pour qu’il devance son adversaire une suite à un temps infini, ce qui est une contradiction. Le mieux qui serait possible, dans un temps infini, c’est qu’Achille et la tortue terminent la course ex æquo .
Bien entendu, Zénon jonglait avec les idées, s’amusait avec les nombres et la logique et en faisait ressortir avec un malin plaisir les mécanismes trompeurs, les contresens. Il savait fort bien que le véloce Achille allait rattraper et dépasser la tortue. On rapporte que Diogène le cynique a réfuté et résolu assez cavalièrement (même s’il était à pied) les paradoxes de Zénon qui niaient le mouvement simplement en marchant. Comme Engels, des siècles plus tard, tranchera brutalement le débat sur la réalité ou l’idéalité du pudding dans Socialisme utopique et socialisme scientifique (1880) : « La preuve du pudding, c’est qu’on le mange. » Lénine reprendra cette phrase d’Engels dans Matérialisme et empiriocriticisme (1909).
Dès l’Antiquité, les paradoxes de Zénon et d’autres présocratiques ont été attaqués, décortiqués et supposément démolis par Platon, puis par Aristote, sans toutefois disparaître de l’horizon de l’histoire intellectuelle. Dans les temps modernes, de nombreux penseurs et auteurs sont revenus sur ces apories, tentant de les résoudre.
Les paradoxes de Zénon ont inspiré au poète Paul Valéry ces vers du Cimetière marin (1920) :
Zénon ! Cruel Zénon ! Zénon d’Élée !
M’as-tu percé de cette flèche ailée
Qui vibre, vole, et qui ne vole pas !
Le son m’enfante et la flèche me tue !
Ah ! le soleil… Quelle ombre de tortue
Pour l’âme, Achille immobile à grands pas !

Jorge Luis Borges, lui-même grand explorateur et créateur de paradoxes, a abondamment fréquenté l’œuvre de Valéry. Il a écrit en 1932 une préface à la traduction en espagnol du Cimetière marin et en 1945, à la mort de Valéry, un essai en son hommage. Il a aussi publié au moins deux textes sur le paradoxe d’Achille et de la tortue. En 1929, Borges recense et critique des « solutions » modernes de l’écueil (notamment celles de John Stuart Mill, d’Henri Bergson et de Bertrand Russell) sans toutefois apporter de réponse convaincante. Il revient sur la question en 1939 pour étudier de nouveau les critiques d’Aristote, de Francis Herbert Bradley, de Lewis Carroll et de William James. Nicolas de Cuse, Descartes, Hobbes, Leibniz, Renouvier et le grand mathématicien Georg Cantor, dont le théorème qui porte son nom implique l’existence d’une infinité d’infinis, se sont prononcés ou ont tenté de résoudre le paradoxe de Zénon – lequel continue néanmoins d’alimenter les discussions savantes.
Au xx e siècle, de grands mathématiciens sont revenus sur le paradoxe de Zénon et y ont vu une faille majeure. Le paradoxe postule une divisibilité infinie du temps et de l’espace. Or, la mécanique et la physique modernes rejettent l’hypothèse de l’infiniment petit. Le système d’unités de Planck, entre autres, établit l’existence et la nature d’unités de temps et d’espace indivisibles ou limites. Aussi, il est maintenant admis qu’une addition infinie de nombres positifs peut mener à un résultat fini. Cela revient tout au plus à confirmer ce que je disais plus tôt : jamais Achille ne dépassera la tortue, car il ne la rejoindra qu’à la fin du temps, sans avoir plus de temps pour la dépasser. Tout au plus, à l’infini, Achille et la tortue peuvent-ils franchir ex æquo un certain fil d’arrivée. Il faudrait un autre univers pour qu’Achille gagne la course. Au moment où j’écris ces lignes, Achille doit être encore, à en croire Zénon, plus de trois mille ans plus tard (la guerre de Troie se serait déroulée au xii e siècle avant notre ère), en train de rattraper la tortue. Je ne pense pas que, au moment où ce livre sera publié, il l’aura rattrapée.
L’ennui, c’est que les paradoxes ne sont pas uniquement un jeu de l’esprit, ils n’existent pas que dans le monde de la logique et de la spéculation. S’ils peuvent prendre la forme d’une bizarrerie graphique, ils sont aussi une dimension, parfois douloureuse et bien trop réelle, de l’existence humaine. Ainsi, il arrive que les meilleures intentions mènent à des résultats qu’elles avaient expressément pour but de prévenir.
André Gide a écrit un beau roman sur ce thème, La Symphonie pastorale , publié en 1919. Le pasteur Mart

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