L Inconnue du cap de la Nau
260 pages
Français

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L'Inconnue du cap de la Nau , livre ebook

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Description

Jean-David se rend au cap de la Nau, près de Javea, dans le sud de l’Espagne pour prendre des photos à la demande de son amie Paola. Paola, propriétaire d'une galerie d'art à Paris, souhaite organiser une exposition mettant en parallèle des vues actuelles de la côte méditerranéenne, dévorée par le béton, et des tableaux peints par Joaquin Sorolla en 1900. Sur le cap, Jean-David rencontre une inconnue qui commence à lui raconter sa vie, mais qui s’en va précipitamment sans achever son récit. Elle oublie une précieuse minaudière. Jean-David veut la lui rapporter, mais il ne connait même pas son nom. Il découvre un journal intime dont la lecture va bouleverser sa vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 mars 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332906359
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-90633-5

© Edilivre, 2015
Remerciement

Je remercie Lucas pour l’aquarelle originale de la couverture et pour ses précieux conseils sur l’art et les antiquités.
Alfredo Romero-Tercio Paris Janvier 2015
Citation

En nuestras almas todo
por misteriosa mano se gobierna.
Incomprensibles, mudas,
nada sabemos de las almas nuestras
Dans nos âmes tout est gouverné
par une main mystérieuse.
Incompréhensibles, muettes,
nous ne savons rien de nos âmes.
Antonio Machado (Renacimiento – Renaissance)
(Séville 1875 – Collioure 1939)
1
Le 4 mars 1962, le ciel est bleu à Kerloan. Le soleil, déjà haut, se reflète dans les eaux calmes du golfe du Morbihan. Une Peugeot 203 noire de la gendarmerie nationale, conduite par un officier, roule lentement dans une rue qui surplombe le port. Elle s’arrête le long du mur en pierres d’une propriété bordée de pins maritimes. Le capitaine Haubert en descend. Il ôte ses gants, ses lunettes de soleil, met son képi et ajuste sa tenue. Il a besoin de se sentir impeccable dans son uniforme pour annoncer une nouvelle importante à un monsieur qu’il respecte beaucoup.
L’officier se dirige vers la grille et appuie sur la sonnette encastrée dans un pilier en pierres. Des pas résonnent sur le gravier de l’allée, à l’intérieur de la cour. Le portail en fer s’ouvre, un homme apparaît. C’est le colonel Jean Puymorel, retraité de l’armée. D’une taille moyenne, les cheveux blancs coupés en brosse, le visage hâlé, le regard ferme derrière des lunettes à monture d’écaille, il accueille le gendarme avec un sourire figé. Il suppose que la situation est grave pour qu’un officier vienne le voir à cette heure de la journée.
– Bonjour capitaine, dit Jean Puymorel.
– Mes respects, mon colonel, répond le gendarme en faisant le salut militaire.
– Voulez-vous entrer ?
– Oui, mon colonel, nous serons plus tranquilles à l’intérieur.
Ils entrent dans la maison et s’assoient face à face dans le salon.
– Que me vaut l’honneur de votre visite ? demande Jean Puymorel la voix teintée d’inquiétude.
– Je viens vous apprendre une triste nouvelle concernant votre fils, le médecin aspirant Claude Puymorel, répond l’officier en marquant une pause, comme s’il cherchait ses mots.
Pressentant un drame, Jean Puymorel dit brusquement :
– Eh bien, capitaine, parlez !
– L’état-major des armées m’a informé ce matin de son décès en Algérie. Le général de la tour Saint-Mont vous présente ses plus sincères…
– Que s’est-il passé ? demande Jean Puymorel, coupant la parole au gendarme.
– J’ai peu d’indications. Votre fils s’est rendu, avec un chauffeur et un sergent, dans un village de montagne à une trentaine de kilomètres au sud d’Oran. Il a été appelé pour soigner un berger blessé. Or, c’était un piège.
– Et ensuite ? demande Jean Puymorel d’un ton ferme.
– Ne les voyant pas rentrer le soir, le chef de corps a lancé des recherches, mais en vain. Le lendemain, il a appris par un informateur qu’ils avaient été assassinés.
– A-t-on retrouvé les corps ?
– Oui, deux jours plus tard. C’est une patrouille de la Légion Etrangère qui les a trouvés, criblés de balles et de coups de couteau.
– À quel endroit ?
– À l’entrée d’Oran, dans un fossé, au bord de la route.
Digne, le vieil homme ne dit rien, retenant ses larmes. Il essaie de cacher son chagrin, il ne veut pas s’effondrer devant le gendarme. Il sent le destin le marquer à nouveau. Durant sa vie de soldat, il a côtoyé la mort, il a vu tomber beaucoup d’hommes autour de lui. Aussi, il a acquis une certaine distance par rapport à ces drames. Mais aujourd’hui, il s’agit de son fils unique, Claude, qu’il aime par-dessus tout. C’est sa seule famille, depuis qu’il a perdu sa femme. Se ressaisissant soudain, il demande :
– Quand est-ce qu’on le rapatrie ?
– Je l’ignore. L’autorité militaire devrait prendre contact avec vous prochainement.
Jean Puymorel n’entend même pas la réponse. Il dit à voix haute, se parlant à lui-même :
– Il faut que je prévienne sa femme.
– Où habite-t-elle ?
– À Paris.
– Voulez-vous que je demande à un collègue de la prévenir ?
– Non, merci. Je vais aller la voir moi-même. Elle est seule avec son fils.
– Vous avez un petit-fils ?
– Oui, il s’appelle Jean-David. Il a eu un an hier, répond Jean Puymorel, en regardant le gendarme, les yeux emplis de larmes. Mon fils devait venir en permission à la fin du mois…
– Je comprends, mon colonel. Si je peux faire quelque chose pour vous ou votre famille, vous pouvez compter sur moi.
– Merci.
– Je partage votre chagrin, reprend l’officier à voix basse. J’ai perdu mon frère en Algérie l’année dernière. J’espère que cette guerre va bientôt s’arrêter.
– Moi, aussi, dit Jean Puymorel en soupirant.
À ce moment, son esprit est ailleurs. Il pense à son fils, Claude, mais aussi à sa femme, Camille, décédée depuis trois ans. Il n’a désormais plus de famille, hormis sa belle-fille et son petit-fils. Le gendarme, sentant son devoir accompli, se lève et salue son hôte avant de se retirer. Celui-ci le raccompagne à la grille et lui serre longuement la main. Il retourne ensuite dans la maison. Il est midi, mais il n’a pas faim.
Il se réfugie au salon, s’assied dans un fauteuil, prend sa tête entre ses mains et se met à pleurer. Il souffre terriblement. Il pense à son fils, perdu à jamais. Il ne l’a pas vu grandir. C’est son fils qui lui a rendu l’envie de vivre après sa détention en Indochine, dans un camp de prisonniers, où il a connu l’enfer. Il a conscience qu’il appartient à une génération sacrifiée, victime de guerres qui ont mutilé de nombreuses vies. Il ne s’est jamais apitoyé sur son sort, bien qu’il n’ait eu droit à aucun choix. Il est devenu militaire par nécessité, car son père est mort à Verdun en 1916. Il a toujours pensé que les deux guerres mondiales devaient servir de leçon à l’humanité. Il espérait que son fils aurait un destin meilleur que le sien. Il avait d’ailleurs approuvé son choix d’être médecin plutôt que militaire.
Absorbé dans sa réflexion, Jean Puymorel reste environ une heure dans son fauteuil à méditer sur sa vie. Puis, il se lève et se rend dans la cuisine préparer un café. Le bruit de l’eau qui s’écoule lentement dans la cafetière et l’odeur qui parfume la pièce lui permettent de retrouver peu à peu ses esprits. Lorsque le café est prêt, il prend une tasse dans le buffet, la remplit et retourne dans le salon. En dégustant lentement cette boisson brûlante, qui le réconforte, il réfléchit à la façon d’annoncer la terrible nouvelle à Sarah, sa belle-fille. Au bout d’une heure, il décide d’aller la voir sans la prévenir. Elle aura, sans doute, besoin de son soutien. Elle n’a plus de famille, hormis une vieille tante qui commence à perdre la raison.
Il décide de partir le jour même. Il monte dans sa chambre préparer ses bagages. Il ouvre son armoire, choisit un costume sombre, une chemise blanche et une cravate noire. Il prend du linge pour plusieurs jours et le met dans sa valise. Il suppose qu’il restera un certain temps à Paris auprès de sa belle-fille. Après avoir achevé ses bagages, il redescend et sort dans le parc ranger ses outils de jardin. Il retourne ensuite dans la maison et ferme les volets.
Il n’informe personne, ne souhaitant pas donner d’explication sur les raisons de son départ précipité. Il téléphone à la gare de Vannes pour se renseigner sur les horaires des trains, puis commande un taxi pour seize heures.
2
À l’heure prévue, le taxi vient chercher Jean Puymorel pour le conduire à la gare. Durant le trajet, il reste silencieux. Assis à l’arrière du véhicule, il regarde à l’extérieur, l’esprit ailleurs. Au bout d’un moment, il ferme les yeux pour graver dans sa mémoire ces paysages maritimes que son fils aimait tant. Une fois à la gare, il prend un billet pour Paris. Disposant d’un peu de temps avant le départ, il choisit une revue de voile pour lire dans le train. Il n’achète pas de journal car tous les quotidiens évoquent la guerre.
Pendant le voyage, il regarde les photos de bateaux et d’océans, tout en parcourant, dans sa tête, le chemin de son existence. Il se souvient peu de sa ville natale, Guéret, où il n’a plus d’attache. Il en est parti depuis de nombreuses années. Ayant passé sa vie dans différents endroits, il a l’impression qu’il est de nulle part. Mais il considère que sa terre d’adoption est la Bretagne où il a acquis une véritable passion pour la mer. À dix-huit ans, il s’est engagé dans l’infanterie coloniale. Sa carrière militaire l’a conduit dans divers pays d’Afrique. En 1934, il se trouve dans la région d’Oran, en Algérie. Lors d’un bal, il rencontre Camille, une jeune institutrice dont les parents sont originaires du Morbihan. Ils se marient l’année suivante. Leur fils Claude naît en janvier 1937. En juillet de la même année, ils rentrent en métropole et s’installent en région parisienne car Jean doit suivre une formation d’officier à Saint-Cyr-l’École.
En septembre 1939, lorsque la guerre éclate, il est envoyé dans le Nord de la France. Pour ne pas rester seule à Paris, avec Claude âgé de deux ans, Camille s’installe près de ses parents à Kerloan dans le Morbihan. Elle parvient à se faire muter comme institutrice dans une commune voisine. Jean est fait prisonnier à Dunkerque en 1940 et emmené en captivité en Allemagne pendant cinq ans. Après sa libération, il est nommé à Vannes dans un régiment. Il s’y installe avec sa femme et son fils. Ils achètent une grande maison et commencent à savourer un peu de bonheur. Mais, un an plus tard, Jean est obligé de partir en Indochine où une nouvelle guerre a commencé. Il revient peu en permission, il ne voit pas grandir son fil

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