L Insomnie des douleurs
232 pages
Français

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L'Insomnie des douleurs , livre ebook

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Description

Alfred reçoit un appel téléphonique de Laure, son ex petite amie qui l’a quitté quelques années plus tôt sans raison apparente. Elle souhaite le revoir de toute urgence. À la veille de leurs retrouvailles, il est pris d’insomnie. Pour passer la nuit, il se remémore les moments heureux mais aussi malheureux passés avec elle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 août 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332777560
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-77754-6

© Edilivre, 2015
Dédicaces


Madame, Monsieur,
Je vous remets mon manuscrit, l’insomnie des douleurs. J’espère que vous le lirez jusqu’au bout…
Avec mes respectueux hommages.
L’Insomnie des douleurs


Les paupières mollissent… Il est 3 h 22 du matin. Je visse mes fesses sur ce canapé noir. J’inonde mon verre de whisky. Mon jour, c’est la nuit. Dans ce monde, je ne suis plus rien qu’un souvenir. Parfois, dans l’obscurité, j’aperçois l’âme irisée de la solitude… Ébranler, troubler, je le suis depuis ce coup de téléphone d’hier… Cet être qui gouvernait naguère chaque cellule de mon cœur aimerait me rencontrer demain. Qu’est-ce qu’elle me veut ? Je n’ai aucune idée…
Voilà ce qu’elle me laissa : une lettre ! Plusieurs fois au beau milieu de la nuit, dans la sueur de mes cauchemars : je revois son beau sourire triste. Je hume son odeur corporelle. Au moment où je m’apprête à l’embrasser sur la bouche, je m’éveille, paniqué, tel un vieillard au crépuscule de sa vie.
Pour ce qui est de nos retrouvailles, mon cœur émietté – palpite de chagrin. Laure… Laure… Elle était l’amour de…
Première partie
1
– Alfred, on s’éclatera demain ! Dave s’exclama-t-il. Ne me lâche pas vieux.
Il empoigna quelques cacahuètes grillées dans le bol en verre posé sur le comptoir et les mastiqua tout de suite. « Je compte sur toi ! Je compte vraiment sur toi vieux ! M’asticota-t-il ! »
Émilie, la serveuse bien râblée, nous servit une vodka pure. On trinqua, avala une bonne gorgée. Mon ami reniflant les exhalaisons de l’alcool :
– J’insiste, parce que je sais que tu détestes les anniversaires…
– J’y serai.
Il me tapota à l’épaule gauche.
– Merci, vieux !
– Je t’en prie.
Pas loin de la station de métro de saint-guidon, on se cramait le gosier dans le bistrot d’un ami à lui. Le bar bourdonnait à cause des poivrots installés à des tables voisines. Le liquide aigre dessinait sur leurs visages bouffis, tannés, cette joie débile qu’ils recherchaient toutes les nuits dans la bibine. Ils transpiraient. Ils chantaient. Ils hurlaient. En tapant sur la table, dans la chaleur, c’était vraiment pénible. Une fois que j’eus réglé la note de cinquante euros, on calta…
Dave, en train de conduire sur l’autoroute E40, m’avoua-t-il :
– Moi aussi je ne veux pas me rendre à cet anniversaire… Mais c’est pour Stéphanie. Tu le sais bien…
L’amour le rendait un peu lent. Ce cinoque projetait de se marier. Cette institution obsolète schlingue la pisse, la misère, et le ressentiment.
Épousée la personne que l’on aime, à mon avis, c’est le but principal d’une relation amoureuse, clamait-il le plus souvent. Il était peut-être l’un des derniers à croire qu’une vie équilibrée et accomplie se passait par des liens risibles du mariage. Quelle sottise !
Une fille bien fine et bien jolie avec des yeux bridés vêtue d’une robe rouge m’attendait dans le hall. C’était une pute ! Faire appel à une professionnelle du sexe, je n’éprouvais aucune honte à cela…
Sous la douche, j’entendis la sonnette… Le corps plein de mousse, je piétinai le parquet flottant de mon salon. Saisissais-je le combiné de l’Interphone, un peu essoufflé !
– Allô !
– Tu es en retard mec. Dave dit-il.
– Je t’ouvre ?
– Non.
– Ok.
– Accélère !
– Humm.
Voilà ce que j’enfilai : un jean bleu, une chemise noire. La crème effaça les traces du calcaire sur mon visage. Le parfum estompa ma puanteur originelle. Sans fermer à clef, je claquai la porte.
Dans le couloir, j’avançais vers l’ascenseur, lequel prenait son temps. Impossible de prendre l’escalier : je créchais au 22 e étage. Du hall, j’aperçus la Mercedes Benz de Dave. Stéphanie sortit du véhicule du moment qu’elle m’eut vu. Sa robe noire était chic.
Sans ses sandales noires à talon aiguille, elle mesurait un mètre cinquante, en tirant dessus. On se fit la bise. Je m’installai dans la banquette arrière. Mon ami me serra la main. Il portait au poignet gauche une montre Cartier. Son pantalon beige lui donnait une allure élégante. Sa chemise bleue reflétait bien la couleur du ciel. En démarrant, il vida d’un trait son jus d’orage. Il jeta la bouteille dans la poubelle se trouvant à l’arrêt du bus de chez-moi.
– Bien visé ! Stéphanie s’exclama-t-elle.
– Que crois-tu ? Je suis un vrai champion.
– Crâneur !
– J’aurai plutôt tendance à dire : honnête… N’est-ce pas mon pote, s’adressa-t-il à moi.
– Humm.
– Il est bien réveillé aujourd’hui.
– Lâche-le !
– Tu comptes vider combien de bouteille tout à l’heure ?
Stéphanie tourna son regard vers moi, sourire aux lèvres.
– Ne l’écoute pas…
– Humm…
Dans la boîte à gants, elle dénicha un CD et le glissa dans le lecteur.
Sur l’autoroute E19, les deux chantaient avec force ce refrain :
– Dirty Diana, nah.
– Dirty Diana, nah.
– Dirty Diana, no.
– Dirty Diana.
– Let me be !
– Oh no…
C’était la célèbre chanson du légendaire Michael Jackson. Au début du prochain morceau, Dave appuya sur la pause.
– Mec ! M’interpella-t-il, j’aime venir te chercher. J’aime vraiment…
– Pourquoi prends-tu ce ton sarcastique ?
– Tu es toujours ponctuel ! Ironisa-t-il, j’adore…
– Il aime t’ennuie.
– Humm.
Elle passa la main dans les cheveux. « Alfred !
– Oui.
– Dave m’a dit que tu voulais vraiment venir.
– Et ?
– Est-ce que c’est vrai ?
– Humm. »
Mon ami dirigea son regard franc sur moi, me fit un clin d’œil. Sa copine s’écria :
– Bébé, la route !
– Ne panique pas ! Je vois tout moi !
– Oui, c’est cela…
Les arbres défilaient. Les feuilles arboraient la couleur estivale. Les bagnoles roulaient à grande vitesse dans les deux sens. Le parfum Nina Ricci de Stéphanie flottait dans la voiture. Kilomètre après kilomètre, mes oreilles recevaient les confidences intimes d’un couple amoureux et plein de projets.
– Hier, nous avions effectué des examens pour la fécondation in vitro, me confia-t-elle d’une voix calme.
Dave lui caressa la joue gauche.
– Bonne chance !
Les deux s’exprimèrent en même temps :
– Merci le parrain !
– Vous m’honorez…
– Tu acceptes ? me demanda-t-elle.
– Bien sûr.
– Tu seras plus qu’à la hauteur, affirma Dave, j’en suis certain…
Toutefois, malgré l’émoi que cette nouvelle suscitait en moi, mes phrases furent froides autant que mon apparence. Ils étaient habitués. Normal. Bien avant mon âge d’homme, nous eûmes vécu de nombreux printemps ensemble.
Le bouchon des dix derniers kilomètres ne nous empêcha guère d’arriver à l’heure. Dans une petite ruelle pavée, à deux pas de notre destination, on se gara. Stéphanie récupéra dans le coffre deux sacs pelliculés noirs.
2
Nous franchîmes la grille d’entrée d’une villa clôturée par des végétaux, à vue d’œil, exotique. J’aperçus la trombine de Carole sur le perron. Sa robe noire, bien moulante, lui donnait une allure élégante. Elle descendit l’escalier, étreignit sa cousine… Tout de suite elles ont commencé à jargonner. En dehors des mots chaussures, Chanel, nouvelle collection, je ne captai rien… Enfin, notre amphitryon tourna ses yeux vairons sur nous au bout de deux ou trois minutes. Le regard rieur, formula-t-elle :
– Je suis désolée messieurs ! Je l’avoue, je n’ai pas été attentive à votre égard. Désolée !
– Ce n’est pas grave, tu sais qu’Alfred et moi adorions écouter les messes basses des nanas. Ne t’inquiète pas…
– Il est toujours sympa ton mec…
– Je sais…
Dave lui fila le sac-cadeau.
– Merci, je l’ouvrirai tout à l’heure.
– Ah non, fous-le à la poubelle…
S’adressa-t-elle à sa cousine :
– Il ne s’arrête jamais.
– C’est Dave…
– En tout cas, il est de plus en plus beau…
– Femme, tu peux me parler directement…
– Tu es pénible…
– Bravo ! Tu as tenu une minute…
Elle fit un rictus. Mon pote l’apostropha-t-il :
– Ma belle, bon anniversaire !
– Merci…
Voilà qu’elle m’embrasse sur la joue. Lui dis-je :
– Je n’ai pas de cadeau pour toi. Désolé.
– Ce n’est pas grave…
– Je te souhaite bon anniversaire quand même.
– Merci.
Nous étions à Waterloo, une commune du brabant wallon.
La pop américaine résonnait dans le salon spacieux et lumineux. Une vingtaine de personnes s’y trouvaient déjà. Se dégageaient diverses odeurs, pas du tout pestilentiel. Un monsieur grisonnant appela Dave. C’est le daron de Carole, m’informa mon ami…
Aussitôt les deux filles eurent repris leur causerie de tout à l’heure, je me l’éloignai d’elles. Durant une minute, j’épluchai la décoration contemporaine de cette villa construite sur deux étages. Bien que les climatiseurs soient en marche, on étouffait un peu. Au buffet, je ne pouvais rien grignoter. J’empilai mon verre de whisky. Je restai un moment dans la cuisine américaine à observer Dave en pleine conversation avec le père de Carole. Deux brunettes et une métisse dansaient au milieu du salon. Non loin de la cheminée encastrée contre le mur crémeux, j’allai m’installer sur le fauteuil en prune.
Une blonde d’âge mur, le teint hâlé, fit la bise à Dave, ensuite, embrassa le géniteur de Carole sur la bouche. Visiblement c’était l’épouse de ce dernier. Tout ce monde semblait prendre du bon temps. Ils se trémoussaient, ils se poivraient ; certains pour se faire remarquer : gueulaient. La petite basanée qui dansotait non loin du piano à queue noire avait de gros nichons. Un éphèbe trapu lui apporta un verre de champagne… Me suis-je resservi de whisky ! Trois mecs d’un air miteux s’arrêtèrent à côté de moi. Ils se poilaient à chaque morceau de phrase.
À mon sixième verre de la soirée, Dave abandonna les parents de Carole. Maintenant que nous étions à côté l’un de l’autre, me questionna-t-il :
– Est-ce que tu apprécies la soirée ?
– Je m’amuse à fond. Merci mec !
– Tu te fais chier !
– C’est un euphémisme.

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