La Douleur s estompe-t-elle vraiment avec le temps?
241 pages
Français

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La Douleur s'estompe-t-elle vraiment avec le temps? , livre ebook

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Description

Né d’une mère dépressive et d’un père qui croit qu’il suffit de s’en remettre à Dieu pour que tout s’arrange, Toby, tout comme son jeune frère Loïc, se sent totalement désinvesti affectivement. Il cherche à combler ce vide dans la rue, mais après des années à errer dans les strates d’un quotidien marqué par la drogue, la violence et la dépravation, il finit par vivre en marge de la société. Par l’entremise de rencontres aussi improbables qu’inespérées, il tente de se reconstruire et d’alimenter cette petite flamme de vie qui brûle encore en lui... Mais La douleur s’estompe-t-elle vraiment avec le temps ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 janvier 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782898311659
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Chapitre 1
Bonjour Kaël,
Je ne pouvais pas partir sans t’écrire un petit mot. Tu vas me manquer beaucoup pendant ce voyage. Tu m’as fait découvrir ma valeur à un point tel qu’aujourd’hui je m’apprête à faire le Grand Voyage.
Te rappelles-tu les premières fois qu’on s’est vus ? Maudit que j’avais peur de toi. Je me demandais tout le temps « que me veut ce vieillard ? ». Ta douceur m’a souvent fait pleurer de l’intérieur même si c’est surtout mon arrogance que je te montrais. Tous ces efforts que tu as déployés m’ont fait voir pour la première fois que peut-être j’en valais la peine.
Avec toi j’ai compris ce que voulait dire « être apprivoisé »… personne d’autre n’avait su le faire avant toi. C’est bon d’être apprivoisé. C’est se découvrir une petite place, une petite place dans le cœur de quelqu’un. Je veux que tu saches combien tu es important pour moi. Tu m’as sorti de l’anonymat pour que je puisse prendre ma place.
Je t’aime très fort, tu sais.
Quand je serai grand, je voudrais être comme toi… voir plus loin que les apparences. Avoir le cœur assez grand pour pouvoir apprivoiser à mon tour.
Je me sens tout seul sur mon bateau… mais ce n’est rien comparativement à l’isolement que je vivais avant. La nuit est tombée et ça me laisse encore plus avec le vide. Je sais que c’est à moi maintenant d’emplir ce vide. Il y aura cependant toujours une place qui sera remplie de toi. Tu l’as bien gagnée. J’ai amené ta photo avec moi ; dans les moments difficiles, elle sera mon support. Je sais que tu penseras à moi tout ce temps, et ta pensée me parviendra par le vent !
Il est tard, je me sens fatigué ; je dois ramasser mes forces avant de partir… et aussi réaliser que je pars.
Comme c’est la nuit, je vais aller m’ancrer à l’embouchure de la baie ; il ne me restera plus qu’à me jeter au large… quand je serai prêt (au lever du jour).
Merci de m’avoir conduit jusqu’ici… je t’aime.
Loïc
Il y a maintenant plusieurs mois que Loïc est revenu de son Grand Voyage. Pour lui, dorénavant, le mot mer peut s’écrire mère . En effet, la mer sur laquelle il a navigué l’a porté, nourri, bercé. Plus encore, elle l’a confronté et contraint à se dépasser, à grandir. Le jour où il est parti, on lui a dit : « c’est un enfant qui part, mais c’est un homme qui reviendra ». Et c’est le cas. Dans la mesure où l’on admet qu’un enfant de treize ans puisse être un homme. Il est devenu un homme dans le sens de courage, de dépassement, de persévérance, de foi.
Yohan, le petit compagnon de route de Loïc, savait très bien ce qu’il faisait le jour où il l’a convaincu de le suivre à ce « camp de vacances ». En fait, ce qui en apparence ressemblait à la reproduction d’un village autochtone était en réalité un vrai village autochtone. Les membres d’une tribu, dont Yohan, y vivaient en permanence ; quoique Yohan et quelques autres avaient des contacts plus réguliers avec la « civilisation ».
Contre vents et marrées, ce peuple avait su, au fil des siècles, prouver son autosuffisance aux différents gouvernements et ainsi préserver cette terre qui avait une symbolique des plus profondes pour qui cherche ses racines. Mis à part les gouvernements et quelques privilégiés, l’existence de ce peuple est ignorée de tous. L’abondance et le caractère sauvage de la végétation ainsi que les multiples montagnes rocheuses doublées de hautes falaises surplombant la mer, rendent cette région inhospitalière, mais, surtout, préservent les membres de la tribu des regards curieux et inquisiteurs. Ainsi, tel un vestige d’une civilisation lointaine, ce village se dresse fièrement dans une vallée à flanc de montagne et perpétue les traditions sacrées des ancêtres.
Une de ces traditions veut qu’à l’âge de treize ans, chaque garçon subisse l’épreuve ultime : le « Grand Voyage ». Selon cette tradition, la mer porte en son sein l’essence même de la vie : elle peut être douce, elle peut être déchaînée ; elle peut abreuver, elle peut assécher ; elle peut nourrir, elle peut faire périr ; elle peut bercer, elle peut malmener ; elle peut porter, elle peut faire sombrer. Affronter la mer, seul, c’est partir à la conquête de la vie… de sa vie. De sa vie, parce que les ombres de la nuit nous ramènent toujours nos propres fantômes. Aussi implacables que les raz-de-marée, ils surgissent de nos ténèbres intérieures, ne nous laissant d’autres alternatives que de les affronter. Ils se dressent devant nous tel un mur à abattre. Un mur contre lequel se heurtent la vanité et l’orgueil, mais derrière lequel se trouve la paix. La paix de l’âme, la paix de l’esprit.
Loïc a su affronter ses démons intérieurs avec un courage digne des plus grands guerriers. Mais surtout, il a appris à écouter son cœur. Pour lui, le combat a commencé bien avant la levée de l’ancre. Né d’une mère dépressive, il s’est nourri au sein de l’angoisse. À peine s’ouvrait-il à la vie que déjà son cœur se refermait. N’eût été la présence chaleureuse de son grand frère, la morosité n’aurait fait qu’une bouchée de sa fragilité. Un jour, son frère est parti pour ne plus revenir. Loïc a alors sombré doucement dans la torpeur et l’oubli. L’oubli d’un père qui croyait qu’il suffisait de s’en remettre à Dieu pour que tout s’arrange. L’oubli d’un père dont la présence n’avait d’égale que son absence. Présence d’un père dont la foi le préservait de toute implication affective. Lorsque l’on naît entre l’angoisse et le vide, on développe immanquablement l’angoisse du vide. Loïc s’est refermé peu à peu. Lentement mais sûrement, son cœur est devenu amnésique. C’est alors que Miguel, enseignant de Loïc et membre « secret » de la tribu, avec la complicité de son fils Yohan, a décidé d’intervenir. Sous le couvert d’un camp de vacances, ce village s’est avéré en réalité une terre de réhabilitation pour Loïc.
La rencontre de Kaël, ce vieil homme étrange, a sauvé Loïc d’une mort affective qui, comme une gangrène, évolue insidieusement. Il s’est dressé telle une forteresse devant les intempéries de la vie, pour laisser le temps à un petit arbuste de prendre racine et de se développer dans la quiétude indispensable à la sauvegarde de l’intégrité. Plus encore, il a été cette terre riche qui nourrit, guérit et permet de s’éveiller à la vie.
À son contact, Loïc a réappris à vivre. Il ne se sentait plus étouffé par le vide dans lequel il avait grandi. Kaël l’a instruit à l’école du cœur, celle-là même où l’on part à la conquête de son continent intérieur. Cette école où l’on fait l’apprentissage des grandes leçons universelles : l’apprivoisement, la confiance, l’abandon de soi, l’amour. Il goûte maintenant la liberté, il respire enfin.
Avec Yohan, il explore les régions environnantes tel un grand explorateur. Plusieurs des paysages qu’embrassent leurs yeux sont à couper le souffle. Mais plus important encore que ces petits paradis découverts est sa capacité retrouvée d’émerveillement. Il mord à pleines dents dans cette vie qui s’offre à lui.
Son cœur connaît également ses premiers élans amoureux : elle s’appelle Sacha. Tout son être transpire la joie de vivre. Ce petit tourbillon de bonheur aborde la vie avec tellement de simplicité et de spontanéité que Loïc ne peut faire autrement que de succomber au charme si naturel de ce petit ange incarné. Tantôt, à travers le jeu, ils goûtent l’insouciance de l’enfance retrouvée. Tantôt, à travers leurs silences, ils semblent communier à ce que Kaël appelle l’Âme universelle. « Si dame nature a ses humeurs, l’Âme universelle a le langage du cœur » se plaît à dire le vieil homme.
* * *
Après plusieurs heures de navigation tranquille sur des eaux presque miroir, Yohan et Loïc accostent leur voilier dans une baie où la plage semble se prosterner devant une majestueuse falaise.
— Je veux te montrer quelque chose, dit Yohan à Loïc qui n’entend rien tellement il est fasciné par cette masse rocheuse. Alors que ses yeux contemplent les escarpements

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