LE FEU SUR LA PEAU
211 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

LE FEU SUR LA PEAU , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
211 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

À la fois fresque historique et grand roman d’amour, Le feu sur la peau est porté par un remarquable sens de l’image et une écriture charnelle.


Il est médecin-chercheur, elle est guérisseuse. Il est franco-américain, elle est à moitié irlandaise. Tous les deux se trouvent dans des camps opposés lorsqu’en 1885 un mal insidieux menace les Montréalais.

Une meurtrière œuvre dans l’ombre et défigure ses victimes : la terrible variole. L’épidémie va se transmettre comme une traînée de poudre. Une campagne de vaccination adéquate aurait pu la contenir, mais des intérêts économiques entrent en jeu, sans compter que les autorités de la ville se montrent frileuses. Même le clergé s’en mêle.

Erreurs et malchances, mais aussi un mélange d’ignorance, de fatalisme et de méfiance excessive entraînent Montréal dans une spirale infernale. On assiste à une véritable danse macabre sur fond de rivalité ethnique. Les principales victimes seront des enfants canadiens-français.

Les événements se bousculent, s’entrechoquent. Les alliés d’hier peuvent devenir les pires ennemis… et vice-versa. Difficile de dire qui s’en sortira indemne.

Au cœur du fléau se profile une relation amoureuse enflammée entre deux êtres que tout sépare au départ. Comment installer dans la durée cette parenthèse charnelle quand la mort rouge menace?

Le feu sur la peau, portrait à la fois épique et sensible d’une crise médicale, sociale et politique en pleine ébullition.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 avril 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782764437759
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur
Adulte
Rut rural , Éditions Québec Amérique, 2018.
Bancs publics, collectif, nouvelles, Lanctôt éditeur, 2006.
Copiés/collés , poésie, Trois, 2000.
Haine-moi ! , Lanctôt éditeur, 1997.
Yuppie blues , Éditions Québec Amérique, 1994.
Micro-textes , poésie, Écrits des Forges, 1990.
• Prix Octave-Crémazie 1990
Jeunesse
Un perce-oreille dans l’oreille , Éditions Z’ailées, 2014.
Un Esquimau dans le frigo , La courte échelle, 2009.
Un génie dans les tuyaux , La courte échelle, 2009.
La main vivante , La courte échelle, 2006.
Le fantôme de la piste 9 , La courte échelle, 2005.
Lucifer Jones , La courte échelle, 2005.
Le monstre du sofa , Éditions Michel Quintin, 2004.
Lucifère Première , La courte échelle, 2004.
Le Balafré du cap du Diable , Éditions Michel Quintin, 2003.
Lucifer, mon grand-père , La courte échelle, 2003.
Docteur Soccer , La courte échelle, 2002.
Une panthère dans la litière , La courte échelle, 2002.
Marie-Maillot , Éditions Alexandre Stanké, 2001.


Projet dirigé par Danielle Laurin, éditrice

Conception graphique : Claudia Mc Arthur et Nathalie Caron
Mise en pages : Andréa Joseph [pagexpress@videotron.ca]
Révision linguistique : Sylvie Martin et Chantale Landry
En couverture : À partir de la photographie de Yohana Triariany / shutterstock.com
Conversion en ePub : Marylène Plante-Germain

Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada. We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Titre : Le feu sur la peau / Paul Rousseau.
Noms : Rousseau, Paul, auteur.
Collections : Tous continents.
Description : Mention de collection : Tous continents
Identifiants : Canadiana 20190013559 | ISBN 9782764437735
Classification : LCC PS8585.O853 F48 2019 | CDD C843/.54—dc23
ISBN 978-2-7644-3774-2 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3775-9 (ePub)
I. Titre. II. Collection : Magellan.
PS8607.R68R58 2019 jC843’.6 C2018-942880-5 PS9607.R68R58 2019

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2019
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2019

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2019.
quebec-amerique.com





À Yves Poirier, le premier converti, qui partage la paternité de certains personnages et de quelques bonnes idées.


1 Montréal 1885
Les ouvriers émergent des usines par vagues bruyantes en créant ici et là des tourbillons agités. Les femmes favorisent les abords du chemin et les rares trottoirs de bois pour éviter de souiller davantage leurs robes et leurs longs tabliers. Les hommes, qui se moquent bien des flaques de boue, se répandent dans la rue en fanfaronnant. Certains vont même jusqu’à stopper de la main le flot de calèches et de charrettes, le temps d’allumer une pipe ou de lancer une blague d’une voix trop forte parce que leurs tympans tardent à s’ajuster après le vacarme des manufactures.
Ces sorties d’usine du samedi midi se déroulent généralement dans la bonne humeur. Rien à voir avec la grisaille des soirs de semaine, alors que les travailleurs s’échappent, fourbus, des manufactures, le regard éteint et le pas pesant, avec le désir ardent de se précipiter sur la première paillasse en vue pour se libérer de leur fatigue. Le samedi, le déferlement se fait au grand jour, sous les pépiements des oiseaux et les rires de la rue. Mais surtout, il a le mérite d’ouvrir la voie à une période de repos d’une journée et demie, une pause accueillie par les ouvriers comme la possibilité de vacances à la mer pour les bourgeois. Toutes ces choses rêvées pendant la semaine avec du temps pour les faire… Il y aura assurément du rattrapage de tâches et de sommeil, mais ensuite, il y aura l’espoir d’aventures au gré d’une promenade au parc, d’une noce ou d’une fête foraine.
Pour Will Donovan, la période de repos se conjuguera au rythme du jeu, de ses jeux : cachette, courses, bousculades et, inévitablement, bagarres. À dix ans, il possède une énergie sans limites que l’abrutissement du travail n’arrive pas à tarir. Même s’il n’est pas encore bien grand, il est assez fort. Pas aussi fort que son idole, le fameux Louis Cyr, mais un jour peut-être, lorsqu’il aura grandi.
Avant toute chose, Millie. La fillette poireaute à sa place habituelle, aux abords de la ruelle de sa mère. Bien sûr, la venelle n’appartient pas à sa mère, mais c’est là qu’elle reçoit ses clients. Près du mur du fond. Millie doit attendre à l’entrée du passage, sans jamais s’éloigner du trottoir de bois. La présence de l’enfant sur le coin sert aussi d’indicateur : les autres filles comprennent que la place est occupée.
— Montre ton bébé, Millie.
Les yeux de la petite s’allument comme des lampions de chapelle. En trépignant, elle extirpe de la poche de son tablier sale une catin effilochée. Will sort de la sienne un bout de ficelle grisâtre, qu’il ajoute au tortillon de textures et de couleurs disparates.
— Tiens, ça va y faire une plus longue jambe, annonce-t-il après avoir attaché son bout de fil à la poupée de fortune.
La fillette observe un moment la figurine modifiée puis essaie de la faire courir sur le trottoir.
— Mon bébé boite !
— Il va boiter jusqu’à lundi seulement, Millie. Après, y aura deux longues jambes, deux belles jambes. T’es capable d’attendre jusque-là, quand même. Après tout , tu passes déjà tes journées à patienter, Millie.
— J’suis tannée d’attendre. J’veux aller à’ factrie comme toi.
— Trop petite encore. T’as jusse cinq ans. Tu sais ben qu’ils nous prennent pas avant huit ans.
— C’est dans longtemps, ça ?
— C’est dans trois ans. Tu sais faire trois avec tes doigts ?
Millie extrait deux doigts menus de sa mitaine trouée. Ce qui fait bien rigoler Will.
— Hé, Donovan, t’es prends jeunes !
La voix est nasillarde, désagréable, reconnaissable entre toutes, même de loin. Will grommelle un juron appris à l’usine en voyant son tourmenteur habituel et ses deux acolytes ricaneurs traverser la rue en courant.
— Cache ton bébé, souffle Will.
Puis, se retournant pour faire face aux arrivants :
— Sacre-moi la paix, Robidoux !
— Sacre-moi la paix ! répète Robidoux en imitant la voix claire de Will, qui, en ce moment, donnerait cher pour avoir grandi.
Robidoux, lui, s’est allongé d’au moins six pouces au cours de la dernière année, et sa voix est en pleine mue : un mot dans l’enfance pour deux dans l’âge adulte.
— Qu’est-ce que tu caches là, toi ?
Robidoux étire le bras et s’empare du bébé que Millie dissimulait dans son dos.
— Ma poupée !
— Ça, une poupée ? s’amuse Robidoux. On dirait une guenille en poils de rat !
Ce qui fait bien rire ses deux sbires.
Les larmes aux yeux, Millie tente de récupérer son bébé, mais Robidoux l’écarte d’une poussée.
— Monsieur fait des cadeaux à la p’tite pute ?
Will n’a pas grandi, mais il est à moitié irlandais. La moutarde lui monte facilement au nez. Il est tellement en colère que ses taches de rousseur paraissent sur le point d’éclater.
— Excuse-toi, Robidoux !
— Quoi ? M’excuser ? P’tite pute ! P’tite pute ! P’TITE PUTE, NA NA NA ! répète Robidoux en écrasant le semblant de poupée avec sa bottine boueuse.
— EXCUSE -TOI ! hurle Will, prêt à foncer dans le tas tête baissée.
C’est à ce moment que Robidoux sort son arme secrète : un peigne à carder. Will fixe avec appréhension cette palette bardée de pics servant à démêler la laine. Il y a déjà goûté une fois, et ça lui fait encore mal.
Tant pis, ces trois-là vont se retrouver avec un carcajou dans les pattes, se dit Will. On verra bien s’ils réussiront à piquer cette furie. Il se cabre, prêt à bondir, lorsque ses adversaires ont une réaction surprenante : ils reculent.
En amorçant son élan, Will provoque un nouveau recul. Il hésite. Peut-être que la colère le fait grandir ? Comme ces animaux qui se gonflent pour effrayer l’ennemi…
Mais Robidoux et ses comparses ne se soucient plus de lui. Leurs regards sont rivés sur un point au-dessus de sa tête, un peu plus loin du côté ombragé de la rue. Ils suivent un instant sa progression, et lorsqu’il n’y a plus de doute, Robidoux s’écrie :
— Le bonhomme Sept-Heures ! On s’sauve, les gars !
...
Julia est à la traîne d’un groupe d’ouvrières dont aucune n’est encore sortie de l’adolescence, même si quelques-unes sont déjà mariées. Elle écoute d’une oreille distraite les papotages des sœurs Chénard, ses compagnes des métiers à tisser, tout en se retournant de temps en temps pour garder Will à l’œil. Depuis que leur mère est morte, elle assume le rôle de grande sœur protectrice, à la fois réconfortante et sévère, car Will est toujours fourré dans de sacrés pétrins. C’est de famille, sans doute. Elle-même possède un caractère abrupt et un franc-parler qui lui attirent parfois des ennuis, et lui en évitent aussi. Maintenant qu’elles abandonnent la sécurité du foyer pour aller travailler en usine, les femmes doivent être en mesure de se défendre.
Azilda, l’aînée des sœurs Chénard, en est à détailler les dernières gaucheries du neveu du propriétaire de l’usine, un grand dadais boutonneux de dix-sept ans qui ne peut croiser une travailleuse sans rougir jusqu’aux orteils,

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents