Le Garçon qui ne parlait à personne
82 pages
Français

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Description

Le Garçon qui ne parlait à personne
Guy Bergère
Roman de 287 000 caractères, 49 500 mots, 240 pages en équivalent papier.
L’entrée en seconde fait connaître à Éric de nouveaux visages. En particulier, ce camarade dont plusieurs se moquent de son prénom un peu suranné et profitent de son caractère timoré pour l’éreinter sans trêve. Leur victime fait le gros dos, reste dans son coin et ne parle à personne, au point que certains l’ont surnommé « le glaçon ».
Or Éric se rend compte que ce garçon martyrisé lui ressemble beaucoup, aussi bien de caractère que de goûts. Plus encore : ce garçon lui plaît ! Quoique intimidé par les gaillards qui oppriment celui qui l’a ému, il n’aura de cesse de tenter de lui venir en aide et de gagner son cœur.


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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 décembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029402517
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le garçon qui ne parlait à personne
 
 
Guy Bergère
 
 
 
 
roman
 
 
 
1. Le glaçon
2. Promenade dominicale
3. Piscine
4. Sortie amicale
5. Roux
6. La valse des plateaux
7. Vacances
8. Secret de famille
9. Rumeurs
10. Compétition
11. Ensemble
 
 
 
 
1. Le glaçon
 
 
C‘est aujourd’hui que les classes reprennent. Pour moi, Éric, quinze ans et demi, il s’agit d’une rentrée particulière puisque j’aborde la seconde et le lycée. Sans appréhension tout de même, il n’y a que les adultes pour nous seriner, à chaque nouvelle étape, que ça devient sérieux et que désormais il faudra s’accrocher ! Car jusqu’à présent, je dirais... que j’ai plutôt eu des facilités pour apprendre, que j’ai toujours su tirer mon épingle du jeu. Au collège, sans forcer j’avais quinze de moyenne, je ne vois pas pourquoi je m’affolerais sous prétexte qu’on m’a rabâché que ça allait devenir plus dur.
Moi, à l’école, ce sont plutôt mes relations avec les autres élèves qui m’angoissent parfois. Car... ils acceptent mal les garçons comme moi qui raflent les bonnes notes, mais restent plutôt timorés dans la cour aussi bien qu’en sport. En sixième et cinquième surtout, ça ne se passait pas bien : on se moquait de mes maladresses chaque fois que je devais renvoyer le ballon, on soulignait mes piètres performances à la course ou au saut en hauteur, on me traitait de lâche quand je refusais les provocations de ceux qui cherchaient la bagarre sous des prétextes futiles.
J’ai vite compris pourtant que ceux qui me dénigraient devenaient tout miel quand ils avaient besoin de mes lumières à propos d’un devoir à la maison auquel ils prétendaient ne rien comprendre... ou du moins qui les ennuyait. Ces petits coups de pouce m’ont permis finalement de me faire une place, d’être un peu moins critiqué, que mon intégration parmi les autres devienne supportable.
J’ai aussi perçu ne pas être le seul à me faire éreinter par ceux qui critiquent tout et tout le monde en jouant les petits chefs. Entre élèves calmes, agacés par les chamailleries des provocateurs, nous nous sommes confortés. Avec Vincent, Serge, Patrice et Laurent, nous avons formé un petit comité d’inséparables, bientôt rejoints par Aurélie qui est devenue très vite la petite amie du premier. Toutefois... je regrette un peu que cette camaraderie soit toujours restée très superficielle : se retrouver ensemble dans la cour, discuter des incidents liés à notre scolarité, et... c’est à peu près tout. Car la grille de l’établissement franchie, chacun rentre chez soi en ignorant les autres.
Patrice et Laurent m’ont suivi en seconde générale. Pas Vincent ni Aurélie qui ont pris une autre orientation, ni même Serge qui était mon voisin de table l’année dernière. Quant aux autres élèves de ma nouvelle classe... à peu près la moitié sont issus de mon collège, pas tous de la même troisième que la mienne, et beaucoup de visages nouveaux sont venus s’y ajouter.
Quand nous entrons en classe, les anciennes affinités ressurgissent, ceux qui se connaissent déjà se mettent ensemble. C’est ce que font Patrice et Laurent, me laissant seul derrière eux au fond de la salle. Après tout, j’aime mieux, c’est un emplacement discret qui me permettra, je l’espère, d’éviter d’être le point de mire de ceux dont je me défie : les anciennes grandes gueules de ma troisième et, sans doute, celles qui viennent d’ailleurs. Plusieurs d’entre eux ont le crâne rasé, ce qui leur donne un aspect de garçons durs qui me les fait craindre. Certaines filles semblent glousser et s’esbaudir pour un rien : d’elles aussi je me méfie, de leur langue acérée qui risque d’attirer l’opprobre sur les élèves qu’elles voudront éreinter.
En fait, ce n’est pas moi, aujourd’hui, qui vais polariser l’attention. Quand le professeur fait l’appel, un prénom déclenche soudain une huée moqueuse, sans aucun doute issue de ceux qui le connaissent déjà : Constantin-Édouard.
Il est vrai que cet énoncé plutôt inhabituel surprend. Mais je me sens plutôt offusqué de la réaction peu charitable de la quasi-totalité des élèves qui ont fait écho aux sifflets des plus bornés. J’observe de qui il s’agit : étonnamment, c’est l’un des crânes rasés qui lève la main, un garçon assez grand, au teint pâle, qui reste impassible sous les lazzis que le professeur a quelque peine à faire taire. Une fois le calme revenu, ce dernier affirme cependant aussitôt son autorité :
— Votre comportement est inqualifiable ! D’une part, personne ne choisit son prénom et celui qui le porte n’en est pas responsable, d’autre part aucune indignité ne s’attache à aucun nom d’être humain, quel qu’il soit. Je vous préviens que le premier que j’entendrais réitérer ce genre d’humiliation sera impitoyablement collé, même si ce n’est pas lui qui a commencé et même s’il n’est pas le seul !
La classe se tait.
Pour ma part, à ma grande honte, cet incident m’a presque conféré un sentiment de soulagement. Car il semble indiquer que si quelqu’un devient la tête de Turc de ma classe, cette année ce ne sera peut-être pas moi. Je me dis pourtant que ce garçon ne mérite pas d’être traité ainsi, que ce prénom un peu démodé qui, dans l’esprit de beaucoup, l’apparente à un milieu snob n’implique en aucune manière le caractère réel de celui qui le porte. Et je prends une résolution : si les têtes de lard de la section lui cherchent noise, je prendrai sa défense !
Ouais ! Plus facile à décider qu’à tenir. En réalité, je ne suis pas sûr du tout que j’aurais ce courage. Déjà, rien que pour simplement faire la connaissance des nouveaux qui ne n’ont rien dit ni rien fait, j’ai beaucoup de difficulté, alors...
Le professeur qui nous a pris en charge a maté d’entrée les moqueurs. Malheureusement, la scène va se reproduire avec chaque nouvel enseignant, qui n’auront pas tous la même énergie pour ramener le calme. En anglais, où les lazzis perdurent un moment, j’interpelle discrètement mes deux camarades placés devant moi :
— Ça commence à bien faire, vous ne trouvez pas ?
— J’ai l’impression que les têtes de nœud qui mènent la danse sont pires que ceux de notre collège, estime Laurent.
— Remarque, pendant ce temps-là, ils foutent la paix aux autres, déclare Patrice.
Quoiqu’ayant eu la même réaction, je m’offusque :
— Vous n’avez pas compris ! Aujourd’hui c’est ce gars-là qui paye, mais demain ce sera peut-être l’un de nous. Et pour lui, c’est l’enfer !
Nous ne savons cependant rien faire d’autre que de rester cois.
 
*
* *
 
Dès la seconde semaine, ces explosions moqueuses se calment tout de même. Les menaces des enseignants les plus fermes ont porté leurs fruits, et les autres ont trouvé la parade : ils appellent le garçon persécuté par son nom de famille, Marcellin, qui ne porte personne à en rire.
Le travail sérieux commence, et les élèves comme moi, intéressés par leurs études, s’y investissent. Hormis lors de ces incidents de la rentrée, je ne me suis guère soucié de mes nouveaux camarades. J’ai juste remarqué que ce fameux Constantin-Édouard était un garçon discret, plus que discret même, car je ne l’ai jamais entendu dire autre chose que « présent », sauf quand il est interrogé à l’oral où ses réponses toujours limpides et exactes semblent le révéler comme un élève brillant. Évidemment, c’est souvent une condition suffisante pour devenir le point de mire des moqueurs.
Mes anciens camarades du collège et moi-même ne sommes pas les seuls à nous sentir révoltés par le comportement de ceux qui l’éreintent. Sylviane, une fille issue d’une autre troisième de mon collège, n’a pas sa langue dans sa poche pour invectiver dans la cour les plus obtus.
— Qu’est-ce que vous lui reprochez, à Marcellin ? Il n’est pas plus ridicule de s’appeler Constantin-Édouard que de s’appeler Alex comme toi ou Christophe comme toi ! proteste-t-elle en désignant les deux meneurs.
— Tu ne le connais pas ! réplique le premier. Il méprise tout le monde : regarde-le, toujours dans son coin sans parler à personne. Un vrai glaçon !
— Si c’est pour que chaque parole soit tournée en dérision, il a raison de se taire.
— Ce n’est pas une poufiasse comme toi, avec ta coiffure de grand-mère, qui va nous faire la leçon.
— Et toi ! Tu t’es vu avec tes bottes de cow-boy ?
Ses copines renchérissent et les deux garçons préfèrent rompre en leur tournant le dos. Ils comprennent que leur jeu cruel ne fait pas l’unanimité... ce qui les calme quelque peu, malheureusement sans leur faire renoncer à asticoter leur victime favorite : les petites piques qu’ils lui adressent à tout propos sont légions, sans compter les plaisanteries stupides comme le bousculer dans les couloirs ou lui flanquer sa trousse par terre en passant près de son pupitre.
 
Pourtant son surnom, « le glaçon », semble approprié. Que ce soit en classe ou dans la cour, non seulement il ne parle à personne, mais son visage reste de marbre, comme indifférent. Sauf quand un professeur l’interroge : là, évidemment, il répond, et d’une manière toujours exacte et précise. Mais sa voix s’exprime sans chaleur, son regard reste fixé au tableau. À son pupitre du premier rang, il est seul et ne se retourne jamais.
En sport, ses performances sont aussi médiocres que les miennes. Pourtant, il paraît musclé... tout autant que je le suis, car moi non plus je ne suis pas une mauviette, c’est juste que je reste maladroit, que je manque de technique... peut-être parce que je n’ai jamais eu le goût des affrontements ni des challenges physiques dont les autres raffolent. Et à ce propos... je prends conscience que celui que les excités de la classe appellent « le glaçon » me ressemble. Car moi aussi, de peur d’être éreinté, j’ai tendance à m’isoler et à me replier sur moi-même. J’ai sans doute la chance d’avoir été moins maltraité que lui et d’avoir su me trouver quelques copains.
Alors que, après quelques réactions scandalisées à la suite des outrances de la rentrée, l’indifférence face à ce garçon semble désormais l’emporter, mon propre intérêt pour sa personn

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