Le sillon tragique
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Le sillon tragique , livre ebook

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Description

Joseph Fonval est un fermier chenu de quatre-vingts ans. Attaché à ses terres qu’il laboure en compagnie de son aîné, il n’a qu’un seul regret, que ce dernier n’ait pas un fils à qui il léguerait son goût du travail et ses biens.


Aussi il espère que sa petite-fille épousera un campagnard, même si elle est davantage attirée par la modernité de la ville que par la rusticité de sa vie actuelle.


Mais un danger menace son univers : un grand barrage est en construction afin de noyer sa vallée et y créer un lac artificiel.


Entre un faux ami qui cherche à obtenir la main de sa petite-fille et, ainsi, s’accaparer le domaine familial pour le revendre à prix d’or aux constructeurs et la jeune femme qui s’éprend d’un ingénieur travaillant sur le chantier, tous les ingrédients vont être réunis pour mener ce petit monde à la catastrophe...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9791070033449
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

AVANT-PROPOS



Tout monument imposant nécessite de reposer sur des fondations denses et de solides piliers.
La littérature populaire, joyau incommensurable de notre culture, n'échappe pas à cette sacro-sainte règle.
Si la soif inextinguible des lecteurs pour les récits en tous genres dont l'unique ambition est de distraire le public fait figure de fondations, les piliers en sont incontestablement les auteurs.
Comme tout édifice, la littérature populaire a pu s'appuyer sur de nombreuses colonnes. Mais celui-ci se serait écroulé sans les contreforts que représentèrent certains écrivains dont la production fut telle qu'elle maintînt à flot, à elle seule, des collections, des éditions, le plaisir des amoureux d'aventures…
Ces noms, il faudrait les citer, les louer et les chérir comme nous le ferions de la Terre, de l'Air, de l'Eau, du Métal et du Feu, ces cinq éléments régissant notre existence, ou de la Vue, de l'Ouïe, de l'Odorat, du Toucher et du Goût, les cinq sens régentant notre corps.
Heureusement, la littérature populaire a eu la chance de pouvoir compter sur bien plus que cinq protecteurs.
Parmi ceux-ci, on citera sans risque : Marcel Priollet, Henry Musnik, Maurice Limat, Jean de la Hire, Rodolphe Bringer, Arnould Galopin…
Mais il ne faudrait pas oublier de mettre en avant un dénommé Henri-Georges JEANNE , plus connu sous le pseudonyme de H.-J. MAGOG .

H.-J. MAGOG est né en 1877 à Laon et mort en 1947 à Paris.
Il laisse derrière lui une immense production qu'il est assez difficile de quantifier tant celle-ci abreuva de multiples canaux de lecture.
Nombre de ses histoires parurent d'abord en feuilleton dans les journaux et magazines – souvent dans plusieurs – avant de revivre, par la suite, en livre.
Mais H.-J. MAGOG ne se contenta pas de formats longs, il écrivit également énormément de contes – plus de 600, rien que pour la chronique « Les 1001 matins » du journal « Le Matin » – de nouvelles, de fascicules…
Ses genres de prédilections ? Tous ! Du moins, tous ceux à la mode durant sa période d'activité : fantastique ; policier ; aventure ; sentimental ; jeunesse…
Pour sa production policière, il créa plusieurs personnages récurrents, dont le détective américain Paddy Wellgone.
Celui-ci vit le jour dès 1912 dans « L'énigme de la malle rouge », un excellent polar publié tout d'abord en feuilleton dans « Le Journal ». Ses qualités indémodables lui ont permis de tenir en haleine les lecteurs pendant des décennies au gré des multiples rééditions dans les journaux et sous forme de livres, sous ce titre ou sous d'autres – par exemple, « Le cadavre du tunnel », en 1932 aux éditions R. Simon et signé Paddy Wellgone, en personne, H.-J. MAGOG s'inscrivant en tant que traducteur de ce dernier, un procédé à la mode dans le monde de la paralittérature. – Plus encore, « L'énigme de la malle rouge » fut traduit en Italie, en Espagne, en Europe de l'Est…
Un autre personnage récurrent de l'auteur fut Guy Charleval, un détective que l'on peut d'autant plus rapprocher de Paddy Wellgone qu'il partagea les mêmes aventures grâce à un procédé permettant aux auteurs de multiplier les textes : créer un roman à partir de plusieurs fascicules. Ce fut le cas au moins deux fois avec Guy Charleval qui dans « Le détective Milliardaire » revécut – en changeant les noms des protagonistes, – pour les éditions R. Simon, quatre enquêtes de Paddy Wellgone parues aux éditions Ferenczi. Il fit cette expérience une seconde fois, en reprenant la « vie » d'alter egos dans « La bande des masques bleus ».
Mais ces multiples éditions et les « supercheries » d'éditeurs ne doivent pas pour autant minimiser la bibliographie de H.-J. MAGOG qui n'est, d'ailleurs, pas signée que de ce seul patronyme.
Car Henri-Georges JEANNE usa de différents pseudonymes pour parapher ses textes : Jean Noal – inspiré très probablement de sa ville de naissance, Laon/Noal, – Jean de la Tardoire, Yves Chorsin, Jacques de Brévalles…
Si son œuvre policière est ici mise en avant par OXYMORON Éditions , – ligne éditoriale oblige, – il ne faut pas oublier que H.-J. MAGOG a surtout marqué et marque encore les lecteurs par ses récits d'anticipation dont « L'homme qui devint gorille » et « Trois ombres sur Paris » sont probablement les meilleurs exemples en la matière.
Dommage que, malgré une bibliographie conséquente, une renommée qui ne s'est pas complètement tarie à l'heure actuelle et le fait qu'il ait été secrétaire général du Syndicat des Romanciers Français en 1927, vice-président de la SGDL (Société des Gens De Lettres) à partir de mars 1928, puis, secrétaire général de la même SGDL et fut promu Officier de la Légion d'Honneur de l' Éducation Nationale en novembre 1936, l'on sache si peu de chose sur l'homme que fut l'auteur.
Encore plus dommage que, bien que sa réputation surpasse à l'heure actuelle celle de la plupart de ses confrères de l'époque, celle-ci ne résonne plus que dans le cœur et dans la tête d'un groupe restreint de lecteurs passionnés de littérature d'antan.
Car le talent et l'imagination dont fit preuve H.-J. MAGOG durant sa carrière sont toujours à même de charmer le lectorat d'aujourd'hui et il serait temps que le grand public redécouvre cet auteur afin que celui-ci retrouve un statut d'écrivain populaire à succès que jamais il n'aurait dû perdre.
Nous ne savons pas si la renommée de H.-J. MAGOG retrouvera de sa superbe et si, tel le phénix, ses textes renaîtront des cendres du passé pour subjuguer les âmes du présent, mais cette collection que nous lui dédions est incontestablement la première pierre posée à l'édification de son retour à la gloire qu'il mérite tant.
K.
H.J MAGOG

LE SILLON TRAGIQUE
Récit d'aventures
I
En trinquant
 
INTERROMPANT son effort, le vieux Fonval abandonna sa bêche, plantée au milieu du carré de terre qu'il était en train de retourner, et tenta de redresser son grand corps, raidi par l'âge.
Quatre-vingts ans sonnés ! Quatre-vingts années vécues dans le même coin de vallée, SOUS le même toit qui avait déjà abrité des générations de Fonval, et pour la majeure partie employées à cultiver le bien, passionnément augmenté de quelques lopins de bonne terre ! Le père Joseph pouvait bien se sentir fatigué. Le soir venait — le soir de sa vie et de la journée.
Il fit deux pas, écrasant des mottes déjà sèches. Aux jointures, ses os grinçaient et craquaient. Ce n'était pourtant pas faute d'exercice. Ayant atteint la haie, qui limitait le jardin et le séparait de la route, il s'accota contre un arbre rabougri, qui tendait des moignons emmaillotés de mousse et n'offrait d'autre ombrage que celui de quelques maigres bouquets de feuilles, poussées çà et là, autour de la cicatrice des maîtresses branches amputées.
Si ses mains avaient abandonné la bêche, les regards de Joseph Fonval n'avaient point encore quitté la terre à laquelle il donnait toute sa peine et tout son amour. Attachés au sol, ils le considéraient avec une expression d'âpre regret. Laisser inachevée cette tâche lui était un crève-cœur. Une autre idée, qu'il n'exprimait pas, était derrière ce chagrin et l'augmentait. Abandonner le soir une besogne qu'on pourrait reprendre et achever le lendemain n'était rien. Le vieux Fonval, courbé sous le faix des années pesant sur ses épaules, sentait bien qu'un soir ou un matin, il lui faudrait abandonner la tâche pour tout de bon. L'homme n'est point éternel.
Sa mâchoire se serra, plissant ses lèvres rasées en une grimace attendrissante. Elle exprimait tant de chagrin et si puérilement ! Qu'il était donc près de l'enfance, ce vieillard dur au mal, volontaire, autoritaire et qui ne pouvait admettre d'être contredit ni contrarié par qui que ce fût ! En un geste de protestation contre le repos futur, il étendit sa vieille main ridée vers la bêche, pour la reprendre. Son bras, trop las, n'acheva pas le mouvement et retomba, le long du corps. Alors, se laissant glisser contre le tronc, il s'y adossa, accroupi sur ses talons, le menton appuyé aux genoux osseux, les mains traînant sur le sol. Ayant ramassé une motte, il l'écrasa entre ses doigts, en poudra ses paumes. Et son regard, dépassant le jardin, prit p

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