Le Vœu d Aline
90 pages
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Le Vœu d'Aline , livre ebook

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Description

Aline, jeune fille rêveuse et sans histoire, termine ses études secondaires. Elle tombe amoureuse d'un jeune Libanais fraîchement arrivé en Belgique.
Tout semble leur sourire... jusqu'à ce qu'il lui annonce son désir de rentrer au séminaire. Sans bien comprendre sa décision, elle n'a d'autre choix que s'y soumettre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 juin 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414089024
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-08900-0

© Edilivre, 2017
Chapitre I
Toute petite déjà – je devais avoir quatre ou cinq ans – j’ai su que ma sœur Aline n’allait pas avoir une vie facile. Aline était de deux ans mon aînée. Aussi grande et mince que j’étais petite et boulotte, sa seule vraie beauté étaient ses yeux, d’un vert très clair qui s’assombrissait lorsqu’elle était triste ou simplement soucieuse.
Si une guêpe assoiffée venait à traîner dans notre arrière-cour, c’était toujours Aline qui se faisait piquer. Elle attrapait avec la régularité d’une horloge tous les virus saisonniers et s’était même fait mordre par le chien le plus doux du quartier, un grand braque un peu fou qui adorait les enfants.
Lors de vacances familiales en Croatie, elle s’était retrouvée aux urgences suite à l’attaque d’une méduse dont la présence était réputée extrêmement rare dans ces eaux.
Bref, quand je repense à notre enfance, je revois son visage constamment bouffi par une douleur qu’elle avait du mal à retenir, d’autant plus qu’elle détestait chagriner nos parents en se laissant aller à une vraie scène.
J’étais, bien entendu, jalouse de l’attention qu’elle attirait involontairement et encline à croire qu’elle “faisait semblant” alors que les faits démentaient clairement mon hypothèse. Cette jalousie se traduisait par une attitude taquine voire méprisante que j’ai conservée à son égard jusqu’à l’âge adulte.
Je lui piquais constamment ses affaires sans les remettre à leur place, choisissais toujours la meilleure part pour moi-même qu’il s’agisse d’un morceau de gâteau, d’un cadeau à partager ou de tout autre objet ou faveur convoité par des enfants.
Aline supportait mes mesquineries avec un stoïcisme étonnant. Elle ne se mettait quasiment jamais en colère et cédait spontanément lorsqu’une confrontation risquait de dégénérer en dispute. Mes parents ne manquaient pas de la complimenter sur sa sagesse qu’ils attribuaient au fait qu’elle était leur fille aînée. Je pense que c’était plutôt un trait caractéristique de son tempérament qui ne fit que s’accentuer avec le temps ; un refus de se laisser distraire par des futilités parce qu’elle avait quelque chose de bien plus important à faire. Pendant de longues années je pris sa douceur pour de la faiblesse. Ce n’est que récemment que j’ai compris que cette douceur masquait une fermeté dont je n’aurais jamais été capable.
Nous habitions une petite villa semi-mitoyenne dans la banlieue sud de Bruxelles. Ma mère était institutrice dans une école communale des environs. Mon père, fiscaliste, travaillait essentiellement à la maison lorsqu’il n’était pas en déplacement chez des clients. Leurs professions respectives leur permettaient de passer de longues heures à domicile, ce qui avait pour conséquence que ma sœur et moi-même étions rarement seules.
Cela ne présentait pas que des avantages. Nous n’étions pas encouragées à développer cette forme de complicité et d’entraide typique des sœurs qui passent le plus clair de leur temps ensemble. Par ailleurs, nous ne partagions pas du tout les mêmes goûts et cette incompatibilité ne fit que s’accentuer à l’adolescence.
Ma sœur aimait la lecture, le dessin, les promenades interminables – de préférence sous la pluie – en compagnie de notre épagneul ; bref des occupations essentiellement solitaires et silencieuses qu’il aurait été difficile de partager. J’aimais mettre la musique à fond et danser en criant à tue-tête, passer des heures sur internet et me consacrer à ma passion dévorante pour la mode. J’adorais tester de nouvelles coiffures et de nouveaux maquillages sur la tête grandeur nature que ma mère m’avait achetée pour mon douzième anniversaire. Il m’arrivait aussi de me lancer dans des préparations culinaires pour toute la famille mais y étais rarement encouragée par ma mère qui ne supportait pas de retrouver sa cuisine en désordre.
Parfois il m’arrivait de faire irruption dans la chambre que je partageais avec ma sœur pour lui faire part de quelque découverte que je venais de faire sur internet. Je la trouvais généralement couchée sur le ventre, le nez plongé dans un bouquin. Voici un de nos échanges typiques dont j’ai gardé le souvenir.
« Aline ! J’ai trouvé un truc trop cool sur internet. Tu savais toi que Michael Jackson n’est pas vraiment mort ? »
Elle me regardait alors avec cet air de tolérance résignée que je lui connaissais bien.
« Et alors ? »
« Comment ça, et alors ? Ce serait un truc de dingue. Ça révolutionnerait toute la planète, tu comprends pas ? D’ailleurs c’est lui-même qui l’a dit avant de mourir. Il a dit qu’il allait faire un film où il expliquerait comment il a fait semblant d’être mort sans que personne ne se rende compte de rien. Tu piges ? »
« Moi je crois qu’il en faudrait plus pour révolutionner la planète. » Et elle se replongeait dans son livre. Dépitée, je saisissais le mince volume pour en déclamer le titre à voix haute.
« Poésies de Victor Hugo. Sincèrement Aline, t’es folle. Il faut être complètement ringard pour lire des trucs pareils. » Je faisais mine de jeter le volume par la fenêtre. Elle ne s’énervait même pas.
« Ça n’a rien de ringard. Tiens, ce poème-ci s’intitule “ Demain dès l’Aube” . Il évoque la mort de sa fille qui s’est noyée en faisant du canoë. Ça pourrait arriver à notre époque, tu ne crois pas ? Rends-le moi Nathalie, s’il te plaît. »
« Tu ne veux pas que je te maquille pour le repas de ce soir ? Y a ma marraine qui vient dîner à la maison. »
« Je déteste le maquillage. »
« Tu as tort. T’as des cernes sous les yeux à faire peur. Je parie que tu as encore passé la nuit à lire. »
Aline rougit. Elle souffrait facilement d’insomnie, mais faisait tout pour ne pas déranger mon sommeil de plomb.
L’adolescence amena son cortège inévitable de discussions avec les parents. Je commençais à m’intéresser aux garçons et insistais pour sortir toujours plus tard et avec des tenues toujours plus courtes. Peu fiable de nature, je ne respectais pas les horaires imposés par mes parents et me faisais souvent priver de sorties. Aline, qui était on ne peut plus casanière, n’eut jamais ce genre de souci avec mes parents. Je me souviens toutefois de deux occasions où elle leur tint tête. C’est sans doute parce qu’elle affirmait rarement une conviction que ces deux occasions sont restées gravées dans ma mémoire.
La première eut lieu peu avant son quatorzième anniversaire. Ayant regardé une émission sur les derniers instants de vie des animaux en abattoir, Aline déclara tranquillement à table qu’elle n’allait plus manger de viande à partir de ce jour-là. Mon père essaya de la raisonner, invoquant déséquilibres alimentaires et carences en protéines. Mais il n’y eut rien à faire.
« Ça lui passera » dit ma mère en haussant les épaules. « C’est juste l’adolescence. » En fait ça ne lui passa jamais. Elle ne fit d’exception que pour les fruits de mer, son mets favori dont elle aurait eu du mal à se passer.
La deuxième insoumission eut lieu environ dix-huit mois plus tard et nous étonna presque plus que la première. En bonne féministe qu’elle était, notre mère nous avait accompagnées toutes les deux au centre de planning familial le plus proche où nous avions reçu notre première plaquette de pilule contraceptive. J’avoue avoir été un peu choquée, non pas par la chose en soi mais parce que je n’avais pas encore quatorze ans et que la démarche de ma mère me semblait quelque peu prématurée, du moins en ce qui me concernait. Aline, elle, ne dit pas un mot durant la petite séance d’explication de l’employée. Une fois dehors, d’un geste désinvolte, elle jeta la plaquette dans la poubelle la plus proche.
« Mais enfin Aline qu’est-ce qui te prend ? » demanda ma mère, interloquée.
« Je n’en ai pas besoin. »
« Tu dis ça maintenant, mais tu pourrais en avoir besoin plus vite que tu ne penses… »
« Je n’en aurai jamais besoin » rétorqua Aline calmement.
« Et peut-on savoir pourquoi ? Tu comptes te retrouver avec une ribambelle d’enfants dans quelques années ? »
« Je ne compte pas abîmer mon corps avec ces saloperies chimiques. Le jour où je tombe amoureuse, ce sera pour de vrai et nous déciderons combien d’enfants nous voudrons avoir. »
Ma mère hocha la tête, incrédule. Pauvre maman, elle qui était si fière d’être une génitrice moderne, prévoyante et compréhensive, elle ne se serait jamais attendue à une telle réaction qu’elle jugeait certainement réactionnaire. Pour ma part, j’entamai la plaquette le soir même avec le sentiment grisant de pouvoir désormais donner libre cours à ma sexualité naissante et que je souhaitais débridée.
Chapitre II
Aline entamait désormais sa dernière année d’études secondaires. C’était maintenant une grande adolescente très légèrement voûtée. Ses cheveux d’un blond foncé, qu’elle avait toujours refusé de couper, lui tombaient jusqu’au bas du dos. Quelques rares taches de rousseur lui égayaient le teint, plutôt pâle sauf en été où elle bronzait étonnamment vite.
Souvent, lors du repas du soir que nous prenions tous ensemble, mes parents discutaient de son avenir et des études supérieures qu’elle allait entreprendre. Ses notes étaient plutôt supérieures à la moyenne pour toutes les matières. Elle excellait toutefois en français et plus particulièrement en expression écrite, ce qui orientait mes parents tout naturellement vers la faculté de langues romanes. Docile sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, Aline semblait être d’accord avec leur proposition mais je ne sentais chez elle aucune forme d’enthousiasme. J’étais contente, pour une fois, que l’on parle d’elle car mes propres notes étaient en chute libre ce qui constituait un facteur de

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