Les Âmes jumelles
270 pages
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Les Âmes jumelles , livre ebook

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Description

Il existe des âmes jumelles qui, lorsqu’elles se perçoivent au travers d’une vie, immédiatement se reconnaissent. Ces rencontres existent depuis la nuit des temps, jusqu’au jour d’un demain qui défiera le temps. Tous ces êtres qui se croisent, Philippe et Michel, René et Jeannine de Marseille, Maurice et Lucie, Roger et Claire, Élisabeth et Felice, ne peuvent pas tricher. Leurs yeux deviennent un seul et même regard, comme s’ils plongeaient dans un miroir. Alors ils abandonnent tout, leurs certitudes, leurs doutes, leurs peurs pour suivre et rejoindre leur moitié, cette autre partie d’eux-mêmes. Et si le monde disparaissait dans le silence, ne subsisterait que le souffle d’un même cœur battant à l’unisson.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 décembre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334047104
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Copyright
Cet ouvrage a été composér Edilivre 175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50 Mail : client@edilivre.com www.edilivre.com
Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
ISBN numérique : 978-2-334-04708-1
© Edilivre, 2016
Bienvenue dans mon univers. Parmi les personnages de ce roman, l’histoire de Pierre et Gabriel est tirée d’un fait réel. Cependant, leurs noms et les situations dans lesquelles ils se trouvent et agissent sont le fruit de mon imagination.
Extrait d’un poème de René à Jana
Tu m’étais destinée Le premier jour des jours Ma vie était tracée Sans l’ombre d’un discours
En te trouvant mon cœur A reconnu sa voie Le chemin du bonheur Me dirigeait vers toi
Contes des sages de L’Inde « Ne t’inquiète jamais des apparences, sache qui tu es en vérité et demeure cela »
Clara
E
1 route pour la Grande OurSe
En juin, les journées vagabondent. J’aime les routes départementales qui favorisent la découverte de villages pittoresques mais pas question de m’attarder sur la beauté ambiante. Je cherche une maison selon des indications griffonnées sur un post-it : après l’église, tu passes devant la boulangerie. Au stop, tu prends à droite puis la première à gauche. Nous y voilà. J’ai un mystérieux rendez-vous. Dans la cour, les pneus crissent sur le gravier. Une brouette somnole au pied d’un arbre. Plus loin, j’aperçois un jardin potager. Des monceaux de bois sont empilés près des maisons du village. Aux alentours picorent des volailles désinvoltes. Le contraire de moi. Je claque la portière avant de jeter un coup d’œil sur cette maison aux volets bleus. Des escaliers forment un losange au-dessus d’une porte ornée de géraniums. En montant les marches, je réajuste ma jupe qui a vrillé dans la voiture. J’appréhende ce rendez-vous. Je respire à fond. Coup de sonnette. – Vous êtes Clara Montanes ? – Enchantée, Cécile Debrie, suivez-moi je vous prie. Prélude de cette rencontre : ma collègue Constance dont la particularité est d’orienter ses amies vers ses dernières lubies. Je l’adore mais elle prend des initiatives pour tout le monde. Or, sans prétention aucune, je ne suis pas comme les autres. J’ai du mal à me fondre dans la masse. Mes amies me le confirment régulièrement « une vraie chiante mais on fait avec. » Revenons à Constance qui, surexcitée un mois auparavant, déboule dans la librairie. – Clara, tu ne sais pas ce qui m’arrive ? Bien sûr, ce monologue n’appelle aucune réponse. – Eh bien, je crois que je vais me marier ! Alors là, je suis scotchée. Le cœur d’artichaut de Constance s’effeuille, pire qu’une marguerite avec des « je t’aime » à gogo. Tous les six mois, elle me confie ses tracas d’escarpins. – Que veux-tu, c’est désespérant, je ne trouve pas chaussure à mon pied ! Habituellement elle emploie cette expression après le plaquage de ses « ex. » – Tu me croiras si tu veux, je suis allée voir une astrologue qui a étudié mon thème. Sa consultation m’a paru d’une précision stupéfiante. Devine ce qu’elle m’a dit ? Je lève les yeux au ciel. Comment pourrais-je l’inventer, je n’ai pas de boule de cristal, ni de planète boussole. J’embraye. – Je meurs d’envie de le savoir mais comme tu vas me le dire ! – Tu vas rire. C’est capital pour mon avenir. Silence pour accroître le suspens, elle reprend son souffle avant d’expirer. – Elle m’a conseillé de ne rien changer. Enfin je suis sur la bonne voie. Et moi de penser, si en plus tu as payé simplement pour ça… – Remarque je m’en doutais un peu. Mais cette fois, c’est confirmé. Je vais pouvoir me poser avec Gaël. Je savais que c’était le bon, mais l’entendre dire m’a fait un bien fou. Je suis trop heureuse ! Voilà comment le nœud s’est resserré autour de mon cou. Trois semaines plus tard, mes collèges déboulent. – Bon anniversaire Clara, alors en ce jour de fête comment te sens-tu ? – Pas mal du tout. Je vois une bougie plantée dans une pomme qui trône devant mon ordinateur. Françoise, maîtresse de cérémonie me couve du regard. Elle n’a pas eu d’enfant. De fait, je représente sa fille spirituelle. Ils chantent à tue-tête. « Joyeux anniversaire, Clara, Joyeux anniversaire –ça monte– Joyeux anniversaire Clara ça monte toujoursJoyeux anniversaire. – Ça redescend d’un coup! » Je souffle. Applaudissements… Les joues en feu, ce flot d’attention m’émeut. Thomas m’encourage. – Déballe tes cadeaux, ma belle, cela va te mettre en joie !
J’exhibe des crèmes de jour, de nuit, un masque à l’argile avec peeling. – Ça se voit tant que ça que j’ai trente ans ? Non, c’est juste pour rire. Vous êtes trop mignons. C’est super, vraiment ! Je déplie un joli foulard en soie. Soudain Constance, tout sourire, me tend une enveloppe. – Tiens Clara, un cadeau perso. Il est impensable qu’une fille comme toi ne trouve pas de prince charmant ! Je crains le pire, du genre invitation à une rencontre organisée pour célibataires où, en cinq minutes, tu déballes ta vie en changeant de table. Petite musique de nuit. Invitation en discothèque ambiance « Chippel dance. » J’ouvre l’enveloppe. Je découvre un –BON POUR UN THEME ASTRALavec un soleil – en dessin. Rendez-vous pris le vendredi treize juin à quinze heures chez Cécile Debrie. Une bulle de pensées s’envole dans les airs : bonjour le nom, il est crémeux, le bougre ! Je me reprends. – Oh, comme c’est original. Mais ce vendredi là, je pars en randonnée tout le week-end dans le Haut-Jura près de la commune de la Pesse. Rendez-vous est pris dans un gîte proche de la Borne aux lions. – Eh bien, tu les dompteras plus tard tes fauves. Puis tu marcheras. Tu as toute ta vie pour crapahuter ! s’insurge Constance. On ne badine pas avec les cadeaux d’autant que Constance fait preuve d’une susceptibilité redoutable. Alors je remercie l’assemblée avant de ronger mon frein. Ce fameux treize juin arrive. Dire que je devrais déjà être en forêt jurassienne. Je sais. Je suis de mauvaise foi. Je rejoindrai les randonneurs après ce rendez-vous. Il n’empêche que je redoute le pire. Aborder le futur me contrarie d’autant que mon présent est délicat. Je traverse une période de célibat qui perdure. De surcroît, je suis allergique « au parler pour parler. » Cette femme va le percevoir. J’aurais dû expliquer à Constance que je ne croyais pas à l’astrologie. Délicat de ne pas froisser une amie qui croit bien faire. – Asseyez-vous, mettez vous à l’aise. Cécile Debrie étale une page agrémentée de calculs, de signes colorés : la carte du ciel à ma naissance. Constance a dû demander toutes ces précisions à mon frère Pierre. Je n’avais nul besoin de ce rendez-vous pour présumer de sa nébuleuse complexité. Cependant je me motive. Patience, ma petite, tu ne risques pas grand-chose. Te voilà en partance pour la voie lactée ! Pour l’étude des thèmes, Cécile se réfère au méridien de Greenwich selon le temps universel et non à l’heure locale. J’ignore l’importance de ce détail. Néanmoins je le retiens. Dehors, j’entends des oiseaux gazouiller. J’envie leur légèreté. Je me poserais bien sur une branche. Reprenons. – Au moment de la naissance, un ruban de constellations entoure la terre. L’astrologie en est une photocopie, selon des bases traditionnelles établies depuis deux mille ans. Indisciplinée, j’aperçois cette jolie brouette au pied d’un bouleau. Quelle belle luminosité ! Dans ma tête, je prends une photo. Cécile n’utilise que certaines constellations alors qu’il en existe des millions. Ces pléiades d’étoiles se positionnent durant les mois de l’année comme un bandeau autour de notre planète bleue. Je me reconnecte lorsqu’elle pointe avec son doigt. – Votre thème natal est d’une extrême précision : heure, date et lieu. Les planètes contre les constellations sont indiquées là. Ainsi le jour de votre naissance, nous sommes en décembre. Le soleil en sagittaire est symbolisé par un rond avec un point, un trait au milieu et une flèche pointée vers le haut. Il en résulte que votre idéal est axé sur l’horizon. Vous aimez relier le proche au lointain. L’étranger vous attire. Vous ne tenez pas en place, avide d’échapper au quotidien. Votre besoin d’évasion est aussi intérieur, métaphysique, guidé par l’amour de la sagesse. Vos attributs sont bonté, générosité et enthousiasme. Cette phrase me fait penser à une remise de prix : « Et le gagnant est… » Cette réaction cynique me surprend. Je m’enlève dix points d’un coup. Pourquoi faudrait-il que les vérités dérangent, surtout si elles sont agréables. Je me reconnais dans tous ces aspects. Primo, dès que mon budget le permet, je voyage au grand désespoir de Constance qui me sermonne. – Mets de l’argent de côté, petit panier percé. On ne sait jamais de quoi demain sera fait.
Secundo, je suis une penseuse tourmentée. Pour me taquiner, ma famille m’a surnommée l’intello. Durant l’adolescence, je n’ai jamais cédé pour défendre avec conviction mes points de vue. Tout bien réfléchi, je me suis malheureusement calmée, du moins en apparence. Mais l’injustice et les forts en gueule me débecteront toujours. Tertio, généreuse, je le suis. Cependant aucun signe de ma part n’appuie ces généralités qui pourraient n’être que des coïncidences. – La lune est ici en Lion. Vous êtes le type de la « grande dame » ou vous pourriez vous identifier à ces femmes hors du commun. Alors là, en plein dans le mille. Je voue une admiration inconsidérée à Camille Claudel. Ses sculptures me font tressaillir. Sa vie me fait frémir. Son internement me foudroie. Dans le registre musical, je suis une inconditionnelle de Barbara. Quant à Janis Joplin, papillon qui s’est brûlé les ailes, sa voix rocailleuse m’écorche l’âme. De nouveau, je tends l’oreille. – Vous rêvez de grandeur, de lumière. Vous êtes avant tout une femme idéaliste, énergique et volontaire. J’ai enfin la réponse à mes interrogations : « Pourquoi ne suis-je pas comme les autres ? » Je lui souris amusée. Selon mes copines, je suis trop perfectionniste. Pas si mal la lune en lion pour expliquer certaines ambivalences, pas besoin de borne ! De son stylo, elle pointe la situation des planètes le jour de ma naissance : Mercure, Neptune, Pluton, Uranus Mars, Jupiter, Vénus. Il y en avait du bazar dans les cieux. Lorsqu’elle désigne la lune noire, je m’inquiète. – À quoi correspond cette lune noire dont j’ignorais jusqu’à l’existence ? – La lune noire est une notion spécifique en astrologie. Ce point virtuel correspond à la face réfléchie de la lune par rapport au plan écliptique de la terre : notre côté secret. Dans la mythologie, elle évoque la mère dévoreuse d’enfants. Le côté ombre de la lune serait notre côté obscur. Dans votre thème, je l’ai juste notée. Hormis sa proximité avec la lune traditionnelle, son aspect n’est pas très important. Je pars dans mes pensées. Je l’ai échappé belle. J’aime la lumière autant que je redoute la nuit. Cécile m’a révélé quantité d’indices. Son étude a éclairé plusieurs points d’ombre de ma vie et a eu un impact sur mon avenir. J’ai pu le constater postérieurement. Puis Cécile a glissé sur un terrain mouvant : l’astrologie indienne. L’étude de nœuds lunaires renseignerait sur notre karma. – À notre naissance nous reprenons où nous en sommes restés dans nos vies antérieures. Le processus se poursuit. L’étude karmique éclaire le projet de cette incarnation. Notre passage sur terre est conditionné par nos vies passées. Je demeure perplexe. Comment être certain d’avoir déjà vécu si on ne se rappelle de rien ? Si tel était le cas, pourquoi devrions-nous tout réapprendre ? Cela étant, je ne réfute pas cette théorie. D’emblée, j’évite d’imposer mes points de vue pour m’enrichir des différences. Mais je n’ai pas dit mon dernier mot. – À ce propos, poursuit-elle, dans vos cycles, bien des éléments vous poussent à entreprendre quelque chose de personnel. Cependant vous devriez tenir compte de vos angoisses et travailler dessus. Cécile préconise un petit rituel. – Vous prenez un papier pour écrire toutes vos peurs : «J’ai peur de me lancer parce que j’ai peur de manquer d’argent. J’ai peur de ne pas réussir. J’ai peur que l’on se moque de moi. J’ai peur que personne ne m’aime. J’ai peur de rester seule. » Vous déposez ces mots dans un saladier avant d’y mettre le feu. Puis vous jetez les cendres dans les toilettes ou dans un ruisseau. Le feu purifie, l’eau lave. Quelquefois, les consultants m’interrogent sur un point précis. Je laisse des feuilles blanches à disposition. Devant moi, ils consignent leurs peurs pour les brûler. Puis je les conduis vers un torrent où ils jettent les cendres. Si vous faites régulièrement ces exercices, la peur cède. Ce travail sur l’inconscient débloque les angoisses. Il s’agit d’y voir plus clair, de découvrir ce qui empoisonne la vie. Cette étincelle déclenche un effet. Enfin Cécile termine mon thème en interprétant Neptune en maison X. – Gagner de l’argent ou avoir une bonne situation professionnelle n’est pas votre priorité. Vous préférez aider, n’est-ce pas ? Je me reconnais comme bouée de secours. En cas de problème, Constance ou Françoise
me sollicitent. Je suis toujours là. Elles en rient après avoir pleuré dans mon giron. Parfois, je ne peux décliner leurs invitations par crainte de les peiner. Je rencontre des gens à qui je n’ai rien à dire. Mes amies me taquinent. Elles me reprochent d’être renfermée, élitiste. Mais elles se trompent. Je suis à l’aise avec les gens nature. Les personnes superficielles me déroutent. J’en deviens maladroite. C’est plus fort que moi. Je suis dotée d’une profondeur lourde à porter. Après ces soirées, Constance ne peut s’empêcher d’accentuer mes difficultés d’adaptation. Je la vois s’approcher, en souriant, vers les rayons où je classe les nouveaux romans avant de me balancer. – Écoute ma chérie, tu ne l’as pas trouvé bien ce Stéphane ? Tu as vu les yeux de velours qu’il t’a faits ? Je ne réponds même pas. Pour Constance, un bel homme ne se refuse jamais. – Si tu continues ainsi, reprend-t-elle, tu finiras seule. Tu crois que le prince charmant existe vraiment, n’est-ce pas ? Charmant, doté d’humour, fantasque, aimant la cuisine, le bon vin, la littérature, pas macho, mais tu rêves ! Moi je m’obstine arguant du fait de n’être pas aussi déjantée. Je suis en quête d’un authentique. – Et bien vous le verrez. Mon rêve se réalisera. Vous en serez ébahis, je persiste à croire, que sur cette terre, existe ma moitié. Dès que je le verrai, je le reconnaîtrai. Il me surprendra, me fera rire, fondra en moi. Voilà pourquoi je déteste les aventures sans lendemain. – Ce n’est pas parce que tu t’es mise au régime que tu ne peux pas découvrir le menu, plaisante Françoise, et moi de soupirer, c’est malin ! J’évoque avec Cécile Debrie mes soucis relationnels. En me reconduisant, elle me rassure. Cela me fait un bien fou. – Dans une vie, plusieurs cycles s’accomplissent. Ces phénomènes se révèlent incontrôlables. Lors d’une phase nouvelle, les habitudes se transforment. Vous pensiez avoir pour amis des personnes qui vous quittent. Le constat est réel, bien qu’il soit dur à accepter : vous n’êtes plus connectée, plus sur le même plan vibratoire. Quelquefois des couples se séparent. C’est déroutant mais c’est ainsi. Il faut savoir l’accepter et lâcher prise. Vous rencontrez alors d’autres gens. En roulant vers le Haut-Jura j’ai pensé à toutes les personnes que j’avais connues et à toutes celles que j’allais rencontrer lors de ce week-end de randonnée. Il faisait bon vivre. Une semaine après cette rencontre, je suis les conseils de Cécile : brûler mes peurs avant de les noyer. Pétocharde, je dépose la feuille dans le saladier. Ces mots sont un bouquet de doléances. Devant l’évier, j’observe la flamme consumer mes maux. Une pensée traverse mon esprit. Le prochain saladier, je le dédierai à Pierre. La souffrance de mon frère m’a atteinte en plein cœur. Depuis quelques mois, il semble aller mieux. J’espère que cela ne sera pas qu’une simple rémission. J’écrirai :« J’ai peur qu’une dépression anéantisse Pierre. Je redoute de sombres pensées prêtes à l’anéantir. Je les brûle pour qu’elles dégagent. » Je ne suis pas certaine de l’efficacité de cette action. J’essayerai quand même. Pierre travaille temporairement à Besançon. Il dirige un chantier dans un vieux quartier près de la Porte Noire. Je lui rendrai visite avant son retour à son cabinet d’architecte à Lyon. Nous nous appelons souvent. Hier d’ailleurs, il m’a raconté un incroyable récit. Il se rendait à une soirée quand, tout à coup, alors qu’il s’apprêtait à traverser, face à lui, une femme a voulu se suicider. Il l’a sauvée en la poussant de toutes ses forces. Affalé sur le béton, quand il a levé la tête, il a reconnu un visage. Celui d’Astrid, son premier amour. Étrange non ? Par le passé, il m’avait fièrement raconté leur rencontre. Lors d’une soirée arrosée, il l’avait aussitôt remarquée. Astrid peignait. Mon frère était guitariste dans un groupe de rock. Ils participaient à des soirées éclectiques qui brassaient des personnalités aux univers différents. Très amoureux d’Astrid de peu son aînée, il l’avait longtemps gardée dans ses rêves. Au téléphone, Pierre monte en pression. – J’attendais le feu rouge. Tout à coup, je vois une femme se précipiter vers des phares. Je saute sur elle comme un fou pour l’écarter. À cet instant, la voiture déboule. Tu te rends compte. Je lui sauve la vie. Elle tombe dans les pommes. Soudain, aplati contre l’asphalte, je saigne du nez. Je lève la tête avant de découvrir l’auteur de ce drame : Astrid. Mon sang n’a fait qu’un tour. J’en suis bouleversé. Les retrouvailles de Pierre avec cette femme suscitent en moi bien des interrogations. Je
me souviens de la discussion avec Cécile à propos des amis qui s’éloignent. Pour mon frère, la situation est inverse. Pas question de fin de cycle. Une femme capitale pour lui, en frôlant la mort, refait inopinément surface dans sa vie. Serait-ce la naissance d’une nouvelle phase ?
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