LES MOTS RENVERSÉS

Gilles Tibo

Description

Un livre atypique, inclassable, dans lequel culbutent poésie et narration. S’y amalgament toutes les passions contenues dans l’écriture d’une vie : passion des mots, des livres, des rêves, des amours fulgurantes. Passion des choses nommées et, parfois, innommées jusqu’à la déchirure.
Agrippée au volant, les yeux mouillés, la Belle ne dit rien, ne fit rien. L’automobile glissa le long du trottoir, se mêla au trafic et disparut. François Larivière se retrouva seul, debout sur le trottoir, ne sachant plus dans quel corps battait son cœur, dans quel imaginaire s’entremêlaient les images.
Le grand miroir du monde,
celui qui reflète la réalité des choses,
éclata en morceaux.
Le ciel tout entier dégringola sur la ville
pour emporter dans sa chute
le reste des jours et des nuits.
À seize ans, trop intimidé par les filles de son âge, François Larivière ne lisait que des auteurs féminins, essayant d’entrevoir un corsage au détour d’une comparaison, une cuisse dans la lumière d’une phrase, un sein à la fin d’une citation. Mais cela ne suffit pas à le satisfaire. Dans le secret de sa chambre, il commença à lire, en cachette, des romans érotiques. Toutes ces femmes de papier provoquèrent chez lui un état d’extase, comme s’il avait trouvé l’Eldorado des mots. Mais l’effet de surprise s’estompa. Il se retrouvait à la fin de chaque livre plus seul que jamais, perdu sur l’île déserte de son lit. Toutes ces femmes lues et relues s’évaporaient chaque fois que le mot FIN apparaissait à la dernière page.
Pour combler cette épouvantable solitude, il commença, dans le secret de ses nuits, à écrire des contes coquins. Manque de temps, manque d’expérience concrète, il n’arrivait jamais à les terminer. Une autre femme, plus belle, plus désirable que la précédente, demandait toujours qu’on la déshabille et la couche sur le papier.

Sujets

• Erotica
• Écriture
• Romance
• Librairie
• Libraire
• Fiction
• Prose
• Poésie
• Littérature

Informations

• Publié par: Québec Amérique
• Date de parution: 24 septembre 2018
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782764436974
• Langue: Français

Extrait

Du même auteur chez Québec Amérique
Adulte
Les Parfums d’Élisabeth , coll. Littérature d’Amérique, 2002.
Le Mangeur de pierres , coll. Littérature d’Amérique, 2001.
Jeunesse
Super Sarah , Hors collection, 2017.
Ma plus belle victoire , album, 2015.
La Fabuleuse Histoire de Jeremy Leloup , album, 2013.
Moi, Noémie et les autres , coll. Bilbo, 2009.
Ma meilleure amie , album, 2007.
• Prix du Gouverneur général du Canada 2008 – Illustrations
• Prix Alvine-Bélisle 2008
La Nuit rouge , coll. Titan, 1998.
SÉRIE NOÉMIE
Noémie 25 – Le Voleur de souvenirs , coll. Bilbo, 2015.
Noémie 24 – Le Livre des records , coll. Bilbo, 2014.
Noémie 23 – Dans de beaux draps , coll. Bilbo, 2013.
Noémie 22 – Les 22 fins du monde ! , coll. Bilbo, 2012.
Noémie 21 – Papa Dracula !, coll. Bilbo, 2011.
Noémie 20 – Les Grandes Paniques , coll. Bilbo, 2010.
Noémie 19 – Noémie fait son cinéma ! , coll. Bilbo, 2009.
Noémie 18 – La Baguette maléfique , coll. Bilbo, 2008.
Noémie 17 – Bonheur à vendre , coll. Bilbo, 2007.
Noémie 16 – Grand-maman fantôme , coll. Bilbo, 2006.
Noémie 15 – Le Grand Amour , coll. Bilbo, 2005.
Noémie 14 – Le Voleur de grand-mère , coll. Bilbo, 2004.
Noémie 13 – Vendredi 13 , coll. Bilbo, 2003.
Noémie 12 – La Cage perdue , coll. Bilbo, 2002.
Noémie 11 – Les Souliers magiques , coll. Bilbo, 2001.
Noémie 10 – La Boîte mystérieuse , coll. Bilbo, 2000.
Noémie 9 – Adieu, grand-maman , coll. Bilbo, 2000.
Noémie 8 – La Nuit des horreurs , coll. Bilbo, 1999.
Noémie 7 – Le Jardin zoologique , coll. Bilbo, 1999.
Noémie 6 – Le Château de glace , coll. Bilbo, 1998.
Noémie 5 – Albert aux grandes oreilles , coll. Bilbo, 1998.
Noémie 4 – Les Sept Vérités , coll. Bilbo, 1997.
Noémie 3 – La Clé de l’énigme , coll. Bilbo, 1997.
Noémie 2 – L’Incroyable Journée , coll. Bilbo, 1996.
Noémie 1 – Le Secret de Madame Lumbago , coll. Bilbo, 1996.
• Prix du Gouverneur général du Canada 1996
SÉRIE PETIT GÉANT
12 titres parmi lesquels :
Le Dernier Cauchemar du petit géant , coll. Mini-Bilbo, 2007.
Le Grand Ménage du petit géant , coll. Mini-Bilbo, 2005.
Le Petit Géant somnambule , coll. Mini-Bilbo, 2004.
SÉRIE PETIT BONHOMME
5 titres parmi lesquels :
Les Images du Petit Bonhomme , 2005.
Le Corps du Petit Bonhomme , 2003.



Projet dirigé par Marie-Noëlle Gagnon, éditrice

Conception graphique : Claudia Mc Arthur
Mise en pages : Marylène Plante-Germain
Révision linguistique : Sylvie Martin et Sabrina Raymond
En couverture : Photomontage à partir des illustrations de ganpanjanee / shutterstock.com et de Gilles Tibo
Conversion en ePub : Marylène Plante-Germain

Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Tibo, Gilles, auteur
Les mots renversés : conte passionnel / Gilles Tibo.
ISBN 978-2-7644-3695-0 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3696-7 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3697-4 (ePub)
I. Titre.
PS8589.I26M67 2018 C843’.54 C2018-941591-6 PS9589.I26M67 2018

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2018
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2018

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2018.
quebec-amerique.com




… les histoires de papier
brûlent à l’orée du cœur
Pierre Nepveu
J’écrirai ton nom sur le flanc des nuits, toi que je ne connais pas encore, toi qui marches dans les dédales du hasard pour venir à ma rencontre.
François Larivière


Break
Un
Il faut dire dès le début que François Larivière fut élevé parmi les livres. Toutes sortes de livres.
Des livres sombres, lumineux,
des romans, des essais,
des plaquettes de poésie,
des dictionnaires, des encyclopédies,
éparpillés un peu partout
sur les canapés, les tables, les chaises.
Chaque jour de sa petite enfance, François marchait, courait, jouait à la cachette, se frayait des passages se crets derrière les immenses bibliothèques, qui s’élevaient dans toutes les pièces de la maison.
Avant même d’avoir ouvert un seul livre, le petit François connaissait leur présence. Il humait l’odeur de l’encre et le parfum des reliures en cuir. Il connaissait leur poids de papier à force de les empiler pour s’en faire des châteaux. Il les connaissait à leurs couvertures, qui s’ouvraient comme des coffres aux trésors remplis de pierres précieuses parce que, régulièrement, juste avant l’heure du dodo, sa mère l’accompagnait dans sa chambre, le bordait, s’installait près de lui et ouvrait de somptueux albums. Le jeune François basculait dans les illustrations jusqu’aux pays des dragons, des chevaliers et des pirates aux mains crochetées.
Ainsi, soir après soir,
François tombait dans les images,
y disparaissait tout entier,
s’y enfonçait, s’y noyait,
en ressortait chaque fois le cœur transi d’émotions,
l’âme bercée par les formes, les couleurs
se relayant dans une suite immobile et fracassante
qui rythmait ses émois.
La voie sacrée des images était devenue
sa manne céleste.
Son silence.
Sa prière.
Deux
Et puis un soir, à l’heure du coucher, la mère expliqua à son fils bien-aimé que les lettres couchées sur le papier se regroupaient en mots, les mots en phrases, les phrases en émotions. Tous les personnages de tous les livres avaient un point commun : les lettres de l’alphabet placées, déplacées, organisées, désorganisées, permettaient de faire vivre une multitude de héros plus grands que nature.
Ce fut pour François la révélation totale : les livres contenaient des milliers et des milliers de secrets, d’histoires et de rêves à n’en plus dormir.
La maison devint une immense île aux trésors.
Installé à la table de la cuisine, ou sur la banquette du salon, le petit François s’appliqua, jour après jour, à comprendre les rudiments de la langue écrite. Le bout de ses doigts effleurait avidement les pages à la recherche des « a », des « b », des « c »…
Lorsqu’il fut rendu au bout de l’alphabet, il commença, avec enthousiasme, à identifier les voyelles et les consonnes. Ensuite, il apprit par cœur des mots simples, comme « papa », « maman », « épée », « amour »… Les mots s’imprégnaient dans son cerveau à une vitesse folle. Il voulait les boire, les manger, les dire, les chanter.
Le jeune François, accompagné d’un robot et d’un dinosaure en chiffon, s’aventura un soir à visiter toutes les pièces de la maison. Avec une lampe de poche, il éclaira une à une les bibliothèques, qui s’élevaient comme des menhirs. De temps à autre, il s’arrêtait, ouvrait un gros bouquin et tournait les pages. Des milliers de mots glissaient sous le faisceau lumineux comme les fenêtres d’un train roulant à vive allure. Pour arrêter ce train, François posait son doigt sur un mot, l’éclairait et tentait d’en déchiffrer le sens.
Lorsqu’il eut terminé sa visite nocturne, il retourna dans son lit, laissa le faisceau de lumière éclairer le plafond et comprit ceci : avec les mots, il pénétrait dans un pays sans frontières. Avec les livres, il pourrait se rendre au bout du monde, et là, en ouvrant un autre bouquin, un autre univers, illimité, s’ouvrirait à lui, e