Louise a dit
108 pages
Français

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Louise a dit , livre ebook

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Description

Louise a dit à Tom : « Je te veux. »

Mais Louise ne savait pas...

Une histoire impertinente, acidulée comme un bonbon qu'on suçote avec quelques grimaces, mais qu'on termine quand même.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 février 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414179862
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-17984-8

© Edilivre, 2018
Chapitre I
Tom
Lorsqu’il sortit de sa voiture la pluie recommençait à tomber.
– Parti pour la matinée ! pensa-t-il en enjambant le caniveau qui déjà débordait. L’averse de la nuit avait trempé la ville qui n’absorbait plus rien ; l’eau glissait sur tout, caracolait dans les rues pentues, inondait les jardinets en contrebas. Depuis plusieurs, jours le ciel déclinait tous les dégradés du gris, le vent soufflait parfois en rafales bousculant des nuages énormes qui finissaient de boucher l’horizon. Comment garder le moral avec un temps pareil ? Les passants étaient aussi maussades que le ciel. Tom se hâta, la tête rentrée dans les épaules, vers le kiosque à journaux et prit sa place dans la file de tortues en complets sombres qui patientaient.
Attendant son tour, il tenta de se distraire en s’intéressant au spectacle qu’offrait ce bout de macadam sous la pluie. Soudain son cœur bondit sous sa chemise impeccable, une bouffée d’adrénaline l’immobilisa. Sous la guirlande de parapluies qui ondulaient sur le trottoir d’en face, il la vit, silhouette bousculée et pressée. L’illusion ne dura qu’une seconde. Il se raisonnait déjà en reprenant son souffle ; Elle n’avait rien à faire dans ce quartier à cette heure-ci. Mais depuis quelques jours elle était partout.
Lorsque son grand-père était mort six ans auparavant, pendant des mois il n’avait cessé de croiser le vieil homme. Aujourd’hui une même traque douloureuse lui imposait régulièrement ce fantôme bien vivant qui venait de débouler dans sa vie après 20 ans de silence.
Fantôme gracieux il est vrai. Louise était une jolie femme de 40 ans, sœur ainée de la ravissante gamine qu’il avait aimée. En rien elle n’avait trahi la jeune fille ; son fort caractère, sa gaité, ses sourires, tout était là. Et elle était toujours très jolie. Il ne pouvait pas en être autrement, cela faisait un tout avec le reste. Adolescente elle était toujours gaie et cela ajoutait encore à son charme. Mais peut-être était-ce le fait d’être si jolie et fort courtisée qui la ravissait au point de lui donner cet heureux caractère ? Quoiqu’il en fût, l’adolescence parut être pour elle une époque bénie. Si elle éprouva ces doutes et questionnements propres à la sortie de l’enfance, elle n’en laissa jamais rien paraître. Son culot était phénoménal avec les hommes, et très sûre d’elle, elle charmait aussi bien les filles que les garçons. Toujours très entourée, boute-en-train, d’humeur égale, elle dénotait un peu au milieu des ados de l’époque, pas très gracieux, gauches et maladroits, souvent mal dans leur peau. Autant les filles que les garçons d’ailleurs. Aussi, était-il fréquent de voir des hommes plus âgés se retourner sur elle et s’attarder volontiers dans le bar qui leur servait de QG, lorsque Louise entourée de sa cour faisait son numéro.
Etait-ce parce qu’il était plus adulte, plus mature, moins extravagant que les jeunes de son âge, que Louise avait à l’époque, jeté son dévolu sur lui ? En tout cas, l’initiative n’était pas venue de lui. Jamais il n’aurait eu cette audace. D’une timidité qui confinait à la maladie, la connerie plutôt, pensait-il aujourd’hui, il n’aurait jamais pu imaginer, même dans ses rêveries les plus audacieuses lorsqu’à l’abri de ses draps il se laissait aller à l’inviter en imagination, qu’un jour Louise lui volerait ce baiser ; Ce jour-là, sur le chemin de retour vers le lycée, après la pause-déjeuner qui avait trainé en longueur, ils cheminaient côte à côte, seuls et soudain silencieux, lorsque d’un seul mouvement Louise s’était tournée vers lui, le plaquant sans réelle douceur contre le mur de l’imposante basilique qui trônait face au lycée et l’avait embrassé. Surpris, il avait rapidement repris le dessus, acceptant le baiser, le rendant même avec une fougue et une assurance qui le surprirent lui-même. Commencèrent alors les plus belles semaines de son adolescence qui lui laisseraient des souvenirs qui aujourd’hui encore gardaient une force incompréhensible ; Parce que l’histoire fut brève. Elle se termina avec l’arrivée des vacances d’été. Et parce que Louise parût se détacher de lui sans effort. Il en souffrit, mais Louise faisait partie de ces jeunes filles qui commencent très tôt leur vie de femme. Elle se maria l’année suivante avec un homme bien plus âgé qu’elle. Elle n’abandonna pas pour autant ses études, il la croisait parfois à la fac, prenant soin de ne jamais l’approcher, rêvant de loin. Ainsi, un jour de printemps d’une douceur douloureuse, il l’aperçut au loin traversant le campus lorsqu’une brise fraiche colla sa robe sur son ventre rebondi. Il se rendit compte avec amertume que jusque là il n’avait pas réellement renoncé à elle. Mais la révélation de cette grossesse, si elle le plongea quelque temps dans un profond désarroi, le libéra de son fantasme. Et peu à peu il se mit à vivre normalement comme un jeune homme de son âge. Avec un certain soulagement d’ailleurs, à présent conscient de la morbidité d’un tel attachement. Il poursuivit ses études tranquillement, sérieux et grave, maladroit et sensible avec les femmes. Pourtant quelque part dans son être se rebellait une part de lui qu’il occultait jusqu’à l’ignorer. Une colère larvée, une protestation sourde qu’il noyait dans la musique, firent placer à l’emmourachement têtu, illustrées par ses goûts musicaux qui penchaient nettement vers les rythmes violents, assourdissants, musiques diaboliquement euphorisantes de la fin de ces années quatre-vingt.
C’est d’ailleurs en sortant d’un concert de la Mano Negra qu’il tomba par hasard sur Isabelle, une fille de la bande des années lycée. Passablement éméchée et complètement survoltée par l’ambiance du concert, la jeune femme se jeta à son cou, insistant pour aller boire un verre avec lui. Installés dans un troquet bondé, aux abords de la salle de spectacle, Isabelle continua à boire, aggravant son humeur pleurnicheuse. Elle pleura sur les plus belles années de leur vie, se lamenta sur sa vie amoureuse du moment et finalement, avisant soudainement celui qui était assis en face d’elle, parut se souvenir de qui il était. Alors la fine mouche complètement imbibée se lança dans une description détaillée de la vie de Louise durant ces deux dernières années. Elle était restée sa meilleure amie après le lycée et ne comprenait pas pourquoi Louise était partie comme ça sur un coup de tête, sans même lui en parler à elle, sa meilleure amie. Vaguement écœuré par l’attitude de la jeune femme, Tom se dit que Louise avait peut-être enfin ouvert les yeux. En écoutant patiemment les jérémiades parfois teintées de mesquinerie d’Isabelle, Tom apprit, sans l’avoir demandé, que Louise avait perdu le bébé à six mois de grossesse et que son mari était un salaud qui couchait avec toutes les copines de Louise. Même avec moi, précisa Isabelle, les yeux à demi fermés, la tête renversée en arrière, finissant cul sec un énième verre. – Alors, reprit-elle d’une voix de moins en moins assurée, il y a deux mois, Louise est allée voir un avocat. Et en sortant de son étude elle est montée dans sa voiture et a disparu. Comme ça, en quelques minutes sans en parler à qui que ce soit. – A toi en tout cas, pensa Tom, peut-être que ses vrais amis en savaient un peu plus.
Il s’avéra qu’elle avait préparé sa fuite depuis des mois, car elle ne réapparut pas. Une société de déménagement passa le même jour, vider l’appartement des meubles et affaires qu’elle avait emballés.
Tom reçu le choc de ces révélations. Il tenta de n’en rien montrer à Isabelle. Le bar commençait à se vider, les fêtards migraient vers leurs lieux habituels pour finir la nuit. Isabelle somnolait sur sa chaise. Tom indécis, n’avait guère envie de la prendre en charge. Le serveur vint à son secours. Sans ménagement il attrapa Isabelle sous les aisselles et la mit debout. Elle vacilla un peu mais parut trouver son équilibre. Alors le gros homme la poussa gentiment vers la porte.
– allez, Isa, va dormir. Rentre chez toi, précisant à l’attention de Tom : – elle habite à deux cents mètres, elle ne risque rien.
A la suite de cette soirée, il était passé par tous les états. De l’euphorie au plus grand abattement, selon qu’il se sentait la force de partir à la recherche de Louise ou qu’il se raisonnait. Mais à part quelques coups de fil à des amis communs il ne tenta rien de concret, laissant lâchement le temps passer et faire sa salvatrice œuvre d’oubli. Il était loin d’imaginer qu’il lui faudrait attendre toutes ces années avant de la revoir.
Deux mois auparavant, un message était tombé sur sa boite électronique. Le prénom de l’adresse mail attira aussitôt son regard. Louise. Le message était laconique. « Te souviens-tu d’une petite brune qui n’a pas beaucoup grandi… ». Passée la première surprise, il se demanda évidemment comment elle avait eu son adresse e-mail. Il fit un test, tapa son propre nom dans le rectangle magique. Une dizaine d’entrées défilèrent sur l’écran. La plupart liée à sa profession, et deux correspondant à son inscription sur un de ces sites de recherche d’anciennes connaissances qui pullulaient sur le web. Ils avaient été dans le même lycée, elle en connaissait l’année. Mais pourquoi l’avait-elle recherché. Pourquoi avait-elle tapé son nom dans la barre d’un moteur de recherches ? Il ne se demanda pas pourquoi lui, avait fait la démarche de s’inscrire sur ce site six mois plus tôt. D’autant plus qu’il n’avait jamais répondu aux deux copains qui l’avaient déjà contacté par ce biais.
Un échange de mails très courts et sans aucun détail quant à leur vie actuelle, les conduisit à se retrouver trois jours plus tar

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