Mauve ou le sourire d Éros
52 pages
Français

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Mauve ou le sourire d'Éros , livre ebook

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Description

C'est avec des mots que j'ai tenté de dessiner ce sourire, puisqu'il est aussi le récit d'une passion amoureuse. Cet amour, sans doute trop dense, trop intense, où le plaisir a un versant de douleur, ne peut être que limité dans sa durée. Il est ce chant foudroyé du temps qui nous emporte. On ne peut pourtant que souhaiter à tous cette rencontre miraculeuse d'où jaillit son épiphanie pétrie d'esprit et de chair. Triste serait peut-être la vie de celle ou de celui qui n'aurait pas vécu l'intense bonheur de ce sourire, au risque qu'il devienne, avec le temps, cette riche cicatrice que l'on porte alors au secret de son cœur. Deux amants, un bouquet de bras liés.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 août 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342054729
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mauve ou le sourire d'Éros
Dominique Bal
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Mauve ou le sourire d'Éros
 
 
 
 
 
 
 
« … Étroits sont les vaisseaux, étroite notre couche
Immense l’étendue des eaux, plus vaste notre empire
Aux chambres closes du désir.
… Une même vague par le monde, une même vague depuis Troie
Roule sa hanche jusqu’à nous. Au très grand large loin de nous fut imprimé jadis ce souffle… »
Amers, Saint-John Perse
 
« … Ce fut, monde béni, tel mois d’Éros altéré, qu’elle illumina le bâti de mon être, la conque de son ventre : je les mêlai à jamais… »
« La terre feule les nuits de pariades. Un complot de branches mortes n’y pourrait tenir. »
Lettera Amorosa, René Char
 
« … Car c’est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage
Que nous puissions donner de notre dignité
Que cet ardent sanglot qui roule d’âge en âge
Et vient mourir au bord de votre éternité. »
 
Les Fleurs du mal, Baudelaire
1
Il avait fui la jungle urbaine, Paris business, Paris buildings, Paris bling-bling… bref, Paris image exclusive de la France dans le monde et capitale hégémonique d’un petit pays décentralisé à la politicienne, tout en faux-semblants.
Faisons un rêve : un jour, la High-tech aidant, la circulation auto s’étant autostrangulée, la capitale mégapole ne sera plus polluée ; on repeindra la Seine en bleu – comme à Vienne le beau Danube ! – et l’on pourra se baigner dans ses eaux, comme on nage dans le bonheur, depuis l’île Saint-Louis jusqu’au Pont des Arts – ce dernier enfin décadenassé , délivré de ce symbole stupide et carcéral de l’amour – puis on ira en pédalo jusqu’à la mer et ses horizons libres !
N’y a-t-il pas déjà un Paris Plages ?
En fait, il retournait toujours heureux à la «  bouse  » provinciale dont il était issu et naviguait sans vagues ni soucis entre l’Île-de-France, foire d’empoigne de tous les pouvoirs, et l’île au Trésor enclavée de Haute-Provence où, dans la paix et le silence, on pouvait encore entendre passer un ange et écouter battre son cœur.
Sur cette terre de lumière et de beauté, garante d’harmonie, de justesse, un village : son village, perché dans le silence.
Là, il avait l’impression que son existence comblait un vide, remplissait une attente et, de ce fait, lui donnait un sens, une justification. Peut-être est-ce cela qui lui faisait éprouver parfois ce sentiment de bien être, de sérénité que l’on appelle aussi le bonheur : être l’hôte de la belle fugitive, la fille de l’air au regard d’horizon.  Grâce éphémère, certes ; mais ô combien précieuses étaient ces quelques notes ensoleillées tombant sur la portée des jours !
 
Pourtant, entre ces deux planètes, pour lui, pas vraiment d’incompatibilité.
 
Ce matin, il était parti très tôt, à l’heure androgyne, quand le jour, rose au sortir du ventre de la nuit, a encore des allures d’aurore. Goutte à goutte s’éteignait le leurre des étoiles dans le miroir constellé des prés.
Là-haut, le village semblait glisser sans bruit dans la brume ; il avançait comme un navire avec, en proue, le jour à venir, dans la même mousse de lumière que laissera, la nuit venue, l’écume de son sillage.
 
Juchée sur le sommet de sa vague minérale
la roche se sculpte en un pur profil de beauté romane par son église en majesté.
La terre aurait-elle jeté son âme
dans ce torrent de pierres
éclaboussant le ciel de toute sa splendeur ?
Les dieux ont fui
emportés dans leurs propres tourbillons de silence.
Restent les hommes abandonnés à leur solitude
mais qui tête haute
pliant genoux devant la seule beauté
semblent en être grandis.
Il fit un détour par le vieux mas abandonné. Un jardin ancien portait encore les traces d’un passé que l’on pouvait imaginer ou suivre dans l’odeur de menthe sauvage qui montait sous ses pas. Quelles vies furent rêvées, quels rêves furent vécus dans ces lieux oubliés ? Le temps devait être scandé au rythme des jours, des nuits, des saisons, des récoltes et des amours, avec bonne ou mauvaise fortune, selon les cœurs et les moissons.
On dit que pour toute faim véritable, la terre de l’homme s’élève où croît sa passion.
Ces courtes méditations ne se déployant pas dans le geste large du semeur d’idées philosophiques, susceptibles d’enrichir le présent et de féconder l’avenir, il reprit humblement le chemin qui conduisait au village.
 
Sur ce chemin mille fois parcouru, par ses quatre éléments, «  a cappella » , montait de la terre à quatre voix, la merveilleuse polyphonie des saisons.
Il passa à côté de «  La foun de la foulie  ». Cette fontaine folle, la plupart du temps assoiffée, ne coule, dit-on, qu’en période de grande sécheresse, lorsque toutes les autres sont taries ! Pour élargir leur route, aussi parce que cette récalcitrante devait les déranger, les hommes la firent en partie disparaître. Elle se trouve au bord du chemin des Prés qui monte au village, quand le dernier raidillon se plante un peu dans vos reins, alors que tout aussi abruptement la soif monte dans votre gorge.
 
Fontaine insoumise
aujourd’hui bâillonnée
nous t’appelons de toute notre soif libertaire
et te portons fièrement à notre boutonnière
avec l’élégance raffinée d’une dernière utopie.
 
Il n’avait plus la naïve ambition de vouloir changer les hommes et le monde, ni la stupide vanité de faire le bonheur...

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