Oméga
140 pages
Français

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Description


Bearcreek, Montana.


Dernier recensement : soixante-dix-neuf habitants. Ou plutôt, soixante-dix-huit loups. Des loups de la meute de Split Jenkins... Et Lexi, qui reste désespérément humaine malgré les lunes qui défilent.


Pourquoi est-ce que Lexi ne se transforme pas ?
Pourquoi a-t-elle les yeux bleus alors que ceux des autres sont noirs ?
Qui est-elle vraiment ?


Par choix, Hunter refuse de vivre avec la meute. Assister aux réunions, accepter les jobs qu’on lui propose ? OK. Mais rien de plus.
C’est un paria, comme Lexi. Et quand il prend la jeune femme comme coloc, il découvre qu’ils sont semblables : tous les deux sont des brebis galeuses au milieu de la meute parfaite de Bearcreak.


Lexi est rejetée et révoltée.
Hunter est indépendant et rebelle.
Tous les deux cachent de lourds secrets.



Entrez dans la meute de Bearcreek, ses luttes de pouvoir, ses faux-semblants et ses zones d’ombre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 mai 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782378125592
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À mon mari, qui s’est assis avec moi dans l’ombre et ne m’a jamais lâché la main.
“   Avant toi, je n’avais rien Avant toi, on n’m’a pas montré le chemin
Je sais, le ciel ne m’en veut pas
D’avoir posé les yeux sur toi   ”
Slimane et Vitaa



Chapitre 1
Lexi
Novembre 2020
M algré la douleur, je continue de courir. Je sais que je ne peux pas m’arrêter, parce que si je cède maintenant, c’en est fini de moi. Il me retrouvera. C’est d’ailleurs un miracle si j’ai réussi à le semer jusque-là. Allez, tu peux le faire.
Peu importe les arbres morts qui me font trébucher, les branches qui me lacèrent les bras ou les souches que je dois enjamber : au loin, j’aperçois enfin la lumière tant désirée. Il est là. Il m’aidera. En mon for intérieur, une petite voix s’élève pour protester, mais je n’ai pas le loisir de l’écouter. Les larmes aux yeux, je fais un ultime effort et accélère.
J’entends un grognement derrière moi. Il se rapproche, j’en suis certaine. Je ne peux pas me retourner, sinon je perdrais mon avance. Les poumons en feu, les jambes douloureuses et la peur au ventre, je me persuade qu’une fois ces derniers mètres parcourus, je serai sauve. Je sors de la forêt pour atterrir dans une clairière où se dresse une maison en bois, ancienne. Dans d’autres circonstances, je prendrais le temps d’admirer le travail effectué pour la garder aussi belle depuis tant d’années. Mais devant l’urgence, je me jette sur la porte et tambourine, priant pour qu’il soit là :
—  Hunter ! HUNTER, OUVRE !
Lorsqu’enfin il apparaît, j’entre avec précipitation et referme derrière moi avec violence. Le dos calé contre le métal froid et les paupières closes, je cherche à calmer ma respiration tout en tâtonnant de la main pour trouver la clé et verrouiller la porte. Soulagée, j’entends la serrure s’actionner. Puis le fracas de mon assaillant contre la porte qui tremble sous le choc.
J’ouvre les paupières et me retrouve face à deux pectoraux massifs sublimés par un tatouage maori : un enchevêtrement de lignes et d’arabesques tribales mêlées à des divinités mythologiques et des symboles mayas s’étirant jusque dans son dos. Je les connais sur le bout des doigts et pourrais les tracer de mémoire. Son corps est une véritable ode aux civilisations de ce monde.
Au moment où je relève la tête, mon cœur s’emballe : mes yeux croisent les siens, si noirs, braqués sur moi, et une foule de souvenirs refait surface. Une barbe de trois jours, bien taillée, apporte un peu de douceur à ses traits anguleux. Ses cheveux bruns sont plus courts que la dernière fois et je dois réfréner mon envie d’y passer les doigts, juste pour retrouver mes vieilles habitudes. La tendresse imprimée sur ses traits contraste avec sa carrure imposante qui fait frémir la moitié des habitants de cette ville. Personne ne cherche des noises à Hunter Williams. Pourtant, moi, je ne retiens que la douceur de ses mains et sa facilité à me rassurer avec une simple étreinte. Au moment où il ouvre la bouche, mon estomac se noue encore un peu plus... Parce que je me souviens aussi de la sensation de ses lèvres contre les miennes et de la raison de mon départ.
— Lexi ?
Sa voix profonde et grave me donne des frissons. Merde, réagis ! Mais mon cœur s’arrête tout à fait quand il pose ses paumes sur mes joues et m’observe sous toutes les coutures.
— Tu vas bien ? Tu n’es pas blessée ?
Retour à la réalité. J’imagine sans mal le piètre spectacle que je dois offrir : les cheveux emmêlés, les joues sales et striées de larmes et les traits déformés par la panique, je dois plus ressembler à une vagabonde qu’autre chose. Sans compter ma façon de bafouiller sans arriver à expliquer ma présence :
— Oui, je...
Au même moment, la porte recommence à vibrer sous les coups portés.
— Qu’est-ce que… maugrée-t-il.
— Ne me renvoie pas. S’il te plaît.
Regardant par-dessus ma tête, il fronce les sourcils, visiblement agacé de voir sa propriété ainsi envahie. Il caresse une dernière fois ma joue de sa main droite et la fait glisser jusqu’à ma nuque. L’espace d’un instant, ses lèvres s’attardent sur mon front. Puis, il marmonne :
— Va à l’étage.
J’hésite quelques secondes à le laisser gérer mes conneries seul. Mais la détermination que je lis dans ses prunelles finit de me décider. Je hoche la tête et me précipite dans les escaliers tandis que les coups continuent de pleuvoir contre la porte. Pour autant, je ne peux pas aller jusqu’à l’une des chambres pour me cacher. J’ai bien trop peur. Je m’assois sur le palier et appuie mon dos contre le garde-corps en verre pour pouvoir assister à la confrontation, sans être vue. J’entends Hunter ouvrir et grogner à son visiteur indélicat :
— Qu’est-ce que tu veux ?
— Ne te fous pas de moi, Hunt. Rends-la-moi, lui répond l’envahisseur.
— Fais attention, Cage. Ce n’est pas d’un objet dont on parle, là.
Dans un grondement sourd, l’autre renchérit :
— Elle est à moi.
— Pas encore. Maintenant, pars. Selon les lois que vous avez édictées, je pourrais te tuer pour avoir osé pénétrer sur mon territoire.
Et il referme la porte, sans ménagement. Je réalise alors que des larmes coulent sur mes joues. Une fois de plus, il m’a sauvée. Hunter monte les escaliers quatre à quatre et vient s’accroupir devant moi.
— Ça va aller ?
Je suis tétanisée, tant par la peur que par le contrecoup. Le plus tendrement du monde, mon hôte glisse ses bras sous mes jambes et mon dos et me soulève comme si je ne pesais rien. Il traverse le couloir et m’emmène dans une des chambres. Une fois assis sur le lit, il me tient serrée en me chuchotant que tout va bien. Je ne peux plus m’empêcher de pleurer à chaudes larmes, soulagée et épuisée. Et sans que je m’en rende compte, je sombre dans un profond sommeil.
***
Je me réveille en sursaut, effrayée par un énième cauchemar. Je passe mes mains sur mon visage puis dans mes cheveux emmêlés et tente de rassembler mes souvenirs... Cage. Hunter. Merde . Un simple coup d’œil autour de moi suffit à me rassurer. Malgré la pénombre, je reconnais chaque meuble, chaque cadre au mur. Je suis à l’abri maintenant. Je voudrais me précipiter hors du lit, mais mon corps me rappelle à l’ordre. Fourbue, courbaturée, c’est comme si j’avais été écrasée par un rouleau compresseur. Pas une parcelle de ma pauvre carcasse n’échappe à la douleur. J’essaie malgré tout de me mettre sur mes deux pieds, avant de réaliser que mes vêtements ont disparu. Avec un brin de nostalgie, je porte le col de l’immense tee-shirt de Hunter à mon nez et inspire un grand coup, les yeux fermés. Une autre aurait certainement paniqué de se voir ainsi dévêtue. Pas moi. Je lâche même un petit gloussement sarcastique. Comme si Hunter allait tenter quoi que ce soit !
En boitant un peu, je sors de la chambre et descends les escaliers. Des bruits me parviennent de la cuisine. Je me dirige vers le fond du couloir et, au passage, laisse mon regard vagabonder sur l’intérieur. Rien n’a changé. Une décoration parfaite, quoique sobre : du bois, des meubles clairs et des photos encadrées accrochées çà et là. Les immenses baies vitrées, occupant deux pans de murs entiers, donnent l’impression d’être en permanence à l’extérieur. Les souvenirs que j’ai dans cette pièce me font sourire. Au milieu des bruits de cuisson me parviennent un jappement et le rire si mélodieux de mon hôte. Son rire.... J’étais pourtant certaine de ne plus jamais l’entendre. Et je m’en veux.
Lorsque j’arrive sur le pas de la porte, je me sens honteuse. Gênée d’être là, de lui imposer une nouvelle fois ma présence et tous les problèmes que cela va engendrer. Mal à l’aise d’être partie sans un mot, aussi. Je m’appuie contre le montant, tirant un peu sur l’ourlet du tee-shirt déjà bien assez long, mais peu à l’aise avec ma nudité partielle. La scène à laquelle j’assiste me fait monter les larmes aux yeux.
Hunter, toujours torse nu et en jean porté bas sur la taille, a passé un tablier gris et il cuisine en sifflotant. À ses pieds, un chien noir comme la nuit jappe et saute, bien décidé à obtenir quelques reliquats du plat en train de mijoter. Hunt lui sourit en lui parlant :
— Sooocks. T’abuses. On a une invitée, tiens-toi bien.
Il relève la tête vers moi. Je sais très bien qu’il m’a entendue me lever et clopiner jusqu’ici. Mais je suis tout de même surprise de le voir poser ses prunelles ébène sur moi. Encore plus embarrassée par ma tenue qui ne semble absolument pas l’interpeller, je croise les bras sur ma poitrine, maigre tentative pour cacher ma gêne.
— Ça y est, tu es réveillée, Birdy ?
J’avale ma salive avec difficulté. S’il se met à m’appeler comme il le faisait avant , ça va être compliqué pour moi.
— Oui. Merci.
Il me désigne le comptoir de cuisine où il a dressé deux couverts. Une fois assise, j’entends avec horreur mon estomac se plaindre avec un borborygme infâme. Hunter se fige une seconde, la poêle à la main, et éclate de rire.
— Eh ben ! Ils ne te nourrissent pas chez toi ?
Puis, réalisant sa boulette, il nous sert en silence, ses dents plantées dans sa lèvre inférieure. J’aimerais être une invitée distinguée et acceptable, mais après deux bouchées et un signe de tête de mon ami, je me jette sur la nourriture. Mince, j’avais oublié qu’il cuisinait si bien ! Lui mange de manière plus posée en me lançant de temps à autre des coups d’œil inquiets par-dessus nos verres d’eau. Je ralentis les mouvements de ma fourchette et tente d’exprimer ma gratitude.
— Hunt, je... Je te remercie.
— N’y pense plus.
Il replonge le nez dans son assiette tandis que je déglutis péniblement avant d’insister :
— Si. Je n’avais pas le droit de débarquer comme ça après...
Il claque sa fourchette sur la table, me faisant sursauter. Même s’il n’a jamais été violent, je sens sa colère monter en voyant son corps se tendre. Mais je refuse de reproduire les erreurs p

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