Pierre et Jérémy

Aimé Audit

Description

Un récit étrange et attachant, aux limites du réel et de l’inexplicable.

Comme toute philosophie qui traite du mystère de la vie, l’ésotérisme se heurte parfois à l’agnosticisme. On est loin de la traditionnelle guerre de religion. Au contraire, cette confrontation peut être le fil rouge d’une bien curieuse histoire.

Depuis sa rencontre avec une mystérieuse dame en blanc, un vieil écrivain est très surpris d’être visité, dans ses rêves, par Jérémy un jeune matelot qui, régulièrement, lui fait vivre jusqu’au matin un nouvel épisode de son existence. C’est une chance pour lui qui cherchait un personnage original pour son prochain roman. Mais c’est aussi et surtout un sujet de préoccupation car il ne croit pas aux sciences occultes et chaque nuit, pour lui, le mystère s’épaissit davantage...

Sujets

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Informations

• Publié par: Nombre7 Editions
• Date de parution: 10 décembre 2021
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782381538938
• Langue: Français

Extrait

Pierreet Jérémy
La SAS 2CL — NOMBRE7,ainsi que tous les prestataires de production participant à laréalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pourresponsables de quelque manière que ce soit, du contenu engénéral, de la portée du contenu du texte, ni dela teneur de certains propos en particulier, contenus dans cetouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à lademande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeurtiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Aimé Audit et André Souchon
Pierreet Jérémy
Note préalable
Cher lecteur,

Le livre n’estpas sorti qu’on crie déjà au succèslittéraire. Certes Aimé et André sont desécrivains de talent, mais, n’exagérons rien, àcette heure, ils sont seuls à le savoir.

Il s’agit de leurpremier roman et rien ne prouve que le thème choisi recevraauprès de vous l’accueil qu’il mérite.

Quoiqu’il ensoit, on se doit de saluer leur confiance en soi et aussi ce brind’ingénuité indispensables pour oser se lancerdans une telle entreprise. Il serait profondément regrettablequ’à la suite d’un désintérêttoujours possible de votre part, ils décident d’arrêterleur carrière en si bon chemin.

Nous leur souhaitonsdonc bonne chance.

Qui sait ? Laréussite est peut-être au bout.

Un grand merci donc, àces deux auteurs courageux qui ont accepté que leurs hérosdonnent librement leur avis sur la valeur de l’ouvrage et surleurs auteurs. Ce n’est pas si courant.


Pierre etJérémy
Premièrepartie : Le visiteur.
La journée a étéchaude, très chaude, éprouvante même pour levieux monsieur, qui chaque année voit venir cette périodeavec de plus en plus d’appréhension, comme si le soleil,son ami de toujours devenait au fil du temps son ennemi sournois. Ilhabite pourtant au premier étage d’un immeuble ancien,dans une rue bien orientée pour éviter justement lesgrosses chaleurs de l’été. Celui-ci s’annoncehélas parmi les plus torrides et chacun est dans l’attentede l’orage qui viendra rafraichir la ville. Mais il ne vientpas. Chaque soir les nuages s’amoncellent peu à peu,annonciateurs de pluies et se dispersent sans la moindre goutted’eau.
Au fil des semaines levieux monsieur, qui naguère a affronté les rigueurs dufroid et de la pluie, est de plus en plus éprouvé.Comme chaque soir, juste avant le coucher du soleil, afin de déroberà la nature ses quelques rares bouffées de fraicheur,il se dirige vers le petit parc ombragé à quelquesminutes de chez lui, mais, à cette heure il est seul car ilfait encore trop chaud. Dans quelques minutes, le soleil perdra deson éclat et progressivement se teintera de rouge claird’abord, puis de rouge sombre. Lorsqu’il approchera del’horizon il prendra du volume. On pourra alors le regardersans risque. À cet instant précis le ciel se parera deses plus belles couleurs en raison de la pureté exceptionnellede l’air de ce lieu mythique célébrédepuis des siècles pour la beauté exceptionnelle de cescouchers de soleil.
Absorbé par lespectacle dont il ne se lasse pas, le vieux monsieur n’a pas vuarriver la dame en blanc. Elle est assise à seulement quelquesmètres de lui. Elle parait charmante. Elle semble connaitreles lieux pourtant il ne l’a encore jamais vue. Il aimeraitbien lui adresser quelques paroles gentilles mais, pour l’instant,elle ne prête pas la moindre attention à sa présence.Il se prépare à lui sourire. C’est peine perdue,elle est trop occupée à griffonner quelques mots surune sorte de bloc-notes. Parfois, d’un geste brusque elledéchire la page, la chiffonne et la jette dans la prochepoubelle. Elle se remet à l’ouvrage et la déchireà nouveau. De plus en plus intrigué par ce manègeinsolite il ne la quitte plus des yeux mais elle ne change rien àson attitude.
Le soleil a maintenanttotalement disparu et la petite brise du soir commence à sefaire sentir. Dans quelques minutes il fera presque frais. Dans leciel obscurci, on distingue maintenant l’étoile duberger qui annonce la venue de toutes les autres. On entend, au loin,les premières rumeurs d’une ville qui lentements’ébroue. Bientôt les compagnons du soir seront làpour papoter dans le noir jusqu’à une heure avancée.Les jeunes prendront la suite jusqu’au petit matin et c’estainsi depuis toujours.

Un grand silences’installe alors comme si la vie s’arrêtaitbrusquement. Captivé par le charme ensorceleur de cet instantmagique, le vieux monsieur jette un œil sur le côté.La dame a disparu. À sa place une page blanche caléepar un petit caillou. Il est très surpris et voilàqu’il se pose des questions. L’a-t-elle oubliée ?C’est peu vraisemblable. Quelqu’un doit-il passer laprendre ? Il attend pour voir…
Personne ne s’approche.Il regarde autour de lui, un peu circonspect mais surtout trèsintrigué. Il n’y a toujours personne, alors, n’ytenant plus, poussé par une curiosité biencompréhensible, il saisit la feuille et les quelques lignesmanuscrites qu’il découvre dans ce reste de lumièrele laissent dubitatif.
ÀPierre, mon fils,

Jene parlerai pas du temps,
Quiest magnifique
Jene parlerai pas des gens
Quisont odieux
Jete parlerai, mon fils
Dela république
Quiagonise lentement
Maissûrement

Quete dire de mes amours
Toujourschimériques
Quete dire de mon travail
Toujoursabsorbant
Dela télé tu peux juger
Commela musique
Àt’raconter je ne vois rien
D’intéressant.

Bonsbaisers et j’attendrai
Detes nouvelles
Dansl’espoir que ta vie
Estmieux que moi ici
Etta lettre je la confie
Auxhirondelles
Quite diront beaucoup plus
Queje ne t’ai dit
Àbientôt mon fils
Mona

Par quel miracle cefils pourrait-il la recevoir un jour ? Le vieux monsieur doit-illa laisser sur place ? Il hésite mais, brusquement, alorsqu’il y a quelques minutes encore le ciel paraissait dégagé,voilà qu’un gros nuage noir l’a maintenanttotalement envahi et que commencent à tomber les premièresgouttes de pluie. Il n’est plus temps de se poser desquestions. S’il ne fait rien, cette lettre sera à jamaisperdue. Il s’en empare alors d’un geste rapide, la met àl’abri sous sa veste et se rapproche de son appartement aussivite que lui permettent ses vieilles jambes car maintenant il pleutvraiment.
On peut difficilementêtre plus trempé. Une fois séché etréchauffé, il ne peut s’empêcher de relireattentivement cette lettre. Il y a dans ce texte quelque chose detroublant, d’énigmatique, presque de surnaturel et doncde terriblement gênant pour ce matérialiste endurci. Quedoit-il en faire ? Serait-il investi d’une missionparticulière ? Non, grand dieu, pas lui, ce seraitcocasse et même grotesque. Il refuse d’y croire. Il abien mieux à faire qu’à se laisser distraire parun manuscrit qu’un destin malencontreux a fait de lui ledestinataire. Alors, bien décidé à se consacrerà l’écriture de son roman et à libérerson esprit de cette chose bizarre, il range le papier au dernier rangde son placard-bibliothèque, parmi les documents inclassablespour être certain de l’oublier définitivement.

L’inspiration estlente à venir. Il a plusieurs idées en tête maisil est à nouveau obsédé par le contenu de cemessage empreint de poésie qu’il voudrait oublier. Quelsque soient ses efforts, il reste bien présent dans son espritcomme si une force occulte faisait de ce manuscrit l’alpha etl’oméga de son prochain roman. Pour la premièrefois de son existence, il se sent envahi d’un trouble profond.Les certitudes qui l’avaient accompagné tout au long deson existence sont soudain mises à mal par la seule présencede cette mystérieuse Mona. Non, ce n’est pas possible,se dit-il, certes je ne suis plus très jeune mais mon cerveauest encore capable de discernement et je ne dois pas le laisserenvahir par des croyances d’un autre âge. Je n’oseraijamais confier mon émoi à certains de mes amis qui nemanqueraient pas de se moquer et ils auraient raison.

Pourtant, bizarrement,presque machinalement, les premières lignes qu’il écritconcernent un certain Jérémy mais il n’a pas lamoindre idée de l’aventure qu’il va faire vivre àce nouveau héros qui s’impose à lui, apparemmentdécidé à prendre en main le récit de sapropre aventure. C’est une journée trèsparticulière qu’est en train de vivre le vieux monsieur.Une journée qui risque de troubler profondément laquiétude de ses vieux jours.
Depuis cette rencontreimpromptue, il ne se reconnait plus. Ce cartésien convaincu necroit pourtant pas au mauvais sort et encore moins aux sciencesoccultes. Pourtant il doit se rendre à l’évidenceIl avait jusque-là des insomnies comme toutes les personnes deson âge mais ses nuits sont devenues de véritablesscènes de spectacle avec toujours ce même personnageinfatigable et surtout impénétrable. Pas tout àfait car il sait maintenant que ce Jérémy est un jeunequartier-maître du porte-avion Clémenceau préposéaux machines et décidé à lui faire vivre dans ledétail sa vie de marin sans oublier les escales parfoisrocambolesques. Pour le vieux monsieur, ce n’est pasdésagréable, au contraire. C’est maintenant avecun certain plaisir qu’il aborde ses nuits sachant que ce« nouvel ami » ne lui veut pas de mal et queses aventures lui seront d’un grand secours pour donner corps àson prochain roman.

En ce dimanche de juin,afin de distraire son esprit de ce qui ressemble de plus en plus àune idée fixe le vieux monsieur est assis dans les arènesde Lansargues, au milieu d’un public d’aficionados. C’estun grand jour. Un concours de manade de haute tenue. Trois parmi lesplus prestigieuses sont représentées aujourd’hui.Celles de Laurent, de Lafont et de Fanfonne Guillerme, dont laprésence est toujours un gage de succès. Issue d’unegrande famille parisienne de scientifiques et de magistrats, rien nela destinait à cette carrière. Mais les aléas dela vie conduisirent ses parents à venir s’installer àAimargues où ils créèrent leur propre manade.Fanfonne l’enfant terrible put monter à cheval etsatisfaire ses désirs de garçon manqué ens’imposant à la tête de l’entreprise. Chaque« écurie » est représentéepar les deux meilleurs éléments de sa « royale ».La rencontre s’annonce d