Place Vendôme en hiver
216 pages
Français

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Place Vendôme en hiver , livre ebook

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Description

Victor a caché une partie de lui toute sa vie. En instance de divorce, il essaie de reprendre pied entre sa carrière d'architecte-restaurateur qui décolle et sa fille Sarah de cinq ans. Tout change quand il est invité au gala de Noël des Aigall, famille de mécènes, pour la première fois.
Mal à l'aise dans son smoking, mal à l'aise dans le plus bel hôtel particulier place Vendôme, quand il croise le regard bleu de Zacharie d'Aigall, le fils de son hôte, tout son être s'ébranle...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 novembre 2019
Nombre de lectures 17
EAN13 9782375749654
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jo Ann Von Haff
Place Vendôme en hiver   
  
MxM Bookmark
Mentions légales
Le piratage prive l'auteur ainsi que les personnes ayant travaillé sur ce livre de leur droit.
MxM Bookmark © 2019, Tous droits réservés
  Suivi éditorial ©  Blandine Pouchoulin
Correction © Emmanuelle Lefray
Illustration de couverture © Mirella Santana
Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit est strictement interdite. Cela constituerait une violation de l'article 425 et suivants du Code pénal. 
ISBN : 9782375749654
Existe aussi en format papier


1.
— Lequel tu préfères ?
Victor leva un pyjama-combinaison rose avec des licornes roses dans une main et un pyjama-combinaison rose avec des poneys roses dans l’autre. Assise en tailleur au milieu de son lit – rose avec des peluches de licornes et de poneys roses –, Sarah étudiait la question avec sérieux, les sourcils froncés et l’index tapotant son petit menton. Victor essaya de modérer son impatience. Il devait préparer sa fille et la ramener chez sa mère avant de se rendre place Vendôme. Pour la première fois, il avait été invité au gala de Noël des Aigall, leaders de l’industrie du luxe, grands appréciateurs d’art et mécènes. C’était un véritable honneur et signe que son travail commençait à être reconnu, une occasion en or pour élargir son réseau professionnel.
Et Sarah prenait son temps pour choisir entre un pyjama rose et un pyjama rose. Elle n’avait que cinq ans, cela ne pouvait pas être aussi difficile !
— Chérie, papa est un peu pressé… dit-il.
— Bon.
Victor ferma les yeux. Qu’en serait-il à son adolescence ? Il n’allait pas survivre, d’ici là.
— Je prends celui avec les poneys, décida enfin Sarah.
— Très bien.
Il posait celui avec les licornes quand elle changea d’avis.
— Sarah ! s’emporta-t-il.
Sa fille fit la moue. Victor lui enfila le pyjama et ses bottes en caoutchouc sans attendre.
— N’oublie pas Pilou, lança-t-il en récupérant son sac à dos et la housse dans laquelle se trouvait son smoking.
— Il est là !
Sarah lui montra le lapin – rose évidemment –, avec un grand sourire. Victor caressa la tête de sa fille avant de l’emmitoufler dans son manteau avec bonnet, gants, cache-oreilles et écharpe, puis ajouta le casque.
— Viens, chérie.
Ils quittèrent enfin l’appartement. Il enfila son propre casque, enleva la chaîne de son vélo et attacha Sarah au siège arrière. Il aurait dû prendre un taxi maintenant plutôt que de le réserver pour dans une demi-heure chez Rachel, il n’y avait pas pensé. L’année prochaine, peut-être, si jamais il était invité à nouveau…
Une demi-douzaine de minutes plus tard, il arriva enfin à destination, dans son ancien immeuble. Il n’avait pas quitté le quartier de Grenelle, dans le XV e  arrondissement, ne voulant pas s’éloigner ni de Sarah ni de l’école maternelle.
— Tu as roulé dans cet état ? s’étrangla Rachel en lui ouvrant la porte.
— Sarah a tenu la housse, se défendit-il en enlevant le casque à sa fille. Je vais utiliser la salle de bains.
— Fais comme chez toi, ironisa Rachel.
Victor ne répondit pas, il n’avait pas le temps d’entamer une discussion sans but. Il se rafraîchit et s’habilla, rangeant sa chemise et son jean dans la housse. Incapable de faire un nœud papillon, il s’en était acheté un prénoué. Il terminait de se coiffer quand son téléphone sonna : son taxi venait d’arriver. Parfait. Il inspira profondément avant de ressortir.
Sarah, qui était assise par terre dans le couloir, bondit sur ses pieds, les yeux écarquillés.
— Waouh, papa ! s’exclama sa fille.
— Eh bien, je ne t’ai jamais vu en smoking, remarqua Rachel, un torchon de cuisine à la main.
— J’ai l’impression de porter un déguisement, grommela Victor, embarrassé.
— Tu as l’air plutôt distingué.
Un compliment de la part de son ex-femme, voilà qui était inespéré.
— Merci, dit-il avant de s’accroupir devant Sarah. Il faut que j’y aille, chérie.
— Rencontrer les gens importants ?
Il acquiesça avec un sourire.
— Oui.
Il voulait lui dire qu’il espérait que cela vaudrait le coup de manquer son coucher, mais cela faisait plusieurs mois maintenant qu’il le manquait. Et cette pensée le bouleversa. Quand il avait voulu fonder une famille, il n’avait pas cru qu’il serait absent la moitié du temps alors qu’il n’était qu’à cinq minutes de la chambre de sa fille.
— Tu es le meilleur, papa, s’enthousiasma Sarah.
Il rit tristement et la serra dans ses bras.
— Ce n’est pas une remise de prix, lui rappela Rachel.
— Il est quand même le meilleur de tout l’univers ! insista Sarah.
Victor l’embrassa bruyamment.
— Et tu es la meilleure fille de tout l’univers, chuchota-t-il à son oreille.
Il se releva, tira sur sa veste.
— Je suis toujours bien ? demanda-t-il.
Sarah hocha vivement la tête.
— Trop !
— Bien, alors j’y vais. Rachel, j’ai laissé mon vélo en bas, je viendrai le récupérer demain matin. Je n’aurai pas à monter.
— Okay.
Il remit son pardessus, embrassa sa fille une dernière fois et descendit.


2.
Zacharie éteignait l’ordinateur quand son téléphone portable sonna sur sa table de travail. Le surnom de sa sœur, « Maîtresse Renarde », apparut sur l’écran. Il décrocha tout en se levant et mit sur haut-parleur.
— Je quitte le bureau dans deux minutes, l’informa-t-il aussitôt.
— Tu es impossible, se plaignit Annelise.
Il enroula son écharpe noire autour du cou avant de répondre :
— C’est juste le temps d’arriver chez moi, de me raser, de prendre une douche, de m’habiller, et je serai là.
— En résumé, tu me laisses toute seule à jouer la maîtresse de maison pendant encore une heure.
— Tu es la maîtresse de maison. J’ai déménagé, tu t’en souviens ?
— Tu as déménagé à la porte à côté !
Il grimaça.
— C’est un détail.
Annelise poussa un long soupir. Il boutonna son pardessus et saisit le téléphone.
— Offre ton plus beau sourire, suggéra-t-il. J’arrive.
Il remit un crayon dans le pot, éteignit les lumières et sortit de son bureau. Il ne faisait jamais d’heures supplémentaires au siège de Marae-Vendôme, mais ce soir-là, il avait exagéré dans le zèle pour justement retarder son arrivée. Il traversa l’open space, puis descendit jusqu’à l’accueil.
À l’extérieur, Zacharie s’immobilisa le temps d’embrasser du regard la place Vendôme couverte d’une couche dorée à la nuit tombée. Derrière les deux sapins de Noël géants, qui étincelaient de mille feux à côté de l’imposante colonne de bronze, une file de berlines se suivaient devant l’hôtel d’Abenance. Zacharie soupira : il détestait les galas en général et ceux de sa famille en particulier. En tant que fils aîné de l’hôte, il était supposé faire les honneurs avec son père, mais c’était plus fort que lui : il ne supportait pas ce rôle, il ne supportait pas les échanges de banalités et l’hypocrisie était un exercice qui lui déplaisait.
Il remonta le col de son pardessus et se rendit rue des Capucines, juste derrière la place Vendôme, en pressant le pas. Annelise allait devoir patienter encore, ce n’était qu’un rite de passage. Il avait bien dû attendre cinq ans avant qu’elle ne fasse son entrée dans le monde, ce n’était que justice. Il ricana en ouvrant la double porte rouge de son immeuble. Pauvre Annelise, comme si elle y était pour quelque chose dans l’année de sa naissance. Il grimpa les marches jusqu’au troisième étage.
Au départ, ce bâtiment abritait les écuries et les chambres des domestiques d’Abenance. Au fil du temps, il avait été transformé en immeuble résidentiel et uniquement cet étage était réservé aux Aigall, liant les deux édifices par une simple porte rouge au bout du palier.
Zacharie déboutonna son manteau aussitôt entré chez lui. Loin du faste de l’hôtel particulier attenant, son deux-pièces était minimaliste, sans moulures ni dorures, sans bustes d’ancêtres prestigieux ni tableaux. Il lui suffisait d’un canapé confortable, une table basse et un écran plasma accroché au mur dans le salon, d’un grand lit dans la chambre et d’une cuisine équipée. Il accrocha pardessus et écharpe à la patère de l’entrée, défit sa cravate en même temps qu’il déboutonnait sa chemise en se dirigeant vers la salle de bains. Il posa son téléphone sur l’étagère sous le miroir, jeta ses vêtements dans la corbeille à linge et commença à se raser.
Le téléphone sonna à nouveau.
— Que l’Éternel me vienne en aide, souffla-t-il en éteignant le rasoir électrique. Oui ?
— Dis-moi que tu viens, s’il te plaît ? le supplia Annelise. J’ai l’impression que papa veut me présenter à mon futur mari ! Il détaille mon CV comme à un entretien d’embauche, puis m’abandonne là !
Zacharie grimaça.
— Il n’y a pas un seul cousin pour te sauver la mise ? questionna-t-il. Baudouin ? Il serait ravi de t’épauler.
— Baudouin n’est pas le fils de papa, lui rappela Annelise. Et tu n’es pas là !
— Où es-tu, maintenant ?
— Cachée dans la chapelle.
— Certes, c’est le dernier endroit où il te cherchera… Laisse-moi terminer de me raser, sinon je ne sortirai jamais d’ici.
— Fais vite, s’il te plaît.
— J’arrive.
Et cette fois-ci, il y mit de la volonté. Sa sœur méritait bien un peu de sacrifice de sa part.


3.
Victor arriva place Vendôme, nerveux. Ce monde-là n’était pas le sien. Cette invitation était un honneur en même temps qu’un test. Saurait-il s’adapter ? Serait-il à la hauteur des expectatives ? Son nœud papillon prénoué lui rappelait sans cesse qu’il était une fraude. Le taxi s’arrêta devant l’hôtel d’Abenance. Victor paya la course et descendit de la voiture en soufflant d’appréhension. Parviendrait-il à avoir une conversation sans avoir envie de prendre ses jambes à son cou ?
Il traversa le porche, se retrouva dans la grande cour et leva les yeux pour étudier les

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