Platina
104 pages
Français

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Description

C’est un roman étrange et émouvant qui relate la rencontre belle et tragique entre deux âmes à la dérive qui, instantanément, se plaisent et se désirent.

Un récit plein d’humour autant que de douceur qui sait mettre en lumière ses deux protagonistes égarés qui, accidentellement réunis pendant quelques heures, vont mettre leur âme et leur corps à nu et trouver, chacun en l’autre, une voie nouvelle pour vivre ou mourir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 décembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334244664
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-24464-0

© Edilivre, 2017
Du même auteur
Du même auteur :
Catéchisme maya
Les boules de Bâmiyân
Pas dans l’oreille !
Historiettes farfelues
Principes actifs

Principes actifs :
– un semi-clochard itinérant
– une magnifique dentiste provençale
– une jeune chienne de race Boxer
Excipient :
– un vieux ketch de 13 mètres
– un pistolet automatique 9 mm
– un ancien vétérinaire lyonnais
– un très bon dentiste lyonnais
– un cadavre de femme
– un cadavre de dentiste
– un troupeau de chèvres alpines
– quelques personnes que l’on peut considérer comme normales…
Quantités Suffisantes Pour :
un tube de 80 granules.
Dédicace

à Samuel (1755-1843)
à James (1849-1916)
à Alfonso (1932-2003) in memoriam
Exergue

« C’était, si vous voulez, le flirt de deux esprits
prématurément exténués et qui semblait encore beaucoup plus dangereux qu’un amour fondé sur une attirance purement sexuelle. »
Lawrence Durrell (Justine)
1
– Déblaiements, débarras
– Déchets
– Déménagements
– Démolition (entreprises)
Mais, putain de merde, c’est pas un résumé de ma vie que je cherche, c’est un dentiste ! J’en peux plus ! Depuis cette nuit où une molaire a commencé à marquer chaque seconde d’un élancement qui rayonne vers l’œil et l’oreille, depuis cette matinée pluvieuse où j’ai fini par régler mon pas sur le métronome de ma douleur tandis que le volume de ma joue prenait sous mes doigts prudents des proportions intéressantes, je cède à l’idée d’entrer dans un cabinet dentaire. Encore faudrait-il que j’en trouve un qui accepte de me recevoir !
Il y a des années que je n’ai pas fréquenté de professionnels de santé et le comble est que j’en suis réduit à rechercher justement l’espèce qui me plaît le moins. Mon moral est aussi bas que le ciel de ce début d’hiver. En cette saison, il pourrait déjà faire très froid mais avec, dans la journée, du soleil dans un ciel d’un bleu uniforme. Mais non, il pleut presque en permanence depuis trois jours et les nuages stagnent au ras du sol : c’est un temps que je déteste. Cela faisait déjà quelques semaines que j’évitais de me servir de ce côté de la mâchoire et que du bout de la langue j’arrivais à faire bouger cette dent dans tous les sens, mais cela n’entraînait pas d’insupportable douleur. D’où vient cette brutale aggravation ?
Et, dans l’état où je suis aujourd’hui, quel besoin ai-je eu de traverser la Montagne de Lure pour venir me paumer dans cette petite poste de Pierrevert. J’aurais mieux fait de rester sur la route directe et de me dispenser de ce détour par Montfuron. Et pourtant, Dieu sait que je connais bien cette région, depuis le temps que j’y tourne plus ou moins en rond ! Toujours cette mauvaise manie de choisir les petites routes qui ont l’air d’aller nulle part. Ma peur permanente des villes et des gens. Du mauvais regard des autres.
J’ai du mal à tourner les pages jaunes de cet annuaire et encore plus de mal à lire ; j’ai soudain des absences qui ne durent sûrement que quelques secondes mais qui commencent à m’inquiéter. Je ne vais quand même pas tomber dans les pommes ? Manquerait plus que cela pour terminer cette journée où je me sens vieux, sale et aussi triste que la pluie.
Derrière le guichet vitré de cette petite agence postale, la préposée doit se poser des questions. Je pue le SDF et ressemble à ceux qu’au siècle dernier on appelait des chemineaux et qu’on préférait voir entre deux gendarmes plutôt que dans l’intimité d’une petite pièce alors qu’il est pratiquement l’heure de fermer. Ce ne sont ni les nombreuses affiches officielles qu’elle a joliment punaisées sur les murs, ni l’énorme date « vendredi 22 novembre 1996 » suspendue au-dessus de sa tête, ni la photo souriante du Président de la République qui doivent la rassurer.
– Je peux téléphoner ?
– Oui, mais dépêchez-vous, je dois fermer. Prenez la cabine.
Il est à peine cinq heures et des miettes, il me semble que c’est bien tôt pour fermer. Petit mensonge pour cacher sa peur ? C’est parti pour le premier de la liste sur Manosque qui n’est plus maintenant qu’à cinq ou six kilomètres : Benizrate Maurice, un nom juif, sûrement d’Afrique du nord. Pourquoi ai-je tout de suite pensé : un Juif. Est-ce une forme d’antisémitisme primaire ? En réfléchissant tandis que bourdonne la sonnerie, je me rassure : j’aurais pensé un Breton avec la même neutralité si j’avais lu Le Jaouen. Donc je ne suis pas raciste… mais ce genre d’automatisme inconscient qui, à partir d’un nom, ou d’un profil, ou d’un métier, ou d’un accent entraîne le rangement d’un individu dans un groupe ethnique, culturel ou religieux particulier peut entraîner chez certains de bien sombres conséquences. N’empêche que ce con (alors là c’est pas du racisme car voilà une étiquette que je colle sur près de 90 % de mes contemporains) ne décroche pas alors que j’ai de plus en plus mal. Façon polie de me faire comprendre qu’il n’accepte pas de recevoir des cloches le vendredi soir. Passons au deuxième : Donnadieu Dominique. Celui-là doit être un Provençal de vielle souche mais je devrais peut-être arrêter mes stupides hypothèses sur l’origine des noms propres, je ne suis pas là pour ça. Allez, roulez, nouveau numéro ! Ça décroche tout de suite.
– Cabinet dentaire du Docteur Donnadieu.
Merde, c’est vrai qu’ils sont devenus « docteurs » ces guignols ; « docteurs en chirurgie dentaire » ! Les temps changent, mais ça ne les rend sûrement pas plus agréables à fréquenter !
– Bonsoir Madame, j’ai très mal et j’aimerais que le docteur puisse me voir maintenant… enfin d’ici une petite heure, le temps d’arriver. Je suis à Pierrevert…
– Ça ne peut vraiment pas attendre lundi matin ?
– S’il vous plaît…
– Bon, mais dépêchez-vous parce qu’on ferme à six heures.
– J’arrive, mais faudra faire simple parce que…
– Vous verrez ça avec le docteur.
Et elle raccroche sans me laisser finir ma phrase. Je voulais la prévenir que je ne ressemblais pas à une gravure de mode et que je n’avais plus que 45 francs à mettre dans le commerce.
Et merde, on verra bien !
Je dépose sur le guichet les trois piécettes réclamées par ma postière, sans doute assez contente de me voir sortir un porte-monnaie au lieu du coutelas qu’elle avait eu le temps d’imaginer, et je lui demande si, par hasard, elle sait où se trouve le cabinet dentaire de ce Docteur Donnadieu.
– C’est la petite maison à droite de la route, juste au niveau de la pancarte Manosque. Y’a une plaque sur la grille, vous pouvez pas la rater. Au revoir Monsieur.
– Madame !
J’accroche mon sac marin sur l’épaule et me retrouve sur la route. Il pleut de nouveau et le fait d’avoir parlé un peu me donne l’impression que ma joue a encore enflé. Je remonte au maximum la fermeture éclair de mon blouson et enferme ma tête douloureuse dans la capuche relativement étanche. La douleur est maintenant continue, je n’ose plus remuer la langue. Il fait tout à fait nuit et, une fois sorti du village, plus aucune lumière ne m’aide à suivre correctement la route. Mais j’ai une certaine habitude de ces marches nocturnes et mes grosses chaussures font toutes seules la différence entre le macadam et les herbes des talus. Tête baissée sous la pluie et marchant au radar, sans penser à rien, je me retrouve beaucoup plus tôt que prévu nez à nez avec la pancarte « Manosque ». Il y a tellement longtemps que je marche sur des routes plus ou moins inconnues, comme un automate et en m’efforçant de ne rien voir et de ne rien ressentir, de ne pas penser, de ne surtout pas penser… Ce soir, engourdi par la douleur et abattu par l’idée d’être contraint de demander de l’aide, je crois que j’aurais pu traverser cette ville sans même m’en rendre compte. Au niveau de ce poteau qui vient de me barrer la route, on entre dans une zone de lumière et il y a effectivement un pavillon d’un étage dont la grille porte un petit panneau en Plexiglas : Dr. D. Donnadieu et toutes sortes de références que je ne prends pas le temps de lire. Deux fenêtres donnant sur la route sont éclairées et, entre elles, une lanterne abritée sous une véranda, surmonte la porte d’entrée.
Je crois qu’il était temps. J’ai très soif.
Il y a un écriteau : « Sonnez et entrez », ce que je fais. Une courte entrée donne sur la salle d’attente, sans doute l’ancien salon de ce petit pavillon, papier clair aux murs, quatre fauteuils corrects et l’inévitable table basse couverte de revues.
Je n’ai ni l’envie ni le temps de m’asseoir.
Une jeune femme en blouse blanche surgit d’une porte à oculus :
– C’est vous qui v’nez de téléphoner ?
– Oui.
– Ah, bon !
Mais à son air, je vois que ça ne doit pas lui paraître si bon que ça.
– Et ben, entrez là, le docteur va vous prendre. Posez votre sac, enlevez votre blouson et installez-vous sur le fauteuil.
Ce que je fais dans l’ordre indiqué et dans une sorte de brouillard. Je me dis en souriant intérieurement que si cette charmante gamine n’avait pas été aussi claire, j’aurais pu mettre mon blouson sur le fauteuil et m’asseoir par terre ou sur mon sac.
Presque allongé sur cette sorte de chaise longue, j’ai le sentiment que si le dentiste n’intervient pas rapidement, je vais m’endormir. Il y a près de dix heures que je marche sous la pluie et je n’ai rien bu ni mangé depuis un petit café crème pris à la sortie de Céreste très tôt ce matin. La douleur a maintenant envahi tout mon crâne et j’ai l’impression de flotter dans le vide. Sur une petite console-lavabo, à portée de ma main, se trouve un verre en carton plein d’eau. Je me le bois sans vergogne puis ferme les yeux. Vite Docteur, enlevez-moi ce chicot branlant et que j’aille me trouver un abri au sec pour dormir un bon vieux

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