Plume
254 pages
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Description

Quand Noah, la trentaine, se retrouve spectateur d'un ballet au Metropolitan Opera de New-York, il ne peut s'empêcher de se demander ce qu'il fait là et si sa présence est une bonne idée. Il va la revoir, il lui avait promis de venir, mais il ne savait pas que cela pouvait être aussi douloureux. C'est le cœur battant qu'il compte les minutes qui le séparent d'elle. Comment en est-il arrivé là? Pourquoi est-il venu? A-t-il vraiment envie de la revoir? Toutes ces questions le replongent dans leur histoire, quand tout a commencé sur un banc, à Central Park...




"On se laisse porter par leurs échanges, leurs balbutiements amoureux. De leur relation se dégage, une force et à la fois une légèreté. Le passé et la souffrance de Noah nous émeuvent. Ce jeune homme est beaucoup trop dur avec lui-même. Son côté bourru surprend, désarçonne et plus que tout, on aime quand il baisse la garde. Avec Gemma, il refait surface, il se délivre d'une culpabilité inutile. L'écriture est sublime, écorchée, enveloppante. L'amitié de Tyler réchauffe, sa fidélité n'ayant d'égal que sa bonne humeur. Il est le témoin discret de l'éprouvante métamorphose de Noah, qu'il espérait plus qu'il ne l'attendait... Plus qu'un roman, c'est une divine réconciliation !"


Le blog littéraire de Sophie Songe


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 septembre 2022
Nombre de lectures 2
EAN13 9782491996017
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lilie Caron Borgogno
 
 
Plume
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Photo de la couverture Christine Sponchia, crédits Pixabay
1
 
 
Pourquoi je suis là ? Je ne sais plus. Je n'aurais peut-être pas dû venir.
Je regarde autour de moi. La salle est immense, comme dans mon souvenir. Les sièges en velours rouge sont positionnés en quinconce. C'est une salle de spectacle tout ce qu'il y a de plus basique, mais tout le monde s'émerveille de ce « chef d’œuvre architectural ».
Le monde commence à arriver. Super, tout ce que j'aime. Des endroits clos, une foule insupportable et un spectacle qui va durer probablement trop longtemps à mon goût.
 
Pourquoi je suis venu déjà ? Ah oui. Je me souviens.
 
J'observe les gens entrer progressivement et remplir les sièges vides. Certains privilégiés se placent dans les balcons privés. Je n'aurai pas cette chance de pouvoir avoir un minimum de tranquillité. Je suis au milieu de la foule, au huitième rang. Ni trop prêt, ni trop loin. Et je suis entouré d'une vieille bourgeoise accompagnée de son mari à ma droite, qui tient la brochure du spectacle. A ma gauche, le siège est vide.
 
Je n'arrive pas à savoir ce qui m'a poussé, ce matin même, à traquer les petits revendeurs pour avoir un billet pour ce spectacle. Je regrette déjà mon choix. Je baisse les yeux vers la brochure. Une danseuse magnifique, gracieuse, en tutu blanc comme la neige pose, avec son nom et le titre. J'ouvre la brochure pour me renseigner, mais je connais déjà tous les détails de la préparation de ce spectacle. Sans le vouloir, j'avais été aux premières loges, pour ainsi dire.
Un seul détail pique ma curiosité : la durée. Quoi ? Deux heures et demie ? Cette arnaque dure aussi longtemps ? Je soupire. Quelle horreur. Je regrette encore plus mon élan d'enthousiasme de ce matin.
 
Enthousiasme ? Je ne sais pas s'il s'agit du terme exact. Je me suis simplement dit que je devais être là. Pourquoi ? Comment ? Le miracle avait frappé. En arrivant de bonne heure devant le Metropolitan Opera de New York, j'avais prié pour qu'il reste seulement un petit siège, ou même un tabouret. Finalement, en voyant le bandeau « Complet » collé en travers de l'affiche, j'avais commencé à déchanter. Mais ne perdant pas mon élan, je m'étais dirigé vers le guichet et avais demandé poliment à la dame s'il restait une place pour ce soir, car je devais absolument assister à cette représentation.
Derrière ses grosses lunettes et son visage gras, elle m'avait ri au nez en m'expliquant que le spectacle était complet depuis des semaines et qu'il fallait se réveiller plus tôt. Je lui avais prié de regarder s'il y avait une annulation, mais elle m'avait sèchement demandé de partir après m'avoir annoncé d'un ton évident que personne n'annulait pour venir voir ce spectacle, attendu depuis des mois, et qu'au prix des places, les gens, même malades, en béquilles ou à la veille d'une greffe se déplaçaient.
J'avais conclu qu'elle avait une tendance à l'exagération et une fois le dos tourné, je lui avais gentiment levé mon majeur et prié qu'elle aille se faire voir.
En sortant du hall de l'opéra, un jeune garçon d'une vingtaine d'années, fumant sa cigarette, adossé au mur donnant sur la rue m'avait interpellé. Il m'avait demandé si j'avais besoin de quelque chose. Très ironiquement, je lui avais dit qu'il me fallait une place pour l'opéra, persuadé qu'il allait me proposer de la drogue. Il avait alors sorti de sa poche deux billets pour le spectacle de ce soir. En écrasant sa cigarette, il m’avait expliqué que sa petite amie l'ayant largué, il n'avait plus pour projet de l'amener ici ce soir pour lui faire la surprise. Je lui avais racheté les billets avec une compensation pour la rupture imprévue.
Peut-on prévoir ce genre de choses ? Probablement pas. A moins de se comporter comme un con dans ce but précis. Bref, j'avais donc racheté les deux billets, pour avoir au moins un siège libre à côté de moi et respirer. De fait, le siège à ma gauche ne serait pas rempli ce soir.
 
Les lumières s'éteignent dans la salle, et le silence s'installe. Tous les yeux se rivent sur la scène et le spectacle commence. Les danseurs font leur apparition petit à petit pour interpréter Le Lac des Cygnes.
 
Pourquoi je suis venu déjà ? Ah oui, pour elle. Dans sa tenue blanche, elle apparaît et inonde la scène de son talent. Elle est époustouflante. Je suis forcé de reconnaître qu'elle a bien mérité ce rôle. Pendant deux heures et trente longues minutes, je ne quitte pas des yeux la danseuse principale.
 
 
Une immense ovation à la fin du spectacle retentit dans l'opéra qui s'éclaire progressivement. Le spectacle a eu un franc succès. Je me lève et applaudis également. Lorsque le rideau se ferme, j'attrape ma veste, que j'enfile immédiatement et prends une rose blanche et une rose noire que j'avais posé sur le fauteuil vide à côté de moi.
Je m'étais toujours demandé comment ils faisaient pour faire pousser des roses noires. Profondément stupide, je m'étais même demandé s'il y avait réellement une race de roses qui poussait d'un noir profond. Naturellement non. C'était purement chimique. Et les deux que j'avais dans les mains d'autant plus qu'elles étaient stabilisées et qu'elles ne faneraient pas. Ah, la science...
 
Une fois mon allée vide, je longe les fauteuils et descends vers la scène, à l'inverse de la plupart des spectateurs qui se dirigent vers la sortie. J'aurais aimé les rejoindre à l'extérieur, fuir, et ne jamais revenir. Mais je ne pouvais pas. Je dois affronter ce moment.
 
J'indique mon identité au gorille tout de noir vêtu qui surveille l'entrée des coulisses. Un peu réticent, je lui explique que je fais une surprise à une danseuse que je n'ai pas vu depuis des années. Je mets un faux enthousiasme dans ma phrase, histoire de faire semblant. Et ça le convainc.
 
Je marche dans le long couloir aux multiples portes. Je m'arrête quand le nom qui m'intéresse apparaît. Je souffle. Je devrais partir. Courir. Mais mécaniquement, mon corps m'en empêche en frappant à la porte. La personne dans la loge m'autorise à entrer. Quelle générosité...
 
Je pousse la porte et la referme derrière moi. La loge est un peu en désordre, et remplie de bouquets de fleurs, de cadeaux et d'affaires féminines. Toujours aussi bordélique. Je regarde en face de moi. Je vois mon reflet dans le miroir, qui apparaît au-dessus du sien, assis dans une chaise. Elle lève le regard vers moi et reste stupéfaite.
Elle se retourne, comme pour vérifier qu'elle ne rêve pas, et un large sourire se dessine sur ses fines lèvres. Heureuse ?
 
– J'espérais que tu viennes...
 
Ces quelques mots me donnent des frissons tout le long de la colonne vertébrale. Je hausse les épaules et déambule dans sa loge, en regardant les articles de journaux posés sur un canapé en cuir noir. Les critiques avaient écrit sur cette soirée avant même qu'elle ne se produise.
 
– Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu. Comment vas-tu?
 
Elle ne semble pas prendre en compte le fait que si nous ne nous sommes pas vus depuis longtemps, c'est en partie parce qu'elle a disparu de la circulation. En tous cas, de ma circulation. Je lève les yeux vers elle, un journal à la main. Le gros titre affiche « Une étoile est née ».
 
– La soirée était-elle à la hauteur de tes attentes ? lui demandé-je.
– De mes attentes ?
– Oui, tu as toujours rêvé de cette soirée. Tu avais donc imaginé comment elle devait se dérouler. Cela a-t-il répondu à ce que tu espérais ?
- Plutôt oui...
 
Elle ricane légèrement, se lève et me rejoint vers le canapé. Je me contente de lui souffler juste quelques mots.
 
– Alors félicitations !
 
Je lui tends alors le duo de roses que j'avais acheté avant de venir.
 
– Une rose noire et une rose blanche ? me demande-t-elle simplement.
– Un cygne blanc et un cygne noir...
 
Je me contente de ses explications, en espérant que ça lui suffise. Elle sait que j'aime beaucoup la symboli

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