Rivage
152 pages
Français

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Description


Fey ne s’est jamais sentie à l’aise sur la terre ferme, les fonds marins ont toujours bien plus retenu son attention...


À juste titre, elle n’est pas humaine, mais seiren. Pourquoi se retrouve-t-elle alors dans un monde qui n’est pas le sien ? Quels secrets régissent le peuple lagunaire rénatien ou encore celui du domaine abyssal lamyntien ?



« Ce premier tome se termine sur les chapeaux de roue et, j'ai bon espoir que le second reprenne dans cette continuité ; maintenant que le décor est planté, nous allons pouvoir découvrir plus en profondeur les personnages et de nouvelles révélations sur les peuples Seirens. » - Blog Sawisa


« Ainsi, j'ai passé un très agréable moment en compagnie de Fey, d'Arthur, de Garten et de tous les autres. Je me suis laissée bercer doucement par les eaux et, avec les personnages, j'ai parfois nagé à contre-courant, portée par l'envie d'avoir le fin mot de l'histoire du peuple seiren. » - Blog Les Rêveries d'Isis

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9791094786598
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

S eirens
ISBN : 979-10-9478659-8
ISSN : 2492-6485
Seirens, Rivage
Copyright © 2019 Éditions Plume Blanche
Copyright © Illustration couverture, Jean-Mathias Xavier
Copyright © Illustrations intérieur, Jean-Mathias Xavier
Tous droits réservés

Maquette e-book : Anthony Barril
Corrections : S. Lucas 
MELISSA SCANU
Melissa Scanu


S eirens


Rivage
(Roman)



« Par leurs chants au charme irrésistible, elles attiraient les marins
et les entraînaient à la mort. Elles chantaient, paraît-il,
des prophéties et des chansons inspirées par l’Hadès, l’Au-Delà. ».
Mythologica.fr
À mes parents



After all of these seasons
After your own decision to go to the water for a reason
It’s only the ocean and you
And all of these lines
Will all be erased soon
They go out with the tide
And come back with the waves
It’s only the ocean and you



Après toutes ces saisons
Après ta propre décision d’aller à l’eau pour une raison
Il n’y a que l’océan et toi
Et toutes ces lignes
Seront bientôt effacées
Elles s’en vont avec la marée
Et reviennent avec les vagues
Il n’y a que l’océan et toi


“Only the Ocean” – JACK JOHNSON (2010)
1.
L 'appel

F ey ouvrit les yeux. Sa vision n’était pas aussi trouble qu’elle aurait dû l’être. L’apnée n’était pas un réel effort. Elle avait juste conscience de la légèreté de son corps, ses membres plus gracieux, ses mouvements plus fluides que d’ordinaire.
Avec une lenteur savourée, elle fit pivoter son corps à l’horizontale, joignit ses paumes au-dessus de sa tête, et s’élança d’un battement de pieds. Tandis qu’elle nageait, elle sentit ses membres se détendre, son énergie revenir. Elle peinait à croire qu’à peine quelques minutes auparavant, elle se sentait lourde, fébrile et fatiguée. À présent dans l’eau, la vitalité semblait émaner d’elle.
Après quelques instants, Fey finit par ralentir et remonta doucement à la surface. Son visage jaillit en premier hors de l’eau, et embrassa l’air frais tandis que les gouttes glissaient de ses cheveux. En position fœtale, suivirent ses genoux, de façon à la laisser flotter sur le dos. Les bras en croix, les yeux à demi-clos, elle soupira d’aise, savourant la chaleur de l’eau enveloppant son corps, l’obscure clarté provoquée par les halos de lune et les lumières du jardin se reflétant sur l’eau. Savourant simplement l’instant.
— Fey ?
La jeune fille ouvrit les yeux, rappelée à la réalité. La lumière s’alluma et le clapotis de l’eau fut alors accompagné de bruits de pas s’approchant.
Découvrant sa mère au bord de l’eau, l’observant de ses yeux verts dans lesquels se mêlaient inquiétude et mécontentement, Fey grimaça d’un air penaud.
— Je ne voulais pas vous réveiller.
— Tu ne l’as pas fait, mais j’ai vu que tu n’étais pas dans ta chambre quand je suis passée devant pour descendre à la cuisine, répondit sa mère. Fey, que fabriques-tu dans la piscine à deux heures du matin ?
— Je… je n’arrivais pas à dormir. Et j’avais chaud… Je pensais que faire un plongeon me ferait du bien.
Ce n’était pas tout à fait faux, même si les choses étaient plus compliquées que ça. Mais sa mère ne pouvait pas comprendre. Elle insista :
— Tu ne pouvais pas prendre un verre d’eau, tout simplement ?
— Je suis juste allée dans la piscine, à vingt mètres de la maison, argua Fey. D’autres font bien pire la nuit, à mon âge.
D’autant plus que la piscine était couverte et quasiment mitoyenne à la maison, creusée dans le jardin à quelques mètres de l’entrée de la véranda.
— J’aurais presque préféré te surprendre à faire le mur, soupira sa mère.
Légèrement piquée, Fey se rapprocha du bord tandis que sa mère s’y accroupissait. Le regard marron affrontait le vert qui ne faiblissait pas.
— Nager. C’est bien l’usage d’une piscine, non ?
— Ce n’est pas la question, mais c’est dangereux, chérie. Aussi bonne nageuse soit-on, on ne se baigne pas toute seule la nuit, avec personne aux alentours, en cas de problème.
— Ce n’est jamais arrivé.
— Mais on ne sait jamais. Un accident peut vite se produire. Une chute, un malaise… D’ailleurs, tu y fais souvent allusion en ce moment, à ce que je sache.
Fey baissa les yeux. Inutile d’argumenter davantage. Mieux valait s’arrêter là et contenter sa mère, Sarah. De toute façon, elle avait eu son bain. Elle était tranquille pour un moment.
— Oui, désolée.
— Allez, enlève ton maillot, sèche-toi et retourne te coucher, conclut Sarah en se radoucissant. Tu veux que je te prépare quelque chose à boire ?
— Ça va, merci.
Fey sortit de l’eau et attrapa sa serviette posée sur l’un des deux transats disposés autour de la piscine familiale. Elle se sécha avec parcimonie, épargnant surtout son visage et ses bras, pour conserver le plus longtemps possible les gouttelettes qui couraient délicieusement le long de son corps.
Une fois dans la salle de bains, son maillot argenté négligemment jeté dans la baignoire, elle y entra à son tour et s’assit. Elle avait l’excuse de devoir se laver du chlore et autres impuretés propres aux piscines. Mais Fey savait qu’elle ne devait pas rester trop longtemps au risque d’irriter à nouveau sa mère. La jeune fille ouvrit alors les robinets et profita encore une fois de son élément béni.

Dans son lit, elle se sentit mieux qu’à son premier coucher, moins d’une heure plus tôt. Malgré son agacement, alors qu’elle se douchait, sa mère avait changé son lit, preuve qu’elle n’avait pas menti quant au fait qu’elle avait eu trop chaud et s’était trouvée mal. Fey se délecta de la fraîcheur des taies et des draps et expira en fermant les yeux. Dans quelques heures, tout recommencerait, alors mieux valait profiter de cette paix tant qu’elle perdurait.
Son corps et son esprit se détendaient lorsque la porte de sa chambre s’ouvrit doucement. Avec lenteur et grâce, Sarah s’approcha de son lit et déposa un baiser sur son front, comme pour vérifier sa température et faire la paix à la fois.
— Bonne nuit, ma chérie.
— Bonne nuit, maman.
À nouveau seule, Fey ferma les yeux en repensant à sa soirée aquatique. Elle avait toujours été plus à l’aise dans l’eau et ne se sentait réellement heureuse que lorsqu’elle en était entourée. Depuis son enfance, elle vouait un culte à tout ce qui avait un rapport avec l’environnement marin. Lors des étés de son enfance, seules les activités subaquatiques l’intéressaient. À la plage, elle avait bien peu de souvenirs passés à jouer sur le sable. Seulement dans l’eau, sur l’eau, avec l’eau, encore et encore. C’était un monde qu’elle trouvait plus fascinant et plus riche. Un monde plus profond, dans tous les sens du terme.
L’épisode de ce soir n’était pas la première « bizarrerie aquatique » que sa mère surprenait. La plus ancienne devait remonter à son enfance, alors qu’elle avait environ huit ans. Ses parents, Neil et Sarah Pond, musiciens de métier, respectivement guitariste et violoncelliste, auraient aimé transmettre leur passion à leur fille. Mais celle-ci n’avait jamais exprimé de don ou de penchant pour la musique. Néanmoins, cela ne l’empêchait pas d’être fascinée par les instruments de ses parents, et un jour, sa mère l’avait surprise dans la baignoire, toute habillée, avec l’instrument de musique de son père. En la découvrant ainsi, à califourchon sur la guitare classique posée à plat dans l’eau, l’oreille plongée au-dessus de la rosace pour écouter les sons que ses petits doigts se hasardaient à jouer en grattant aléatoirement les cordes, sa mère avait été horrifiée. Elle l’avait tirée de là en criant. Fey s’était défendue en prétextant qu’elle avait simplement envie d’entendre de la musique sous l’eau, comme si c’était la chose la plus naturelle au monde. Cet argument n’avait pas du tout été apprécié par sa mère, et moins encore par son père qui était entré dans l’une de ses plus grandes colères du souvenir de Fey. Néanmoins, celle-ci n’avait pas saisi à l’époque que c’était mal. Il lui semblait que tout ce qui pouvait être fait sur terre pouvait être également réalisé sous l’eau. Elle ne comprenait pas les réticences de ses parents – et plus tard, des gens en général – à ce sujet. Par la suite, elle avait grandi, appris à gérer et à contrôler ses envies singulières. Elle s’était contentée d’aimer l’eau et d’en être le plus proche possible, tout en évitant les idées jugées incongrues.
Cependant, ce qui n’avait toujours été qu’une innocente passion s’était mué depuis quelque temps en besoin irrépressible, sans lequel elle était en proie à des gênes et douleurs de plus en plus récurrentes et vives, surtout au niveau des jambes. Ainsi, depuis plusieurs mois, Fey se trouvait régulièrement fatiguée, déshydratée et affaiblie si elle manquait d’eau trop longtemps. Le bain quotidien ajouté aux litres d’eau qu’elle buvait chaque jour, conditions plutôt banales, ne suffisait plus, et elle avait désormais besoin de davantage. Elle multipliait les allers-retours à la plage, les moments passés à la piscine – savourant la chance que sa famille en possédât une – se douchait avant et après le sport au lycée, arguant une obsession de l’hygiène, et autres subterfuges prétextes à rester dans l’eau. Elle savait, elle sentait, que seul cet élément pouvait l’apaiser et calmer ses douleurs. Mais ses proches s’en rendaient compte également et trouvaient cela de plus en plus étrange. Certes, il était bien des dépendances plus alarmantes que l’eau chez les adolescents, mais son attitude commençait à inquiéter et à déranger. L’épisode du bain nocturne n’étant pas isolé, cela n’allait pas aller en s’améliorant. Actuellement, Fey tenait une moyenne de quatre heures environ sans contact aquatique, mais cela allait encore diminuer, elle le savait. Que ferait-elle alors ? Les humains n’étaient pas faits pour vivre dans l’eau… Mais c’était l’eau elle-même qui l’appelait.
Ce fut sur cette pensée contradictoire qu’elle s’endormit.
2.
D ependance

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