Songe à moi
176 pages
Français

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Songe à moi , livre ebook

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Description

Agathe a dix-huit ans. Romantique, débonnaire, elle décide un soir d’octobre, dans un élan de colère, de se jeter d’un pont, juste pour faire souffrir son père. Mais ses plans sont chamboulés par une rencontre inopinée. Celui qui hante ses pensées est si mystérieux... Est-il un ange gardien ? Un manipulateur ? Est-ce un songe ? Une réalité ? Une folie ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 juillet 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332970183
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-97016-9

© Edilivre, 2015
A David…
Première partie
I
En poussant la porte du bureau de poste, Agathe réalise rapidement la patience dont elle devra s’armer avant de découvrir le contenu et l’identité de l’expéditeur du colis qu’elle est venue retirer. Depuis la veille, elle tente de percer le mystère.
Sans doute un admirateur secret. Un soir, il l’aurait croisée, fortuitement, sur le chemin entre l’université et son domicile. Non ! Après ses cours à l’académie de musique. Il aurait effleuré l’étui de violon qu’elle portait à la main. Lui aussi serait musicien. Un pianiste, pour l’harmonie des sons et des genres. La puissance des doigts affirmés sur les touches frappant des cordes contre la douceur de l’archet en caressant d’autres. Sa timidité l’aurait empêché de l’aborder et il se serait hasardé à la suivre, avant de relever discrètement l’adresse et deviner son nom sur les boîtes aux lettres alignées. Excédé par des nuits sans sommeil et des journées empreintes de ce souvenir impossible à effacer, il se serait décidé à lui envoyer un bijou. Non ! Trop contractuel, trop flippant. Un foulard. Présent discret et raffiné. Une carte serait jointe, désignant un lieu, une date. Une invitation énigmatique à laquelle elle se rendrait sans trop d’hésitation, pour satisfaire sa curiosité. Il l’attendrait en avance ; elle aurait du retard, juste le temps nécessaire pour se laisser convoiter. Comme convenu, il tiendrait dans sa main droite une rose rouge, en signe de reconnaissance. Pour juger de son apparence, elle l’épierait de loin. S’il lui plaisait, elle irait à sa rencontre ; sinon, elle rebrousserait chemin. La belle moralité de donner priorité à la beauté du cœur par rapport à celle du physique a été conçue par et pour des moches. Agathe veut les deux. Heureusement, il serait beau et elle s’avancerait vers lui.
– Mademoiselle ! insiste la grosse dame derrière le guichet.
Sa voix aigüe contraste avec ses doigts boudinés pianotant nerveusement sur le comptoir. Une journée de plus pour cette fonctionnaire à subir le dédain des clients. Combien d’entre eux la salueront ou la remercieront aujourd’hui ? Combien d’entre eux aura-t-elle l’impression de déranger en interrompant leurs conversations ou correspondances téléphoniques ? Sans compter ceux qui partageront leur musique, censée plaire à tous, et qui lui demanderont de répéter au lieu d’ôter leurs écouteurs. « A force de prôner que la poste est à leur service, les gens finissent par nous considérer comme des domestiques. Ils prennent tout au pied de la lettre » plaisante-t-elle souvent avec ses collègues. Humour d’employée de poste.
Agathe lui tend l’avis postal et sa pièce d’identité. La vénus hottentote bascule la tête légèrement en arrière afin de positionner sur le même axe le document, les lunettes posées sur le bout de son nez et ses yeux globuleux.
– Un instant s’il-vous-plaît, lance-t-elle laconiquement avant de disparaitre d’un dodelinement de fesses derrière une porte affichant « dépôt ».
Elle l’imagine ténébreux, brun aux yeux bleus. Elle l’espère. Juste pour assouvir un fantasme et devenir mère de beaux enfants. Elle en désire deux. Un garçon et une fille, mais pas jumeaux. Ils sont insupportables lorsqu’ils se mettent à pleurer de concert. La liste de prénoms est déjà dressée. Bien entendu, ils seront intelligents et ne finiront pas caissière et facteur.
– Voici, conclut joyeusement la guichetière en lui tendant le paquet.
Agathe lui rend son sourire, un peu gênée par les pensées moqueuses qu’elle venait d’éprouver. Elle relativise en se disant qu’au final, les gros compensent leur physique ingrat par leur infinie bonté.
La pluie glacée empêche toute inspection immédiate de la boîte emballée d’un papier kraft. Elle la glisse dans son sac et se hâte de rentrer chez elle. Sa course effrénée ne la détourne pas de ses rêvasseries. Elle dévale les trois cent septante-quatre marches de la montagne de Bueren. Se voit un instant, accrochée aux bras de son bel inconnu, un soir d’octobre, où, à l’occasion de la « nocturne des coteaux », cet escalier et les rues avoisinantes, s’illuminent de milliers de bougies offrant au lieu une atmosphère magique. Elle brave les pavés de la rue Hors Château, ennemis jurés de ses hauts talons préférés et s’engouffre dans la Cour Saint-Antoine où se dresse l’immeuble de son appartement. Trop impatiente pour attendre l’ascenseur, n’étant jamais arrêté à l’endroit où on l’attend, elle emprunte l’escalier escarpé jusqu’au quatrième étage.
Hors d’haleine, elle informe sa mère de son retour par un bref « C’est moi ! » et referme, d’un coup de cheville, la porte de sa chambre derrière elle. Le manteau jeté sur la chaise de bureau, elle s’assied sur son lit, et pose son sac entre ses jambes.
Solennellement, elle y extrait le trésor. En un instant, le papier d’emballage se retrouve froissé, ce qui n’échappe pas à Charlie, le chat, profitant de son nouveau jouet en le faisant tournoyer de ses pattes. Ce que ça peut être con un chat. Le voilà, dos recourbé, poils hérissés, à sauter autour de la boule en papier, la touchant à l’occasion du bout des pattes.
Mais Agathe ne profite pas du spectacle félin. Les larmes inondent ses yeux marron et la rage envahit son cœur d’adolescente. Un IPod, accompagné d’une carte annotée d’un simple « un joyeux anniversaire. Papa ».
Un an, trois mois et vingt-neuf jours qu’ils ne se sont pas vus. Quelques rares appels téléphoniques et des mails sans réponse. Et le jour de ses dix-huit ans, un cadeau de quatre lettres et une lettre de quatre mots.
Une profonde respiration l’aide à regagner sa fierté d’apparat.
Nonchalamment, elle jette le baladeur numérique sur la table de chevet et s’allonge sur son lit. Les yeux fixés vers la porte de sa chambre, elle appréhende le reste de la soirée, sans nul doute dispensée en falbalas : petit repas en famille pour fêter l’évènement, durant lequel sa sœur Julie ironisera pour cacher sa jalousie face à cette majorité, symbole de liberté, qui lui tarde d’atteindre. Sa mère feindra sa morosité par des sourires forcés mais son regard mélancolique trahira le regret de n’être plus celle qu’elle fût jadis, au même âge de cet enfant devenue femme. La tête enfouie dans son oreiller, Agathe s’efforce de ne penser à rien. Mais la tâche méditative se révèle impossible. « Penser à ne penser à rien reste une pensée ». Drame cornélien.
La sonnerie du téléphone réveille Agathe, surprise de s’être assoupie. Redressée, l’oreille attentive, le cœur palpitant, elle culpabilise d’avoir douté de son père.
Evidemment, il ne l’a pas oubliée. Evidemment, il ne se serait pas contenté de lui envoyer un cadeau de façon si impersonnelle. Evidemment, il lui réserve une surprise au delà de ses espérances. Elle le pressent : sa mère va rentrer dans sa chambre, le téléphone tendu à son attention. Il l’invitera à jeter un œil par la fenêtre du séjour et il sera là, posté à côté de la fontaine, un parapluie à la main, un sourire au coin des lèvres. Ils partageront le festin. La famille sera à nouveau réunie, comme autrefois, et cette soirée marquera la page d’un nouveau chapitre.
Agathe éclaircit sa voix, vérifie son maquillage, retouche ses lèvres d’un gloss rose lilas et s’apprête à accueillir sa mère par un applaudissement insonore. Mais l’attente lui semble trop longue. D’ordinaire, les conversations entre les ex-conjoints se limitent aux quelques formules de politesse.
Discrètement, Agathe entrouvre la porte de sa chambre et constate sa mère peinant à réconforter une collègue de travail.
– Ne te formalise pas, elle se comporte de cette façon avec chacun d’entre nous. Tu n’es pas visée, elle est juste acariâtre.
– …
– Oui, je sais sauf avec Déborah ! Mais tu connais l’explication ! Elle essaye de se taper son frère. Un instant, tu permets, interrompt sa mère en posant sa main sur le cornet du téléphone…
– C’est Maude … chuchote-elle en direction d’Agathe, les yeux levés vers le ciel et la tête balançant de gauche à droite.
Ce mime, Agathe le connaît, il signifie que la discussion risque de s’éterniser. Elle saisit l’occasion.
– Ne t’inquiète pas maman. J’ai moi aussi mes missions ! lui lance-t-elle, d’un clin d’œil de connivence. Caro vient de m’appeler, elle s’est brouillée avec Jérémie. Je file chez elle. Je rentrerai pour vingt heures. T’es OK ?
Sa mère acquiesce, soulagée d’avoir du temps à consacrer à sa copine, mais préoccupée par le mensonge inventé par sa fille, avec tant d’assurance. Caroline, la meilleure amie d’Agathe, avait été conviée à la petite fête mais elle fût contrainte de décliner inopinément l’invitation à cause d’un voyage en Italie pour assister aux funérailles de sa grand-mère. Sa fille fête ses dix-huit ans aujourd’hui. Ce n’est plus un enfant. Elle respecte ses secrets.
Agathe tourne les talons vers sa chambre, enfile son manteau, empoche son nouvel IPod et salue sa mère d’un baiser.
La pluie a cessé de tomber et les nuages se sont dissipés. Le nez vers les étoiles et le pas déterminé, l’adolescente traverse la ville. Le vent glacial irrite son visage mouillé par les larmes qu’elle ne peut contenir.
Ce père, tant admiré, l’a trahie aujourd’hui en ne se manifestant d’aucune sorte. Elle déplore de constater qu’il n’a pas tenu sa promesse d’être toujours là pour elle. Elle a besoin de lui. Et il n’est pas là !
Les adultes ont ce don d’enrober les vérités, de profiter de la naïveté de leurs enfants et de se débiner au dernier moment, inventant un nouveau prétexte, tout aussi enjôleur. Les parents usent de cet art, dès le plus jeune âge de leurs mômes avec leurs inventions de

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