Stol n love - 1
187 pages
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Stol'n love - 1 , livre ebook

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Description

Romance à suspense - 393 pages


Rongé par un secret qui le hante, Cameron Evans jongle entre ses études d’avocat, le King’s Bar qu’il gère avec ses potes et sa grand-mère malade. Seul pour faire face aux coups du sort, il doit mener sa vie de front, n’hésitant pas à revêtir l’habit nocturne de cambrioleur avec ses amis... au risque de tout perdre.


Zia, étudiante, va faire une rencontre qui pourrait changer son existence. Entre son naturel, son irrévérence et cette candeur romantique qui lui sont propres, elle n’avait pas prévu d’attirer l’attention de Cameron.



Entre mensonge et vérité, avenir incertain et sombre passé, ces deux âmes pourront-elles se côtoyer sans se blesser l’une et l’autre ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 février 2022
Nombre de lectures 8
EAN13 9782379614019
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Stol’n love - 1
Tome 1 Molly Reagan
Tome 1 Molly Reagan M entions légales Éditions Élixyria http://www.editionselixyria.com https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/ ISBN : 978-2-37961-291-401-9 Photo de couverture : ArtOfPhoto
Des mots arrangés, des faits romancés, des personnages magnifiés… Je ne suis pas elle, elle n’est pas moi, pourtant, j’ai réussi à sonder son cœur. Et voilà ce que j’y ai trouvé… Qu’importe ce que le futur nous réserve, Elle restera à jamais ce dessin sur ma poitrine… C.Z.Evans
1 Cameron Mardi 31 décembre La porte s’ouvre sans que je n’aie besoin d’exercer une réelle pression dessus. À croire que ces gens ont encore foi en l’humanité.Réveillez-vous les Rice, l’époque où nous pouvions encore faire confiance à nos voisins est révolue depuis un bail ! D’un signe de main, je préviens Ty que la voie est libre. Sans aucune précaution, ce gros débile avance dans la baraque déserte en s’imaginant déjà chez lui. De ses doigts gantés, il touche les photos de famille qui trônent fièrement sur le meuble du salon. — Regarde-moi ça ! lance-t-il en me jetant un cadre que je rattrape de justesse. La gamine est plutôt bonne, mais moi, je me farcirais bien sa daronne ! C’est pas une première main, mais je te parie mille billets qu’elle doit sucer comme une déesse ! Après un bon coup de poing dans l’épaule pour lui rappeler ce que l’on est en train de faire, Tyler râle en se mettant au travail. Je ne connais pas l’origine de son obsession pour les « mères » ou les gonzesses qui ont passé la quarantaine, mais ce connard ne s’arrête jamais de balancer des saloperies sur les femmes que l’on visite quand on part en commando. — J’aime pas bosser avec toi, Black ! me prévient-il en dissimulant le doigt d’honneur qu’il me tend pour que je ne le voie pas faire. — C’est réciproque, gros naze ! — Admets que tu es beaucoup trop sérieux ! D’ailleurs, je ne comprends toujours pas pourquoi le boss t’a recruté ! T’es pas dans le même délire que nous. {1} — Peut-être parce qu’il sait que sans moi, tu ne lui rapporterais pas une livre ! — C’est moi qui t’ai tout appris, looser ! — Green, ferme ta gueule et mets-toi au boulot ! nous prévient la voix de Red dans nos oreillettes. Il ne vous reste plus que quinze minutes avant que l’alarme ne se déclenche ! — OK ! déclarons-nous en chœur avant de préciser à mon acolyte la direction que je compte emprunter. Pendant que Tyler fouille minutieusement les pièces du bas, je grimpe à l’étage pour découvrir les secrets des Rice. Dans le bureau, je ne mets pas longtemps à débusquer ce qui m’intéresse : un coffre camouflé derrière une vieille croûte en aquarelle qui ne va pas avec le reste de la déco… Monsieur Rice, vous auriez pu faire un effort, cette planque est d’une banalité ! De mon oreille experte, il ne me faut pas longtemps pour percer le code du coffre. Les chiffres n’ont que peu d’importance, ce sont les cliquetis qui comptent. Tyler a beau être un connard machiste et prétentieux, il n’en reste pas moins le meilleur en ce qui concerne les coffres-forts. C’est lui qui m’a tout appris, il m’a donné toutes les ficelles, toutes les astuces pour tout faire péter. Bien qu’il prenne un profond plaisir à me vanner dès qu’il en a l’occasion, il s’est {2} comporté comme un ami pour moi depuis que je suis revenu à Brighton . Abracadabra, petit coffre, montre-moi ce que tu caches…Quand la porte s’ouvre sur un butin non négligeable, je réalise, en comptant rapidement les billets, que même après le partage avec les quatre autres, j’aurai de quoi me payer une année supplémentaire à la fac de droit. Ma première pensée n’est pas pour le doyen de l’université qui va être ravi d’encaisser le chèque, elle est pour ces gens qui travaillent dur pour gagner un peu
d’argent. La villa a beau être située près de South Avenue dans Hanover, l’un des quartiers les plus prisés de la ville, il n’en reste pas moins que ce père de famille a dû passer de nombreuses heures au boulot pour pouvoir mettre cette somme de côté. Me sentant coupable d’être ce que je suis une fois de plus, j’ajoute le nom de cet homme sur ma liste des gens à rembourser. Bien que ce soit Red qui décide des maisons à visiter, et que je ne sois qu’un exécutant, j’ai toujours eu beaucoup de mal à digérer d’entrer chez les gens par effraction. Le cambriolage, je ne fais pas ça pour le plaisir. Au contraire, c’est devenu une nécessité vitale pour que je puisse subvenir à mes besoins, mais aussi à ceux de ma grand-mère. Si j’avais le choix, je n’irais pas voler les gens chez eux. C’est dégradant, tant pour les familles victimes, que pour moi. Malheureusement, c’est un boulot qui rapporte vite et gros. Rien de comparable à tout ce que j’ai pu faire avant. Je ne sais pas si je dois haïr ou remercier Zach de m’avoir embarqué dans cette galère, mais ce qui est certain, c’est qu’aujourd’hui, grâce aux cambriolages, je réussis à payer mon école, de quoi manger correctement, et je peux offrir un toit à Nana. Il n’en reste pas moins qu’à cause de lui, je suis aussi devenu un véritable hors-la-loi. Je me souviendrai toujours de mon état quand je suis rentré chez moi le soir de mon premier cambriolage, j’étais tellement mal que j’en ai vomi toute la nuit. Ce soir-là, je me suis promis que quand j’aurais enfin sorti la tête de l’eau, que j’aurais mis Nana à l’abri du besoin et que j’aurais un travail digne de ce nom après mes études, j’allais essayer de rembourser ces gens. Par acquit de conscience, j’ai commencé à lister les noms de mes victimes ainsi que la somme qu’ils m’avaient rapportée. Visite après visite, nom après nom, je les ai tous notés. Mais à voir cette liste qui s’allongeait de plus en plus, j’ai compris qu’il y avait bien trop de personnes pour que je puisse tenir ma promesse. Aujourd’hui, je note toujours les noms, mais j’ai arrêté de noter les sommes. Je tenterai de rembourser une partie de ma dette, j’y tiens toujours autant. En tout cas, je ferai de mon mieux. En plus des billets, je découvre une vie entière à l’intérieur du coffre : papiers d’identité, livret de famille, acte de propriété… Tout y est, mais je ne prends rien. Les autres ne le savent pas, je pense même qu’ils me cogneraient s’ils l’apprenaient, mais je me suis tout de même fixé une ligne de conduite : je ne prends que l’argent, le reste, je n’y touche pas. Enfin, tout dépend des familles… Comme Red nous donne les noms à l’avance afin que nous puissions analyser le terrain avant le jour J, j’aime me renseigner sur mes victimes. Je n’ai pas la prétention de me prendre pour un Robin des bois, mais j’avoue avoir moins de scrupules à braquer des gens qui s’exposent, qui se gargarisent de leur pognon, à une famille simple sans prétention. La fois où on a visité Monsieur Smith, un politicard haut placé à la langue bien pendue, je n’ai eu aucun mal à taper dans les bijoux de sa bourgeoise. Ce couple de m’as-tu-vu qui pète plus haut que son cul ne méritait que ça. Entre son gros bide, engraissé sur le dos de ses salariés, et les atouts siliconés de sa gonzesse, j’ai même pris plaisir à lui voler ses biens. Avec les Rice, c’est différent. Petite vie tranquille, famille modèle, gens honorables, je n’ai pas envie de les destituer de leur vie. Peut-être que je suis un cambrioleur prétentieux, ou faux-cul, qui se sert en fonction de la vie de ses victimes, en attendant, ça m’aide à mieux dormir. Enfin, parfois. Au milieu des papiers, un album photo s’échappe de ma main pour finir sa course sur le sol. Bien que le temps me soit compté, je m’octroie une seconde pour l’observer. Un jeune couple amoureux, la naissance d’un premier enfant, une fille, puis d’un
second, un garçon cette fois, pour finir par une photo de famille plus récente. Pour le coup, Ty a tort. La mère a beau être jolie, elle n’a rien de comparable avec sa fille. Petite, aux cheveux noir ébène et aux yeux de la même couleur, elle doit à peine avoir seize ans sur ce cliché. Bien qu’elle soit trop jeune pour moi, je la trouve vraiment mignonne. En général, je ne m’intéresse pas beaucoup aux meufs. Si l’occasion se présente, qu’importe qu’elles me plaisent ou non, je prends ce que j’ai à prendre sans m’attacher, mais je n’irais pas les chercher. Je n’ai pas le temps pour ça. Je ne me donne surtout pas le droit de le faire. Comment pourrais-je garder ma deuxième vie secrète si je m’entichais d’une femme ? Mais surtout, à quoi bon s’investir dans une relation, si les bases reposent sur un mensonge ? J’ai déjà du mal à vivre avec ce que je suis, je ne vois pas comment je pourrais le partager avec quelqu’un d’autre. Par chance, jamais aucune fille n’a réussi à me donner envie d’en tomber amoureux. Il y en a bien eu quelques-unes qui ont insisté, mais au bout d’inlassables efforts, elles ont fini par abdiquer. Malgré mon cœur de pierre, ces quatre-là me touchent. Ils ressembleraient presque à l’idée que je me fais de la petite famille parfaite. L’image de ma famille si elle existait encore. Sur un coup de tête que je ne cherche pas à comprendre, je récupère la photo de l’album où ils sont tous ensemble pour l’enfouir dans mon sac avant de reprendre mes investigations au premier étage. Remplie de trophées et de posters de boxe, je tombe d’abord sur la chambre de Rice Junior. Après une recherche rapide, je ne trouve rien d’autre qu’un sachet d’herbe à moitié vide. Quel âge a ce gosse pour fumer ce genre de merde ? Il mériterait que je laisse ça traîner sur le bureau de son vieux pour se prendre un bon sermon. D’ailleurs, je ne vais pas me gêner pour le faire ! Dans notre bande, je suis le seul à ne pas toucher à la fumette. Après un plan, on a pour habitude de se retrouver chez Red afin de mettre en commun nos trouvailles. Quand les comptes sont faits et que le partage est effectué, ils ont pour coutume de se faire tourner un joint. Ce ne sont pas de gros consommateurs, mais c’est une manière de se féliciter d’être rentré sans encombre. Moi, je n’ai pas envie de me féliciter. Il n’y a rien de glorifiant dans ce qu’on fait… La seconde chambre est une suite parentale douillette. Un bon lit King size, une coiffeuse avec quelques bijoux sans grande valeur, un dressing sans trésors cachés au milieu des piles de fringues. Rien qui ne mérite mon attention. Pour ne pas perdre de temps, je file vers la dernière pièce de l’étage : le domaine de Miss Rice. Face à moi, les volets ne sont pas fermés. Par précaution, je m’approche de cette terrasse qui donne sur la rue sans allumer ma frontale. Juste éclairé par la lumière de lune, l’univers de cette fille me semble enivrant. Quelques photos d’elle et de ses copines sur un mur, les cahiers d’une élève de dernière {3} année de A-level sur un bureau, une multitude de fringues dans une penderie, il n’y a rien de particulier ici, pourtant tout m’attire, me donnant l’envie d’en apprendre plus sur elle. Cette demoiselle a dix-huit ans ou presque. Pas l’ombre d’un petit copain qu’elle regarderait avec la bouche en cœur sur les clichés qui entourent le miroir de sa coiffeuse ; elle pose, toujours souriante, les yeux pétillants de malice. Son goût immodéré pour les vestes en jean et les robes à fleurs déborde de ses placards, tout comme le nombre de ses livres sur les étagères qui ornent les murs en face de son lit. Lectrice de romance à l’eau de rose compulsive, ses bouquins m’ont l’air tous plus gnangnans les uns que les autres, pourtant, elle les collectionne précieusement en décorant sa bibliothèque improvisée avec soin. Mais surtout, posé en vrac sur son bureau,
son nom est noté sur la page de garde du premier bouquin que j’ouvre. Zia Rice… Enchantée jolie beauté que je ne connaîtrai jamais. — Green, Black, plus que cinq minutes pour sortir, les gars ! nous informe la voix de Red dans l’oreillette. — C’est bon pour moi, j’ai passé au crible le rez-de-chaussée, répond Ty. T’en es où, Black ? — Je viens de finir, je te rejoins en bas dans une seconde ! Attrapant le premier livre que je trouve sur le haut de la pile, je le glisse dans mon sac près de la photo avant de prendre la direction de la sortie. Tandis que je rejoins mon complice dans le jardin, l’orage gronde au loin et le froid de cette fin décembre remplace la chaleur du foyer des Rice. En grelottant, je lui montre l’intérieur de mon sac rempli de billets en prenant soin de dissimuler les deux effets personnels que j’ai récupérés pour moi. Les yeux ronds, il me fait un geste du pouce pour me féliciter avant de mimer le froid qui s’abat sur ses épaules. Sans nous parler, nous comprenons qu’il est temps de décamper si on ne veut pas geler sur place. Tandis qu’il se met à courir au fond de la propriété pour reprendre le chemin que l’on a emprunté pour entrer, je le suis en murmurant dans le micro : — On est sortis, on retourne à la voiture ! — OK, les mecs ! Blue et Brown sont avec moi, on attend plus que vous pour fêter la nouvelle année ! Heureux de me retrouver dans la bagnole, sain et sauf, je démarre la caisse de la même manière que nous sommes arrivés ici : en toute discrétion. Plutôt fiers de notre récolte, nous sortons du quartier pour nous insérer dans la circulation fluide de ce soir de fête, en imaginant les perspectives qui s’offrent à nous. Prenant la direction de Gardner Road, dans le quartier de Fishersgate, je nous emmène vers notre destination finale, notre point de rendez-vous habituel. Malgré la thune qu’il a amassée en deux ans, Red n’a jamais voulu partir du quartier de notre enfance. Pour lui, impossible de mettre les voiles ou de tracer un trait sur tous nos souvenirs de gosses. Comme il le dit à chaque fois que l’on aborde le sujet :c’est ici qu’on s’est rencontrés, c’est ici que tout doit continuer. Même s’il y a une part de vrai, je crois qu’à un moment de nos vies, on doit aller de l’avant. Quand m’occuper de Nana est devenu une tâche trop lourde à accomplir, j’ai dû faire les choix qui s’imposaient à moi. Elle avait besoin d’une aide médicale à temps plein, mais moi, je n’étais pas capable de lui prodiguer les soins nécessaires. Devoir la mettre dans une maison de retraite a été une décision difficile à prendre, mais elle était nécessaire. Pour supporter les frais mensuels très élevés de la demeure de Preston Park, j’ai été obligé de vendre sa maison, seul endroit au monde où je me suis toujours senti heureux. Après la transaction, partir de Fishersgate, c’était un peu comme renier mes racines, mais avec ce qui me restait en poche, impossible de rester là-bas. Aujourd’hui, je me contente de peu. Avec le coût exorbitant de mon école, je ne peux me permettre de jouer les flambeurs. Devant la maison de Red, je me sens enfin en sécurité. Pas de problème sur la route pour arriver, pas de voiture de flics au cul, pas de prison pour ce soir. Bien que l’on excelle dans notre domaine, que l’on soit suréquipés et que l’on prenne toutes les précautions nécessaires, je suis toujours sur le qui-vive quand nous prenons le chemin du retour. Il n’y a que lorsque nous coupons le contact pour sortir de la bagnole,
que je recommence à souffler. Avant de me lancer dans cette carrière de cambrioleur hors pair, je n’étais pas du genre anxieux. Malgré la perte de mes parents, malgré ma vie avec Michelle Evans, cette femme géniale qui a pour rôle compliqué d’être ma grand-mère, j’étais plutôt du genre cool qui ne se prend pas la tête. Je faisais les pires conneries avec Zach, mon meilleur pote, sans jamais me soucier des conséquences. Même aux prémices de mon job de voleur, je prenais les choses comme elles venaient. Tout a changé il y a un peu plus d’un an, quand Nana a commencé à perdre la tête. C’était un jour comme les autres. J’étais en cours quand mon portable n’a pas arrêté de sonner. Je me souviendrai toujours de la peur que j’ai eue quand mon interlocuteur m’a prévenu qu’il était flic. Sur le coup, je pensais m’être fait avoir à la suite d’un cambriolage, mais ça n’avait rien à voir avec ça. Il venait de retrouver ma grand-mère en pyjama sur la jetée près de la fête foraine, en train de déblatérer des conneries sur son adolescence dans le Yorkshire, au nord de l’Angleterre. J’avais remarqué qu’elle perdait un peu la boule depuis quelque temps. Elle répétait souvent les mêmes phrases, elle zappait les divers rendez-vous que je lui prenais, elle confondait les moments de la journée. Je pensais qu’à soixante-dix ans, c’était normal. Mais après cette première fugue, ses absences sont devenues de plus en plus fréquentes, ses trous de mémoire étaient de plus en plus béants, et surtout, ses escapades non préméditées étaient de plus en plus dangereuses. Un après-midi, en rentrant de cours, je l’ai cherchée près de cinq heures dans tout Brighton. Quand j’ai fini par la retrouver, assise sur un banc à la gare, je n’avais jamais eu aussi peur de toute ma vie. Heureuse de me revoir, elle attendait patiemment que son père vienne la récupérer pour l’emmener au cirque. Elle pouvait l’attendre longtemps ! Ce jour-là, j’ai compris que, quoi que je puisse faire pour elle, ce ne serait jamais assez pour prendre soin d’elle comme je le lui devais. En rentrant chez nous, j’ai commencé à me renseigner pour la mettre dans un centre adapté. Peu importe ce que ça allait me coûter, je n’avais pas le choix si je voulais qu’elle soit en sécurité. Les démarches ont été longues et laborieuses, mais j’ai fini par la faire admettre dans une maison de retraite spécialisée pour les patients atteints d’Alzheimer. Voilà maintenant cinq mois qu’elle est là-bas, et que mon quotidien a complètement changé. Fini la petite vie tranquille dans la petite maison de mon enfance, j’ai dû passer de gamin égoïste et écervelé à homme avec la tête sur les épaules en l’espace d’un an. Maintenant, je crèche seul dans une auberge de jeunesse sur le front de mer où j’ai réussi à avoir une chambre pour moi tout seul moyennant quelques billets supplémentaires. Je jongle entre école et maison de retraite à un rythme soutenu, au point d’avoir presque oublié ce que le verbe « s’amuser » signifie vraiment. Heureusement qu’il me reste encore la team pour me rappeler que je n’ai que vingt-et-un ans, et que parfois j’ai le droit de relâcher la pression. — Messieurs ! annonce Ruben en levant son verre. Ce soir, je tiens à féliciter Cam pour le petit pactole qu’il nous a rapporté. Portons un toast à Cameron ! Grâce à toi, mon pote, on a de quoi mettre deux ou trois biftons de côté, et ça, ça n’a pas de prix ! — Les autres aussi ont bossé ! grogne Ty comme à son habitude. Il n’y a pas que Black ! — Tyler, t’es plus en mission ! déclare Noah en lui envoyant une cacahuète en pleine face. Après chaque cambriolage, c’est toujours le même délire avec ce mec. Tyler n’arrive jamais à faire la différence entre nos vraies identités et celles que l’on utilise pour nos excursions. Comme pour le reste, c’est Red, ou devrais-je dire Ruben, qui a mis ce système en place. Pour minimiser la possibilité de nous faire prendre, il a décidé de nous attribuer une couleur à chacun.
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