Tant pis
150 pages
Français

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Description

« Le corbillard chargé de fleurs allait emmener la défunte vers sa dernière demeure. Jane a rejoint les autres. Elle serrait les poings pour contenir ses larmes. Alors, elle sentit une main très douce qui vint se glisser dans la sienne. Elle savait que c'était celle de Laura. Ce n'était pas la mort qui les séparerait. » Bien qu'elles soient très différentes de tempérament, les sœurs jumelles Jane et Laura Miller sont inséparables. Jusqu'au jour où elles tombent toutes deux sous le charme du même homme. Laura épouse Harold, qu'elle quitte après dix ans de mariage. Mais leur amour renaît de ses cendres, tout comme la complicité des sœurs qui renouent après des années de séparation. C'est alors qu'un drame vient briser ce bonheur retrouvé. À l'image de la menace terroriste qui s'immisce sans prévenir dans notre quotidien, Jennifer Fordham surprend son lecteur avec un dénouement inattendu et criant de vérité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 novembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342157338
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tant pis
Fordham Jennifer
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Tant pis

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://jennifer-fordham.com
 
Ce livre est dédié à Jean-Claude Nebot qui m’a encouragée à l’écrire.
Chapitre I
Laura Miller avait décidé de quitter l’Angleterre ou plus exactement Harold, l’homme qu’elle avait épousé dix ans auparavant.
Cet après-midi, avant son départ, elle s’est offert une grande flânerie dans les quartiers de Londres. À Piccadilly Circus, elle a bu un thé dans une brasserie animée. En voyant tous ces gens manger si mal, elle était perplexe. Les habitudes alimentaires deviennent sans doute, pour certains, un mode de fonctionnement.
Ensuite, elle s’est dirigée comme un automate vers Regent Street. Au milieu de cette fourmilière humaine, on promène une partie de soi dans une dysharmonie totale. Elle a acheté une trop grande valise. Pourtant, elle n’emportait rien dans ses bagages. Un peu de vide, un vent sauvage de révolte, ça ne pèse pas lourd. On trouve rarement la valise qui correspond à sa vie.
Demain, peu avant midi, elle sera dans l’Eurostar qui l’emmènera en Belgique. Son départ inopiné ne marquera pas de rupture douloureuse. Il ne demandera pas d’explications difficiles auréolées d’injures sordides. Elle laissera un mot bref.
Ce sera un adieu chic à l’anglaise : distingué et respectueux.
 
À son arrivée à Saint-Pancras, l’Eurostar était déjà sur le quai. Dans les compartiments, des hommes d’affaires préoccupés attendaient impatiemment le départ. Enfin, le train se mit à cahoter doucement et prit la voie centrale avec prudence. La gorge serrée par l’émotion, Laura regardait au travers de la vitre le paysage aspiré par la vitesse.
À cette heure-ci, Harold devait terminer sa partie de golf. Sa secrétaire Mary, le cul coincé dans sa jupe trop étroite, attendait son boss dans le bureau cossu de Harley Street. Le soir, après le boulot, il rentrera chez lui, accrochera sa veste sur les épaules fatiguées du portemanteau. Les domestiques se précipiteront, le regard servile, vers leur maître vénéré. Il leur lancera d’un air hautain : « Prévenez Madame de mon retour ! » À ce moment, on lui remettra la missive. Certes, il sera surpris, dépité, interloqué, choqué par la tournure inattendue.
Pauvre Harold qui aimait, sans savoir aimer ! Leur mariage était une triste désunion. Dans une relation de couple, l’intégration a toute son importance. Il faut s’adapter à l’autre, devenir ensemble sans se lasser.
Le train ralentissait et entrait en gare. Bruxelles Midi ! Brussel zuid ! Terminus… Terminus…
La voix du haut-parleur annonçait la fin du voyage. Celui de Laura venait juste de commencer.
La gare de Bruxelles Midi avait fait peau neuve. Elle se souvenait d’une station triste, sale, sombre. Elle était devenue tout simplement superbe. Modernisée, refaite des pieds à la tête, elle avait bonne mine. Les clochards étaient très nombreux et tous ou presque suivis d’un chien, compagnon d’infortune. Eux aussi faisaient la manche à leur façon. Ils offraient aux yeux désabusés des passants une prière silencieuse.
À la sortie de la gare, Laura a hélé un taxi. Le chauffeur n’a pas pris la peine de l’aider pour placer la valise dans le coffre. Quel ours, a-t-elle pensé. « Hôtel Métropole, s’il vous plaît ! »
Il a démarré brusquement, et durant le trajet s’est montré désagréable. Un grand chapelet musulman, fait de perles de bois, pendait au rétroviseur. Elle en avait déjà vu un en ivoire, mais jamais un si long. Un ami Tunisien lui avait expliqué que le chapelet comporte quatre-vingt-dix-neuf éléments. Il faut dire à chaque bille : SubhanAllah, AlHamdoulilah, Allahou Akbar, qui signifie : Gloire en Allah, Louange en Allah, Allah est Grand. Laura a pensé : « D’où vient ce jeune homme d’humeur si sombre ? »
Elle était presque arrivée à l’hôtel. Le GSM du taximan n’arrêtait pas de sonner. Personne ne décrochait, s’y ajoutait les sons des SMS. C’était déplaisant. L’étrange personnage roulait très imprudemment, ignorant la priorité de droite. Avant d’arriver au rond-point, il faillit emboutir une BMW. Laura n’a pu s’empêcher de lui faire la remarque. « Faites attention, Monsieur, on va finir par avoir un accident. » C’est la seule fois qu’il daigna ouvrir la bouche pour prononcer d’une voix grave : « C’est Mektoub, Madame. »
« C’est Mektoub, c’est Mektoub ! Qu’est-ce qui est écrit ? » Elle a finalement laissé un pourboire obligé. Le chauffeur a fait un signe de tête muet. Il a filé comme la foudre. En Angleterre, il y a aussi une forte population allochtone. Laura n’était pas dépaysée mais déconcertée. Elle concevait la pluri-culturalité davantage conviviale, affable et spontanée.
Après quelques jours, elle a repris un taxi et fait un tour de la ville. Cette fois, elle est tombée sur un conducteur Hongrois, nostalgique des années soixante-dix. Sa gentillesse était débordante. Elle a pensé que certains immigrés s’intègrent mieux que d’autres. Que la socialisation était la base de toute relation harmonieuse.
À l’heure actuelle, en deux mille quinze, on connaissait en Belgique et ailleurs une époque difficile. Le bien vivre dépérissait. On n’a pas le choix. Avec le temps, on se voit obligé de conclure un accord tacite avec les changements.
 
D’agences immobilières en agences, et de visites en visites, Laura a enfin trouvé l’habitation où depuis elle s’est installée. Elle a choisi une petite contrée retirée, sympathique, non loin de la capitale : Wavre.
Au début, l’endroit sauvage la déroutait. Il a fini par la séduire. C’est surtout la bâtisse qui a exercé sur elle une étrange attraction. Anciennement, lui avait dit l’agent immobilier, c’était « la maison du garde » du château voisin. La vieille construction avait été entièrement rénovée. Sa structure de base était heureusement sauvegardée. Par contre, l’intérieur, chaleureusement transformé, apportait un concept moderne, favorable à la location. Ce logis enfermait un grand silence. Quand Laura a pénétré les lieux, une étrange voix perçait les murs. Elle murmurait : « Reste ici. On est semblables, toi et moi. »
Depuis son aménagement, une complicité singulière s’était installée entre la résidente et la maison. Elle faisait souvent le tour des pièces. Elle caressait parfois les murs jusqu’à s’en imprégner, comme on respire l’odeur d’une chair d’enfant. Il lui a fallu du temps pour comprendre : leur histoire se ressemblait. Briques après briques, on les avait démolies, rasées, anéanties. Si l’habitat et elle avaient intégré un corps étranger, personne n’avait pu voler leur âme.
Ne vous y trompez pas. Les demeures, elles aussi, ont bien des choses à raconter.
 
Juste après son arrivée en Belgique, Laura a reçu un SMS d’Harold. Il disait ceci :
— Après dix ans de vie commune, tu pars en me laissant un simple mot ! Pourquoi ne m’as-tu pas parlé ?
— Je t’ai parlé pendant dix ans. Tu ne m’as pas écoutée, a répondu Laura.
— Où es-tu ? a demandé sèchement Harold.
— En Belgique. J’ai trouvé un logement tranquille, loin des bruits de la ville, a-t-elle précisé.
Alors, le couple s’est enfermé dans un mutisme obstiné.
 
Après le départ de Laura, Harold a mis du temps à comprendre que l’absence pouvait aussi devenir une présence. À chaque endroit de la maison, son épouse apparaissait pour disparaître tout aussitôt. Pourquoi était-elle partie ? L’avait-il si mal aimée ? Pour la première fois, Harold Buckley se regardait différemment. Il se souvenait de certaines discussions houleuses. C’est vrai qu’il était resté sur ses positions en occultant volontiers les reproches de Laura. Désormais, il savait qu’il ne pourrait se résigner à renoncer à sa femme. Dès lors, il commença à se détester avec autant de force qu’il l’aimait.
Chapitre II
À ce moment du récit, il était trop tôt, pour Laura, pour tirer la ligne. Il était trop tard pour revenir en arrière.
À quarante ans, remettre le compteur à zéro, demande un compromis démesuré. Se reprendre en mains est une démarche colossale. Il était temps, pour elle, de rassembler une à une les pièces d’un puzzle sentimental chargé d’histoire. Surtout, lâcher prise et se repositionner dans le présent.
Il fallait apprivoiser la rupture sans rancœur. La vie est la plus forte mais, parfois, elle se donne le droit de détruire les rêves. Elle sentait que les souvenirs seraient des prédateurs sadiques et qu’il faudrait les affronter. Aujourd’hui, elle pensait à son vécu avec une grande lucidité.
 
De sa rencontre avec Harold Buckley, Laura en a gardé un souvenir très fort. Ce jour-là, ses parents avaient organisé une réception mondaine destinée à rassembler les associés, clients et amis. Son père était à la tête d’une société de distribution de thé via l’Angleterre.
Autour d’elle, la masse anonyme des invités s’éparpillait en petites grappes bavardes. Parfois, quelqu’un la frôlait, l’imprégnait d’un soupçon de parfum. C’était comme un petit trou fleuri qui perçait l’air appesanti de transpirations mélangées. Elle attendait Jane, sa sœur jumelle. Celle-ci fit son apparition.
— Bonjour sœurette. Tu t’amuses bien ?
— Jane, tu sais à quel point j’exècre ces réunions superficielles.
— Je suis d’accord avec toi. On y assiste pour faire plaisir aux parents, mais tout ici

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