Tout pour toi
348 pages
Français

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Description

« À cette réplique, monsieur Destroismaisons ne peut s'empêcher d'éclater en colère et de frapper Adèle au visage : — Que tu le veuilles ou non, tu vas épouser Hilaire Vigneault et non ce Guillaume Gervais. Il est hors de question que ma fille épouse le fils d'un cultivateur. Tu sais bien que ton mariage avec Hilaire va permettre à nos deux familles d'avoir une bonne relation d'amitié et d'affaires ! dit-il en haussant le ton. — C'est surtout pour vos relations d'affaires que vous voulez que j'épouse Hilaire. Je le déteste. J'aime mieux Guillaume. J'aimerais mieux vivre dans la pauvreté ou mourir que vivre avec un homme que je n'aime pas, dit Adèle en défiant son père. Monsieur Destroismaisons la frappe alors tellement fort que celle-ci tombe sur le plancher. » Caprices du destin et secrets inavouables : Valérie Baril plonge dans le Québec rural d'après-guerre pour donner naissance à une grande fresque mélodramatique dans la plus pure tradition du genre. Mêlant une déchirante histoire d'amour aux difficultés de l'émancipation féminine, l'auteur orchestre un ballet d'âmes écorchées qui ne saura laisser indifférent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 janvier 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342046694
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tout pour toi
Valérie Baril
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Tout pour toi
 
 
 
 
Prologue
 
 
 
Village de Princeville 1 , mai 1940
Le printemps québécois connaît une de ses belles soirées. Tout est silencieux tout près du ruisseau Parent, à part des pas que l’on peut entendre au loin.
 
En effet, une jeune femme et un jeune homme se courent après sous un ciel étoilé. Quand ils se trouvent tout près du ruisseau Parent, le jeune homme rattrape la jeune femme et ils tombent tous les deux par terre :
 
— Je savais que je réussirai à te rattraper, dit le jeune homme.
 
Le jeune homme se met à embrasser la jeune fille de manière passionnée. Quelques instants plus tard, il embrasse le cou de la jeune femme en déboutonnant le corsage de celle-ci en mettant une main sur son soutien-gorge à croisure nervurée :
 
— Pas tout de suite, Guillaume, dit la jeune femme.
— Tu n’as plus envie de moi, Adèle ?
— J’ai très envie de toi, Guillaume, mais… mais j’ai très peur. C’est que j’ai peur de tomber enceinte alors que tu pars pour l’Europe demain et que je ne sais pas si tu vas me revenir sain et sauf. Déjà que mon père ne veut pas qu’on se fréquente à cause de nos milieux sociaux différents. Il risque de me tuer si je tombe enceinte de toi.
— Je te promets que je vais revenir sain et sauf.
 
 
 
Chapitre I
 
 
 
Village de Princeville, avril 1948
Le printemps 1948 est bien installé sur les Bois-Francs et sur toute la province de Québec. Paul Brunelle, Lucille Dumont, Willie Lamothe, Félix Leclerc, Marcel Martel et Alys Robi sont quelques-uns des chanteurs canadiens français qui ensoleillent le quotidien de la province en ce printemps d’après-guerre.
 
Un train de la Canadian National Railways provenant de Montréal traverse la forêt de feuillus des Bois-Francs en direction de la gare de Princeville. À son bord, une jeune femme de vingt-six ans qui retourne dans son village natal après avoir passé presque six ans en Europe.
 
Adèle Destroismaisons est de retour dans le petit coin de pays où elle est née. Et elle n’est pas seule.
 
En effet, avant de repartir pour la guerre, son amant britannique lui a fait un enfant qui est devenu une magnifique fillette prénommée Rosalie. Après avoir vécu toute seule après le décès de la mère de son amant, Adèle a décidé de quitter la Grande-Bretagne pour rentrer au bercail, auprès de sa propre famille.
 
Partie dans l’avant-midi de la gare Windsor 2 de Montréal, la locomotive arriverait à Princeville dans la prochaine heure. Pour passer le temps, Adèle regarde le paysage qui défile devant ses yeux, tout en jetant un coup d’œil sur sa petite puce qui joue avec sa poupée de chiffon.
 
Une heure plus tard.
 
— Gare de Princeville ! Départ pour Plessisville dans trente minutes ! crie le chef de gare.
 
Après avoir ramassé son sac à main et pris la main de Rosalie, Adèle se dirige vers la sortie du wagon.
 
Debout sur la dernière marche du wagon, Adèle cherche ses parents des yeux, mais c’est son frère aîné et sa belle-sœur qu’elle voit à la place. Elle les rejoint quelques instants plus tard :
 
— Comment va ma petite sœur ? demande Simon en serrant Adèle dans ses bras.
— Je suis un peu fatiguée, mais à part ça, je vais bien, répond Adèle.
— Ça doit être à cause du voyage, dit Clara, sa belle-sœur.
— Et toi, dit Simon en se mettant à la hauteur de Rosalie, tu dois être la petite Rosalie ? Il faudra qu’on aille rendre visite aux parents de manière régulière pour que tu nous apprivoises, rajoute-t-il alors que Rosalie vient de se cacher dans la jupe de sa mère.
— Elle est gênée avec les personnes qu’elle rencontre pour la première fois.
— Monsieur Destroismaisons, qu’est-ce que je fais avec les bagages de votre sœur et de la petite ? demande le chef de la gare.
— Vous allez les mettre dans le coffre de mon automobile, dit Simon au chef de gare en l’emmenant avec lui. Je vais vous montrer où je l’ai stationnée et vous direz à vos hommes où les mettre.
 
Une dure journée de travail vient de se terminer pour les ouvriers, les collets blancs et les journaliers du village de Princeville et de sa paroisse.
 
Le travail ne manque pas depuis le début de cette décennie, qui est deux fois meilleure que la précédente.
 
Après avoir barré la porte de sa petite entreprise, Guillaume Gervais embarque dans son automobile, direction le magasin général, tout en faisant attention de ne pas effrayer les chevaux qu’il rencontre 3 .
 
Arrivé tout près du magasin général, Guillaume est interpellé par le Chanoine Joseph-Sévérin Poirier 4  :
 
— Comment allez-vous, monsieur Gervais ? J’ai entendu dire que votre mère allait de mieux en mieux après son accident vasculaire cérébral, demande le Chanoine Poirier.
— Tout le monde va bien à la maison, monsieur le Chanoine.
— Vous ne pensez pas qu’il serait temps de vous choisir une épouse ?
— J’ai à peine vingt-sept ans, monsieur le Chanoine. De plus, je ne veux pas que ma mère se sente obligée de quitter la maison que son père a bâtie de ses mains. Même si mon père est décédé depuis quelques années, elle a encore de la misère à continuer à vivre. Je n’ose pas imaginer comment elle a vécu la perte de celui-ci alors que j’étais de l’autre bord de l’océan depuis environ trois ans, si j’étais encore en vie ou en train de combattre les Allemands.
— Je comprends ce que vous dites. Votre père m’a beaucoup aidé quand j’ai fondé le Cercle des Lacordaires 5 . Ce n’est pas que je n’aime pas discuter avec vous, Guillaume, mais je vais rentrer avant que madame Belzile se demande où je suis passé. Au revoir, Guillaume.
— Au revoir, monsieur le Chanoine.
 
Pendant que le Chanoine Poirier se dirige vers le presbytère, Guillaume marche en direction du magasin général. Quand il se trouve à l’intérieur, il aperçoit la veuve Renaud, qui est en train de discuter avec la femme de J. Arthur Morissette 6 , propriétaire du magasin général :
 
— Qu’est-ce que je peux faire pour toi, Guillaume ? demande J. Arthur Morissette, qui revient tout juste de la réserve.
— Ma mère aurait besoin de dix livres de farine et de sucre et de deux douzaines d’œufs.
— Je vais te chercher ça.
 
Pendant qu’il attend sa commande, Guillaume ne peut s’empêcher d’écouter la discussion entre la veuve Renaud et madame Morissette :
 
— Vous ne savez pas qui mon Charlot a vu cet après-midi à la gare ? demande la veuve Renaud.
— Je ne le sais pas, mais je parie que vous allez me le dire, répond madame Morissette.
— Eh bien, mon Charlot a aperçu Adèle Destroismaisons qui descendait du train en provenance de Montréal. En plus de cela, elle n’était pas toute seule.
— Elle se serait mariée ?
— Eh bien, mon Charlot m’a dit qu’il l’avait vue avec une fillette de quelques années. D’après ce que j’ai entendu dire entre les branches, elle aurait adopté la fillette, mais je ne crois pas cela.
— Comment ça ?
— La fillette serait le portrait craché des Destroismaisons, selon mon Charlot.
— Mais pourquoi Adèle aurait-elle pris toutes ces années avant de revenir à Princeville ?
— Sa logeuse serait tombée très malade. Elle n’était pas capable de quitter l’Angleterre en laissant cette pauvre femme sans soutien. En plus de cela, la fillette avait quelques mois quand la guerre a pris fin.
 
Guillaume n’en croit pas ses oreilles. Adèle serait finalement de retour ? Il est sorti de ses pensées par le retour de J. Arthur Morissette :
 
— Ça va te coûter deux dollars, Guillaume. As-tu besoin d’aide pour apporter tout ça ? dit J. Arthur Morissette.
— Ça n’est pas de refus.
— Eugène ! Viens aider monsieur Gervais à transporter sa commande dans son automobile.
 
Après avoir mis sa commande dans sa voiture, Guillaume donne un trente sous au petit Eugène pour son aide.
 
Après avoir embarqué derrière le volant, Guillaume part en direction de l’ancienne route 5 7 . Il arrive quelques minutes plus tard dans la cour de la maison qu’il a, en quelque sorte, héritée de son père, quatre années plus tôt.
 
Cette maison, son père l’avait achetée à son beau-père, en pleine crise économique.
 
Étant donné que les deux aînées étaient rendues en Abitibi-Témiscamingue et que les jumelles du milieu étaient sur le bord de se marier, il était rendu inutile de rénover leur maison qui commençait à être trop grande pour les cinq personnes qui habitaient encore la demeure. Après être passés chez le notaire Langlois, ils s’étaient installés chez leur grand-père Bureau qui était veuf depuis cinq ans et dont la santé commençait à se détériorer.
 
Après s’être stationné près de la porte d’entrée, Guillaume est accueilli par Carlos, le labrador de la famille, qui lui saute dessus pour l’accueillir :
 
— C’est beau, mon chien. T’es un bon chien, dit Guillaume en essayant de calmer le labrador.
 
Une fois le chien calmé, Guillaume prend les poches de farine et de sucre et entre dans la cuisine d’été où sa mère est en train de préparer le repas du soir :
 
— Comment s’est passée ta journée, mon grand ? demande Madame Gervais.
— Bien, très bien. Je crois que tu devrais te reposer un peu. Tu sais, le docteur Brassard 8 a dit que tu devais faire le moins d’efforts possible pour ne pas avoir une autre attaque. Je pourrais demander à Audrey de quitter son travail à l’hôpital Notre-Dame et…
— Je sais ce que le docteur Brassard a dit et laisse ta sœur tranquille. C’est déjà dur de savoir que la petite dernière couche avec un homme

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