Trois quatre
314 pages
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Description

Dans le jardin d’un musée parisien, une femme qui vient de perdre sa fille regarde, fascinée, un couple de jeunes gens d’une grande beauté se séparer dans les larmes. Quelque temps plus tard, dans ce même parc, la femme entrevue lui confie une enfant sans aucune explication… et ne réapparaît plus. À partir de cet instant, la narratrice va se retrouver intimement mêlée, malgré elle, au destin de cette petite fille et à l’histoire d’amour entre les deux inconnus, mais aussi forcée d’enquêter dans tout Paris pour élucider le mystère qui les entoure. Comment retrouver le goût à la vie quand on a perdu un enfant? Elisabeth Moustaki décrit les errances d’une mère en deuil.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 19
EAN13 9782748357165
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0094€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Trois quatre
Élisabeth Moustaki Trois quatre
Publibook
Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55 IDDNIDDN.FR.010.0115293.000.R.P.2010.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2010
La connais-tu, Daphné, cette ancienne romance, Au pied du sycomore ou sous les lauriers blancs, Sous l’olivier, le myrte ou les saules tremblants, Cette chanson d’amour… Qui toujours recommence ? (Gérard de Nerval – Delfica, Odelettes, 1834)
En souvenir…
Je partirai… Je me parle à voix basse. J’ai peur du bruit. Je peux poursuivre, comme l’a fait Victor Hugo, par « Vois-tu, je sais que tu m’attends ; j’irai par la forêt, j’irai par la mon-tagne ; je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps ». Ces mots s’adressent à toi, ma fille disparue, mon chagrin, ma blessure profonde et inextinguible. Je peux aussi continuer, comme Mallarmé, par « Stea-mer, balançant ta mâture, lève l’ancre vers une exotique nature ». Oui, partir, comme on meurt un peu ; partir, dis-paraître dans je ne sais quelle contrée incommensurable. C’est un désir très fort en moi et pourtant velléitaire, un désir qui ne trouve pas son élan. Partir. M’oublier. M’envoler vers des lieux qui m’appellent irrésistiblement, qui correspondent à ce que j’éprouve au fond de moi mais que je ne sais pas définir. Avec quelque chose dans l’air qui ne sait plus que j’existe, moi, avec mon potentiel, avec mes particularités. Moi, avec mon malheur, et mon déses-poir. Je vis à présent avec ce besoin de sortir de moi-même, de me perdre dans l’infini ou de voguer vers des pays que je n’ai jamais visités, que je ne suis même pas capable de concevoir, où je deviendrais brusquement quelqu’un d’autre, quelqu’un qui n’aurait plus ni passé ni avenir. Je marche à côté de ma vie. Je suis une somnambule qui ne sait pas que le matin existe, qui ne sait plus que le soleil se lève. Je partirai. Un voyage virtuel dans l’espace ou réel si j’en avais la force. Si je choisissais de prendre un « stea-mer », ce serait pour m’en aller vers le plus large de la mer, vers une vision sans limites de l’univers, vers ces ri-
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vages inconnus où je souhaiterais tant me perdre. Peut-être dans un dépaysement total, loin de tout ce qui m’est fami-lier, pourrais-je essayer de prendre à nouveau les mesures de moi-même. Mais qui moi-même ? Existé-je encore ? Comment me resituer dans une vie qui n’a plus de sens, plus d’horizons ? Et ne suis-je pas un peu partie déjà, la tête dans les nuages, noyée dans la confusion de mes pen-sées, le cœur brisé en mille morceaux qui souffre à cause des souvenirs qui viennent le déchirer encore et de plus belle. Seule la nuit est mon refuge. Quand elle vient m’envelopper de son mystère, je me laisse doucement en-sevelir dans le sommeil, dans ce néant qui me terrasse en-fin et me libère pendant quelques heures de ma détresse. Mais si je décidais d’aller vers celle qui m’attend et qui repose tout au fond de la terre, je m’enfoncerais dans les méandres de ma sensibilité à vif, dans mes refus, dans mes attentes sans espoir, dans la cage de mes révoltes, de mes angoisses, de mon chagrin sans rémission. Et pourtant ces deux chemins se ressemblent en réalité. Ils essayent de m’emmener à travers mes impulsions jusqu’au bout des mouvements de mon âme. La mer profonde ou les profon-deurs infinies de ma douleur. Les vastes aspirations ou cet immense besoin de me laisser couler jusqu’au tréfonds de mon mal de vivre désormais ancré en moi et de commu-nier avec l’être qui était la substance même de ma vie. Mais je n’en dirai pas plus ; je désire exhaler ma souf-france mais pas en parler vraiment, pas de m’y complaire. Elle est là, fichée au fond de moi comme un long poi-gnard, indéracinable. Nous vivons dans un monde étrange, un monde qui nous donne l’impression de nous mouvoir, de flotter, d’avancer vers des chemins inconnus sans avoir besoin de bouger ; un monde de plus en plus abstrait et de plus en plus tangible à la fois. C’est une époque toute remplie
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